Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
Tchad: Les victimes de Hissène Habré toujours en attente de justice
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Brahim Kosse Abakar a mis <strong>en</strong> cause Djibrine <strong>de</strong>vant la Commission d’Enquête<br />
concernant le pillage <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s — arg<strong>en</strong>t, pistolet, carabine et <strong>de</strong>ux voitures — lors <strong>de</strong><br />
son arrestation <strong>en</strong> mai 1988.<br />
Plusieurs témoignages ont été réunis par Human Rights Watch et la FIDH sur la<br />
responsabilité <strong>de</strong> Mahamat Djibrine dans les tortures sous le régime <strong>Habré</strong>. Une anci<strong>en</strong>ne<br />
victime a ainsi déclaré avoir été interrogée par Djibrine et torturée au fouet et à l’électricité<br />
sous ses ordres. Djibrine aurait sorti son arme, l’aurait chargée et placée dans la bouche <strong>de</strong><br />
la victime <strong>en</strong> la m<strong>en</strong>açant <strong>de</strong> la tuer. La victime aurait été déshabillée, attachée à «<br />
l’Arbatachar », torturée à l’électricité par Abakar Torbo sur les ordres <strong>de</strong> Djibrine, et forcée<br />
d’avaler <strong>de</strong>s quantités énormes d’eau jusqu’au gonflem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son v<strong>en</strong>tre.<br />
Une personne a témoigné à Human Rights Watch et à la FIDH avoir été <strong>en</strong>fermée à la «<br />
Piscine » après son arrestation <strong>en</strong> 1989, puis interrogée <strong>en</strong>tre autres par Mahamat Djibrine.<br />
Elle aurait « été chicotée p<strong>en</strong>dant longtemps, jusqu’à ce que sa robe [colle] dans le sang ».<br />
Un autre anci<strong>en</strong> dét<strong>en</strong>u a déclaré à Human Rights Watch et à la FIDH avoir été interrogé<br />
et fortem<strong>en</strong>t giflé par Djibrine, au point d’<strong>en</strong> perdre connaissance p<strong>en</strong>dant plus <strong>de</strong> dix<br />
minutes. Sur l’ordre <strong>de</strong> Djibrine, le dét<strong>en</strong>u aurait été torturé à l’éléctricité et à la technique<br />
du pim<strong>en</strong>t, laquelle consiste à mettre la tête du supplicié dans un trou à même le sol et <strong>de</strong><br />
souffler <strong>de</strong> l’air dans du feu qui se trouve dans un autre trou communiquant avec le<br />
premier.<br />
Un individu arrêté <strong>en</strong> 1989 a dit à Human Rights Watch et à la FIDH que lors <strong>de</strong> son<br />
interrogatoire notamm<strong>en</strong>t par Mahamat Djibrine à la BSIR, il a été torturé à « l’Arbatachar<br />
» et à l’électricité.<br />
Une autre personne arrêtée <strong>en</strong> 1989 a témoigné à Human Rights Watch et à la FIDH avoir<br />
été interrogée à trois reprises par Mahamat Djibrine et torturée à « l’Arbatachar » et à l’eau.<br />
Après trois mois <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>tion au Camps <strong>de</strong>s Martyrs, elle a <strong>de</strong>mandé un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec<br />
Mahamat Djibrine pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> remettre à ses collègues les bons <strong>de</strong> caisse qu’on<br />
lui avait saisi lors <strong>de</strong> son arrestation. A cette occasion Mahamat Djibrine lui aurait<br />
<strong>de</strong>mandé « Comm<strong>en</strong>t est-ce que vous arrivez à t<strong>en</strong>ir comme ça ? »<br />
Un anci<strong>en</strong> prisonnier a déclaré à Human Rights Watch et à la FIDH avoir été déshabillé,<br />
placé dans un bain d’eau puis électrocuté et frappé à la tête par <strong>de</strong>s ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la DDS, le<br />
jour <strong>de</strong> son arrestation <strong>en</strong> 1986 à N’Djaména, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Mahamat<br />
Djibrine.<br />
53 HUMAN RIGHTS WATCH VOL. 17, NO. 10(A)