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Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice

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« Septembre noir »<br />

Après sa prise <strong>de</strong> pouvoir à N’Djaména <strong>en</strong> 1982, <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong> a comm<strong>en</strong>cé la<br />

« pacification » du Sud du <strong>Tchad</strong> qu’il considérait peuplé <strong>de</strong> traîtres <strong>en</strong>traînés par différ<strong>en</strong>ts<br />

groupes armés et <strong>en</strong> voie <strong>de</strong> sécession. La très viol<strong>en</strong>te répression exercée alors par <strong>Habré</strong><br />

et ses troupes a non seulem<strong>en</strong>t visé les CODOS (voir supra), mais aussi les populations<br />

civiles. Dans certaines préfectures, les arrestations et les exécutions massives <strong>de</strong> civils ont<br />

été perpétrées sciemm<strong>en</strong>t dans le but <strong>de</strong> semer la terreur; <strong>de</strong>s villages ont été pillés et<br />

inc<strong>en</strong>diés, forçant les villageois qui avai<strong>en</strong>t réussi à s’échapper à chercher refuge dans la<br />

brousse p<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>s mois.<br />

A partir <strong>de</strong> septembre 1984, une répression particulièrem<strong>en</strong>t féroce et meurtrière a eu<br />

comme objectif appar<strong>en</strong>t d’éliminer les élites du Sud et <strong>de</strong> les remplacer par <strong>de</strong>s cadres<br />

fidèles à <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong>. Cette pério<strong>de</strong> est communém<strong>en</strong>t connue <strong>de</strong> tous les <strong>Tchad</strong>i<strong>en</strong>s<br />

comme celle <strong>de</strong> « Septembre noir ». Un rapport interne à la DDS classé « très<br />

confi<strong>de</strong>ntiel » décrit l’esprit troublé <strong>de</strong>s populations civiles à l’époque, suite aux exactions<br />

dans la région par les troupes militaires <strong>de</strong> <strong>Habré</strong>, les Forces Armées Nationales<br />

<strong>Tchad</strong>i<strong>en</strong>nes (FANT):<br />

« La sécurité <strong>de</strong>s populations est perturbée puisque certains élém<strong>en</strong>ts<br />

FANT se lanc<strong>en</strong>t [dans] <strong>de</strong>s actions vandaliques semant la terreur parmi la<br />

population paysanne tant que fonctionnaire (sic). La population vit dans la<br />

haine <strong>de</strong>puis les évènem<strong>en</strong>ts du 15.09.84, les jeunes garçons et filles fui<strong>en</strong>t<br />

cette zone <strong>en</strong> direction <strong>de</strong> Bongor pour chercher refuge puisque leur<br />

sécurité n’est pas garantie. La masse paysanne est vraim<strong>en</strong>t terrorisée, elle<br />

voit [ses] bi<strong>en</strong>s tomber aux mains <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts FANT comme un fruit<br />

mûr, et elle n’ose pas dire un mot <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s militaires du fait qu’elle<br />

est recroquevillée par la peur » 14.<br />

Toutefois, la terreur dans le Sud a persisté bi<strong>en</strong> après « Septembre noir ». D’autres<br />

docum<strong>en</strong>ts retrouvés rapport<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s informations obt<strong>en</strong>ues quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t et décriv<strong>en</strong>t<br />

cette viol<strong>en</strong>ce massive <strong>en</strong> province. De la même façon, une correspondance du 4 août<br />

1985 révèle les noms <strong>de</strong> 68 personnes parmi la « population <strong>de</strong>s villages Djola II et III »<br />

qui ont été « massacrées dans la journée du 28 juillet 1985, par les Forces<br />

Gouvernem<strong>en</strong>tales ».<br />

La « responsabilité collective » <strong>de</strong>s Hadjaraï et Zaghawa<br />

14<br />

Rapport non daté <strong>de</strong> la DDS (bureau <strong>de</strong> Tangilé) « Compte-r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la situation après événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

Tandjilé du 15/09/84 ». Ce docum<strong>en</strong>t peut être consulté à l’adresse suivante<br />

http://www.hrw.org/<strong>justice</strong>/pdfs/fantreport-p1-2.pdf.<br />

HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A) 12

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