FFT Katalog 2013

« Le cinéma n’a pas de frontières ! » –
Hommage à Souleymane Cissé
Avec l’amical soutien du ministère des Affaires étrangères
BÄRBEL MAUCH, JÖRG WENZEL, BERND WOLPERT
Cette année encore, l’un des plus grands et
des plus importants réalisateurs d’Afrique
vient à Tübingen : Souleymane Cissé. Son
film le plus remarquable, Yeelen, avait
déjà été présenté en 1988, dans le premier
programme du Focus Afrique. C’est
l’histoire d’un conflit entre père et fils, dans
la lignée des tragédies grecques. L’histoire
se passant avant la colonisation, Souleymane
Cissé replonge loin dans la culture
de l’Afrique de l’Ouest. Baara montre à
quel point l’éventail des œuvres de Cissé
est large. Il y est question d’une histoire
post-coloniale moderne, qui se déroule
dans un milieu urbain. Avec ce film, il a pu
dès les années 1970 contrecarrer les
attentes stéréotypées selon lesquelles les
films africains ne se déroulent que sur
fond de campagne exotique.
Né en 1940 à Bamako, Cissé grandit au
Sénégal et revient en 1960 au Mali,
devenu indépendant. Passionné de film
dès son plus jeune âge, il fait une formation
de projectionniste et de photographe
avant de pouvoir étudier, grâce à une
bourse, au fameux Institut national de la
cinématographie de Moscou, le VGIK. Il
retourne au Mali en 1970 et travaille en
tant que cameraman pour le ministère de
l’information. Cinq jours d’une vie,
réalisé en 1972, est son premier film
produit indépendamment. Son premier
long métrage, Den muso, est tourné
volontairement en langue Bambara. Dans
Finye, Cissé a presque une décennie
d’avance quand il évoque l’air de changement
qui souffle sur de nombreux états
africains après la Guerre froide : une
dictature militaire brutale va être balayée
par la résistance officielle des étudiants et
celle des femmes dans leur foyer.
La puissance et l’abus de puissance, la
lutte contre l’injustice et pour une société
meilleure, au Mali ou ailleurs en Afrique,
voilà les thèmes des films de Cissé. Waati
est, en ce sens, l’histoire d’une émancipation
à grandes enjambées. Elle débute en
Afrique du Sud, pendant l’Apartheid, passe
par la Namibie et la Côte d’Ivoire et se
poursuit au nord du Mali, chez les nomades
Touaregs. On découvre ici la
perspective panafricaine de Cissé. À
travers l’histoire individuelle de l’héroïne
Nandi, c’est l’histoire du mouvement de
liberté et d’indépendance de tout le
continent qui se reflète. Cissé raconte des
histoires universelles et mais confronte
aussi le public non africain aux pouvoirs
magiques de ses héros. Il ouvre une
dimension spirituelle et culturelle si
étrange qu’elle échappe à un « décodage »
d’ordre rationnel ou esthétique et à toute
tentative d’accaparement. C’est ainsi que
les œuvres de Cissé répondent à l’exigence
de tout grand art : elles incitent le spectateur
à se penser autrement, à voir différemment
sa société et le secret de l’existence.
Souleymane Cissé sera présent au Festival
international du film francophone.
Les manifestations du Focus Afrique
offrent à tous les intéressés la possibilité
de rencontrer le réalisateur et de discuter
de son œuvre avec lui.
Pour une modification éventuelle ou pour
davantage d’information, rendez-vous sur
notre page : www.filmtage-tuebingen.de.
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