N° 251 3e Trimestre 2010 (Texte intégral) - Cercle Ernest Renan
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mécanismes de transmission de ces modes littéraires, et s‟il s‟agit<br />
d‟une filiation ou d‟une genèse indépendante. » (p. 310) Je ne<br />
reprendrai pas ici les éléments que j‟ai donnés dans ma conférence<br />
sur les troubadours, je me contenterai de rappeler, comme j‟en ai fait<br />
la remarque, que pas un troubadour ne cite le moindre poète arabe,<br />
ne parle de la moindre source arabe, alors que les classiques latins<br />
sont bien présents chez eux. Il en va de même avec Dante.<br />
L‟hypothèse, sans nul fondement et établie uniquement sur de<br />
douteux parallèles, proposée au siècle dernier par Miguel Asin<br />
Palacios, selon laquelle Dante aurait écrit sa Divine comédie sous<br />
l‟inspiration de « l‟eschatologie musulmane », a été reprise sans<br />
aucun apport nouveaux par nombre de perroquets, à commencer par<br />
notre auteur qui, cependant est bien obligé d‟admettre que « faute de<br />
textes qui auraient pu prouver une relation directe de Dante avec le<br />
monde arabe, Asin a dû s‟astreindre à l‟étude systématique des<br />
parallèles entre son œuvre et la masse énorme d‟écrits de divers<br />
auteurs qui avaient amplifié ce passage du Coran (XVII,1)… » (p.<br />
329). Ce passage est l‟imaginaire voyage du Prophète vers la<br />
mosquée lointaine d‟où est née la croyance d‟un voyage de Mahomet<br />
dans le paradis musulman 31 . Dans le cas où M. Vernet, marchant<br />
dans les pas d‟Asin Palacios, aurait raison (mais hélas pour lui il a<br />
tout faux), il faudrait alors admirer Dante pour sa connaissance<br />
prodigieusement étendue des auteurs arabes, non traduits, dont il<br />
aurait « piqué » des passages pour composer sa Divine comédie !<br />
Voici quelques exemples qui valent leur pesant d‟or, poids évalué en<br />
ridicule, bien entendu. « La scène de la rencontre avec Béatrice,<br />
assure-t-il sans sourcilier p. 335, pose des problèmes plus vastes : cet<br />
épisode se retrouve dans les légendes musulmanes quand elles<br />
affirment que les Bienheureux connaissent déjà de leur vivant une<br />
fiancée céleste qui les attend, et le cas échéant, leur reproche leurs<br />
actes et leurs amours terrestres, comme Béatrice le fait avec Dante. »<br />
Il cite ensuite le passage du Purgatoire (30 et 31) où Dante,<br />
accompagné de Virgile, voit surgir Béatrice, mais il ne donne aucune<br />
référence concernant les « légendes musulmanes ». Quoiqu‟il en soit,<br />
nous savons trop bien que ces prétendues « fiancées » ne sont autre<br />
que les Houris du Coran, destinées à satisfaire les besoins sexuels<br />
31 Pour ces détails je renvoi le lecteur à mon article : Le Coran, les Houris et<br />
les raisins, Cahier n° 247, pp. 79-80.