Les Fungi de Yuggoth - Trouver Objet Caché
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semblaient d’ailleurs proches. Nous utilisâmes un<br />
stratagème consistant à jouer <strong>de</strong> l’impressionnante<br />
blessure occipitale du Pr. Costing, décidément une<br />
source inépuisable <strong>de</strong> diversions, pour que celui-ci,<br />
feignant un malaise, pût se retirer quelques instants dans<br />
la cuisine, chaperonné par Mr. Nose, tandis que je priai<br />
instamment Michaël Hofmann, puisque c’était son nom,<br />
<strong>de</strong> bien vouloir me faire progresser sur le chemin <strong>de</strong> la<br />
foi en me présentant une par une ses différentes ouailles<br />
du rez-<strong>de</strong>-chaussée. Le Pr. et Mr. Nose purent ainsi<br />
fouiller à leur aise le premier étage pendant que<br />
j’accaparai Hoffmann. La démarche fut vaine<br />
cependant, puisque le bureau, pas plus que les autres<br />
pièces, ne révélait quoi que ce soit d’intérêt. Encore<br />
trouvâmes-nous quelques photographies salaces entre<br />
les pages <strong>de</strong> revues géographiques. Quelque peu dépités<br />
par la stérilité <strong>de</strong> notre démarche, et sincèrement<br />
désireux <strong>de</strong> détourner ces naïfs jeunes gens <strong>de</strong> cette foi<br />
fantoche, nous tentâmes in fine <strong>de</strong> créer un esclandre et<br />
<strong>de</strong> les ramener à la véritable nature <strong>de</strong> leur mentor en<br />
leur découvrant les images pornographiques. Mais leur<br />
conditionnement était sans doute trop grand pour que<br />
notre tentative n’ébranlât leurs convictions, et nous<br />
partîmes sans avoir pu les arracher à leur état.<br />
Nous quittâmes l’église <strong>de</strong> Rhon-Paku pour les locaux<br />
du San Francisco Chronicle, où nous étions décidés à faire<br />
<strong>de</strong>s recherches sur le passé du prétendu Dr. Dietrich<br />
Einmann. Si le passé judiciaire <strong>de</strong> celui-ci était notoire,<br />
nous estimions qu’il existait <strong>de</strong>s chances raisonnables<br />
que sa notoriété eût dépassé l’Allemagne, et que les<br />
archives du grand quotidien local en gardassent la trace.<br />
Nous fûmes cette fois payés <strong>de</strong> nos efforts, et très vite,<br />
car nous ne tardâmes pas à exhumer <strong>de</strong>ux articles : le<br />
premier évoquait le procès d’un mé<strong>de</strong>cin dément, dont<br />
les atroces exactions sur ses patients – d’ignobles greffes<br />
mécaniques sur <strong>de</strong> malheureux amputés – lui valurent<br />
d’être emprisonné après <strong>de</strong>s assises retentissantes ; le<br />
second faisait quant à lui état, suite à son<br />
emprisonnement, <strong>de</strong> la mystérieuse disparition<br />
d’Einmann, alors que sa cellule était restée fermée <strong>de</strong><br />
l’intérieur. L’énigme <strong>de</strong> son évasion, alors que l’on avait<br />
retrouvé <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> craies dans la geôle, avait alors<br />
abondamment défrayé la chronique judiciaire, pour<br />
s’étendre aux rubriques ésotériques, <strong>de</strong>venant une<br />
marotte journalistique.<br />
Fatigués, nous rentrâmes à l’Heretic Mansion où la<br />
réception nous fit part <strong>de</strong>s tentatives, nombreuses, que<br />
Philip Jurgens avait faites pour nous contacter au cours<br />
<strong>de</strong> la journée. Il nous rappela d’ailleurs alors que nous<br />
passions juste à table, et nous pria solennellement <strong>de</strong><br />
venir à un ren<strong>de</strong>z-vous qu’il nous fixait pour <strong>de</strong>ux<br />
heures du matin. Il désirait récupérer une <strong>de</strong>rnière salve<br />
<strong>de</strong> documents compromettants pour la NWI, mais pour<br />
cela avait besoin <strong>de</strong> notre soutien pour s’introduire dans<br />
les locaux <strong>de</strong> la compagnie, dont il savait désactiver le<br />
système <strong>de</strong> surveillance, mais dont il ignorait si<br />
quelqu’un y serait cette nuit, ce qui exigeait notre<br />
soutien armé.<br />
Le Pr. a accepté le ren<strong>de</strong>z-vous en notre nom, et nous<br />
avons décidé <strong>de</strong> nous y rendre sensiblement plus tôt,<br />
afin d’inspecter les lieux et <strong>de</strong> repérer un éventuel<br />
traquenard qui nous aurait été tendu autour du sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
base-ball où nous sommes censés le rejoindre. Nous<br />
avons pris le temps <strong>de</strong> dîner à notre faim, et certains<br />
d’entre nous se sont accordé quelques heures <strong>de</strong><br />
sommeil avant que nous ne partissions pour Oakland.<br />
J’ai profité <strong>de</strong> ce moment <strong>de</strong> calme, comme j’ai pris<br />
l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> le faire <strong>de</strong>puis longtemps déjà, pour<br />
consigner dans ce carnet, scrupuleusement je l’espère,<br />
les évènements <strong>de</strong> la journée. Mais voilà que le Pr.<br />
Costing, qui vient <strong>de</strong> graisser son .45 sur la table basse<br />
du salon <strong>de</strong> notre chambre commune, se lève et se<br />
dirige dans ma direction pour me faire signe que l’heure<br />
d’honorer notre ren<strong>de</strong>z-vous est arrivée.<br />
Renaud Prevautel’s<br />
Flutes & Turlutes<br />
French Quality At Its Best<br />
Paris – New-York – Bucarest