NISAN-IYAR/5772 AVRIL-MAI/2012 - Hevrat Pinto
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peuple. Surmené par mon large éventail d’activités, je ne<br />
prends pas mes repas à des heures fixes, tandis que mes<br />
yeux sont lourds de sommeil. Des voyages qui se succèdent<br />
pour soutenir mes institutions font partie de ma<br />
routine, alors que les conditions sont loin d’être bonnes.<br />
Au contraire, mes déplacements s’apparentent plutôt à<br />
de pénibles périples, le plus souvent effectués au péril<br />
de ma vie.<br />
A chaque fois que je reçois des lettres anonymes, où<br />
sont exprimés des propos haineux, injurieux et blasphématoires,<br />
j’en éprouve une profonde affliction. Est-ce<br />
donc là tout l’honneur dont lequel je jouirais ? Il semble<br />
évident que les lettres de tous ces gens sont motivées<br />
par la jalousie qui brûle en eux, alors que s’ils étaient<br />
conscients de la réalité qui est la mienne, ils cesseraient<br />
d’être animés par ce vice.<br />
De plus, s’ils essayaient eux-mêmes, pendant une<br />
seule semaine, de s’atteler à ce joug de la communauté<br />
et de remplir les tâches et les responsabilités qui m’assaillent,<br />
je doute fort qu’ils ne tiennent le coup.<br />
Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mon téléphone<br />
n’arrête pas de sonner. Et, invariablement, mon cœur<br />
se brise lorsque, à l’autre bout du fil, j’entends un Juif<br />
pleurer. Les terribles malheurs – que Dieu nous en<br />
préserve – qui frappent, de nos jours, notre peuple, ne<br />
peuvent laisser personne insensible. C’est pourquoi je<br />
m’efforce de mon mieux de partager avec compassion<br />
les épreuves de mes frères, puis de les aider par le biais<br />
d’une bénédiction, d’un conseil – en m’appuyant sur le<br />
mérite de mes saints ancêtres – et parfois d’un soutien<br />
financier.<br />
Afin d’assurer la bonne marche de mes institutions<br />
de Torah, je suis fréquemment contraint de me déplacer<br />
vers de lointains continents. De fait, comment<br />
toutes ces institutions, à travers le monde, pourraientelles<br />
donc continuer à fonctionner, sans le généreux<br />
soutien de nos donateurs ? Or, « s’il n’y a pas de farine,<br />
il n’y a pas de Torah ». Aussi m’appartient-il<br />
de me soucier que les centaines d’avrékhim et leurs<br />
familles, plongés dans le monde de la Torah, qui<br />
composent les membres de ces institutions, aient une<br />
source de subsistance.<br />
Quant à ma vie familiale, elle en souffre, évidemment.<br />
Pendant toute la semaine, je ne vois pas mes<br />
proches parents et suis privé du goût irremplaçable de<br />
mon foyer. Toutes ces privations sont la résultante directe<br />
de mes incessants déplacements à tous les coins<br />
du globe, visant à rapprocher nos frères et à les faire<br />
profiter de paroles de renforcement en Torah et en<br />
crainte de Dieu.<br />
Cependant, en dépit de toutes ces difficultés, je m’efforce<br />
de persévérer dans cette tâche et de remplir ma<br />
mission, conscient du mérite que représentent la sanc-<br />
tification du Nom divin et la diffusion de la Torah dans<br />
le monde. Le Créateur connaît la pureté de mes motivations.<br />
Il sait que je ne recherche ni les honneurs, ni le<br />
prestige, car « l’Eternel règne ! Il est revêtu de majesté »<br />
(Psaumes 93, 1) – la gloire sied à Lui seul. Tout l’honneur<br />
dont je jouis n’est dû qu’au mérite de mes ancêtres<br />
qui, quant à eux, en étaient dignes. J’agis de manière<br />
totalement désintéressée, dans l’unique but de propager<br />
la parole divine et de permettre au plus grand nombre de<br />
la savourer.<br />
Grâce à la pureté de mes intentions, je me vois gratifier<br />
d’une Providence divine particulière dans toutes<br />
mes entreprises, conformément aux enseignements de<br />
nos Sages, de mémoire bénie : « On mène l’homme<br />
dans la voie qu’il désire emprunter » (Makot, 10b), et :<br />
« Celui qui désire se purifier bénéficie de l’assistance<br />
divine » (Chabbat, 104a). Si, à Dieu ne plaise, il m’était<br />
une fois ou l’autre arrivé de vouloir me couvrir de lauriers<br />
qui ne me revenaient pas, je supplie instamment le<br />
Seigneur de bien vouloir me pardonner. Que cette pointe<br />
de jouissance inconsciente soit considérée comme nulle<br />
et inexistante !<br />
A quelle introspection devraient se soumettre tous<br />
les hommes qui s’imaginent que mon existence n’est<br />
parsemée que de plaisirs et de joie ! Seraient-ils prêts<br />
à se dévouer pleinement pour la communauté, au détriment<br />
de leur vie privée ? Seraient-ils capables de mettre<br />
constamment leur vie en danger par de longs et périlleux<br />
voyages entre ciel et terre ? Aimeraient-ils tant être séparés<br />
de leur famille pendant si longtemps pour finalement<br />
être gratifiés de lettres si désobligeantes ?<br />
Parfois, je me demande comment je fais pour ne pas<br />
être hors de moi suite à de telles réactions, pour le moins<br />
décevantes, de certains. Je pense que j’en retire la force<br />
de mon intime conviction en les célèbres paroles de nos<br />
Sages : « Ceux qui essuient de la honte et n’humilient<br />
pas leur prochain, entendent leur blasphème et n’y réagissent<br />
pas, agissent par amour et se réjouissent de leurs<br />
souffrances, le verset dit à leur sujet : «et Ses amis rayonneront<br />
comme le soleil dans sa gloire» (Juges 5, 31). »<br />
(Chabbat, 88b) En effet, je suis persuadé que le fait de<br />
ne pas répondre aux injures représente, pour l’homme, le<br />
secret de la réussite.<br />
Puissions-nous ne jamais perdre de vue la nature de<br />
notre mission sur terre, en l’occurrence, celle de sanctifier<br />
le Nom divin dans le monde, sans tenir compte de<br />
nos intérêts personnels ! Puisse le Saint béni soit-Il couronner<br />
toutes nos entreprises de succès et nous accorder,<br />
grâce à Son infinie Miséricorde, une bonne et longue<br />
vie ! Puissions-nous enfin trouver grâce aux yeux de<br />
l’Eternel et aux yeux de nos semblables ! Amen, qu’il<br />
en soit ainsi !<br />
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