N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan
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comme c'est le mien de ne pas succomber à cet étalage de niaiseries.<br />
Quant on est habitué à la tonique nourriture nietzschéenne, on n'a<br />
plus le moindre appétit pour cet insipide brouet.<br />
D'ailleurs, l'auteur reprend en détail le Jésus qu'il nous avait présenté<br />
dans son roman La Passerelle, paru en 1999. Il y écrivait :<br />
"Jésus nous avait montré le chemin, passé le message… Mais sans<br />
s'attarder. Le temps de nous avertir. "Mon royaume n'est pas de ce<br />
monde" et il s'était tiré vite fait. Trente-trois ans lui avaient suffi.<br />
Son annonce faite, deux ou trois petits miracles accomplis par-ci,<br />
par-là et il avait compris… Ponce Pilate, Hérode, les Juifs, une<br />
occasion à ne pas rater… Il avait plaidé coupable, était parti sans<br />
envie de revenir…Juste une ou deux apparitions et encore… parce<br />
que ce qu'il avait trouvé sur terre était pire que ce qu'on lui avait<br />
annoncé. Fallait le voir pour le croire et il avait vu. Rien à dire. Il<br />
avait accompli sa mission… Nous avait avertis, le Messie."<br />
Voilà. C'est un Jésus littéraire présenté dans un style célinien.<br />
Ce roman, La Passerelle, je le connais bien. L'auteur m'en avait<br />
confié une copie pour que je le lise avant parution, puis m'avait<br />
demandé d'en écrire la préface. Ce que je fis quoiqu‟assez surpris par<br />
cette demande. Depuis, je l'ai relu et j'y ai découvert et compris bien<br />
d'autres choses.<br />
Sans être une autobiographie, l'auteur s'est largement impliqué dans<br />
ce roman. Laurent, le personnage central, c'est lui. Son physique, sa<br />
profession, sa philosophie, ses choix esthétiques, artistiques, ses<br />
amours, tout y est… même les raisons pour lesquelles il l'a écrit.<br />
Toutes les options de "L'homme, ce que j'en sais" s'y trouvaient déjà<br />
en filigrane. Si je laisse de côté l'histoire d'amour, bien qu'elle en soit<br />
l'épine dorsale, le soubassement philosophique et religieux qui soustend<br />
le roman m'avait ainsi inspiré dans la préface :<br />
"Laurent, malgré son éducation catholique, n'hésite pas à se<br />
qualifier d'athée. Mais son athéisme est plein de timidités. Il est<br />
plus dicté par le constat qu'il fait de la méchanceté foncière de<br />
l'homme que par un rejet véritable de l'entité "Dieu". Il doute,<br />
mais comme Voltaire – dont certains athées se réclament à tort – il<br />
en est encore à croire que l'univers est une horloge qui ne peut<br />
fonctionner que grâce à un "dieu" horloger… En somme, Laurent<br />
reste assis entre deux chaises… Mais cette fragilité ne le rend que<br />
plus attachant."