25.06.2013 Views

NISAN-IYAR/5772 AVRIL-MAI/2012 - Hevrat Pinto

NISAN-IYAR/5772 AVRIL-MAI/2012 - Hevrat Pinto

NISAN-IYAR/5772 AVRIL-MAI/2012 - Hevrat Pinto

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

l’enfant. Alors, se souvenant des discours sur la foi que je<br />

lui avais tenus à maintes occasions, ce Juif se mit à crier :<br />

« Maître du monde, m’as-tu donné un cadeau pour me<br />

le reprendre ? Je t’en prie, mon D., fais, par Ton pouvoir<br />

infini, qu’elle se réveille ! »<br />

Et elle s’est réveillée !<br />

Lorsque, tout ému, il m’a raconté ce miracle, je lui ai<br />

dit : « Quel mérite ! En un instant, tu as atteint le niveau<br />

d’un Tana (Maître de la Michna), qui était capable de ressusciter<br />

les morts ! Et tout ça, par la force de ta foi ! » Puis<br />

je continuai à l’encourager afin qu’il continue à progresser<br />

dans la Torah et les mitsvot.<br />

C’est dans ce sens que j’ai éduqué mes fils : qu’ils rapprochent<br />

de la Torah tout Juif, quel que soit son niveau,<br />

avec le sourire et énormément d’amour. Même s’il vient<br />

d’un milieu très éloigné, même s’il a des tatouages, de<br />

l’amour, seulement de l’amour !<br />

Tandis que le Rav évoque son amour pour tout Juif,<br />

une conversation que j’avais eue avec son fils, Rabbi<br />

Raphael <strong>Pinto</strong>, Chelita, me revient à l’esprit. Je lui avais<br />

demandé : « Quel est le secret de votre père, Chelita ? »<br />

Et il m’avait répondu, avec le sourire, exactement dans les<br />

mêmes termes que ceux employés par le Rav lui-même :<br />

« Ce sont nos frères ; nous les aimons ! » De façon extraordinaire,<br />

lorsque j’ai interrogé M. Gabi Elbaz, président<br />

de la communauté de Lyon en France, sur le secret de la<br />

réussite du Rav, il a réfléchi rapidement et m’a répondu lui<br />

aussi par un seul mot : « L’amour ! » Des paroles issues<br />

du cœur pénètrent les cœurs. Par son amour infini pour<br />

chaque Juif, le Rav sait trouver le chemin de leurs cœurs.<br />

La Torah avant tout<br />

J’ai eu le mérite de jouir de la proximité du Rav lors<br />

du Chabbat de la hilloula de son grand-père, à Mogador,<br />

au Maroc. Tout au long du Chabbat et des jours de la hilloula,<br />

j’ai suivi le moindre de ses faits et gestes. J’étais<br />

assis à la table du Rav lors des repas de Chabbat et ai<br />

suivi avec intérêt chacun de ses discours, analysant chacune<br />

de ses allocutions – privées ou publiques – entre les<br />

lignes. J’ai remarqué que le dénominateur commun de<br />

toutes ses interventions est que le Rav rapporte tout à la<br />

Torah. « Étudiez la Torah », « prenez part à des cours<br />

de Torah », « investissez-vous dans l’étude », répète-t-il<br />

inlassablement.<br />

Q. Lorsque vous évoquez la Torah, vous paraissez…<br />

ivre de Torah, amoureux de la Torah. (Le Rav sourit en<br />

entendant cette remarque et opine du chef.) Au-delà de<br />

toute logique et de la matérialité – seulement la Torah !<br />

D’où tirez-vous cet extraordinaire attachement ?<br />

R. (Le Rav soupire ; cela le ramène à une autre époque.)<br />

D’où est-ce que je tire cet amour de la Torah ? Comment<br />

pourrait-il en être autrement ? Je me souviens des<br />

sacrifices que notre père a faits afin que nous étudiions<br />

la Torah. Or, face à la Torah, il n’y a pas d’autre possibi-<br />

lité. Il est écrit : « Je fixe constamment mes regards sur<br />

l’Eternel. » En parallèle, j’ai sans cesse sous mes yeux<br />

l’image de mon père, le souvenir de l’abnégation dont il<br />

a fait preuve en nous envoyant étudier la Torah à l’étranger,<br />

alors que nous étions encore très jeunes. Notre père<br />

dépassa ses sentiments naturels et surmonta sa nostalgie,<br />

de même que notre mère, afin que nous puissions étudier<br />

la Torah dans un lieu de Torah. Ce fut certes difficile pour<br />

nous, en tant qu’enfants, mais je suis persuadé que ce fut<br />

encore plus difficile pour lui. Nous-mêmes étions quelque<br />

peu distraits par les trois jours de voyage en train, le défilé<br />

des paysages et le tumulte qui nous entourait, tandis que<br />

lui-même, assis à la maison, pensait certainement à nous<br />

avec nostalgie.<br />

C’est certainement pour cette raison que nous sommes<br />

les seuls descendants de la lignée <strong>Pinto</strong> à avoir continué<br />

dans la voie de nos pères. Il y a beaucoup d’autres <strong>Pinto</strong><br />

du côté de mon père, mais seuls ses fils – chacun à sa<br />

manière – ont véritablement suivi la tradition familiale,<br />

à l’image des frères de Yaakov, « tous fils d’un même<br />

homme » (Berechit 42:11).<br />

Son amour de la Torah, son abnégation, nous insufflèrent<br />

cette grande force.<br />

Q. Pourquoi ne vous laissa-t-il pas étudier au Maroc ?<br />

Quel défaut trouvait-il dans la tradition d’étude marocaine<br />

?<br />

R. Notre père avait beaucoup d’estime pour la méthode<br />

d’étude séfarade. Moi-même, bien qu’ayant étudié dans<br />

les yechivot lituaniennes, ne suis pas spécialiste de pilpoul<br />

– discussions talmudiques. Je suis plus féru du pechat, du<br />

commentaire littéral. Mon Maître, le Gaon Rabbi ‘Haïm<br />

Chemouel Lopian zatsal était un grand commentateur, un<br />

véritable érudit, doté de génie, un géant en Torah – mais<br />

avant tout spécialiste du sens littéral. Il revenait sur le<br />

commentaire de Rachi un nombre illimité de fois. De fait,<br />

à notre époque, il n’y avait pas de yechivot séfarades au<br />

Maroc. C’est pourquoi notre père dit : « Si déjà je dois<br />

les envoyer loin de la maison, autant qu’ils quittent le<br />

Maroc. »<br />

Outre cela, il y avait une autre raison à sa décision, particulièrement<br />

prépondérante : il voulait nous éloigner des<br />

innombrables dangers que représentait l’Alliance pour les<br />

enfants et les jeunes.<br />

Q. Et à la Yechiva, comment avez-vous surmonté<br />

l’éloignement de la maison ?<br />

R. A l’âge de neuf ans, j’ai quitté le giron familial pour<br />

la France. A l’âge de treize ans, ma mère est venue à la<br />

Yechiva pour m’organiser une bar mitsva. Il n’y avait pas<br />

minyan (quorum de dix hommes), je n’ai pas reçu de costume<br />

neuf, ni bien sûr de chapeau. Après ma bar mitsva,<br />

ma mère s’est armée de courage et m’a envoyé en Angleterre<br />

pour acquérir Torah et sagesse. Je n’ai pas vu mon<br />

père pendant huit années d’affilée.<br />

3

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!