JOURNAL 2015-06

SWISSMECHANIC
Comment l’avenir des PME de la
branche MEM se profile-t-il?
Si nous ne redressons pas la barre rapidement
tous ensemble, il y aura du changement.
Dès le second semestre, nous verrons
où cela nous mènera. Si nous conticlé
essentielle. Le niveau de prix n’est
plus compétitif par rapport à l’Union européenne
et la fermeture de nouveaux
marchés par l’accord de libre-échange se
dessine lentement. Nous nous sommes
bien portés pendant longtemps. Il faut
maintenant une prise de conscience pour
pouvoir redresser la barre et stopper la
tendance négative. Et cela, aussi rapidement
que possible.
La situation est-elle réellement aussi
dramatique?
Pas pour tout le monde heureusement.
Il y a des histoires positives. Dans la
communication, nous tenons à garder
l’équilibre et à envoyer des signaux positifs
lorsque nous en recevons. Il en va
de même pour les signaux négatifs et
ceux-ci prédominent actuellement. Nos
sondages et de nombreux entretiens personnels
avec des entrepreneurs – surtout
dans les cantons proches des frontières
– révèlent des situations dramatiques.
Certaines entreprises ont le couteau sous
la gorge. Pas parce qu’elles font du mauvais
travail, pas parce qu’elles ont fait
de grosses erreurs mais parce que les
coûts se sont envolés à cause du franc
fort. Quelques entreprises ne sont même
plus contactées par des clients étrangers
parce qu’ils estiment que, de toute façon,
leur offre ne sera pas compétitive. Il y a
donc clairement un problème.
Que peut faire l’association?
Nous sommes actifs à différents niveaux.
D’une part, nous secouons le monde politique
et économique ainsi que la société
avec un véritable battage médiatique et
des entretiens personnels. Ce qui marchait
avant ne marche plus cette fois. Si
l’économie suisse est en difficulté, Berne
pense surtout: «Ils s’en sont déjà sortis,
notre économie est suffisamment forte».
Cette fois, c’est différent, car le citron est
pressé de toutes parts. Nous essayons
aussi d’aider activement nos membres,
par exemple avec des services tels que
des avantages pour les solutions d’assurance,
la promotion des exportations
ou la mise à disposition de contacts et
plateformes. Dans ce contexte, le Business
Day de septembre est un pilier
important. La combinaison de l’exposition
et du Forum des entrepreneurs doit
permettre à nos membres de signer des
contrats en Suisse et de trouver des idées
pour l’avenir. Qu’il s’agisse de nouvelles
stratégies ou de nouveaux marchés, il
est aussi important d’avoir une vue sur
l’avenir. En tant qu’association, nous faisons
tout ce qui est en notre pouvoir et
nous dépendons aussi de l’engagement
actif de nos membres, par exemple en cas
de sondages, de campagnes médiatiques
ou lors d’événements. Nous ne pouvons
communiquer avec succès vers l’extérieur
que si nous savons précisément ce qui
préoccupe nos entreprises. Nous avons
aussi besoin de comprendre pourquoi
certains membres sont peu touchés par
la situation actuelle.
Vous dites que le citron est pressé.
C’est déjà arrivé souvent et le temps
a montré que l’économie suisse a
jusqu’à présent toujours maîtrisé la
situation. Qu’est-ce qui est différent
cette fois?
La durée et l’intensité. Déjà lors de la
crise financière de 2008, nos entreprises
avaient adopté des mesures pour rester
compétitives malgré le franc fort. Depuis
le 15 janvier 2015, nous devons mettre en
œuvre d’autres mesures déterminantes.
Mais il reste peu de potentiel d’optimisation
– si toutefois il en reste. Adapter une
nouvelle fois les structures et en si peu
de temps est un travail d’Hercule difficile
à réaliser. Je ne peux que me répéter: le
citron est complètement pressé.
nuons comme cela, les délocalisations
s’intensifieront. On assistera à des bouleversements
massifs et aux premières cessations
d’activité. Cela ne peut pas être la
solution. Gommer la tendance avec une
restructuration lapidaire est trop simple.
Il y a de la demande pour nos produits
et nos entreprises font de l’excellent travail.
Nous ne parlons pas d’une branche
devenue inutile mais d’une branche qui
rencontre un grave problème de prix et
de marge. La branche MEM est un pilier
important de l’industrie suisse et nous
devons tout mettre en œuvre pour qu’elle
puisse le rester. Il faut encore ajouter que
la formation de main-d’œuvre qualifiée
est d’autant plus affectée que la situation
perdure. Qu’adviendra-t-il des apprentis
lorsque des secteurs entiers auront été
délocalisés à l’étranger? Nous devons
trouver des réponses à ces questions et
à d’autres, avec tous les membres de
l’association. Swissmechanic se mobilise
chaque jour pour les PME de la branche
MEM. Nous accueillons toute forme de
soutien et sommes persuadés que nous
pourrons arrêter cette tendance négative.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une
dynamique.
D’où doit-elle venir?
De toutes les parties concernées, autrement
dit de la politique, de la société et
de l’économie. Nous devons défendre
la place économique suisse et tirer ensemble
sur la même corde. Naturellement,
l’évolution du taux de change est
un autre facteur décisif. Le franc doit s’affaiblir
et l’euro doit se renforcer. Il faut
aussi résoudre le problème de la Grèce.
Cette incertitude constante entraîne une
incertitude sur les marchés et freine la
conjoncture. L’Union européenne doit
surmonter le clivage Nord-Sud et entamer
des réformes. Parallèlement à cela,
nous devons résoudre nos problèmes internes
en Suisse. Comme je l’ai déjà dit,
nous devons abolir l’îlot de cherté. Nous
devons réussir à faire baisser le niveau de
prix de 10 % en Suisse. Cela devrait être
possible. 10 % de notre économie ont
justement été touchés par l’abolition du
taux plancher. En tant que branche, nous
sommes aussi concernés. Dans ce domaine,
Swissmechanic aidera les PME de
la branche MEM et parlera constamment
des défis avec tous les groupes d’interlocuteurs.
16 SWISSMECHANIC 6/2015