N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan
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attardait. Ainsi peut-on voir qu‟un traditionnaliste comme al-Nawawî<br />
(1233-1277), connu pour ses commentaires sur les Hadith a étudié le<br />
Fiqh, la grammaire, la linguistique et la science du hadith (Pouzet,<br />
Une Herméneutique de la tradition islamique. Le Commentaire des<br />
Arba‟ûn al-Nawawîya de Muhyî al-Dîn Yahyâ al-Nawawî, Dar el-<br />
Machreq, Beyrouth, 1986 p. 17) : la s‟arrête sa culture ! Il est ainsi<br />
hautement représentatif de cette éducation musulmane qui méprise<br />
en réalité toute science si ce n‟est celle qui concerne la religion. Luimême<br />
dans ses commentaires déclare bien qu‟il « faut propager la<br />
science, selon cette parole de Dieu… » où l‟on voit que cette science<br />
n‟est autre que la connaissance de la religion (Pouzet p. 194).<br />
Ainsi on peut se demander quand, où et par qui, les jeunes<br />
musulmans ont-ils pu connaître les philosophes et sciences en<br />
question. Car nous savons, selon d‟autres témoignages que les<br />
medersas, dont la première a été fondée à la fin du XI e s. par Nizâm<br />
al-Mulk, étaient destinées, comme le souligne François Micheau<br />
(Histoire des sciences arabes, T. 3 p. 244) « à former un personnel<br />
capable d‟exercer des fonctions administratives, religieuses,<br />
juridiques… Seules les sciences religieuses ou traditionnelles, Coran,<br />
exégèse, hadîth, et surtout fiqh, ainsi que les disciplines annexes, y<br />
étaient enseignées. Les sciences des Anciens étaient en général<br />
absentes du cursus des études… » Et plus loin il note que « dans la<br />
liste des professeurs de la Nizâmiyya dressée par Asad Talas, on<br />
relève deux professeurs de farâ‟id et d‟arithmétique, à côté de vingttrois<br />
professeurs de fiqh et d‟usûl, sept de tafsir et de hadîth, treize<br />
de kalâm et sept d‟adab. » Je rappelle que la Nizâmiyya est la grande<br />
medersa de Bagdad. Le farâ‟id concerne les lois relatives aux<br />
héritages, le fiqh l‟étude de la chari‟a, la loi musulmane issue du<br />
Coran et des hadith, usûl (pluriel de asl) traite des fondements de ce<br />
droit, le tafsir est la science de l‟explication et des commentaires du<br />
Coran, le kalâm est littéralement le « discours sur la foi » par quoi il<br />
faut entendre la théologie spéculative, l‟adab est l‟enseignement de<br />
la conduite à tenir pour faire ce que dans notre langage du XVII e<br />
siècle on appelait un « honnête homme », mais qui, dans le contexte<br />
islamique pourrait se traduire par « un bon musulman ». Il n‟est rien<br />
dit de l‟enseignement d‟autres disciplines scientifiques que<br />
l‟arithmétique, ou d‟une quelconque forme de philosophie.<br />
Si l‟on revient sur ce sujet dans le livre de Vernet (p. 46-47) il nous<br />
donne un classement des sciences à l‟époque du califat de Cordoue