Supplément vélo - ATE Association Transports et Environnement
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Le Col de Meyrand relie l’Ardèche aux Cévennes. Il est le plus haut de l’itinéraire proposé.<br />
rocher dont la surface semble être<br />
composée de milliers de longs<br />
tuyaux d’orgue carrés. Je découvre<br />
c<strong>et</strong>te formation pour de vrai à<br />
l’entrée du village de Jaujac, dans<br />
les gorges du Lignon. Un panneau<br />
près du parking nous apprend<br />
qu’il s’agit de prismes de basalte,<br />
de magma solidifié. La montagne<br />
qu’il s’agit maintenant de conquérir<br />
sous la pluie est en eff<strong>et</strong> un volcan<br />
éteint.<br />
Certains cyclistes sont accros<br />
aux cols. Il leur faut chaque année<br />
en franchir au moins une dizaine<br />
pour éviter que leur équilibre<br />
vietravail soit perturbé. J’ai toujours<br />
beaucoup d’empathie à leur<br />
égard quand je me trouve moimême<br />
en sueur sur un col. Plus on<br />
grimpe sur les rampes <strong>et</strong> dans les<br />
virages en épingle à cheveux, plus<br />
notre cœur se réchauffe jusqu’à ce<br />
que l’on se r<strong>et</strong>rouve au somm<strong>et</strong> à<br />
jubiler intérieurement. La descente<br />
nous fait parfois également jubiler<br />
extérieurement, par exemple<br />
chan ter. D’autant plus quand il<br />
s’agit de cols aussi beaux, longs <strong>et</strong>,<br />
les jours de pluie, pratiquement<br />
sans trafic, comme le col de la<br />
Croix de Bauzon (1308 m) ou le<br />
col de Meyrand (1370 m). Ils me<br />
conduisent jusqu’à l’est du Parc<br />
Naturel Régional des Monts d’Ardèche,<br />
un vrai paradis des randonneurs.<br />
Le soleil refait son apparition<br />
<strong>et</strong> sèche le bitume tandis<br />
que j’arrive en plein aprèsmidi<br />
au Gîte de Loubaresse. Il est trop<br />
tôt pour rester. Françoise, la patron<br />
ne, téléphone à sa collègue à<br />
Mont selgues pour me réserver<br />
une chambre. Puis elle me sert un<br />
café dans une p<strong>et</strong>ite caf<strong>et</strong>ière ainsi<br />
qu’une tranche de gâteau aux<br />
pruneaux <strong>et</strong> me demande un euro<br />
pour le tout. Je donne cent pour<br />
cent de pourboire <strong>et</strong> m’apprête à<br />
gagner les Cévennes qui doivent<br />
commencer quelque part ici.<br />
Composé d’une poignée de<br />
maisons, le gîte à Montselgues se<br />
trouve juste à côté de la vieille<br />
église avec laquelle elle forme une<br />
cour. Deux enfants, un garçon <strong>et</strong><br />
une fille, sont en train d’y jouer<br />
avec des escargots qu’ils ont ramassés<br />
<strong>et</strong> pour lesquels ils préparent<br />
de p<strong>et</strong>its lits d’herbe. Ils veulent<br />
savoir si je viens de loin <strong>et</strong><br />
pourquoi j’ai besoin de deux bidons.<br />
La p<strong>et</strong>ite fille dit que sa maman<br />
a elle aussi deux bidons <strong>et</strong><br />
qu’elle prépare l’eau<br />
minérale ellemême.<br />
Le garçon désigne<br />
un escargot minuscule<br />
en disant que<br />
c’est encore un enfant.<br />
Il le pose sur la<br />
coquille d’un grand<br />
escargot qui lui perm<strong>et</strong><br />
désormais de découvrir le<br />
monde dans une allure de tortue.<br />
A l’heure du souper, je me joins à<br />
un groupe de randonneurs français<br />
déjà attablés. Les adultes ne<br />
demandent pas si je viens de loin,<br />
mais combien de kilomètres je<br />
parcours par jour. Une centaine,<br />
je réponds. Puis nous allons de<br />
l’autre côté de l’église où une<br />
troupe de théâtre ambulante<br />
d’Avignon donne une représentation<br />
en plein air. Un vent du nord<br />
Certains cyclistes franchissent<br />
chaque année au moins<br />
une dizaine de cols<br />
pour leur équilibre vie-travail.<br />
VOYAGES<br />
France<br />
glacial souffle tellement fort que<br />
nous nous enveloppons dans des<br />
couvertures … ce qui ne nous empêche<br />
pas de grelotter. Mais ce<br />
que les acteurs produisent au fin<br />
fond de la campagne est très bon<br />
<strong>et</strong> professionnel: encore une sur<br />
prise qui n’était pas prévue au<br />
programme.<br />
Puis, le lendemain, soudain<br />
c<strong>et</strong> te vallée! Sur la carte, elle n’a<br />
même pas de nom. Elle s’étend à<br />
l’ouest de la Corniche du Vivarais<br />
Cévenol vers le sud. Le ruisseau<br />
qui y coule <strong>et</strong> qui l’a créée s’appelle<br />
Borne. Qui pourrait bien la<br />
connaître? Moi, je la connais <strong>et</strong><br />
voudrais y r<strong>et</strong>ourner pour filer à<br />
nouveau à toute vitesse dans les<br />
méandres autour des rochers <strong>et</strong> re<br />
<strong>ATE</strong> MAGAZINE / MARS 2012 19