Journal of Film Preservation - FIAF
Journal of Film Preservation - FIAF
Journal of Film Preservation - FIAF
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
etrouver des matériaux qu’ils ne détiennent plus eux-mêmes, très<br />
curieusement beaucoup d’entre eux continuent à faire preuve d’une<br />
grande négligence dans la préservation de ce qui est pourtant leur capital.<br />
Dans le cas notamment des productions à petit budget, le producteur<br />
(parfois lui-même réalisateur), se désintéresse de ses films anciens au<br />
pr<strong>of</strong>it exclusif de nouveaux projets à mettre en place. Une disposition<br />
légale en faveur de la conservation du cinéma est donc souhaitable, et<br />
nous saluons l’initiative que vient de prendre le Conseil de l’Europe en<br />
cette matière. Encore faut-il que le dépôt légal s’applique au matériel<br />
essentiel, c’est à dire le matériel de tirage. Nous avons beaucoup lutté,<br />
José-Manuel Costa, Michelle Aubert et moi-même, dans les négociations<br />
avec le Conseil de l’Europe pour obtenir le dépôt de “l’original ou d’un<br />
matériel permettant de retrouver la qualité originelle”. Inutile de se leurrer:<br />
si l’on autorise dans le cadre d’une pratique de dépôt légal, le dépôt<br />
de copies d’exploitation usagées, la sauvegarde des oeuvres n’est évidemment<br />
pas assurée, a fortiori s’il s’agit de copies vidéo, voire d’éléments<br />
non film.<br />
N’oublions pas toutefois que ce dépôt légal ne résoudra qu’une partie<br />
des problèmes. Il s’appliquera uniquement à la production nationale et à<br />
dater du moment où il entrera <strong>of</strong>ficiellement en vigueur. Y échappent<br />
donc 100 ans de production nationale et toute la production étrangère.<br />
Pour cette masse énorme de films, que nous stockons pour une part<br />
depuis plusieurs décennies et dont certains ont été restaurés exclusivement<br />
à nos frais, des garanties devraient pouvoir être définies. Dans<br />
beaucoup de cas, non seulement les matériaux originellement déposés<br />
peuvent nous être retirés sans préavis ni dédommagement, mais même<br />
les matériaux produits par notre travail de restauration. La propriété à<br />
cet égard demeure, sauf dispositions contraires très rarement reconnues<br />
par les législations nationales, la propriété du producteur. Je voudrais<br />
revendiquer donc, pour les archives, un droit lié à ce travail de préservation,<br />
un droit moral d’une part et financier d’autre part. Que les producteurs<br />
nous comprennent bien: nous ne demandons pas de droits<br />
d’exploitation, nous ne demandons pas à pouvoir utiliser commercialement<br />
ces films dont nous souhaitons avant tout garantir la préservation à<br />
long terme. Cette préservation ne vise pas non plus à empêcher toute<br />
utilisation du film par son propriétaire. Dans la mesure où le film est<br />
préservé, son utilisation, au contraire, s’en trouve grandement facilitée. Il<br />
semble légitime que, dans ce cas, les archives puissent se voir attribuer<br />
une participation dans les frais de préservation et de restauration, qui<br />
ont permis ou amélioré l’accessibilité du film. Il est légitime surtout que<br />
cette préservation, nous puissions continuer de l’assurer, sans que des<br />
intérêts commerciaux à court terme ne viennent la mettre en péril.<br />
La présentation<br />
La présentation est tout d’abord un devoir intellectuel et culturel. Les<br />
oeuvres doivent être montrées de manière à ce que demeure vivante,<br />
l’histoire du cinéma. Une histoire internationale du cinéma évidemment.<br />
Quel musée d’art, quelle bibliothèque d’envergure se limite à proposer<br />
au public des oeuvres produites localement? C’est aussi un devoir public,<br />
4 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 53 / 1996