Gouvernement de Abbas El Fassi - Maroc Hebdo International

CHRONIQUE
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Driss El Fahli
On n’a que le gouvernement que l’on mérite
Castoriadis dixit
Finalement, la montagne a accouché d'un gouvernement
à la mesure de ce qui s'est passé. On
a le gouvernement qu'on mérite. Ne pas s'en satisfaire,
c'est faire violence à soi-même. Je ne vais pas
disserter sur une “gamelle” qui a été bricolée avec des
légumes hétérogènes et dont la saveur finale n'est ni
au goût de ses cuisiniers, ni à celui des notables invités,
ni à celui de la “caste politique” qui gangrènent les
partis.
Pourtant, les choses se sont passées de telle sorte qu'on
pourrait affirmer que nous sommes bel et bien dans
une démocratie représentative. C'est le système démocratique
le moins mauvais de la braderie. Le gouvernement
qui vient d'en ressortir est un “équilibre fragile”.
Une simple résultante des forces
politiques et familiales en présence.
Somme toute, la montagne
a accouché d'un “accident marginal
de la démocratie représentative”.
Ce sont les effets collatéraux
des contre-pouvoirs, des egos, de
la nature humaine et du “poussetoi
de là que je m'y mette” cher à
nos “encadreurs” politiques.
Pour éliminer ces accidents marginaux
demain, je vois deux solutions:
La première c'est le “savon” royal.
Il est efficace et nettoie plus blanc
que blanc. Il fait comprendre rapidement
aux gonflés de la cheville que l'intérêt du pays
est prioritaire par rapport aux petits calculs personnels.
C'est une première solution, mais il arrivera bien un
moment où il faudrait se débrouiller avec son propre savon
beldi pour arriver à la deuxième solution: voir dans
quelle mesure ces conséquences ne pourront pas être dépassées
sans une “mutation profonde” de l'institution
politique marocaine.
Il faudrait aussi dire que la démocratie représentative
telle que vécue par le Maroc est taillée à sa mesure et
à son poids national actuel. Elle n'est ni ample, ni étriquée.
Outre le fait que sa liberté est assujettie par les
limites du Makhzen. Comme ses sœurs, elle favorise,
selon Cornélius Castoriadis (penseur français 1922-
1997), la présence d'une “caste” de décideurs politiques
Somme toute,
la montagne a
accouché d'un
“accident marginal
de la démocratie
représentative”.
non renouvelable. Elle entraîne la concentration des
médias aux mains des intérêts privés et elle n'exclut
pas la corruption comme parasite du système. Le champion
toutes catégories dans le domaine reste l'Italie, où
le parlement abritait 25 députés condamnés à des peines
de prison (qui tâtent annuellement en sus 120.000
euros de frais de voyage par député); où les média et
autres “affaires” sont sous la coupe d'un Berlusconi, et
où la population organise régulièrement et sans succès
(si ce n'est le comique de la chose) des Vaffanculo Days
(Journées du “va te faire fout…”!) qui draînent à chaque
fois des milliers de protestataires qui veulent dire m…
à la politique de papa (Courrier International). On voit
bien que l'Italie est aussi une démocratie taillée sur mesure
pour le peuple italien.
Donc, tout cela est somme toute
normal dans les jeunes et les vieilles
démocraties. Ce qui m'embête le
plus, c'est que je n'ai pas perçu l'approche
par compétence dans les désignations
de notre tout nouveau et
tout frétillant gouvernement.
L'équilibre des forces, la relation
familiale, les instructions, la notabilité,
le fils de tel, le poids politique
perçu des carcasses des partis,
le quota féminin, ou féministe,
ont été les principaux vecteurs des
tractations style “donne-moi ce portefeuille
ou je me fâche!”. En fin
de compte, heureusement que les “ministères de souveraineté”
sont verrouillés et dotés des compétences
adéquates et qu'un Hejira ou un Ghallab ont pu rempiler.
Mais le clou de Jouha du gouvernement reste ce ministère
sans portefeuille destiné à satisfaire l'ego des
ossements politiques qui ne soutiennent même plus la
charpente de leur parti. C'est notre tare culturelle mais
c'est quand même nos impôts qui paient. Tiens, au fait!
A propos de culturel, Mme Jabrane, qui arrive à me détendre
le zygomatique de temps à autre, devrait se faire
doubler d'une tête pleine comme celle des Pr Dkhissi
ou Moulim Laâroussi. Ils pourront lui écrire en toute
compétence les scénarii à jouer…❏
Casablanca le 17/10/07
Maroc Hebdo International N° 763 du 19 au 25 Octobre 2007