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Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice

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temps <strong>de</strong> <strong>Habré</strong>, écrit <strong>en</strong> 1992 par une équipe médicale <strong>de</strong> l’AVRE, et celui <strong>de</strong> la<br />

Commission d’Enquête tchadi<strong>en</strong>ne ont égalem<strong>en</strong>t été versés au dossier. En quelques jours,<br />

les <strong>victimes</strong> v<strong>en</strong>ues du <strong>Tchad</strong> témoignai<strong>en</strong>t à huis clos <strong>de</strong>vant le juge — mom<strong>en</strong>t qu’elles<br />

avai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du p<strong>en</strong>dant neuf ans!<br />

Le 3 février 2000, le juge Kandji cita <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong> à comparaître, l’inculpa pour<br />

complicité <strong>de</strong> crimes contre l’humanité, d’actes <strong>de</strong> torture et <strong>de</strong> barbarie et le plaça <strong>en</strong><br />

rési<strong>de</strong>nce surveillée. Pour la première fois, un anci<strong>en</strong> chef d’Etat était poursuivi par la<br />

<strong>justice</strong> du pays où il avait trouvé refuge.<br />

Quelques semaines plus tard, <strong>de</strong> fortes pressions politiques apparur<strong>en</strong>t. <strong>Les</strong> avocats <strong>de</strong><br />

<strong>Habré</strong> introduisir<strong>en</strong>t une requête <strong>en</strong> annulation <strong>de</strong>s poursuites <strong>de</strong>vant la Chambre<br />

d’accusation <strong>de</strong> la Cour d’appel <strong>de</strong> Dakar. Le parquet <strong>de</strong> la République soutint la requête<br />

<strong>de</strong> <strong>Habré</strong>, r<strong>en</strong>versant sa position antérieure favorable aux poursuites.<br />

Peu après, une réunion du Conseil supérieur <strong>de</strong> la Magistrature déboucha sur la mutation<br />

du juge Kandji et donc son <strong>de</strong>ssaisissem<strong>en</strong>t du dossier <strong>Habré</strong>. A plusieurs reprises, le<br />

nouveau prési<strong>de</strong>nt élu <strong>de</strong> la République du Sénégal, Abdoulaye Wa<strong>de</strong>, déclarait<br />

publiquem<strong>en</strong>t que <strong>Habré</strong> ne serait jamais jugé au Sénégal.<br />

La Conv<strong>en</strong>tion contre la torture et autres peines ou traitem<strong>en</strong>ts cruels, inhumains ou<br />

dégradants oblige le Sénégal qui l’a ratifiée, soit à poursuivre, soit à extra<strong>de</strong>r l’auteur<br />

présumé d’actes <strong>de</strong> torture qui se trouve sur son territoire. 34 D’après la Constitution<br />

sénégalaise, ce g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> traité international est d’application immédiate 35. La Chambre<br />

d’accusation a néanmoins décidé, le 4 juillet 2000, que les tribunaux sénégalais n’étai<strong>en</strong>t pas<br />

compét<strong>en</strong>ts pour juger au Sénégal <strong>de</strong>s crimes commis à l’étranger par un étranger et a, <strong>en</strong><br />

conséqu<strong>en</strong>ce, annulé la procédure contre <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong> 36. <strong>Les</strong> <strong>victimes</strong> se sont alors<br />

immédiatem<strong>en</strong>t pourvues <strong>en</strong> cassation. Le 20 mars 2001, la Cour <strong>de</strong> Cassation du Sénégal<br />

34 Article 5 section 2 <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion contre la torture, qui impose une obligation légale, dispose: « Tout Etat<br />

partie pr<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t les mesures nécessaires pour établir sa compét<strong>en</strong>ce aux fins <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>sdites<br />

infractions dans le cas où l’auteur présumé <strong>de</strong> celles-ci se trouve sur tout territoire sous sa juridiction et où ledit<br />

Etat ne l’extra<strong>de</strong> pas… » Article 7 section 1, qui établit l’obligation d’extra<strong>de</strong>r ou <strong>de</strong> poursuivre, dispose: « L’Etat<br />

partie sur le territoire sous la juridiction duquel l’auteur présumé [d’actes <strong>de</strong> torture] … est découvert, s’il<br />

n’extra<strong>de</strong> pas ce <strong>de</strong>rnier, soumet l’affaire … à ses autorités compét<strong>en</strong>tes pour l’exercice <strong>de</strong> l’action pénale ».<br />

35<br />

Article 79 <strong>de</strong> la Constitution sénégalaise dispose: « <strong>Les</strong> traités ou accords régulièrem<strong>en</strong>t ratifiés ou approuvés<br />

ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle <strong>de</strong>s lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, <strong>de</strong><br />

son application par l’autre partie ».<br />

36<br />

République du Sénégal, Cour d’Appel <strong>de</strong> Dakar, Chambre d’accusation, Arrêt no 135 du 4 juillet 2000. Voir<br />

http://www.hrw.org/fr<strong>en</strong>ch/themes/habre-<strong>de</strong>cision.html.<br />

21 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A)

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