Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1628
III.19. Les de´porte´s arreˆte´s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au SL Schirmeck
Effectif recense´ : 64 hommes et 8 femmes
Matricules extreˆmes : 123-1231
Dates d’arrivée extreˆmes : 22/07/1941- 06/09/1944
Situations : Libe´re´s par les autorite´s allemandes : 37 –
De´ce´de´s et disparus en de´portation : 5 –
Rentre´s dede´portation : 30 –
En dehors des 6500 hommes et femmes transfére´ sauSLSchirmeck
depuis la zone occupée ou les de´ partements annexés que la Fondation pour
la Me´ moiredelaDe´ portation a recensés 1 , 72 personnes (64 hommes et
8 femmes), au moins, ont e´ te´ internées au SL Schirmeck apre` s une arrestation
sur le territoire allemand. Ce groupe pre´ sente plusieurs caracte´ ristiques.
D’abord, on note une très forte empreinte régionale quant a` l’origine
ge´ ographique de ces de´ porte´ s. Ainsi, 66 sont originaires des de´ partements
du Bas et du Haut-Rhin ou de la Moselle. L’arrestation de ces Alsaciens-
Mosellans est lie´ e, pour une bonne part, a` une opposition aux obligations
ne´ es de l’annexion.
Tout d’abord, le refus de travail dans le cadre du RAD 2 ainsi que la volonté
de se soustraire a` l’incorporation dans la Wehrmacht 3 sont a` l’origine de l’arrestation
de pre` s de la moitie´ d’entre eux : 31 Alsaciens-Mosellans sont ainsi
arrête´ s en Allemagne, quelques-uns la` où ils sont affecte´ s au travail, mais pour
la plupart au cours de tentatives de fuite vers la France ou la Suisse. Par
ailleurs, 3 Alsaciens sont arreˆte´ s pour avoir refuse´ ,a` plusieurs reprises, la
nationalité allemande.
La propagande anti-allemande et les manifestations francophiles sont a`
l’origine de l’arrestation de 14 Alsaciens-Mosellans. Le 22 juin 1943,
notamment, 11 incorporés au RAD sont interpelle´ sa` leur descente du train,
en gare de Sarrebruck, en raison de leur comportement au cours du voyage
(chant d’hymnes français, distribution de tracts anti-allemands). Interne´ sa`
Strasbourg, ils sont enfermés au SL Schirmeck le 14 juillet 1943, puis transfére´ s
le 24 novembre suivant a` Berlin pour y eˆtre juge´ s. Ils sont condamne´ s par le
Volksgericht de la ville a` 7 ans de re´ clusion qu’ils subissent a` la forteresse de
Torgau. Parmi eux, 4 de´ cèdent durant leur de´ portation.
Par ailleurs, 9 Alsaciens-Mosellans sont arrête´ s pour avoir aide´ des prisonniers
de guerre français ou des Alsaciens-Mosellans re´ fractaires au RAD ou a`
la Wehrmacht, a` rejoindre la France ou la Suisse (fourniture de vivres et veˆtements,
aide au passage de la frontière). De plus, 6 Alsaciens sont appréhendés
en raison de leur activite´ anti-allemande dont un groupe de 3 instituteurs,
230
contraints au travail et arreˆte´ s le 27 janvier 1943 par la Gestapo a`
Mannheim, alors qu’ils animaient un mouvement de re´ sistance du corps enseignant
alsacien (e´ coute de la radio, aide a` l’e´ vasion de prisonniers de guerre,
propagande anti-allemande, refus de participer a` certaines re´ unions politiques
ou de collecter pour diverses organisations nazies, etc.). Enfin, 1 Alsacien
appartenant au Front de la Jeunesse d’Alsace est interpelle´ , en cours de
mission, a` Karlsruhe en janvier 1943. Deux arrestations seulement sont consécutives
a` un de´ lit de droit commun.
Parmi les 6 de´ portés non alsaciens ou mosellans, 5 sont internés auSL
Schirmeck pour refus de travail en Allemagne dont 4 ont e´ te´ arrête´ s en cours
d’e´ vasion. Le dernier a e´ te´ arreˆte´ pour « activite´ au pre´ judice de l’Etat
allemand ».
Les dates d’arrestation, connues pour 70 de´ porte´ s, s’e´ chelonnent de juillet
1941 a` juillet 1944 avec une concentration pour l’anne´ e 1943. En effet, on note
3 arrestations en 1941, 17 en 1942, 42 en 1943 et, enfin, 8 en 1944.
La ge´ ographie des lieux d’arrestation 4 présente un visage particulier, en
raison notamment de la part importante des tentatives d’e´ vasion pour se soustraire
au travail en Allemagne ou a` l’incorporation dans la Wehrmacht (40 % des
motifs environ).
Une premie` re aire se distingue a` proximité imme´ diate de la frontière francoallemande
(de 1939), puisqu’on note 12 arrestations a` Sarrebruck, 4 a`
Karlsruhe, 2 a` Fribourg, 1 a` Emmendingen et 1 a` Kehl. De plus, 11 de´ portés
sont arrête´ s un peu plus loin a` l’inte´ rieur du territoire allemand : 5 a` Mannheim,
1a` Aix-la-Chapelle, 1 a` Bad Kreuznach, 1 a` Duisbourg, 1 a` Heidelberg, 1 a`
Limburg et 1 a` Stuttgart.
Une seconde aire se de´ tache a` proximité de la frontière germano-suisse,
avec notamment 7 arrestations a` Lörrach, 6 a` Waldshut, 5 a` Weil-sur-le-Rhin, 3 a`
Constance, 2 a` Weizen, 1 a` Grenzach, 1 a` Grimmelshofen et 1 a` Ravensburg.
Les autres arrestations ont lieu en Bavie` re (3 mentions) ou dans le centre
de l’Allemagne (3), a` Kassel, Erfurt et Plauen. On en note encore une a` Blechhammer
(actuellement en Pologne) et a` Klagenfurt, dans le sud de l’Autriche.
1 Voir les transports a` destination du SL Schirmeck dans la 1re partie (de´ part de zone occupe´ e) et dans la 2e partie (de´ part d’Alsace-Moselle).
2 RAD : Reichsarbeitsdienst, Service du travail d’Etat d’une anne´ e, duˆ par tout jeune allemand. En Alsace, il est institue´ le 8 mai 1941 pour tous les jeunes de 17 a` 25 ans.
3 Face a` l’e´ chec relatif de l’engagement volontaire, l’incorporation des classes de 20 a` 24 est de´ cide´ e en Alsace au mois d’aouˆt 1943.
4 Les lieux d’arrestation sont connus pour 65 de´ porte´ s.