Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
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Un anci<strong>en</strong> Chef <strong>de</strong> Service <strong>de</strong> la DDS contre qui plusieurs plaintes ont été déposées pour<br />
torture est l’actuel Chef <strong>de</strong> Sécurité à l’aéroport international <strong>de</strong> N’Djaména. Enfin, un<br />
Directeur <strong>de</strong> la Sûreté Nationale p<strong>en</strong>dant le régime <strong>de</strong> <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong> occupe le poste <strong>de</strong><br />
Coordinateur National adjoint <strong>de</strong> la Zone pétrolière et un Directeur adjoint <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>ne<br />
Sûreté Nationale est l’actuel Directeur <strong>de</strong> la Police Judiciaire.<br />
Lors d’un discours à N’Djaména <strong>en</strong> juin 2003, le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AVCRP Ismael Hachim<br />
Abdallah a déclaré: « nos tortionnaires et nos tueurs nous côtoi<strong>en</strong>t chaque jour sans être<br />
inquiétés par la <strong>justice</strong> <strong>de</strong> notre pays auprès <strong>de</strong> laquelle nous avons déposé <strong>de</strong>puis<br />
longtemps nos plaintes. (…) Nos bourreaux continu<strong>en</strong>t à nous narguer et défi<strong>en</strong>t la <strong>justice</strong><br />
qui reste empêtrée dans les problèmes <strong>de</strong> tous ordres qui l’empêch<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dire le droit et <strong>de</strong><br />
sanctionner les coupables et leurs complices » 48.<br />
Tel qu’expliqué par M. Hachim, la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ces anci<strong>en</strong>s dirigeants <strong>de</strong> la DDS dans<br />
l’administration et aux postes <strong>de</strong> pouvoirs <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t un climat d’impunité au sein <strong>de</strong> la<br />
société tchadi<strong>en</strong>ne et est peu respectueuse <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> droit. Cette situation <strong>en</strong>courage ainsi<br />
les nombreuses intimidations et même les agressions dont sont <strong>victimes</strong> les déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong>s<br />
droits humains au <strong>Tchad</strong>.<br />
La réhabilitation d’anci<strong>en</strong>s responsables accusés <strong>de</strong> torture ne s’arrête cep<strong>en</strong>dant pas aux<br />
frontières tchadi<strong>en</strong>nes. En novembre 2004 l’AVCRP a informé Human Rights Watch <strong>de</strong> la<br />
prés<strong>en</strong>ce d’un autre <strong>de</strong>s « tortionnaires les plus redoutés » du <strong>Tchad</strong> au sein <strong>de</strong> la police<br />
civile <strong>de</strong> l’Opération <strong>de</strong>s Nations Unies <strong>en</strong> Côte d’Ivoire (ONUCI), où il <strong>en</strong>quêtait sur <strong>de</strong>s<br />
plaintes <strong>de</strong> violations <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme. D’après la Commission d’Enquête, Mahamat<br />
Djibrine, aussi appelé « El Djonto », faisait partie <strong>de</strong>s cinq membres <strong>de</strong> la Commission<br />
chargée d’interroger les dét<strong>en</strong>us et qui « utilisai<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t la torture durant ces<br />
interrogatoires ». La Commission d’Enquête ajoute que Mahamat Djibrine fut égalem<strong>en</strong>t<br />
membre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux commissions chargées <strong>de</strong> l’arrestation <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s ethnies Hadjaraï<br />
<strong>en</strong> 1987 et Zaghawa <strong>en</strong> 1989 lorsque le régime <strong>Habré</strong> organisa <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> nettoyage<br />
ethnique dans tout le <strong>Tchad</strong>. Avant <strong>de</strong> partir pour la Côte d’Ivoire, Mahamat Djibrine était<br />
<strong>toujours</strong> Chef <strong>de</strong> cabinet du Directeur Général <strong>de</strong> la Police Nationale au <strong>Tchad</strong>. En janvier<br />
2005, à la suite d’une plainte <strong>de</strong> Human Rights Watch auprès <strong>de</strong>s Nations Unies, le <strong>Tchad</strong><br />
a rappelé Mahamat Djibrine.<br />
<strong>Les</strong> <strong>victimes</strong> et ceux qui les souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sont m<strong>en</strong>acés<br />
48 Discours du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Victimes <strong>de</strong>s Crimes et Répressions Politiques au <strong>Tchad</strong> à<br />
l’occasion <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s états généraux <strong>de</strong> la <strong>justice</strong> à N’Djaména, le 19 juin 2003. Ce discours peut être<br />
consulté à l’adresse suivante : http://hrw.org/fr<strong>en</strong>ch/press/2003/tchad0619.htm.<br />
HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A) 28