Liste des déportés de France par mesure de

memorial_7 - 30.4.2004 - page 360
V.2. La de´portation des Tsiganes du Nord-Pas-de-Calais vers le KL Auschwitz, via le camp de Malines en Belgique
Effectif recense´ : 80 hommes et 77 femmes 1
Matricules extreˆmes a` Auschwitz : 9111 a` 10029
Situations : De´ce´de´s et disparus en de´portation : 94 59,9 %
Rentre´s dede´portation : 20 12,7 %
Situations non connues 43 27,4 %
Le 16 de´ cembre 1942, un de´ cret nazi ordonne la de´ portation des Tsiganes
allemands a` Auschwitz. Le premier convoi arrive le 26 fe´ vrier 1943 a` Auschwitz-
Birkenau et, au total, on estime a` « 23000 le nombre de Tsiganes de´ portés a`
Auschwitz, dont 63 % venant d’Allemagne et d’Autriche, et 22 % de Boheˆme-
Moravie 2 . » Ils sont près de 12 000 a` y mourir, dont près de 3 000 dans la nuit
du 2 aouˆt 1944, par gazage.
Le 29 mars 1943, Berlin ordonne de déporter les Tsiganes des Pays-Bas,
de Belgique et de la France du Nord. Ainsi, des personnes arrête´ es pour cette
raison dans les de´ partements du Nord et du Pas-de-Calais, de´ pendants du
Commandement militaire de Bruxelles, sont envoye´ es au KL Auschwitz.
Dans le ressort du Commandement militaire de Paris, les choses sont différentes,
puisque a` part 70 « nomades », transfére´ s de Poitiers a` Compie` gne, et
qui sont ensuite, pour la majorite´ d’entre eux, de´ porte´ s vers les KL Sachsenhausen
et Buchenwald 3 , les Tsiganes arrête´ s en tant que tels, sont tous place´ s
dans des camps d’internement 4 .
Quelques mois apre` s cette de´ cision du mois de mars, a` l’automne 1943, le
SD Bru¨ssel et le SD Lille organisent des rafles parmi ces populations en
Belgique et dans le Nord-Pas-de-Calais. Il s’agirait, en l’e´ tat actuel de la
recherche sur ce sujet, de la seule ope´ ration re´ pressive cible´ econtreles
Tsiganes en France occupée visanta` leur de´ portation vers le Reich, le
Commandement militaire de Paris ou les services policiers d’Oberg ne
prenant pas de mesures comparables. Ces familles, arreˆte´ es en particulier
dans la re´ gion de Roubaix (Nord) et d’He´ nin-Lie´ tard (Pas-de-Calais), sont
interne´ es a` la prison de Loos-le` s-Lille jusqu’a` leur de´ part, le 30 novembre
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1943, pour la caserne Dossin a` Malines en Belgique, qui sert notamment de
lieu de transit pour les Juifs de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais avant leur
transfert dans les camps de concentration et d’extermination nazis 5 .Ces
personnes arreˆte´ es en France pour un motif de persécution ne figurent dans
aucun me´ morial de la de´ portation au de´ part de France ou de Belgique. C’est
pourquoi la Fondation pour la Me´ moire de la De´ portation a de´ cide´ de pre´ senter
cet aspect particulier de la de´ portation au de´ part de France dans son Livre-
Me´ morial.
Un seul transport de Tsiganes est organise´ de Malines le 15 janvier
1944 vers le KL Auschwitz : il comprend 351 Zigeuner (Tsiganes), originaires
de Belgique, de Hollande, de Norve` ge, et 145 personnes note´ es
comme Français. Mais, au moins 12 autres Franc¸ ais, immatricule´ s a`
Auschwitz et note´ s comme Belges par les autorite´ s allemandes, ont e´ te´
arreˆte´ s dans le Nord-Pas-de-Calais, ce qui explique l’e´ cart avec les
157 noms présente´ s ici 6 .
Si 79 sont déce´ de´ sa` Auschwitz entre l’arrivée du transport et le mois de
juillet 1944, 31 ont e´ te´ transfe´ re´ s au KL Buchenwald : 3 femmes immatricule´
es dans les « 28800 », mais aussi 19 hommes immatriculés entre 39643
et 44227, le 17 avril 1944, au milieu de 883 autres de´ porte´ s, dont la quasitotalite´
sont des travailleurs de l’est ; enfin, 9 hommes le 3 août 1944 dans
les « 74000 » lors d’un transport de 918 Ha¨ftlinge 7 (détenus). 21 connaissent
ensuite le KL Dora, puis le Kommando d’Ellrich pour 12, et enfin le KL
Bergen-Belsen pour 8 d’entre eux. 14 sont rentre´ sdede´ portation, 7 sont
de´ céde´ s, alors que le sort des 10 autres reste inconnu.
1 Ces chiffres comprennent 52 enfants de moins de quinze ans.
2 Denis Peschanski, Les Tsiganes en France, 1939-1946, CNRS Editions, Paris, 1994, p. 100. Se reporter e´ galement a` son ouvrage, La France des camps : L’internement
1938-1946, Gallimard, 2002, pp. 376-379 ; et a` Marie-Christine Hubert, Les Tsiganes en France. 1939-1946. Assignations a` re´sidence, internement, de´portation, The` se de
l’Universite´ Paris-X, 4 vol, 1997.
3 Des listes de transports partis de Compie` gne, pre´ sente´ es dans le Livre-Me´ morial, comprennent donc des noms de Tsiganes, arreˆte´ s comme tels.
4 Denis Peschanski estime « a` environ 3000 le nombre de Tsiganes qui passe` rent un temps derrie` re les barbele´ s des camps d’internement franc¸ ais entre 1940 et 1946 ».
5 Voir la notice sur la de´ portation des juifs du Nord-Pas-de-Calais (dernie` re partie du Livre-Me´ morial).
6 On peut penser que d’autres personnes note´ es de nationalite´ e´ trange` re, mais pour lesquelles les archives manquent pour de´ terminer leur lieu d’arrestation, devraient figurer
dans la liste pre´ sente´ e ci-dessous. On notera en particulier le cas des Belges arreˆte´ s dans le Nord-Pas-de-Calais.
7 Bu 9/11 et Bu 9/15, listes originales d’entre´ e au KL Buchenwald, Archives du Monde Combattant, Ministe` re de la De´ fense, Caen. Il faut pre´ ciser que seuls 4 hommes
(3 Belges et 1 Norve´ gien), partis de Malines le 15 janvier et arrive´ s sur ordre du SD Bru¨ssel par ces transports, qui figurent sur ces listes n’ont pas e´ te´ retenus car rien ne
permet d’attester leur de´ part du Nord-Pas-de-Calais.