Gouvernement de Abbas El Fassi - Maroc Hebdo International

© Ph.DR
la tâche est énorme. Premier employeur
du pays, avec plus de 250.000 salariés,
ce service public est réputé réfractaire
à toute forme de réforme. Un aspect qui
a été qualifié par le Souverain, récemment,
devant le Parlement, «de pari vital
à gagner, (celui) de la réforme, en
profondeur, de l'éducation et de la formation;
réforme dont dépend l'avenir
des générations présentes et à venir».
Là aussi des ministres, pourtant issus
du gotha éducatif, s'y sont employés
sans résultat sensible. La dernière tentative
en date aura été la COSEF, une
commission spéciale pour la réforme
de notre système scolaire et universitaire,
présidée par Meziane Belfkih,
avec Ahmed Akchichine comme collaborateur.
Un vrai effort d'évaluation
a été fourni, beaucoup de pistes de dépassement
ont été prospectées, mais l'école
marocaine n'est pas, pour autant,
sortie de l'ornière. Elle reste, sur toute
la graduation du cursus éducation-formation,
une insitution inadaptée qui ne
peut fabriquer que des inadaptés.
Il est demandé à Ahmed Akchichine de
faire en sorte que cette grosse machine,
par ailleurs immensément budgétivore,
ne tourne plus dans le vide tout en
broyant des générations entières. Il s'agit,
en somme, d'initier une politique
éducative audacieuse, sans formatage
dogmatique, quel qu'il soit, pour une
école publique performante, comme au
temps où celle-ci était pourvoyeuse d'élite
nationale. Au-delà des apparences
induites par son parcours, Ahmed
Akchichine pourrait relever ce défi. Il
en a les ressorts intrinsèques. Tous ceux
qui l'ont approché parlent d'un grand
travailleur, animé par une curiosité intellectuelle
sans limites et constamment
habité par une obligation de résultat.
Dans ce challenge, nul doute qu'il sera
fortement épaulé par Meziane Belfkih.
Reste le nerf de toute politique, les finances
publiques, particulièrement
lorsque les deniers sont comptés. Des
rumeurs persistantes pariaient sur la reconduction
de Fathallah Oualalou, qui
a fait des prodiges dans le domaine. À
quelques jours de la ligne d'arrivée, son
nom s'est égaré dans le labyrinthe des
tractations. Le bénéficiaire de ce retournement
n'est pas un novice.
Salaheddine Mezouar est un écono-
Maroc Hebdo International N° 763 du 19 au 25 Octobre 2007
© Ph.MHI
Justice,
Enseignement
et Économie, les
ministères où les
nominations ont
réservé quelques
surprises.
miste-gestionnaire qui a fait ses classes
de praticien dans le textile. Une expérience
qui lui sera d'un grand secours.
Son cahier de charges ne se limite pas
à une comptabilité financière, rivée sur
les colonnes inextensibles des recettes
et des dépenses. Il est surtout en charge
de la dynamisation de l'économie
par une recherche inlassable de nouvelles
sources de financement.
Tiroir-caisse de tous les budgets sectoriels
et de toutes les attentes sociales, à
partir de ressources limitées, il doit tenir,
comme à la prunelle de ses yeux, à
la préservation des grands équilibres financiers,
sous peine, qu'à Dieu ne plaise,
de banqueroute. Une préoccupation,
en principe, équitablement partagée par
toute l'équipe gouvernementale; mais
dont il est, lui, la plaque tournante et le
comptable. La marge de manœuvre est
rendue encore plus étroite par une
conjoncture défavorable qui porte, comme
une balafre, la marque de la facture
pétrolière en hausse astronomique,
suivie par la flambée des prix du blé. Un
challenge qui ressemble à une colle infligée
par un examinateur cynique. Le
nouvel argentier du Royaume devra faire
avec. Il semble y aller gaiement. À
la bonne heure. En définitive, si ces
trois pans essentiels de la structure gouvernementale
fonctionnent à plein régime,
le reste devrait suivre.❏
Abdellatif Mansour
29