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Francesco <strong>de</strong>’ Rossi, dit Salviati<br />
Florence 1510 – Rome 1563<br />
Les Origines <strong>de</strong> Rome<br />
Plume et encre brune, lavis brun<br />
Inscrit Parmigianino en bas à gauche<br />
126 x 270 mm (5 x 10 5 /8 in.)<br />
Bibliographie<br />
Luisa Mortari, Francesco Salviati, Rome, Leonardo De<br />
Luca editori, 1992, p. 222, n° 306, illustré.<br />
Provenance<br />
Christie’s, Londres, 26 novembre 1974, lot 20 (comme<br />
suiveur <strong>de</strong> Salviati) ; Tim Clifford, Londres ; sa vente,<br />
Sotheby’s, Londres, 3 juillet 1989, lot 19 ; collection<br />
privée, Londres.<br />
Exposition<br />
Kendall, Abbot Hall Art Gallery, 16th <strong>and</strong> 17th Century<br />
Italian <strong>Drawings</strong>, 2 mai-21 juin 1981, n° 18.<br />
Les origines <strong>de</strong> Rome sont racontées par <strong>de</strong> nombreux<br />
auteurs <strong>de</strong> l’Antiquité. Salviati, peintre « piu che<br />
mediocremente nelle buone lettere instrutto », selon<br />
Giovanni Battista Armenini 1 , en illustre ici la version<br />
d’Ovi<strong>de</strong> dans ses Fastes (3, 9-40) et regroupe en une image<br />
les éléments essentiels du récit fondateur : le sommeil <strong>de</strong><br />
la vestale Rhéa Silvia auprès <strong>de</strong> la source, son viol par le<br />
dieu Mars et l’adoption <strong>de</strong>s jumeaux légendaires par la<br />
louve. Dans le fond, se dresse le temple <strong>de</strong> Vesta (ae<strong>de</strong>s<br />
Vestae) qui abrite le feu sacré <strong>de</strong> Rome entretenu et gardé<br />
par les vestales. Le trait est rapi<strong>de</strong> et Salviati ne s’attar<strong>de</strong><br />
pas sur les détails, posant la composition et la lumière<br />
dans un style flui<strong>de</strong>, presque liqui<strong>de</strong>, construit par taches<br />
et lignes <strong>de</strong> lavis habilement disposées, qui rappelle<br />
celui que l’artiste utilise pour ses projets d’orfèvrerie, <strong>de</strong><br />
cassette ou encore pour ses <strong>de</strong>ssins d’emblème (Louvre<br />
et New York, Pierpont Morgan Library, The Janos Scholz<br />
Collection, Inv. 1979.58). Les personnages sont traités<br />
avec rapidité, presque négligence. Leurs visages sont<br />
définis par quelques traits qui définissent l’expression et<br />
<strong>de</strong>ux touches d’encre diluée pour les yeux. Le lavis joue<br />
un rôle essentiel dans ce type <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin : posé à la pointe<br />
du pinceau en larges hachures courbes caractéristiques<br />
<strong>de</strong> la manière <strong>de</strong> Salviati, il définit les volumes et la<br />
lumière, se superposant aux traits <strong>de</strong> contours tracés au<br />
moyen d’une plume fine, presque griffue.<br />
Le <strong>de</strong>ssin ne peut être relié à aucune <strong>de</strong>s compositions<br />
peintes connues <strong>de</strong> l’artiste. Mais, à Rome comme<br />
à Florence, Salviati conçut <strong>de</strong> multiples <strong>de</strong>ssins<br />
<strong>de</strong>stinés à être transcrits par <strong>de</strong>s artefici en objets d’art,<br />
cassette, cassoni, objets d’orfèvrerie, <strong>de</strong> cabinet, etc.<br />
Son format très allongé peut évoquer celui d’une<br />
boîte ou encore celui d’une plaquette <strong>de</strong>stinée à être<br />
insérée dans du mobilier, pour recouvrir un tiroir par<br />
exemple. Les possibilités d’utilisation d’un tel projet<br />
sont multiples et la recherche ne peut se limiter à<br />
la seule activité <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> l’artiste. L’aspect<br />
monstrueux <strong>de</strong> la louve, ses pattes disproportionnées<br />
et sa gueule féroce évoquent <strong>de</strong>s représentations<br />
plus anciennes, à l’exemple <strong>de</strong> la louve sculptée sur<br />
la base <strong>de</strong> l’autel d’Ostie consacré à Mars et Vénus<br />
(conservé au musée du Palazzo Massimo alle Terme,<br />
Rome) qui date du I er siècle après Jésus-Christ ou<br />
encore <strong>de</strong> la célèbre Louve du Capitole, que l’on sait<br />
<strong>de</strong>puis 2008 dater du milieu du Moyen Âge et non <strong>de</strong><br />
l’époque romaine, mais qui a inspiré <strong>de</strong> nombreux<br />
artistes dès la Renaissance.<br />
En l’absence <strong>de</strong> correspondance dans l’œuvre peint<br />
ou dans les projets décoratifs, la datation <strong>de</strong> notre<br />
<strong>de</strong>ssin ne peut s’effectuer que par comparaison<br />
stylistique. Les œuvres dont il est le plus proche par<br />
le style et par l’esprit s’échelonnent entre les années<br />
1540 et 1550. Un projet préparatoire à une cassetta<br />
conservée au musée Capodimonte <strong>de</strong> Naples<br />
(Florence, Offices, Inv. 1612 E) ainsi qu’un Projet<br />
<strong>de</strong> décoration d’une chapelle (Louvre, Inv. 1409),<br />
tous <strong>de</strong>ux très semblables à notre <strong>de</strong>ssin, datent <strong>de</strong>s<br />
années 1540 2 , t<strong>and</strong>is que les <strong>de</strong>ssins d’emblèmes ou<br />
Les Hébreux traversant le Jourdain, feuille mise en<br />
rapport avec les décors du palais Ricci Sacchetti 3 ,<br />
sont datés <strong>de</strong>s années 1550. Dans son catalogue<br />
<strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Salviati, Luisa Mortari le date <strong>de</strong> la<br />
« pério<strong>de</strong> intermédiaire ».<br />
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