Supplément vélo - ATE Association Transports et Environnement
Supplément vélo - ATE Association Transports et Environnement
Supplément vélo - ATE Association Transports et Environnement
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
VOYAGES<br />
République tchèque<br />
La Forêt de Bohème formait anciennement une partie du «Rideau de fer» <strong>et</strong> est restée longtemps intouchée. Elle forme aujourd’hui en grande partie un parc naturel.<br />
Texte: Willy Germann<br />
Photos: Willy Germann/P<strong>et</strong>er Krebs<br />
la gare de Vimperk le temps<br />
A semble s’être arrêté. L’immeuble<br />
a conservé tout le charme de la<br />
Belle Epoque. Des mauvaises herbes<br />
ont poussé entre les voies. Assises<br />
sur un long banc, une grandmère<br />
<strong>et</strong> sa p<strong>et</strong>ite- lle attendent<br />
devant des sacs remplis à ras bord<br />
avec les courses du marché. Trois<br />
adolescentes lisent une l<strong>et</strong>tre en<br />
pou ant de rire. A l’intérieur de<br />
la gare, quatre fonctionnaires,<br />
deux hommes <strong>et</strong> deux femmes,<br />
bavardent sans complexe de tout<br />
<strong>et</strong> de rien. Il faut dire qu’avec huit<br />
trains par jour grand maximum,<br />
La Forêt de Bohême, Šumava en tchèque, a constitué jusqu’en 1989<br />
la frontière entre l’Europe de l’Est <strong>et</strong> l’Europe de l’Ouest.<br />
Aujourd’hui, c<strong>et</strong>te région chargée d’histoire est une merveilleuse contrée<br />
pour les tours cyclistes <strong>et</strong> les passionnés de chemin de fer.<br />
A la source de la Moldau<br />
ils ne doivent pas trop sou rir de<br />
stress.<br />
Le train arrive ponctuellement.<br />
Il a mis à peu près une heure<br />
depuis Strakonice, le même traj<strong>et</strong><br />
que j’ai parcouru trois heures<br />
auparavant à travers des vallées<br />
que sillonnent des rivières, des forêts<br />
à essences feuillues, longeant<br />
des villages bohémiens dont la<br />
prospérité croissante détériore visiblement<br />
l’image générale des localités.<br />
Le traj<strong>et</strong> suivant, de Vimperk<br />
à Volary, passe en grande<br />
partie à travers des forêts. Le tracé<br />
est envahi par la végétation <strong>et</strong> en<br />
maint endroit, les branches des<br />
arbres s’entrechoquent juste audes<br />
sus des wagons. Je me sens<br />
plon ger dans un lm vert reposant,<br />
dans un tunnel vert.<br />
La ligne ferroviaire grimpe de<br />
manière constante sur le haut plateau<br />
de la Forêt de Bohême, appelée<br />
Šumava en tchèque. Jadis, le<br />
chemin de fer servait surtout ici<br />
au transport de bois <strong>et</strong> l’on aperçoit<br />
aujourd’hui encore des transbordements<br />
de bois dans certaines<br />
gares. C<strong>et</strong>te matière première<br />
était pour la Forêt de Bohême à la<br />
fois une malédiction <strong>et</strong> une bénédiction.<br />
Pour rentabiliser l’exploitation,<br />
ce qui était à l’origine<br />
une forêt à peuplement mixte a<br />
progressivement été remplacé par<br />
une monoculture d’épicéas. «D’innombrables<br />
troncs de sapins jonchent<br />
le sol tout au long du traj<strong>et</strong><br />
qui font penser à des tiges<br />
égarées de blé moissonné; leurs<br />
belles bran ches éternellement vertes<br />
sont desséchées <strong>et</strong> ont l’aspect<br />
rou ge ardent de la fourrure d’un<br />
renard», sont les termes utilisés<br />
par l’écrivain Adalbert Sti er<br />
pour décrire son impression de-<br />
30 <strong>ATE</strong> MAGAZINE / MARS 2012