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Les Fungi de Yuggoth - Trouver Objet Caché

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pages m'a blessé jusqu'au plus profond <strong>de</strong> ma foi et je sens encore <strong>de</strong>s<br />

mains froi<strong>de</strong>s et sombres qui étreignent mon cœur.<br />

Le livre parlait d'êtres monstrueux qui vivent dans un autre lieu<br />

que le nôtre et d'après les notes écrites dans la marge <strong>de</strong> la main du<br />

baron, je sus qu'il adorait ces êtres comme <strong>de</strong>s dieux et en particulier<br />

l'un d'eux qui vivait sous le château dans un puits nauséabond. Le livre<br />

enseignait aussi comment faire un signe que ces dieux ne pouvaient<br />

supporter et qu'ils fuyaient. Armant les villageois <strong>de</strong> crucifix <strong>de</strong> l'église,<br />

je les menai contre le baron diabolique.<br />

Nous abattîmes les portes et envahîmes le château, à la recherche<br />

du baron. Un petit groupe d'hommes trouvèrent l'entrée <strong>de</strong>s<br />

catacombes et pénétrèrent courageusement dans les sombres tunnels. Je<br />

les suivais à distance et j'entendais leurs cris <strong>de</strong>vant moi. Je pressais le<br />

pas, portant le symbole païen et le livre maudit et, tournant un coin, je vis<br />

un diable, un démon qui ne pouvait exister. Je hurlais en le voyant<br />

dévorer les villageois, les mains crispées sur les crucifix. A l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

torches et <strong>de</strong> mousquets, nous l'obligeâmes à se retirer dans son puits<br />

puant, et je fixai alors le symbole païen sur une grosse pierre qui nous<br />

servit à boucher l'orifice. Nous ne trouvâmes pas le baron bien que tous<br />

ses exécrables serviteurs eussent été mis à mort, puis nous abattîmes<br />

l'une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s tours et laissâmes le château à l'abandon.<br />

Je n'ai jamais parlé <strong>de</strong>s choses que je vis sous le château et on admit<br />

que les hommes perdus étaient tombés par inadvertance dans le puits<br />

puant situé dans les profon<strong>de</strong>urs du château. Aucun homme n'osa<br />

s'approcher <strong>de</strong> ce gouffre. Je crains d'avoir risqué la damnation éternelle<br />

pour mes actes, mais je dois les coucher par écrit pour purifier au moins<br />

mes pensées si je ne peux purifier mon âme.<br />

Jan Savechik »<br />

Nous discutâmes avec le Père Ilie <strong>de</strong> ses<br />

souvenirs du baron Hauptman à l’époque où il était<br />

revenu d’un long voyage en compagnie d’un jeune<br />

garçon que nous pensions être Edward, l’Enfant repéré<br />

par le Dr. Cornwallis comme porteur <strong>de</strong>s signes<br />

attendus par la Confrérie. Le Père nous dit que le<br />

garçonnet était resté quelques temps au château, puis<br />

était parti pendant plusieurs mois en compagnie du<br />

baron, qui était revenu seul <strong>de</strong> ce voyage. Le Père Ilie,<br />

malgré les ans, semble possé<strong>de</strong>r une gran<strong>de</strong> sagacité, et<br />

il serait sans doute un soutien précieux si nous nous<br />

retrouvions en mauvaise posture face au baron et<br />

avions besoin d’alliés dans la place.<br />

Ce soir, avons rencontré Ion Kopesh. Il est<br />

resté très évasif sur la nature <strong>de</strong> ses recherches, tout<br />

comme nous d’ailleurs. Nous nous sommes sans doute<br />

donné les uns à l’autre la même impression <strong>de</strong><br />

dissimuler quelque obscur secret, mais nous sommes<br />

bien incapables <strong>de</strong> dire ce que cela peut être quant au<br />

jeune hongrois.<br />

<strong>Les</strong> hommes du baron sont <strong>de</strong> plus en plus présents, et<br />

malpolis. Ce soir, excédé <strong>de</strong> les voir nous fixer aussi<br />

impu<strong>de</strong>mment, j’ai <strong>de</strong>mandé au dénommé Lazlö <strong>de</strong><br />

bien vouloir cesser, ce à quoi il m’a répondu par un<br />

regard narquois et un crachat dégoutant. Ces<br />

comportements sont inqualifiables, et j’en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai<br />

raison au baron à un moment ou à un autre. Je ne sais<br />

ce qui m’a retenu <strong>de</strong> souffleter cet individu en public –<br />

son fusil <strong>de</strong> chasse, peut-être, ou son grand couteau, ou<br />

encore la tête hirsute <strong>de</strong> laquelle il me dépasse quand<br />

nous sommes <strong>de</strong>bout face à face…<br />

Lundi 11 février 1929, Drosvona, Roumanie.<br />

Avons passé notre journée en vaines recherches<br />

supplémentaires dans la crypte <strong>de</strong> l’Eglise. Le Pr.<br />

Costing, je le vois bien, voudrais pouvoir mettre son<br />

grec en valeur, mais le grand volume <strong>de</strong> démonologie<br />

évoqué par Jan Savechik est introuvable. Comment se<br />

l’est-il procuré d’ailleurs ? Je doute que le baron d’alors<br />

– mais est-il bien différent <strong>de</strong> celui d’aujourd’hui ? – ait<br />

égaré un tel ouvrage. Savechik l’aurait-il volé au<br />

château ? Et dans ce cas, comment ne pas imaginer qu’il<br />

ait pu y accé<strong>de</strong>r par quelque souterrain secret ? Cela ne<br />

pourrait-il pas être l’un <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> recherches <strong>de</strong><br />

notre jeune ami hongrois ?... Nous sommes bien<br />

perplexes quant à la suite à donner à notre présence<br />

ici… Demain nous essaierons d’en savoir plus sur<br />

Kopesh, dussions-nous nous introduire dans sa<br />

chambre. De toute façon, nous avons déjà fait un trait<br />

sur quelques uns <strong>de</strong> nos scrupules : le Pr. Costing a<br />

gardé sur lui le testament <strong>de</strong> Savechik, malgré les<br />

promesses faites au bon Père Ilie, car le sceau païen qui<br />

s’y trouve nous semblait trop complexe pour que nous<br />

prissions le risque <strong>de</strong> commettre une erreur en le<br />

reproduisant. Le Père Ilie nous a également parlé <strong>de</strong><br />

bohémiens arrivés dans la ville, qui pourraient avoir été<br />

reçus au château par le passé...<br />

Mardi 12 février 1929, Drosvona, Roumanie.<br />

Nous nous sommes levés tôt ce matin pour<br />

nous rendre à la messe du Père Ilie. Ion a quitté<br />

l’auberge peu avant nous, et dans la mesure où la neige<br />

fraiche gardait trace <strong>de</strong> ses pas, nous avons pensé que,<br />

si nous voulions le suivre, autant valait le laisser prendre<br />

<strong>de</strong> l’avance et le suivre <strong>de</strong> loin : cela nous donnait le<br />

temps <strong>de</strong> fouiller sa chambre. Fort heureusement aucun<br />

<strong>de</strong> nous n’est catholique, et nous ne sommes pas allés à<br />

confesse ce matin, car j’aurais eu la conscience d’autant<br />

plus lour<strong>de</strong> d’entrer dans cette pièce par effraction<br />

immédiatement après…<br />

Mircea, quoiqu’avec réticence, consentit à<br />

essayer <strong>de</strong> crocheter la porte, ce à quoi il parvint assez<br />

facilement. Dans la chambre, les seuls éléments<br />

d’intérêt – nous ne trouvâmes hélas pas <strong>de</strong> carnet <strong>de</strong><br />

notes, qu’il doit précieusement gar<strong>de</strong>r sur lui – étaient<br />

<strong>de</strong>ux lettres manifestement rédigées en alphabet<br />

cyrillique. Mircea, pratiquant le russe, les traduisit sans<br />

peine. Un premier élément intriguant était le nom du<br />

<strong>de</strong>stinataire, Sergeï Rosalevitch, et non Ion Kopesh,<br />

comme le jeune homme nous l’avait dit la veille. <strong>Les</strong>

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