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autres ru<strong>de</strong>s et étranges comme <strong>de</strong>s Rembr<strong>and</strong>t ou <strong>de</strong>s<br />
Callot 6 ». En 1833, il fut nommé professeur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin<br />
au collège d’Alençon, poste qu’il occupa <strong>de</strong>ux ans<br />
puis qu’il quitta pour pouvoir peindre à nouveau, mais<br />
qu’il reprit en 1843 poussé par les besoins matériels.<br />
Monanteuil continua tout au long <strong>de</strong> ces années à<br />
peindre, à exposer à Paris et en province, à Caen,<br />
Douai, Alençon, Lisieux, etc.<br />
En 1827, Monanteuil expose au Salon une Tête <strong>de</strong> Turc,<br />
étu<strong>de</strong> d’après nature (n° 1700). Léon <strong>de</strong> La Sicotière<br />
énumère encore une Tête <strong>de</strong> Turc <strong>de</strong> profil (toile <strong>de</strong> 10)<br />
datant <strong>de</strong> 1828 puis, sans autre détail, trois têtes d’étu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> Turcs et <strong>de</strong> Grecs. Notre Tête <strong>de</strong> Grec, datée <strong>de</strong><br />
1830, appartient peut-être à ce groupe à propos duquel<br />
Chennevières aurait écrit à l’auteur dans une lettre<br />
du 31 juillet 1860 : « Ce sont toutes là d’excellentes<br />
peintures, d’un pinceau très large et très frais, frottées<br />
librement, franchement touchées. » Le musée d’Alençon<br />
possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s orientalistes. Monanteuil<br />
reprend là un exercice pratiqué entre 1804 et 1819<br />
par Giro<strong>de</strong>t, qui savait en exploiter au maximum les<br />
potentialités expressives et décoratives. La fin <strong>de</strong> la<br />
guerre d’indépendance <strong>de</strong> la Grèce en 1829 ainsi<br />
que la naissance d’un véritable orientalisme autour<br />
<strong>de</strong> 1830 peuvent avoir relancé l’intérêt du peintre<br />
pour ce type <strong>de</strong> sujet. T<strong>and</strong>is que les têtes du musée<br />
d’Alençon sont peintes sur fond gris, celle-ci se détache<br />
sur un fond noir, se rapprochant étrangement d’une<br />
Tête <strong>de</strong> Turc <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>-Marie Dubufe, signée, passée<br />
en vente récemment et achetée par le Louvre. Même<br />
format, même regard altier <strong>de</strong>s modèles, même moue<br />
légèrement dédaigneuse, même moustache sombre,<br />
même fond noir. Le portrait <strong>de</strong> Dubufe serait celui<br />
d’Hassan El Berberi, émissaire égyptien <strong>de</strong> Mehemet Ali<br />
qui aurait accompagné la girafe offerte par celui-ci à<br />
Charles X en 1826 7 . À Paris, le jeune Égyptien aurait<br />
servi <strong>de</strong> modèle à Léon Cogniet, Léon Riesener et même<br />
Delacroix, tout comme Giro<strong>de</strong>t avait portraituré plusieurs<br />
<strong>de</strong>s mamelouks réfugiés à Paris dans les années 1810.<br />
Notre modèle a la peau plus pâle, mais la ressemblance<br />
<strong>de</strong> l’expression est frappante et il paraît fort probable<br />
que Monanteuil ait connu ce portrait <strong>de</strong> Dubufe et s’en<br />
soit inspiré. La finesse <strong>de</strong> l’expression, la beauté <strong>de</strong>s<br />
costumes, la maîtrise <strong>de</strong>s coloris dont Monanteuil se<br />
montre capable dans ces diverses étu<strong>de</strong>s orientalistes,<br />
et particulièrement dans la nôtre, témoignent <strong>de</strong> son<br />
talent, toujours trop méconnu. Quatre têtes d’Orientaux<br />
d’après Monanteuil ont été lithographiées par Bernard-<br />
Romain Julien, dont celle-ci (fig. 1).<br />
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