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N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan

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géants. Nous voyons donc plus de choses que les Anciens et plus<br />

éloignées, non par la pénétration de notre propre vue… mais parce<br />

qu‟ils nous soulèvent et nous exhaussent de toute leur hauteur<br />

gigantesque. » Je dis bien l‟Antiquité grecque, car à travers les latins<br />

et les traductions littéraires du grec faites dès l‟époque romaine, les<br />

hommes et j‟ajouterai les femmes des classes cultivées au XII e<br />

siècle, connaissaient infiniment mieux les anciens Grecs qu‟aucun<br />

musulman. On sait que c‟était une lecture courante que celle du<br />

Roman de Thèbes, fondé en grande partie sur la Thébaïde de Stace,<br />

du Roman d‟Eneas, fondé notamment sur l‟Énéide, et du Roman de<br />

Troie de Benoît de Sainte-Maure. Si l‟on ajoute à cela l‟œuvre à peu<br />

près totale d‟Ovide si pratiquée dès la fin du XIe siècle au point<br />

qu‟on a pu appeler cette période et le siècle suivant l‟aetas ovidiana,<br />

on peut voir que tous les grands mythes grecs, tout ce que les Grecs<br />

eux-mêmes connaissaient par la lecture directe d‟Homère et les<br />

poètes tragiques athéniens, était familier aux hommes du Moyen Âge<br />

occidental, ce qui les mets nettement au-dessus des érudits<br />

musulmans qui n‟ont jamais fréquenté qu‟Aristote, les<br />

commentateurs de Platon et un néoplatonisme qu‟ils prenaient pour<br />

de l‟aristotélisme ou du platonisme.<br />

En revanche, l‟enseignement chez les musulmans est obéré par une<br />

étude prolongée du seul Coran, ce que confirme Ibn Khaldoun<br />

(Discours, trad. Vincent Monteil, Sindbad, 1978, T. II, pp. 898-<br />

899) : « La source (asl) de toutes les sciences traditionnelles, nous<br />

apprend-il, ce sont les prescriptions du Coran et de la Sunna – c‟està-dire<br />

de la Loi révélée par Dieu et Son Apôtre – ainsi que toutes les<br />

sciences connexes nécessaires à leur utilisation : c‟est le cas,<br />

notamment, de la philologie arabe, car l‟arabe est la langue de<br />

l‟islâm et de la Révélation coranique. Il y a un grand nombre de<br />

sciences traditionnelles, car c‟est le devoir de tout musulman,<br />

légalement capable, de connaître ses obligations religieuses. Cellesci<br />

sont tirées du Coran et de la Sunna, soit directement, soit d‟un<br />

commun accord, soit par “rattachement”. On commence donc par<br />

l‟étude textuelle du Coran, c‟est-à-dire par l‟exégèse (tafsîr). Ensuite,<br />

on examinera le Coran à deux points de vue… » Ayant posé ces<br />

principes, Ibn Khaldoun peut parler des sources du droit et de la<br />

jurisprudence qui se trouve précisément dans ces études coraniques.<br />

Toutes les pages qui suivent, consacrées à l‟exégèse et la lecture<br />

coraniques, révèlent combien ce texte du Coran était prégnant,

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