N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan

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Permettez-moi ici de citer quelques passages de mon livre sur les
Racines de l‟Europe.
« Gerbert d‟Aurillac (940-1003) a, de son côté, enseigné à l‟ombre
de la cathédrale de Reims dont il a été évêque entre 991 et 998,
année où il fut nommé archevêque de Ravenne avant de monter peu
après sur le trône pontifical sous le nom de Sylvestre II. Son disciple,
Richer, moine de Saint-Rémi de Reims, nous a laissé d‟amples
éléments sur sa vie dans un ouvrage qui eut peu de notoriété en son
temps, intitulé un peu abusivement Histoire de Francs 24 .
Richer, qui donc fut l‟élève de Gerbert, nous a conservé les éléments
de son enseignement :
« Il rendit lucide, nous apprend-il, la dialectique en parcourant dans
l‟ordre que voici les livres suivants : il commença par l‟Isagogue –
ou introduction – de Porphyre d‟après la traduction de Victorinus le
rhéteur et aussi d‟après celle de Manlius ; puis il expliqua le traité
d‟Aristote sur les Catégories ou Prédicats. Il exposa ensuite de façon
parfaite le contenu du traité “peri hermeneias”, c‟est-à-dire “De
l‟interprétation” (il s‟agit du second traité composant l‟Organon
d‟Aristote, suivant les Catégories). Il enseigna enfin à ses auditeurs
les Topiques (c‟est le quatrième traité de l‟Organon, venant après les
Premiers et les Seconds Analytiques), c‟est-à-dire les fondements
des preuves que Cicéron a traduites du grec en latin et dont le consul
Manlius a donné un commentaire en six livres…
« Il lut aussi et commenta d‟une manière pratique les quatre livres
sur les différences topiques, les deux livres sur les syllogismes
catégoriques, les trois livres sur les syllogismes hypothétiques, le
livre unique qui est consacré aux définitions, ainsi que le livre unique
qui a pour objet les divisions. Après l‟étude de ces ouvrages, il
voulait que ses élèves passassent à la science de la rhétorique ; mais
il craignait qu‟il leur fût impossible de s‟élever à l‟art oratoire sans la
connaissance des modes d‟élocution qui ne peuvent s‟apprendre que
chez les poètes. Il lut et commenta les poètes Virgile, Stace et
Térence, ainsi que les satires de Juvénal, Perse et Horace, et
24 Publiée et traduite sous le titre : Richer, Histoire de France (888-996),
par R. Latouche, 2 vol. les Belles Lettres, Paris, 1964 et 1967 (réédition de la
1 ère éd. de 1930 et 1937 chez Honoré Champion).