L.ART en LOIRE 11

Du 3 juin au 9 octobre 2016, le projet Néocodomousse s’expose au LiFE, à Saint Nazaire.
Véritable création sui generis, il propose à voir un monde créé de toutes pièces par le
collectif Raumlaborberlin, et né de ses interactions avec les habitants de la ville.
À peine arrivés dans la magnifique salle
du LiFE, écrasés par cette masse qu’est
le bunker construit par la Wehrmacht, durant
la Seconde Guerre Mondiale, nous
sommes subjugués par l’immense mur
de frigos usagés, rebuts d’une société de
l’hyper-consommation, du sur-profit et du
mythe de la croissance infinie. Cette société
qui ne se préoccupe guère de ses déchets,
a pour seul leitmotiv la production,
toujours plus de production, la productivité,
la sur-productivité, menant au burn-out
d’humains, dont la seule valeur est d’être
de purs agents économiques, devant produire
et consommer (à tout prix, d’où les
crédits à la consommation) pour assurer
la croissance, et le dégagement de profits.
Mais à quel prix ?
À une époque où nous vivons la plus grave
crise environnementale et de santé publique,
connue à ce jour, Néocodomousse
nous interroge sur nos possibilités de réinterpréter
les déchets (les frigos présentés
sont issus des rebuts des nazairiens),
non plus comme une chose impure, mais
comme une ressource à réutiliser, à recycler.
L’ensemble de l’œuvre est ainsi un
questionnement autour de : «que faire de
nos déchets ?».
Et la question est ici bien plus vaste, qu’une
simple problématique de gestion pure et
dure de déchets d’une déchetterie. En effet,
au détour des divers modules artistiques,
l’œuvre questionne l’habitat, l’architecture,
la matière.
Maison fabriquée en poubelles, abri de
rebuts de métaux découpés, amas de déchets
industriels en tout genre, cabane de
bois-métal-plaques d’immatriculation, ce
jeu architectural avec les déchets est une
entrée dans un monde féérique, une utopie
magique qui nous donne le sentiment
d’être des petits lutins parcourant notre petit
village, fait de bric et de broc, si beau et
envoûtant. Car il y a une telle beauté dans
ces déchets-matière !
Cette œuvre est très intéressante à explorer,
et devrait ravir les plus jeunes, surtout
ceux qui rêvent de cabanes dans les bois,
faites de planches ou de bois flottés, et de
clous à moitié rouillés. C’est aussi pour eux
(et pour nous les adultes) une éducation
et une prise de conscience du monde qui
nous entoure, du respect à lui témoigner.
Notre sur-production qui entraîne des problèmes
d’invendus, de stock, d’obsolescence
programmée, provoque des problématiques
de pollution, d’empoisonnement
des sols et des nappes phréatiques, a des
conséquences non-négligeables sur le climat,
etc … A la course au profit, l’environnement,
et donc nous les humains à terme,
paierons (et payons déjà, en réalité) le prix
fort. Envahis par nos rebuts, saurons-nous
les réutilisés et dans quelles mesures afin
de protéger cette Terre, qui nous accueille,
nous nourrit, nous permet d’exister ?
Notes :
1/ De quoi l’effondrement est-il le nom ? La fragmentation du monde. Renaud
Duterme. Les éditions Utopia.
2/ Pour plus d’informations sur les activités proposées par le LiFE durant et
autour de l’exposition, ainsi que les horaires de visite :
https://lelifesaintnazaire.wordpress.com/raumlaborberlin/
https://lelifesaintnazaire.wordpress.com/raumlaborberlin/ateliers-workshops/