30.05.2013 Views

versions - Ecole lacanienne de psychanalyse

versions - Ecole lacanienne de psychanalyse

versions - Ecole lacanienne de psychanalyse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Et encore, au cœur <strong>de</strong> son hommage tout <strong>de</strong> déférence, <strong>de</strong> référence à<br />

l’œuvre d’Antonio Machado, Blas <strong>de</strong> Otero glisse l’un <strong>de</strong> ses propres<br />

poèmes, extrait <strong>de</strong> Pido la paz y la palabra. Il fait entendre ainsi sa voix la<br />

plus authentique – puisque antérieure à l’hommage :<br />

Árboles abolidos,<br />

volveréis a brillar<br />

al sol. Olmos sonoros, altos<br />

álamos, lentas encinas,<br />

olivo<br />

en paz,<br />

árboles <strong>de</strong> una patria árida y triste,<br />

entrad<br />

a pie <strong>de</strong>snudo en el arroyo claro,<br />

fuente serena <strong>de</strong> la libertad. 17<br />

Et qu’entend - on parmi les ormes, les peupliers et les oliviers ? La<br />

voix <strong>de</strong> Machado ! Le poème d’Otero perd alors son caractère<br />

circonstanciel, et l’on perçoit , parce qu’ils étaient déjà là, toute la sincérité<br />

<strong>de</strong>s emprunts et <strong>de</strong>s citations. La poésie <strong>de</strong> Machado est la source à laquelle<br />

s’est abreuvée la voix otérienne. Mais, du coup, par une sorte <strong>de</strong><br />

mouvement <strong>de</strong> balancier, une autre voix, imprévisible dans un tel contexte,<br />

se laisse entendre, mêlée à l’hommage. Celle que portent les adjectifs<br />

abolido y sonoro rassemblés, celle du Maître qui est allé puiser <strong>de</strong>s pleurs<br />

au Styx muni d’un aboli bibelot d’inanité sonore…<br />

Pour clore ce volet sur les hommages rendus par les poètes à leurs<br />

maîtres, je voudrais livrer un exemple concernant non pas un poète car la<br />

reconnaissance poétique est peut-être trop massive, trop évi<strong>de</strong>nte, pour être<br />

pleinement perçue pour ce qu’elle est - un don non du poème mais du poète,<br />

<strong>de</strong> son être-poète, au défunt - mais à d’autres artistes. Pour Cernuda dire que<br />

Mozart incarne la musique revient à faire entendre dans le nom <strong>de</strong> Mozart,<br />

les mots « Música », « Voz » y « arte » :<br />

Ecoutons la première strophe <strong>de</strong> la première partie du triptyque :<br />

Si alguno alguna vez te preguntase :<br />

« La música, ?qué es ? » « Mozart », dirías,<br />

« Es la música misma » Sí, el cuerpo entero<br />

De la armonía impalpable e invisible,<br />

Pero <strong>de</strong>l cual oímos su paso susurrante<br />

17 Blas DE OTERO, Árboles abolidos in Verso y prosa, op.cit., p. 53.<br />

85

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!