Gouvernement de Abbas El Fassi - Maroc Hebdo International

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SANTÉ
Selon les projections de l’Organisation mondiale de la Santé,
30.000 Marocains seraient atteints par l’Alzheimer. Une dégénérescence
sénile qui nécessite le plus grand des suivis.
L’Alzheimer progresse
au Maroc
Beaucoup reste à faire pour les
rares associations et professionnels
de la santé qui s’évertuent
à faire connaître davantage la maladie
d’Alzheimer au Maroc. Une maladie
largement méconnue du grand
public et clairement sous-médicalisée.
Pourtant, il ne s’agit pas d’une affection
marginale. Dans le monde, celle-ci touche
près de 25 millions de personnes,
dont 5% des plus de 65 ans et 25% des
plus de 80 ans. Au Maroc, on ne dispose
pas de statistiques officielles. Ceci dit,
partant de projections démographiques
de l’OMS, le corps médical estime à
30.000 environ le nombre de patients
marocains atteints de la maladie
d’Alzheimer. D’ici 2020, cet effectif
pourrait atteindre les 75.000 individus,
maintenant ainsi la position d’Alzheimer
en tant que première cause de démence
chez les patients marocains.
C’est dire si cette affection neuropsychiatrique,
souvent confondue par la
population avec une conséquence de la
sénilité, est en passe de devenir un réel
problème de santé publique et de société
au Maroc. La maladie d’Alzheimer est
onéreuse pour nombre de Marocains,
les médicaments (anticholinestérasiques)
à eux seuls revenant à 1.000 dirhams
par mois environ (pris en charge par
l’AMO). En plus d’être lourde financièrement
et émotionnellement, cette
affection est incurable à ce jour. En effet,
le traitement médical allège certains
symptômes, mais ne peut arrêter la perte
progressive et définitive des capacités
cérébrales et motrices du patient. Ceci
étant, un diagnostic précoce permet de
faire bénéficier le malade des derniers
médicaments et, surtout, de prévenir des
accidents dramatiques à l’intérieur ou à
l’extérieur du domicile. Et ce par un
accompagnement et une assistance permanente
du patient, dont l’entourage
devra veiller, avec amour, patience et
affection, à ce qu’il conserve une exis-
En plus d’être lourd
financièrement et
émotionnellement,
l’Alzheimer est
incurable à ce jour.
tence active et autonome aussi longtemps
que possible.
La maladie d’Alzheimer se manifeste
généralement par des pertes de mémoire,
une difficulté croissante à accomplir les
tâches quotidiennes, des troubles du langage
et de l’orientation dans l’espace et
le temps (oubli du domicile, des jours de
la semaine, etc), des sautes d’humeur,
une perte d’entrain, voire une dépression
et des hallucinations. Ou encore
des difficultés dans le raisonnement
abstrait.
Si on ignore aujourd’hui les véritables
causes de la maladie d’Alzheimer, les
scientifiques s’accordent en revanche
sur les facteurs de risque associés à cette
dernière. A savoir: l’âge (même si l’affection
peut se déclencher à la cinquantaine),
le faible niveau d’instruction,
les antécédents familiaux, le tabagisme,
la sédentarité, les mauvaises habitudes
alimentaires, l’obésité, l’hypercholestérolémie,
l’hypertension artérielle
ou encore le diabète. Certains de
ces facteurs, dépistés tôt et soignés correctement,
peuvent réduire le risque de
développer la maladie d’Alzheimer.
C’est déjà ça, en attendant l’évolution de
la recherche.
Plus généralement, les praticiens appellent
unanimement à un programme intégré
de prise en charge des patients
atteints de la maladie d’Alzheimer au
Maroc. Un programme qui engloberait
la formation du personnel soignant, la
création de centres de la mémoire pour
le diagnostic précoce de la maladie,
mais aussi une réflexion sur la prise en
charge socio-familiale la plus adaptée
au contexte culturel et économique
marocain. Tout un chantier. ❏
M. Izddine