N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan
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qui ont ouvert à partir de la fin du XIV e siècle des écoles<br />
d‟enseignement du grec tout en apportant en Europe occidentale tous<br />
ces manuscrits grecs de toute cette multitude d‟œuvres originales<br />
d‟auteurs restés inconnus ou ignorés des traducteurs en arabe :<br />
d‟Homère et Hésiode à Apollonius de Rhodes et Théocrite,<br />
d‟Eschyle à Aristophane, d‟Hérodote et Thucydide à Polybe et<br />
Plutarque, etc. sans oublier, tous les philosophes et moralistes grecs<br />
que les arabes ont ignorés ou à peine connus par quelques bribes<br />
(présocratiques, stoïciens, épicuriens, sceptiques…), et, évidemment,<br />
tout l‟apport des premiers « archéologues » italiens qui vont nous<br />
faire retrouver sur le terrain les antiquités romaines et bouleverser<br />
complètement nos conceptions de deux arts interdits par les censeurs<br />
islamiques, la peinture et la sculpture qui vont remplir de merveilles<br />
nos palais, nos places publiques et nos musées, ces derniers, inventés<br />
par les Grecs, étant restés totalement étrangers au monde musulman.<br />
Adonc, lorsque M. Vernet parle de l‟algèbre et de la trigonométrie<br />
selon la citation que je viens de donner, on ose tout d‟abord supposer<br />
que notre auteur ne retire pas aux Grecs l‟invention de ces deux<br />
disciplines (ce qui a été froidement fait par les « commissaires » de<br />
la trop fameuse expositions sur « l‟âge d‟or de la civilisation<br />
arabe »), et on suppose qu‟il entend seulement que les musulmans<br />
n‟ont fait que perfectionner ces instruments mathématiques. Or, pour<br />
ce qui concerne l‟algèbre, il cite deux fois Diophante, à qui on doit<br />
l‟invention de ce qu‟on a par la suite appelé l‟algèbre : une première<br />
fois pour nous dire (p. 95) que « certains problèmes<br />
d‟indétermination qui apparaissent dans les œuvres des<br />
mathématiciens arabes du 10 e siècle ne se trouvent pas chez<br />
Diophante », et une seconde fois (p. 138) pour nous apprendre (ce<br />
qui est faux) qu‟il aurait écrit un traité sur les méthodes de calcul des<br />
Égyptiens. Quant à la trigonométrie il écrit sans sourcilier que : « son<br />
origine paraît purement arabe » ! Or le premier potache hellénisant<br />
sait qu‟Ératosthène (v. 284-192 avant notre ère), l‟un des directeurs<br />
de la Bibliothèque d‟Alexandrie a calculé le périmètre de la Terre en<br />
utilisant un système géométrique préfigurant la trigonométrie<br />
intégrée comme science dans les mathématiques par Hipparque<br />
quelques décennies plus tard. Et si tout simplement on ouvre le<br />
volume II des textes des mathématiciens grecs de la Loeb Collection<br />
(Selection illustrating the History of Greek Mathematics, Londres et<br />
Harvard University) on pourra voir que les pp. 407 à 463 sont