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versions - Ecole lacanienne de psychanalyse

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désigne plus que le malheur, qui relève <strong>de</strong> l’Autre, « limite que la vie<br />

humaine ne saurait trop longtemps franchir » 32 .<br />

Pour Lacan, Antigone est entre-<strong>de</strong>ux-morts, elle est l’ « illustration <strong>de</strong><br />

l’instinct <strong>de</strong> mort », « la pulsion <strong>de</strong> mort illustrée ».<br />

« Quand commence cette plainte ? A partir du moment où elle<br />

franchit l’entrée <strong>de</strong> la zone entre la vie et la mort, où prend<br />

forme au-<strong>de</strong>hors ce qu’elle a déjà dit qu’elle était. Il y a<br />

longtemps en effet qu’elle nous a dit qu’elle était déjà dans le<br />

royaume <strong>de</strong>s morts, mais cette fois-ci, la chose est consacrée<br />

dans le fait. Son supplice va consister à être enfermée,<br />

suspendue, dans la zone entre la vie et la mort. Sans encore<br />

être morte, elle est déjà rayée du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vivants. Et c’est à<br />

partir <strong>de</strong> là seulement que se développe sa plainte, à savoir la<br />

lamentation <strong>de</strong> la vie. » 33 .<br />

Mais Antigone est déjà morte ; on peut donc se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il n’y a pas là<br />

davantage qu’une simple illustration <strong>de</strong> la pulsion <strong>de</strong> mort, s’il n’y a pas une<br />

sorte d’équivalence entre secon<strong>de</strong> mort et entre-<strong>de</strong>ux-morts. C’est aussi ce<br />

que suggère Lacoue-Labarthe : Antigone est au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Atè (du malheur,<br />

<strong>de</strong> l’enfer, <strong>de</strong> l’atroce), morte dans la vie, elle est déjà morte à tout, elle a<br />

franchi la limite, elle « indique la place du rapport <strong>de</strong> l’homme à sa propre<br />

mort » 34 … comme Lacan le dit lui-même.<br />

Poursuivons le Séminaire au niveau <strong>de</strong> « La dimension tragique <strong>de</strong><br />

l’expérience analytique » - Chapitre XXII, 2 : La secon<strong>de</strong> mort 35 .<br />

32 J. LACAN, L’éthique, op. cit., p. 305.<br />

33 J. LACAN, L’éthique…, op. cit., p. 326.<br />

34 Philippe LACOUE-LABARTHE, De l’éthique : à propos d’Antigone, in Lacan avec les<br />

philosophes, Paris, Albin Michel, Bibliothèque du Collège International <strong>de</strong> Philosophie, 1991,<br />

pp. 21 à 36. Dans cet article, Lacoue-Labarthe « dialogue » avec Lacan.<br />

35 En ce qui concerne « la secon<strong>de</strong> mort », Lacan vient <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> Sa<strong>de</strong>, et on peut penser<br />

qu’il s’agit <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> l’enfer… on peut penser que cette idée provient d’une lecture <strong>de</strong><br />

l’Apocalypse, où la secon<strong>de</strong> mort viendra châtier par <strong>de</strong>s souffrances éternelles ceux qui n’ont<br />

pas mené une vie bonne… une autre source serait le Cantique du Soleil <strong>de</strong> Saint François<br />

d’Assise. Il faut savoir, que, par ailleurs, Blanchot i<strong>de</strong>ntifie première et secon<strong>de</strong> mort…<br />

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