Les Fungi de Yuggoth - Trouver Objet Caché
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<strong>de</strong> l’actualité péruvienne. Mais nos journaux ici datent<br />
<strong>de</strong> quelques jours, et il nous faudra sans doute retourner<br />
aux Etats-Unis pour obtenir toute information. Notre<br />
état <strong>de</strong> santé ne nous permet <strong>de</strong> toute façon pas<br />
d’envisager quelque aventure que ce soit avant<br />
longtemps.<br />
Jeudi 30 mai 1929, New-York, NY.<br />
Au cours <strong>de</strong> notre traversée retour, j’ai consulté<br />
le De Vermiis Mysteriis pour m’enquérir <strong>de</strong> la nature d’un<br />
Dhole. D’après Prinn, il s’agirait <strong>de</strong> créatures<br />
titanesques, cyclopéennes, venues <strong>de</strong>s étoiles, et<br />
constituant une race indépendante, majeure.<br />
En quoi pouvons-nous l’associer à un tremblement <strong>de</strong><br />
terre andin ? Je l’ignore, et nous avons cherché à en<br />
savoir un peu plus dans la presse.<br />
Le New-York Times faisait état d’un « nouveau<br />
tremblement <strong>de</strong> terre au Pérou. » Il s’agirait <strong>de</strong> secousses<br />
sismiques localisées, dans les hauteurs <strong>de</strong>s montagnes au<br />
nord-ouest du pays, sur un rayon <strong>de</strong> quatre-vingts<br />
kilomètres. Toutes auraient été situées près <strong>de</strong>s<br />
installations minières <strong>de</strong> la NWI. Le porte-parole <strong>de</strong><br />
cette société aurait déclaré que les secousses ne leur<br />
auraient causé aucun problème. Nous nous sommes<br />
évi<strong>de</strong>mment intéressés <strong>de</strong> plus près à cette compagnie.<br />
NWI est le sigle <strong>de</strong> New World Incorporated, dont le siège<br />
social est basé à Chicago – ville censément la <strong>de</strong>stination<br />
du baron Hauptman, ce dont aucun <strong>de</strong> nous ne pense<br />
qu’il puisse s’agir d’une coïnci<strong>de</strong>nce. Et ce n’en est<br />
certainement pas une que son PDG soit un certain<br />
Edward Chandler : Edward était le prénom du jeune<br />
Maître <strong>de</strong>s lettres à Cornwallis. <strong>Les</strong> différentes<br />
informations à son sujet disponibles dans la presse<br />
mentionnent qu’il serait né le 1 er février 1880 à Chicago.<br />
(Nous avons vérifié, le patronyme Chandler apparaît<br />
bien dans les arbres généalogiques <strong>de</strong> la Confrérie.) Il<br />
semble que cela soit un homme très connu, et fort<br />
charitable : il prési<strong>de</strong> notamment à une fondation<br />
caritative homonyme, comparable à celle <strong>de</strong> Ford. La<br />
NWI est une multinationale diversifiée dans maintes<br />
branches très novatrices, dont les technologies<br />
d’extraction minière, du pétrole, <strong>de</strong> l’aéronautique ; dans<br />
les chantiers navals avec système <strong>de</strong> navigation<br />
électronique – ce <strong>de</strong>rnier conçu par une succursale<br />
californienne. Elle possè<strong>de</strong> également, nul philanthrope<br />
n’étant parfait, une usine <strong>de</strong> munitions au Mexique, qui<br />
lui permet sans doute d’être responsable d’estropier les<br />
milliers <strong>de</strong> pauvres hères à qui elle fait l’aumône à<br />
travers ses fondations caritatives.<br />
<strong>Les</strong> trois <strong>de</strong>rniers étages d’un immeuble <strong>de</strong><br />
Chicago sont entièrement occupés par Chandler. Au<br />
sommet du building se trouverait même le dirigeable<br />
personnel du magnat. On fait état à son sujet <strong>de</strong><br />
rumeurs d’ambitions politiques, dont il se défend<br />
officiellement, bien évi<strong>de</strong>mment.<br />
Il n’est pas difficile d’obtenir quelques informations sur<br />
son parcours, celui d’une belle réussite à l’américaine.<br />
Enfant maladif, il aurait été envoyé en Europe à l’âge <strong>de</strong><br />
dix ans. (Nous savons quant à nous qu’il a bien plutôt<br />
été cédé par son père pour éponger ses <strong>de</strong>ttes.) Le père<br />
en question était propriétaire d’une usine d’outils à<br />
Chicago. A dix-huit ans, Edward revint aux Etats-Unis.<br />
Sa santé allait croissante, et il put intégrer un College,<br />
l’université <strong>de</strong> l’Illinois, où il brilla dans la pratique du<br />
football. En 1910, ses parents moururent dans un<br />
acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> bateau au large <strong>de</strong> San Francisco –<br />
l’évènement avait été mentionné, mais <strong>de</strong> façon<br />
détournée, et avec un humour particulièrement noir, par<br />
le baron Hauptman. Je crains qu’il ne faille imaginer<br />
qu’Edward eût mis fin prématurément aux jours <strong>de</strong> ces<br />
mêmes parents qui lui avaient préféré une somme<br />
d’argent. Il prit alors en main la société, et la fit fructifier<br />
pour <strong>de</strong>venir ce qu’elle est aujourd’hui. La NWI est<br />
présente au Pérou <strong>de</strong>puis 1924 : elle y procé<strong>de</strong>rait aux<br />
essais d’une modalité révolutionnaire d’extraction <strong>de</strong>s<br />
minerais précieux.<br />
Que faire à présent ? Tout semble désigner<br />
Edward Chandler comme la source <strong>de</strong> tous les maux qui<br />
s’apprêtent à fondre sur la planète. Devons-nous<br />
d’abord nous rendre au Pérou pour contrecarrer le plus<br />
imminent ? Ne pouvons-nous pas combattre le mal à sa<br />
source et nous rendre à Chicago pour défier Edward<br />
Chandler dans son fief ? Plus que jamais l’indécision est<br />
accablante face à la responsabilité qui nous incombe…<br />
(Douzième séance) Samedi 19 août 2006<br />
Alors que le Dr. Badstuff peine à se rétablir – il<br />
était avec nous sur le bateau retour pour New-York,<br />
mais n’est plus que l’ombre <strong>de</strong> lui-même – nous avons<br />
jugé bon <strong>de</strong> mettre dans la confi<strong>de</strong>nce une charmante<br />
jeune femme rencontrée pendant la traversée, Miss Iñès<br />
<strong>de</strong> Loyola. Celle-ci, issue <strong>de</strong>s meilleurs milieux<br />
portègnes, s’est révélée passionnée par les histoires<br />
extraordinaires que nous avons traversées <strong>de</strong>puis notre<br />
rencontre avec Paul Le Mond. Elle s’est dite prête à<br />
relire mon journal, tâche ingrate dont je lui sais<br />
infiniment gré, mais qui lui permettra <strong>de</strong> prendre<br />
connaissance <strong>de</strong> tous les détails <strong>de</strong> notre périple à<br />
travers le mon<strong>de</strong>.<br />
Notre passe-muraille, Jose Nose, a entrepris<br />
d’apprendre quelques-uns <strong>de</strong>s prétendus sortilèges à<br />
notre disposition : j’ai en effet cru pouvoir déterminer<br />
grâce à ma lecture du De Vermiis Mysteriis, que ces sorts,<br />
s’il <strong>de</strong>vait s’avérer nécessaire <strong>de</strong> les utiliser, seraient<br />
d’autant plus puissants que nous serions nombreux à les<br />
connaître. Néanmoins, je trouve toujours très étonnant<br />
que <strong>de</strong>s parchemins <strong>de</strong> Renvoi d’un Dhole aient été<br />
oubliés dans le tombeau <strong>de</strong> Nophru-ka : j’en viens à me<br />
dire qu’ils l’ont été à <strong>de</strong>ssein, et que l’on veut nous<br />
manipuler comme <strong>de</strong> vulgaire pantins, en nous faisant<br />
croire qu’ils sont l’inverse <strong>de</strong> leur véritable nature, à<br />
savoir un sort d’invocation, ou quelque autre<br />
abomination <strong>de</strong> cet ordre… De même, il m’a toujours