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versions - Ecole lacanienne de psychanalyse

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Ce qui est découvert ici c’est « l’impossibilité <strong>de</strong> la mort » 14 .<br />

Ce Dehors, il y a impersonnel, il faut l’entendre comme un il pleut ou il<br />

fait nuit, différent du es gibt hei<strong>de</strong>ggerien avec toutes ses connotations<br />

d’abondance, <strong>de</strong> générosité et <strong>de</strong> présence (en allemand, es gibt veut dire<br />

"il y a", mais, littéralement : "ça donne").<br />

Que se passe-t-il donc <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Lévinas dans cette conscience non<br />

intentionnelle ? 15 . Elle est livrée à l’il y a, à son incessant « remueménage<br />

», à l’anonymat <strong>de</strong> la nuit qui la dépersonnalise c’est-à-dire que le<br />

sujet est livré au Dehors et non au phénomène.<br />

La subjectivité <strong>de</strong>stituée exposée au Dehors, ou plutôt sa vulnérabilité,<br />

son « expositon » abolissent la frontière entre <strong>de</strong>hors et <strong>de</strong>dans ; toute<br />

intériorité est effacée, elle est « plus passive que toute passivité. » 16 .<br />

3 ème case du jeu <strong>de</strong> la marelle : Neutre, il y a<br />

D’après l’étymologie neutre vient du latin ne uter, signifiant ni l’un, ni<br />

l’autre ; donc ici, ni dieu, ni l’être, ni le néant.<br />

Le neutre n’est pas un concept, c’est une constellation <strong>de</strong> mots : il,<br />

<strong>de</strong>hors, passivité, fragment ; un tremblement, le désastre silencieux, un<br />

travail <strong>de</strong> passivité et <strong>de</strong> patience (pas - science).<br />

Le neutre exclut et rature, l’originel, le propre ; il y a qu’il n’y a plus d’il<br />

y a ; l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’essence révèle une « neutralité vi<strong>de</strong>, un fantôme errant<br />

dans un espace où il n’arrive rien » 17 ; il exile la parole dans l’extériorité<br />

absolue 18 .<br />

« Le neutre : qu’entendre par ce mot ? » - « Il n’y a alors peut-être rien<br />

à entendre. » 19 .<br />

« Le sujet », Lévinas l’appelle parfois « la subjectivité <strong>de</strong> chair et <strong>de</strong><br />

sang », exposée à l’horreur <strong>de</strong> l’il y a et à son obsédante neutralité, se trouve<br />

13<br />

E. LEVINAS, op. cit. Dans ce passage, pp. 102 à 103, Lévinas inclut une note : « Thomas<br />

l’Obscur, <strong>de</strong> Maurice Blanchot, s’ouvre sur la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’Il y a […]. La présence <strong>de</strong><br />

l’absence, la nuit, la dissolution du sujet dans la nuit, l’horreur d’être, […] la réalité <strong>de</strong><br />

l’irréalité, y sont admirablement dits. ».<br />

14<br />

C’est moi qui souligne.<br />

15<br />

E. LEVINAS, in Exercices <strong>de</strong> la patience, n° 2 « Blanchot », Paris, Obsidiane, 1981, La<br />

mauvaise conscience et l’inexorable, pp. 109 à 113.<br />

16<br />

C’est moi qui souligne.<br />

17<br />

M. BLANCHOT, L’Entretien infini, op. cit., p. 258.<br />

18<br />

Pour <strong>de</strong>s précisions sur cette question, cf. Marlène ZARADER, L’être et le neutre, Paris,<br />

Verdier, 2001.<br />

19<br />

M. BLANCHOT, L’Entretien infini, op. cit., p. 447.<br />

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