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THEME DU MOIS
Rotary – lien entre les peuples?
Être musulman, musulmane en Suisse
Il y a deux ans, un séminaire organisé par le District 2000 avait incité les clubs à cerner le problème de l’intégration et de la diversité.
L’initiative adoptée un an plus tôt sur les minarets a été alors et l’est encore aujourd’hui sujette à de vives discussions. En mars
dernier, le RC Zürich-Oberland a organisé une soirée sur le thème «L’Islam en Suisse». La présidente du Think Tanks, Amira Hafner-
Al-Jabij y avait fait un exposé sur l’Islam qui avait été suivi d’une discussion sur la situation des musulmans en Suisse et surtout
de leur intégration. Rotary y a joué un rôle important comme le montre le condensé et les réflexions personnelles de l’animateur du
débat, le rot. Christoph Vollenweider.
«Les clubs Rotary sont basés sur la tolérance et
l’amitié. Ainsi l’amitié avec des personnes différentes
de soi-même est l’idée centrale du Rotary»
– citation du rot. Fredy Zeier extraite de son
exposé au séminaire du District 2000 il y aura
bientôt deux ans. Pendant toute une journée, on a
discuté de «l’intégration et de la diversité dans les
clubs Rotary». Sous diversité, il ne fallait pas entendre
diversité professionnelle, genre ou encore
démographique, mais bien d’autres domaines:
origine ethnique, race, aspect physique (handicap),
orientation sexuelle et religion. Les participants
ont remarqué que le taux d’étrangers dans
leurs clubs ne reflétait pas la structure de la population
suisse. Et si on regarde la représentation
musulmane, l’écart qui est probablement encore
plus grand, ne cesse de se creuser.
L’intégration est un sujet qui revient périodiquement
dans les discussions et souvent avec véhémence.
Le Rotary est prédestiné pour jouer un
rôle d’avant-guardiste de par son caractère ouvert
au monde et sa grande tolérance. Les réflexions
ci-après, parfois teintées de considérations de
l’auteur sur la base de la situation des musulmans
en Suisse ont pour but d’élargir le débat à d’autres
minorités en Suisse afin d’inciter à la compréhension
entre les peuples dans les clubs Rotary.
Six pour cent de la population
suisse
Les musulmans sont plus de 450 000 (six pour cent
de la population) et représentent la plus grande
minorité religieuse de Suisse. Depuis quelques
années, on discute fréquemment du rôle de l’Islam
en Suisse et de nos rapports avec les musulmans.
La discussion a pris de l’ampleur après
l’adoption de l’initiative sur les minarets et elle
tourne souvent à la polémique. Dans certains milieux,
on ressent un malaise profond envers l’Islam
et les musulmans; ceci tient sans nul doute au
fait que la population sache peu de chose sur la
culture musulmane, les musulmans et leur religion
et on leur reproche leur manque de bonne
la tolérance
volonté à s’intégrer. Notre image négative est en
outre complétée par des actes de terrorisme islamistes
dans différentes régions du globe.
Sujet de conversation au Rotary
C’est un sujet de conversation aussi bien au niveau
du district que des clubs. Par exemple, le RC
Zürich-Oberland avait organisé une soirée Islam
pour ses membres et leurs partenaires pour avoir
une large palette de points de vue. Amira Hafner-
Al-Jabij (voir encadré) qui connaît à fond les deux
cultures a accepté de développer ce sujet et de
répondre à toutes les questions; elle n’a pas
craint non plus de parler d’idées préconçues. Il
s’en est suivi un entretien objectif et détendu, et
aussi très intéressant que le rot. Christoph Vollenweider
a animée.
Comme au cours de la discussion la question a
été posée de savoir ce que notre société et aussi
le Rotary en tant qu’organisation sociale éminente
pouvaient faire pour promouvoir l’intégration
de la minorité musulmane, Christoph Vollenweider
a réuni ses réflexions personnelles sur la base
de la discussion et les redonne ci-après.
Une image différenciée
Après avoir expliqué dans une brève introduction
quelques termes importants
de l’Islam et de
l’islamisme, le rot. Vollenweider
a posé quelques questions à Madame
Amira Hafner-Al-Jabij, spécialiste de l’Islam. Il lui
a demandé son point de vue sur des opinions largement
répandues et sur certains préjugés, ce
qu’elle a fait ouvertement. Elle a esquissé une
image différenciée de la situation sans évincer les
points sensibles.
Quelques points essentiels qui ressortent de
l’entretien:
• Il n’y a pas à proprement parlé d’Islam, l’Islam
n’est pas un sujet actif. Il faut plutôt parler ici de
musulmans. Mais ce n’est pas un groupe homogène.
L’éventail va du musulman très libéral
au musulman ultraconservateur. La plupart des
musulmans chez nous sont sécularisés, toutefois
il y a de jeunes groupements qui se sentent
à l’étroit dans ce corset.
• Il est vrai que de nombreuses femmes sont
désavantagées dans la société islamique.
Reste à savoir si ceci a pour origine l’Islam ou
la situation culturelle, là aussi la situation varie
d’un pays à l’autre. Mais les choses bougent du
côté islamique en faveur d’une valorisation du
statut de la femme.
• Pour ce qui est des actes terroristes, il n’y a
aucune légitimation à perpétrer des attentatssuicides.
La majorité des victimes des actes
terroristes est musulmane.
Question centrale sur la formation
d’imam
• L’intégration n’est pas une voie à sens unique,
d’autant que les écarts entre la perception de
soi-même et la perception par autrui peuvent
être énormes. Les musulmans vivant en Suisse
doivent se tenir à la législation du pays; on trouve
généralement des solutions dans les cas
problématiques, par ex. autoriser des vêtements
plus couvrants pour les cours de natation.
Madame Amira Hafner-Al-Jabij qui est
tout à fait d’accord avec cette soumission ajoute
qu’aucune juridiction parallèle ne doit être
tolérée.
• De nombreux musulmans bien situés socialement
et bien intégrés ne se préoccupent malheureusement
pas ou peu de ce sujet, car
comme ils ont réussi, ce n’est pas ou ce n’est
plus un problème. Pourtant on aurait ici un
grand besoin de soutien.
• La formation des imans (religieux musulman,
chef de prière dans une mosquée) est essentielle
pour la capacité et la volonté à s’intégrer.
Les imans qui œuvrent aujourd’hui en Suisse
viennent de Turquie ou des écoles islamiques
d’Égypte et d’Arabie saoudite. Ils connaissent
donc peu les usages en Suisse et ne comprennent
pas assez les problèmes auxquels les musulmans
vivant ici sont confrontés: au lieu de
ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN SEPTEMBRE 2012
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