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Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice

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membres <strong>de</strong> l’ethnie Hadjaraï <strong>en</strong> 1987 et <strong>de</strong> celle chargée <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’ethnie<br />

Zaghawa <strong>en</strong> 1989.<br />

Mahamat Djibrine a d’ailleurs déclaré <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête que <strong>Hissène</strong> <strong>Habré</strong><br />

n’aimait pas les Arabes et les Zaghawa et que « chaque fois qu’il y a <strong>de</strong>s problèmes les<br />

concernant, [il] ordonne leur arrestation » souv<strong>en</strong>t au Directeur <strong>de</strong> la DDS et parfois aux<br />

autres ag<strong>en</strong>ts directem<strong>en</strong>t. Djibrine a ajouté que « c’est le Chef <strong>de</strong> l’Etat <strong>en</strong> personne qui<br />

donne l’ordre <strong>de</strong>s liquidations » et que « quand le Prési<strong>de</strong>nt ordonne d’arrêter quelqu’un il<br />

nous dit <strong>de</strong> ramasser tout chez lui. Je fais l’inv<strong>en</strong>taire et je lui transmets. (…) C’est le<br />

Prési<strong>de</strong>nt qui ordonne l’occupation <strong>de</strong>s maisons. Pour les voitures pillées la répartition se<br />

fait au niveau <strong>de</strong> la Prési<strong>de</strong>nce ».<br />

Selon le Rapport <strong>de</strong> la Commission d’Enquête, Mahamat Djibrine faisait partie <strong>de</strong> la<br />

commission à la DDS chargée <strong>de</strong> l’interrogatoire <strong>de</strong>s dét<strong>en</strong>us et recourrant à la torture<br />

pour faire avouer. Yal<strong>de</strong> Samuel a confirmé <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête l’exist<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> cette commission qui était « dans la routine » composée <strong>en</strong>tre autres <strong>de</strong> Djibrine.<br />

D’ailleurs, dans la plainte qu’il a déposée, Ismael Hachim, arrêté <strong>en</strong> mai 1989, a déclaré<br />

avoir été interrogé et m<strong>en</strong>acé au moy<strong>en</strong> d’un revolver par Djibrine qui voulait lui faire<br />

avouer son implication dans la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> coup d’Etat du 1er avril.<br />

Mahamat Djibrine a confirmé <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête l’utilisation <strong>de</strong> la torture<br />

durant les interrogatoires: « Je sais qu’il a <strong>de</strong>s attachés et qu’on chicotte. J’ai vu Mahamat<br />

Bidon utiliser le fil <strong>de</strong> rallonge branché au bout nu avec lequel il touchait les prisonniers.<br />

(...) Pour les tortures tout dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong>s ag<strong>en</strong>ts. C’est souv<strong>en</strong>t une commission qui est<br />

chargée <strong>de</strong>s interrogatoires ».<br />

Plusieurs personnes ont mis <strong>en</strong> cause Mahamat Djibrine <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête.<br />

Abdallah Hassaballah, arrêté <strong>en</strong> avril 1989 parce que suspecté d’être <strong>en</strong> contact avec les<br />

Zaghawa, a déclaré que, lors <strong>de</strong> son interrogatoire par Mahamat Djibrine, ce <strong>de</strong>rnier aurait<br />

ordonné « à ce [qu’il fut] retiré quelque part par les ag<strong>en</strong>ts pour que la vérité se<br />

manifestât ». Trois ag<strong>en</strong>ts l’aurai<strong>en</strong>t alors ligoté et fouetté à l’ai<strong>de</strong> d’un fil <strong>de</strong> fer puis lui<br />

aurai<strong>en</strong>t infligé une décharge électrique sur presque toutes les parties du corps.<br />

Ab<strong>de</strong>lramane Nahadjé Yacoub, arrêté <strong>en</strong> avril 1989 et d’ethnie Zaghawa, a quant à lui<br />

déclaré <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête qu’après avoir été interrogé une première fois par<br />

Mahamat Djibrine, ce <strong>de</strong>rnier aurait fait compr<strong>en</strong>dre à ses ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> le ligoter et <strong>de</strong> le<br />

battre pour le faire parler. Il aurait ainsi été ligoté à « l’Arbatachar » et soumis à <strong>de</strong>s<br />

décharges électriques sur les côtes et la poitrine. Au cours d’un troisième interrogatoire,<br />

Djibrine l’aurait fait ligoter et fouetter.<br />

HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A) 52

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