N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan
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Quand on a lu La Passerelle avec la grille qui convient, on peut<br />
presque faire l'économie de lire "L'homme, ce que j'en sais". De fait,<br />
dans cette préface, j'écrivais déjà :<br />
"Aussi, Laurent (lisez Georges) garde-t-il toute sa tendresse à<br />
Jésus. On le comprend. Et c'est bien normal puisqu'il n'a du<br />
personnage que les versions évangéliques de son éducation<br />
chrétienne ou des lectures imprégnées elles-mêmes de<br />
christianisme. Sans doute est-ce préférable à son propre équilibre<br />
mais, dans la mesure où platonisme et stoïcisme appellent plus ou<br />
moins le christianisme, Laurent pouvait-il vraiment prendre ses<br />
distances avec Jésus ? En savoir davantage sur le "Crucifié"<br />
l'aurait rendu très malheureux. C'est une grande banalité de<br />
constater que tout le monde dit du bien de Jésus, même les<br />
antichrétiens. D'ailleurs, l'Évangile lui-même met en garde contre<br />
ce travers en faisant ainsi parler Jésus : "Malheur à vous quand<br />
tout le monde dira du bien de vous !" (Luc IV,26)<br />
Dans La Passerelle, on apprend que Laurent aime les discussions<br />
passionnées, les débats à contre-courant; que ses analyses sont<br />
lumineuses, sa logique imparable ; qu'il est brillant… Mais oui ! Son<br />
ami le curé en arrive à lui dire qu'il est "un athée dangereux".<br />
Comme tout est relatif puisqu'il me fait l'effet d'un croyant<br />
inoffensif ! Il est cependant très sûr de lui. En art, par exemple, il<br />
n'aime pas les impressionnistes et s'il en parle, c'est pour les "les<br />
descendre en flammes". Il ajoute, il est vrai, que dans tout cela il ne<br />
voit "qu'un jeu pour exercer son esprit" ou pour éblouir celle qui<br />
l'aime, le curé ou d'autres… Mais il y parle fort bien de l'amour, ce<br />
que confirme pleinement le chapitre qu'il y consacre dans "L'homme,<br />
ce que j'en sais".<br />
En remplaçant Laurent par Georges, on pourrait presque appliquer la<br />
préface de "La Passerelle" à "L'homme, ce que j'en sais". C'est un<br />
peu comme si je connaissais le second livre avant de l'avoir lu…<br />
Tout l'essai était en germe dans le roman. La preuve… cette autre<br />
partie de ma préface :<br />
"Laurent s'insurge contre l'imperfection de la Création. Or, ce ne<br />
sont là, dirait Nietzsche, que "choses humaines, trop humaines".<br />
Mais si l'on accorde crédit à l'hypothèse des croyants, il faut bien<br />
rendre Dieu responsable des ratages de sa Création et des<br />
calamités qui en résultent. Dès lors, pour le disculper, il a bien<br />
fallu inventer une autre divinité : le Christ. Ou alors, si Dieu n'est