Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
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Le Lieut<strong>en</strong>ant Djember Lamandjou a déclaré <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête qu’après<br />
avoir été arrêté <strong>en</strong> octobre 1987, il a été transféré à la DDS où il a été interrogé et torturé<br />
par Nodjigoto Hauman. Hauman lui aurait dit: « Monsieur, vous souffrez moralem<strong>en</strong>t mais<br />
pas physiquem<strong>en</strong>t. (…) Monsieur, dites la vérité car au Commissariat c’est <strong>de</strong> la blague,<br />
mais ici les choses vont comm<strong>en</strong>cer et si vous vous <strong>en</strong>têtez c’est fini pour vous ». Haunan<br />
aurait <strong>en</strong>suite donné l’ordre à quatre officiers <strong>de</strong> ligoter le Lieut<strong>en</strong>ant Lamandjou et <strong>de</strong> lui<br />
passer « du courant électrique à la bouche, aux oreilles, dans les narines et même sur les<br />
parties intimes ».<br />
Brahim Djidda, Contrôleur Général <strong>de</strong> Police ex-Inspecteur Général <strong>de</strong> la Police,<br />
Secrétaire Général adjoint du Ministère <strong>de</strong> la Sécurité publique et <strong>de</strong> l’Immigration.<br />
Sous <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong>, Brahim Djidda a été Directeur <strong>de</strong> la Sûreté Nationale. Djidda avait<br />
auparavant été Commissaire C<strong>en</strong>tral à la Sûreté Nationale (nommé le 17 juillet 1983) et<br />
Responsable <strong>de</strong> la Sécurité du Ouaddaï au Délégué du Gouvernem<strong>en</strong>t auprès du Ouaddaï<br />
géographique.<br />
Dans une lettre <strong>de</strong> 1983 retrouvée à la DDS, Brahim Djidda explique qu’il avait été délégué<br />
par <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong> « avec les pleins pouvoirs dans le domaine <strong>de</strong> la sécurité à Abéché » et<br />
que ses rapports et comptes-r<strong>en</strong>dus étai<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t adressés à la DDS qui les<br />
transmettait à <strong>Habré</strong>. Dans une autre lettre retrouvée à la DDS, Brahim Djidda explique<br />
que la mission du Service <strong>de</strong> Sécurité était notamm<strong>en</strong>t prév<strong>en</strong>tive, soit « d’interpeller tout<br />
suspect dont les propos ou les actes porteront atteinte à la sécurité <strong>de</strong> l’Etat, <strong>de</strong> m<strong>en</strong>er une<br />
<strong>en</strong>quête minutieuse qui déterminera son innoc<strong>en</strong>ce ou sa culpabilité ».<br />
Une anci<strong>en</strong>ne victime a déclaré à Human Rights Watch et à la FIDH avoir été interrogée le<br />
l<strong>en</strong><strong>de</strong>main <strong>de</strong> son arrestation par Brahim Djidda alors Directeur <strong>de</strong> la Sureté Nationale.<br />
Une autre victime a confié avoir été arrêtée et interrogée par <strong>en</strong>tre autres Brahim Djidda<br />
accompagné <strong>de</strong> plusieurs militaires. Elle a été « gravem<strong>en</strong>t torturée » par électrochocs, à<br />
l’eau, à la matraque et à « l’Arbatachar » à plusieurs reprises.<br />
Mahamat Wakaye, Directeur <strong>de</strong> la Police Judiciaire; ex-Contrôleur Général <strong>de</strong> Police; ex-<br />
Commissaire C<strong>en</strong>tral pour la ville <strong>de</strong> N’Djaména.<br />
Sous <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong>, Mahamat Wakaye a été Directeur adjoint <strong>de</strong> la Sûreté Nationale<br />
(nommé <strong>en</strong> juillet 1989). Auparavant, il avait été Commissaire adjoint à l’aéroport,<br />
Commissaire <strong>de</strong> police stagiaire (nommé le 25 octobre 1983), Commissaire au<br />
67 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A)