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Liste des déportés de France par mesure de

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memorial_6 - 30.4.2004 - page 1635<br />

III.20. Les <strong>de</strong>´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du III e Reich (hors Alsace-Moselle) et interne´ s dans <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons alleman<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

novre. Se <strong>de</strong>´ tachent e´ galement les prisons <strong>de</strong> Dortmund (49), Halle (27),<br />

Aichach (27), au nord-est d’Augsbourg, Kassel (26), Amberg (23), a` une<br />

cinquantaine <strong>de</strong> kilome` tres a` l’est <strong>de</strong> Nuremberg, Danzig (23), Nuremberg<br />

(21), et Bruchsal (20), au nord-est <strong>de</strong> Karlsruhe.<br />

Les dates d’arrestation s’e´ talent, comme pour les autres <strong>de</strong>´ portés <strong>de</strong>puis le<br />

Reich, sur une pe´ rio<strong>de</strong> relativement longue, <strong>de</strong> mars 1941 a` avril 1945. Elles sont<br />

connues pour 633 <strong>de</strong>´ portés (82,6 %) et se re´ <strong>par</strong>tissent <strong>de</strong> la façon suivante : 8 en<br />

1941, 39 en 1942, 204 en 1943, 314 en 1944 et, enfin, 68 en 1945.<br />

Les arrestations, ope´ re´ es le plus souvent <strong>par</strong> la Gestapo, sont souvent<br />

individuelles ou ne concernent que quelques personnes. Mais, comme pour<br />

les « arreˆte´ s en Allemagne » envoye´ s en KL, quelques affaires se sol<strong>de</strong>nt<br />

<strong>par</strong> l’arrestation <strong>de</strong> groupes plus importants. Les 11 et 12 <strong>de</strong>´ cembre 1944,<br />

<strong>par</strong> exemple, 18 Franc¸ ais ap<strong>par</strong>tenant au meˆme groupe <strong>de</strong> re´ sistance sont<br />

arreˆte´ sa` Ko¨ nigslutter et ses environs, a` une vingtaine <strong>de</strong> kilome` tres a` l’est<br />

<strong>de</strong> Brunswick. Ils sont accusés<strong>de</strong><strong>de</strong>´ lit <strong>de</strong> radio, <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> anti-alleman<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong> sabotage et <strong>de</strong> camouflage d’armes et <strong>de</strong> munitions. Tous sont conduits a` la<br />

prison d’Hallendorf, puis en mars 1945 a` Brunswick d’ou` ils sont tous libe´ re´ s <strong>par</strong><br />

les Alliés le 18 avril 1945.<br />

Les motifs d’arrestation les plus fre´ quents ne sont pas tre` s diffe´ rents non plus 1 .<br />

La propagan<strong>de</strong> anti-alleman<strong>de</strong> est le motif qui revient le plus souvent puisqu’il<br />

est mentionné pour 233 <strong>de</strong>´ portés (32 %). Elle consiste principalement dans<br />

l’e´ coute <strong><strong>de</strong>s</strong> radios allie´ es (radio Londres, radio Alger) ou neutres (radios<br />

suisses) et la diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs français ou<br />

e´ trangers et <strong>de</strong> la population alleman<strong>de</strong>. Le 16 septembre 1944, <strong>par</strong><br />

exemple, 15 Français sont arreˆte´ sa` Danzig pour avoir construit un poste<br />

TSF, puis organisé l’écoute <strong>de</strong> la radio allie´ e dans leur baraque et la diffusion<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> communiqués, a` l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> papier carbone, dans les camps <strong>de</strong> travailleurs et<br />

<strong>de</strong> prisonniers <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> Danzig et sa re´ gion. Tous sont condamne´ sa` une<br />

peine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> travaux forcés, le 24 janvier 1945, <strong>par</strong> le tribunal spe´ cial<br />

<strong>de</strong> la ville. Ils restent emprisonne´ sa` Danzig jusqu’à leur e´ vacuation en février<br />

1945 a` l’approche <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes sovie´ tiques, vers Stolpe ou Gdynia, au nordouest<br />

<strong>de</strong> Danzig, ou` ils sont libe´ re´ senfe´ vrier-mars 1945.<br />

Viennent ensuite le sabotage <strong>de</strong> la production, du matériel <strong>de</strong> communication<br />

ou du courrier (121 <strong>de</strong>´ portés, soit 16,6 %), ainsi que l’ai<strong>de</strong> apportée a`<br />

l’e´ vasion <strong>de</strong> prisonniers <strong>de</strong> guerre français ou e´ trangers, <strong>par</strong> la fourniture<br />

d’effets civils, <strong>de</strong> nourriture, <strong>de</strong> faux papiers ou d’argent allemand<br />

(110 <strong>de</strong>´ porte´ s, soit 15,1 %). Les refus <strong>de</strong> travail et les tentatives d’e´ vasion<br />

concernent 87 <strong>de</strong>´ portés (12 %). Les motifs a` l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong> autres arrestations<br />

sont le refus d’incorporation dans la Wehrmacht ou la <strong>de</strong>´ sertion <strong>de</strong> celle-ci ainsi<br />

que le refus <strong>de</strong> la nationalite´ alleman<strong>de</strong>, pour les Alsaciens-Mosellans, la<br />

constitution <strong>de</strong> groupes d’Action catholique ou l’envoi <strong>de</strong> courriers contenant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> propos anti-allemands et intercepte´ s <strong>par</strong> la censure.<br />

Les motifs <strong>de</strong> droit commun, selon le co<strong>de</strong> pénal allemand, repre´ sentent<br />

environ 14 % <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs d’arrestation connus. Les infractions relevées le plus<br />

fre´ quemment sont le vol, le recel, le marché noir, les coups et blessures, les<br />

relations avec <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>, les atteintes aux mœurs (motifs 175 et<br />

176 du co<strong>de</strong> pe´ nal allemand).<br />

Le jugement <strong>par</strong> une cour <strong>de</strong> justice constitue la différence majeure entre<br />

les <strong>de</strong>ux groupes d’« arreˆte´ s en Allemagne ». En effet, la mention d’un<br />

jugement et d’une condamnation est observe´ epourplus<strong>de</strong>lamoitie´ <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>´ porte´ s <strong>de</strong>puis le Reich interne´ s dans <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>, alors que<br />

cela reste un fait rare pour les autres « arrête´ s en Allemagne » 2 . Les peines<br />

prononce´ es peuvent aller <strong>de</strong> quelques semaines d’emprisonnement a` la<br />

condamnation aux travaux forcés a` perpétuite´ .<br />

La fre´ quence <strong><strong>de</strong>s</strong> condamnations a` quelques mois, voire à quelques<br />

anne´ es, <strong>de</strong> <strong>de</strong>´ tention sont a` l’origine d’un nombre important <strong>de</strong> libe´ rations en<br />

fin <strong>de</strong> peine, suivies d’une remise au travail ou d’une expulsion vers la <strong>France</strong>.<br />

Ainsi, elles atteignent ici 15 %, contre un peu plus <strong>de</strong> 9 % pour les arrête´ s sur le<br />

territoire du Reich internés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> camps <strong>de</strong> concentration.<br />

Mais il faut aussi signaler l’existence <strong>de</strong> plusieurs exemples <strong>de</strong> condamnations<br />

a` mort suivies d’une exe´ cution, en <strong>par</strong>ticulier a` Bran<strong>de</strong>nbourg, Cologne,<br />

Dortmund ou Hirschberg. Les <strong>de</strong>´ porte´ sexe´ cute´ sapre`sjugement sont au<br />

nombre <strong>de</strong> 64 et ils repre´ sentent ainsi 45 % <strong><strong>de</strong>s</strong> déce´ <strong>de</strong>´ s du groupe. En<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’affaire d’Hirschberg3 , <strong>de</strong>ux autres sont a` e´ voquer. Le dimanche<br />

18 fe´ vrier 1945, un groupe <strong>de</strong> 30 a` 40 Français, re´ unis au Gesellenhaus<br />

(salle <strong>de</strong> re´ union pour les ouvriers) d’Iserlohn pour une repre´ sentation the´ aˆtrale<br />

organise´ e <strong>par</strong> la troupe française <strong>de</strong> la ville, est arreˆte´ <strong>par</strong> la Gestapo <strong>de</strong><br />

Dortmund avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la police d’Iserlohn, sous l’inculpation d’espionnage<br />

et <strong>de</strong> formation d’un mouvement <strong>de</strong> re´ sistance. Apre` s une se´ rie d’interrogatoires<br />

dans les locaux <strong>de</strong> la Gestapo <strong>de</strong> Dortmund, une <strong>par</strong>tie <strong><strong>de</strong>s</strong> ces Français<br />

est relaˆche´ e alors que les autres, au nombre <strong>de</strong> 18, sont fusille´ s. La secon<strong>de</strong><br />

affaire concerne un groupe <strong>de</strong> 11 cheminots requis du travail a` Brunswick a` la<br />

Deutsche Reichsbahn, qui y sont arrête´ s le 11 octobre 1943 <strong>par</strong> la Gestapo <strong>de</strong><br />

la ville pour s’eˆtre livrés a` plusieurs reprises au sabotage <strong>de</strong> locomotives et du<br />

re´ seau ferre´ ennemi. Ils sont décapite´ s le 13 septembre 1944 a` Bran<strong>de</strong>nbourg.<br />

Enfin, il faut signaler que pour une meˆme affaire, les <strong>de</strong>´ portés ont <strong>par</strong>fois un<br />

<strong>par</strong>cours différent : si certains sont conduits dans un KL après un passage dans<br />

une ou plusieurs prisons, d’autres peuvent <strong>de</strong>meurer dans <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons jusqu’à<br />

leur mort ou leur libe´ ration. On peut citer l’exemple du groupe <strong>de</strong> re´ sistance qui<br />

s’est constitue´ autour <strong>de</strong> l’inge´ nieur Joseph Frossard a` Schkopau, pre` s<strong>de</strong><br />

Halle : <strong>par</strong>mi les 70 travailleurs arrête´ s entre septembre et <strong>de</strong>´ cembre 1944,<br />

35 sont <strong>de</strong>´ porte´ sa` Dachau, 18 a` Mauthausen, 2 a` Flossenbu¨ rg et 1 a`<br />

Buchenwald, alors que les autres restent en prison a` Halle puis Zo¨ schen4 .<br />

Arnaud Boulligny<br />

1 Les motifs d’arrestation sont connus pour 728 <strong>de</strong>´ porte´ s (95 %).<br />

2 La mention d’un jugement a e´ te´ releve´ e pour 409 <strong>de</strong>´ porte´ s (53,4 %). En se basant sur les <strong>de</strong>´ clarations <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>´ porte´ s dans leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> titre, un peu plus <strong>de</strong> 10 % <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du Reich puis interne´ s dans un KL mentionnent une com<strong>par</strong>ution ou une condamnation prononce´ e <strong>par</strong> une cour <strong>de</strong> justice.<br />

3 Voir la notice <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich interne´ s au KL Gross Rosen (III.11.).<br />

4 Voir les notices <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>´ porte´ s arreˆte´ s sur le territoire du IIIe Reich interne´ s aux KL Dachau (III.8.) et Mauthausen (III.12.).<br />

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