Les Fungi de Yuggoth - Trouver Objet Caché

soit bien Celui-là. Il porte la marque et les astres
sont bien placés.
Longue vie à Yog-Sothoth, Hauptman.
(1890) Cher Dr Cornwallis,
Tout marche selon mes prévisions. Je dois arriver aux
États-Unis le 27 mai, pour prendre en charge le jeune
Maître Edward. J'espère que vous avez préparé
correctement le garçon pour le voyage. Nous ne devons
pas rater l'occasion cette fois-ci. Les astres ne laissent pas
prévoir d'autre naissance avant au moins un siècle et la
Confrérie s'impatiente !
J'ai pris contact avec ses parents et ils comprennent nos
intérêts et nos intentions. J'espère qu'il n'y aura pas de
réticences de leur part. C'est typiquement « l'homme
d'affaires » imprévoyant et sa compagnie est déjà
bénéficiaire de sa décision. Ils seront tout à fait
contents, je pense.
J'apporterai un cadeau avec moi ; un cadeau de la
Confrérie pour vos inestimables services. C'est une paire
de lunettes que j'ai fabriquées. Je vous expliquerai leur
utilisation correcte lorsque j'arriverai.
Tout cela ne faisait guère sens pour nous à ce
moment là. Nous décidâmes de consacrer l’aprèsmidi
à en apprendre davantage dans le journal du
Dr. Cornwallis, rédigé en latin. Ses mémoires
nomment régulièrement une Confrérie secrète
datant de l’antiquité, et attendant la naissance de ce
que le docteur désigne comme l’Enfant. Cette
Confrérie aurait pour chef le baron Hauptman,
habitant la Transylvanie. Celui que Cornwallis
appelle le jeune maître Edward aurait vécu chez lui
pendant quelques mois de l’année 1890 avant que
Hauptman ne vînt le chercher, en mai. Dans la
seconde moitié de la même année, en octobre, le
docteur mentionne un incident qui aurait impliqué
son épouse Emilie, et les étranges lunettes offertes
par le baron. Le 3 juillet 1891, le docteur parle de la
naissance de son fils, Jeremy, puis de ses tentatives
de le maintenir en vie dans un baquet au sous-sol.
Le journal s’achève sur les craintes du médecin que
sa femme ne recouvre jamais la raison.
Une théorie commença à prendre forme dans nos
esprits, que nous dûmes baser à partir d’une
chronologie précise des évènements, que je
reproduis ici :
1880 – le Dr Cornwallis a trouvé l’Enfant. Il en fait
part au baron Hauptman qui lui répond dans une
lettre de félicitations postée de Transylvanie.
1890 – au cours de l’année, le jeune Maître Edward
vient vivre auprès de Cornwallis afin que se dernier
le prépare à la venue du baron Hauptman, que
celui-ci annonce par lettre.
27 mai : le baron Hauptman débarque à
Boston.
23 octobre : accident impliquant Emilie et
les lunettes, cadeau du baron.
1891 – 3 juillet : naissance de Jérémy, neuf mois
après l’incident. On fait croire à la presse qu’il est
mort-né, alors que le Dr. essaie de le maintenir en
vie dans un baquet au sous-sol. Emilie perd
irrémédiablement la raison.
15 septembre : meurtre mutuel des époux
Cornwallis.
21 septembre : article du Boston Globe
mentionnant la mort d’un enfant retrouvé tout près
de la maison, à l’instar des meurtres actuels.
16 novembre : article du Boston Globe faisant
état de la tentative de violation de sépulture sur le
caveau de la famille Cornwallis. L’inculpé, accusant
Cornwallis de sorcellerie, prétendit vouloir
retourner face contre terre le corps du docteur.
1928 – nuit du 27 au 28 août : meurtre de Georgie
Ainge L
nuit du 30 au 31 août : meurtre de Vittorio
Cornizzi
nuit du 1 er au 2 septembre : meurtre de
Michael Eckert au cours d’une livraison pour son
père, dont on sait que Sarah Cornwallis était l’une
de ses clientes, son nom apparaissant sur la liste des
personnes à livrer ce même soir.
(Septième séance) Vendredi 21 juillet 2006
Nous tînmes alors conciliabule pendant le
dîner au Charles’ Hotel. La théorie que nous
échafaudâmes en commun pour expliquer ces
différents évènements était celle-ci : en octobre
1880, Emilie Cornwallis, après avoir regardé à
travers les lunettes du baron Hauptman – ce qu’elle
n’aurait jamais dû faire sans de très singulières
précautions dont nous n’avions pas idée – se
retrouve enceinte d’un rejeton dont elle accouchera
en juillet 1891, neuf mois après. Etait-elle déjà
enceinte du Dr. Cornwallis, ou fut-elle engrossée
lors de l’expérience qu’elle vécut après avoir
chaussé les lunettes ? Nul ne saurait le dire
désormais, mais une chose semblait s’imposer pour
nous : Jeremy ne fut jamais enterré dans le caveau
familial de All Hearts Saints. Il fut maintenu en vie
pendant près de quarante ans par sa tante Sarah,
incapable de renier son neveu malgré son caractère
monstrueux. Quelle était la nature des
malformations de Jeremy, nous n’en savions rien,
sinon qu’elles impliquaient qu’il fût obligé de se
nourrir de chair crue, ou de sang frais, laissant alors
sur les cadavres de ses victimes d’étranges traces de
succion à la plaie corrodée. Sarah, hormis lors de la
durée de sa brève hospitalisation consécutive au
meurtre mutuel des époux Cornwallis, durée au
cours de laquelle Jeremy eut à se nourrir par lui-