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des trois villes culturelles par tradition :
Iasi, Cluj, Bucarest, si l’on se trouve au
beau milieu, au feu des événements
culturels, littéraires et artistiques, l’on a
une chance de se faire remarquer, et
peut‐être même de s’imposer. Qui se
trouve loin du centre, se tient de côté, le
lointain effraie les plus commodes, les
maisons d’édition refusent les
traducteurs qui ne peuvent se déplacer
en vue des corrections à faire etc.
CIU : A l’accoutumée, afin de d’être
reconnu dans son pays, il faut jouir d’une
reconnaissance pour le moins
européenne. Quel fut ton cas ?
CF : Comme quelqu’un qui êtes allé tant
de fois en France, vous connaissez et
anticipez sur mes réponses, vous savez
que c’est l’anormal trajet à suivre par le
lettré ou l’artiste roumain, qui souffre le
premier à cause de l’imbécile dicton :
Personne n’est prophète en son pays
(j’entends par là sa stricte et immédiate
applicabilité chez les Roumains…). Je
vous disais que j’ai dû publier d’abord en
Belgique mon premier recueil de vers
L’Ivre de peau hési(‐t‐)e , et trois ans
plus tard en Roumanie : Ikebana en
miettes. Il en fut de même de mon début
en revue. J’ai reçu un Grand Prix d’une
Fondation franco‐roumaine, et non pas
un prix roumain de traduction. En 1995,
ce fut le Trophée Gerner, remis aux
Lauréats du Parlement Européen. La
France a toujours été plus généreuse
envers moi : j’ai reçu deux Ordres
nationaux français, ici je n’ai reçu qu’un
Ordre par domaines d’activité… d’une
importance mille fois moindre par
rapport aux deux Ordres nationaux
Salonul <strong>literar</strong> 67/2009
français ! De retour en Roumanie, après
la Biennale Mitteleuropa, j’ai reçu un
Prix du Municipe de Galati, important
pour moi en tant qu’habitant de la ville
de Galati, mais sans aucune signification
à l’échelle nationale ou internationale !
CIU : Qu’est‐ce que recommanderais à la
jeune génération, en tant que
traducteur, écrivain et professeur
d’université ?
CF : Ne pas se prendre à bâtir le premier
étage de leur propre gloire sans avoir la
certitude que leur base, leur fondement
le leur permet. Ne pas aspirer trop haut
d’entrée de jeu, sinon ils risquent d’avoir
le vertige et de tomber de tout leur
long… Ne pas chercher à s’imposer à
tout prix, sinon ils vont payer le
quintuple le jour du jugement dernier…
Lire le plus de littérature possible, avant
d’entreprendre d’écrire de la
littérature… Lire énormément dans la
langue étrangère dans laquelle ils se sont
proposé de traduire… Et avoir beaucoup
de patience, d’abord avec eux‐mêmes,
ensuite avec les autres : chaque chose en
son temps, dit la sagesse populaire. Et à
rien ne sert de courir, il suffit de partir à
temps ! Ne pas oublier qu’au gramme de
talent/génie, ils doivent ajouter des
tonnes de travail acharné, et des milliers
d’heures de leur brève existence, sans
perdre de vue que « Ars longa, vita
brevis ! » Combattre sans merci d’abord
leurs propres lacunes et insuffisances…
Ce ne sera qu’après qu’ils pourront se
dire accomplis et pourront se ceindre
des lauriers du succès mérité ! Ce que je
leur souhaite de tout cœur !