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Rapport d'expertise requis pour le Tribunal Penal International sur le ...

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Certainement. Le génocide aurait pu être évité si la communauté internationa<strong>le</strong> avait cherché à<br />

exercer la pression nécessaire <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s belligérants. Et el<strong>le</strong> en avait <strong>le</strong>s moyens. La MINUAR avait<br />

une force de 2'486 militaires. La veil<strong>le</strong> de l’attentat présidentiel un corps de près de 400 marines<br />

américains s’était positionné à Bujumbura. Le 9 avril, un contingent de 590 hommes d’élite français<br />

était arrivé à Kigali. Le 10 avril, 1'100 militaires belges avaient déjà pris place à Kigali. Le 13 avril,<br />

un contingent de près de 100 militaires italiens était venu lui aussi participer à l’opération<br />

d’évacuation des étrangers. Il semb<strong>le</strong> aussi que des militaires canadiens étaient aussi présents. Cela<br />

fait un total de plus de 4'536 soldats étrangers d’élite qui étaient stationnés à Kigali au début des<br />

massacres.<br />

Des experts militaires 117[117] ont estimé qu’il aurait suffit de 2'000 à 2'500 « hommes décidés » <strong>pour</strong><br />

mettre fin aux massacres. Le chiffre <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé a été estimé à 5'000 soldats dans <strong>le</strong> cas de<br />

massacres généralisés à l’ensemb<strong>le</strong> du territoire. Ceci <strong>pour</strong> dire que, s’il y avait eu volonté<br />

politique, dans tous <strong>le</strong>s cas d’hypothèse, <strong>le</strong> nombre de militaires nécessaires <strong>pour</strong> arrêter <strong>le</strong>s tueries<br />

était disponib<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong> début. Au contraire, au lieu de sauver des innocents, après avoir as<strong>sur</strong>é <strong>le</strong><br />

rapatriement des étrangers, toutes <strong>le</strong>s troupes s’envolèrent 118[118] . La Belgique, <strong>le</strong> 14 avril, devait<br />

ensuite annoncer <strong>le</strong> retrait de ses troupes, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s constituaient <strong>pour</strong>tant son noyau dur. Les Etats<br />

Unis et la Grande Bretagne soutenaient au Conseil de sécurité <strong>le</strong> démantè<strong>le</strong>ment des Casques B<strong>le</strong>us.<br />

Et <strong>le</strong> 21 avril, l’effectif de la force onusienne était réduit à 270 personnes ! La non intervention <strong>pour</strong><br />

arrêter <strong>le</strong> génocide, <strong>le</strong>s massacres et la guerre n’a donc pas été commandé par des considérations<br />

techniques. Il s’est agi bel et bien de choix politique.<br />

Les tentatives de la MINUAR de cessez-<strong>le</strong>-feu.<br />

Le commandant de la MINUAR, Roméo Dallaire, a fait tout de même quelques tentatives d’obtenir<br />

un cessez-<strong>le</strong>-feu entre <strong>le</strong>s belligérants. Il n’a pas toutefois été capab<strong>le</strong> de mettre dans la balance la<br />

force de frappe onusienne ni cel<strong>le</strong> d’autres Puissances qui étaient toujours présents au moment où il<br />

commençait <strong>le</strong>s <strong>pour</strong>par<strong>le</strong>rs. Quels sont <strong>le</strong>s faits à notre connaissance <strong>pour</strong> illustrer ces tentatives.<br />

Le 9 avril, c’est-à-dire deux jours avant la prestation de serment du nouveau gouvernement, <strong>le</strong><br />

nouveau président intérimaire, M. Thédore Sindikubwabo, a invité <strong>le</strong> général Dallaire dans ses<br />

appartements à l’hôtel des Diplomates <strong>pour</strong> lui demander entre autres d’établir <strong>le</strong>s contacts avec <strong>le</strong><br />

FPR <strong>pour</strong> obtenir <strong>le</strong> cessez-<strong>le</strong>-feu. Le 12 avril, à savoir <strong>le</strong> jour même où <strong>le</strong>s troupes du FPR faisaient<br />

la jonction entre Mulindi et Kigali à partir de la vallée de Nyabugogo et du plateau de Kacyiru, dix<br />

officiers supérieurs du commandement des forces rwandaises ont diffusé à la radio nationa<strong>le</strong> et<br />

remis au général une <strong>le</strong>ttre qui lui demandait de servir d’intermédiaire <strong>pour</strong> faciliter des rencontres<br />

avec <strong>le</strong> FPR aux fins de suspension des hostilités et de pacification du pays. Le communiqué était<br />

libellé comme suit :<br />

Suite aux événements tragiques qui ont endeuillé <strong>le</strong> pays à partir du 06 avril 1994, fait de<br />

nombreuses victimes innocentes, et entraîné la détresse de tout <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> rwandais, ainsi que<br />

l’assassinat ignob<strong>le</strong> de 10 militaires de la MINUAR et d’autres ressortissants étrangers, <strong>le</strong><br />

Commandement de Forces Armées Rwandaises estime qu’il est plus que temps de mettre fin à cette<br />

tragédie.<br />

A cet effet, il est hautement souhaitab<strong>le</strong> que <strong>le</strong> Commandement des Forces Armées<br />

Rwandaises et <strong>le</strong> Commandement du FPR se rencontrent immédiatement <strong>pour</strong> examiner ensemb<strong>le</strong><br />

comment pacifier <strong>le</strong> pays sans plus tarder, et contribuer à la mise en place rapide des institutions<br />

de transition à base élargie, <strong>pour</strong> éviter de continuer à verser inuti<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> sang des innocents.<br />

117[117] Voir Des Forges, Alison, op. cit., p.713.<br />

118[118] Est-ce que <strong>le</strong>s troupes étrangères n’intervinrent pas parce que <strong>le</strong> 10 avril 1994 <strong>le</strong> FPR <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur avait empêché ? Ou<br />

était-ce délibéré ? Il est vrai en effet qu’en date du 10 avril, <strong>le</strong> FPR avait enjoint aux troupes belges et françaises de se<br />

retirer dans <strong>le</strong>s soixante-douze heures, au quel cas, el<strong>le</strong>s seraient traitées comme des troupes hosti<strong>le</strong>s. Voir aussi, Des<br />

Forges, Alison, op. cit. p.713.

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