Liste des déportés de France par mesure de

memorial_6 - 30.4.2004 - page 1407
III.8. Les de´porte´s arreˆte´s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et internés au KL Dachau
Effectif recense´ : 2 145 hommes
Matricules extreˆmes : 24533-161870
Dates d’arrivée extreˆmes : ??/04/1941-27/04/1945
Situations : Libe´re´s par les autorite´s allemandes : 280 13,1 %
De´ce´de´s et disparus en de´portation : 466 21,7 %
Rentre´s dede´portation : 1318 61,4 %
Situations non connues : 81 3,8 %
Le KL Dachau est de loin le camp de concentration qui a accueilli le plus
grand nombre de Français arreˆte´ s sur le territoire du III e Reich : 2 145 hommes,
pre´ sentés ici, y ont e´ te´ internés apre` s leur arrestation, soit environ le tiers des
hommes et des femmes de´ porte´ s depuis le Reich. Ces 2 145 de´ portés représentent
e´ galement une part non ne´ gligeable par rapport aux 12 500 Français
qu’on estime eˆtre passés a` un moment ou un autre de leur de´ portation par le
camp de Dachau 1 .
L’origine de la présence hors de France de ces de´ portés au moment de leur
arrestation est connue pour un peu plus de 90 % d’entre eux. Le groupe le plus
important est forme´ par les travailleurs contraints au travail en Allemagne
(requis et STO) puisqu’ils repre´ sentent environ 40 % du nombre total des
de´ porte´ s. Viennent ensuite les travailleurs volontaires avec 25 % environ,
suivis par les prisonniers de guerre transformés ou non en travailleurs civils
avec 15 % environ 2 . Ensuite, un groupe de travailleurs dont la nature du de´ part
de France (force´ ou volontaire) est ignorée compte pour 10 %. On rele` ve encore
la pre´ sence de 4 Alsaciens-Mosellans : 3 incorporés de force dans la Wehrmacht
et 1 patriote proscrit. Enfin, 2 membres du corps diplomatique français
en poste a` Budapest (Hongrie) sont présents dans cette liste.
La première arrestation connue a lieu a` Pforzheim, a` 5 kilomètres a` l’est du
Rhin, le 28 janvier 1941. Elle concerne un ancien membre des brigades internationales
qui est immatricule´ en avril 1941 au KL Dachau dans les « 24000 ».
La date d’arrestation la plus tardive, quant a` elle, se situe le 20 avril 1945 :
1 STO, 1 prisonnier de guerre transformé et 1 travailleur volontaire sont arrête´ s
a` Munich pour des actes de re´ sistance individuelle. Ils entrent a` Dachau le
27 avril, soit deux jours seulement avant la libe´ ration du camp par les
troupes ame´ ricaines.
Les arrestations restent limitées jusqu’au de´ but de l’anne´ e 1943, puisque
seulement 3 % environ ont lieu avant cette date. L’anne´ e 1943 en concentre
plus du quart, l’anne´ e 1944 près de 60 % et l’anne´ e 1945, enfin, plus de 10 % 3 .
A partir de l’e´ te´ 1944, les arrestations deviennent plus nombreuses. Les autorite´
s allemandes se montrent plus re´ pressives apre` slede´ barquement et
l’avancée des Allie´ s qui sont a` l’origine de la multiplication des actes d’opposition
par les travailleurs e´ trangers en Allemagne. Ainsi, plus du tiers des arrestations
de l’anne´ e 1944 sont ope´ re´ es au cours du seul mois de septembre.
Entre septembre et de´ cembre 1944, on enregistre plus de la moitié des arrestations
de l’anne´ e. Ces dernières correspondent a` environ 30 % du nombre total
des arrestations. Durant l’anne´ e 1945, le mois de mars se distingue avec plus
de la moitié des arrestations de l’anne´ e du fait du de´ mantèlement du groupe de
re´ sistance « de la contre´ e d’Augsbourg ».
Les lieux d’arrestation sont disperse´ s sur une vaste surface du Grand
Reich, puisqu’on rele` ve des arrestations en Allemagne, bien sûr, mais aussi
en Autriche, en Belgique, en Hollande, en Hongrie, en Italie, en Pologne, en
Tche´ coslovaquie et en Yougoslavie 4 . Cependant, plusieurs aires se de´ tachent
très nettement, a` commencer par la Bavie` re. En effet, les arrestations
opére´ es dans cette re´ gion représentent plus de la moitie´ du total. La` encore,
2 centres principaux se distinguent : les villes de Munich, Nuremberg et leurs
banlieues concentrent chacune pre` s de 20 % des arrestations. D’autres sont
e´ galement a` souligner : Augsbourg, Ingolstadt, Regensburg, Schweinfurt et
Wu¨ rzbourg. L’Autriche constitue la seconde grande aire d’arrestation pour
ces de´ porte´ s:pre` sde15%ysontinterpelle´ s, en particulier a` Innsbru¨ ck,
Klagenfurt, Linz, Salzbourg, Steyr et Vienne. Si on ajoute les arrestations
opére´ es au nord de la Yougoslavie, a` proximité de la frontière austro-yougoslave,
a` Cilli ou Maribor, cette seconde aire concentre plus de 20 % du
1 Voir l’ouvrage de Francis Della Monta, Me´morial annuaire des Français de Dachau, Amicale des Anciens de Dachau, Paris, 1987. L’auteur est lui-meˆme un requis du STO
arreˆte´ en juillet 1944 a` Stuttgart et interne´ au KL Dachau le 15 mars 1945. On peut e´ galement se reporter aux te´ moignages de Rene´ Fraysse, De Francfort a` Dachau.
Souvenirs et croquis, Annonay, Editions du Sol, 1946 et de Edmond Michelet, Rue de la Liberte´. Dachau, 1943-1945, Paris, Le Seuil, 1955. Ce dernier raconte notamment
sa rencontre avec des Franc¸ ais arreˆte´ s en Allemagne pendant ses transferts dans plusieurs prisons allemandes avant son arrive´ e au KL Dachau.
2 Pour l’explication de ces termes, voir la pre´ sentation des de´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich dans l’introduction du Livre-Me´ morial.
3 Les dates d’arrestation sont connues pour 1 081 de´ porte´ s (50,4 % environ). Elles se re´ partissent ainsi : 3 en 1941, 30 en 1942, 286 en 1943, 636 en 1944 et 126 en 1945.
4 Les lieux d’arrestation sont connus pour 1 163 de´ porte´ s (54,2 % environ).
9