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NISAN-IYAR/5772 AVRIL-MAI/2012 - Hevrat Pinto

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aussi, été miraculeusement sauvée. Les médecins, ahuris<br />

devant ce miracle, ne surent l’expliquer. Pourtant, à nos<br />

yeux, il n’y avait là rien de très étonnant, puisque, comme<br />

nous le savons, l’influence dans les cieux de ces justes,<br />

fidèles serviteur de l’Eternel, est incommensurable. Quiconque<br />

vient implorer le secours divin au lieu de sépulture<br />

d’un juste, bénéficie en effet de son intervention en sa<br />

faveur, dans l’esprit de l’enseignement de nos Sages, de<br />

mémoire bénie : « Les justes sont encore plus grands après<br />

leur mort que de leur vivant. » (Berakhot, 18a)<br />

Les yeux encore humides de larmes, visibles sur nos<br />

joues, nous poursuivîmes notre voyage, en direction de<br />

la maison d’étude des Admours de la lignée de ’hassidout<br />

Gour – lieu qui, lors des jours de pénitence, abritent plus<br />

de quinze mille adeptes de ce courant venant se recueillir<br />

à l’ombre de leur vénéré maître, l’auteur du « Imrei<br />

Emèt », que son mérite nous protège. Quelle profonde<br />

douleur que de voir cette gigantesque place, plongée dans<br />

un tel abandon ! Pas la moindre trace de vie, mais un lourd<br />

silence, pesant sur tous les recoins de ce grand édifice.<br />

J’essayais de mon mieux de me représenter ce lieu,<br />

seulement cent ans en arrière, regorgeant de vie et d’agitation.<br />

Sur la large estrade, aujourd’hui vide, je pouvais<br />

m’imaginer les saints Admours qui s’y tenaient majestueusement.<br />

Le visage rayonnant d’un éclat lumineux,<br />

c’est de là qu’ils transmettaient à leur pieuse communauté,<br />

avide de leurs paroles, leurs idées novatrices en Torah<br />

– interprétations dont nous jouissons encore jusqu’à<br />

aujourd’hui.<br />

A présent, après le terrible Holocauste, cette formidable<br />

voix avait cessé de retentir. Dans cet espace désolé, nous<br />

pouvions néanmoins discerner un écho confus, qui venait<br />

tristement comme rappeler le souvenir de ces beaux jours,<br />

irréversiblement passés. L’édifice abandonné semblait<br />

lancer un cri sourd : « Malheur à nous, que tel fut notre<br />

sort ! » Au cours de notre tournée dans ce lieu, on nous<br />

fit savoir que les Allemands, puisse leur souvenir être à<br />

jamais effacé, non contents d’assassiner les Juifs de cette<br />

pieuse communauté, voulurent également détruire ce lieu<br />

saint, qui, par la grâce divine, échappa finalement à leurs<br />

mauvais desseins. C’est ainsi qu’il accueille maintenant<br />

les passants, désirant s’imprégner de la lumière spirituelle<br />

de ces jours d’antan, lumière qui s’est évanouie.<br />

Animé d’une pieuse appréhension, je tentai de faire<br />

resurgir la lumière de ce lieu saint, d’insuffler un nouveau<br />

souffle de vie entre ces murs qui avaient absorbé une foi<br />

si profonde. Je prononçai alors un cours de Torah devant<br />

notre groupe de pèlerins, citant les purs enseignements<br />

de la lignée des Admours de Gour – le « Sfat Emet », le<br />

« Imrei Emèt » et le « ’Hidouchei Harim » – puissent leurs<br />

mérites nous protéger.<br />

A Lublin, en Pologne, notre visite des camps de concentration<br />

et des chambres à gaz nous marqua profondément.<br />

C’est avec une douleur indescriptible que nous partageâmes<br />

les atroces souffrances subies par nos ancêtres –<br />

puisse l’Eternel venger leur sang – qui furent brûlés là par<br />

myriades, et qui sacrifièrent courageusement leur vie pour<br />

sanctifier le Nom divin. Les photographies effrayantes,<br />

exposées le long des murs, ne firent que renforcer, par<br />

leur témoignage muet de la barbarie qui caractérisa ces<br />

lieux, notre affliction déjà existante.<br />

L’ébranlement pouvait se lire sur nos visages, au moment<br />

où nous observions les expressions de ces pauvres<br />

de nos frères, qu’on conduisit cruellement à la mort pour<br />

le seul fait qu’ils étaient juifs. Spectacle effrayant que ces<br />

groupes où vieillards, jeunes enfants, bébés, hommes et<br />

femmes furent mélangés pêle-mêle, poussés brutalement<br />

comme des bêtes menées à l’abattoir, le même sort tragique<br />

les attendant, sans distinction d’âge. A l’arrièreplan,<br />

nous pouvions presque entendre les voix de ces victimes<br />

– des cris de détresse, des pleurs de désespoir. Nous<br />

ressentîmes pleinement l’horreur de la scène, tandis qu’un<br />

frisson d’angoisse et d’effroi nous envahit.<br />

Près de là, se tient un gigantesque édifice obscur, illuminé<br />

par des milliers de bougies, allumées en souvenir de<br />

toutes ces âmes saintes. En observant toutes ces petites<br />

flammes, je me dis qu’elles nous transmettent, d’une certaine<br />

manière, l’heureuse destinée réservée à notre peuple,<br />

peuple éternel. Les Allemands pensaient pouvoir effacer à<br />

jamais notre souvenir du monde, mais le peuple juif existe<br />

et existera éternellement. Aujourd’hui, où le monde de la<br />

Torah connaît son plein essor, le verset : « Le Protecteur<br />

d’Israël n’est ni trompeur, ni versatile » (Samuel I 15, 29)<br />

acquiert une nouvelle dimension.<br />

Il va sans dire qu’il nous appartient de nous assurer que<br />

la flamme de la Torah continue à brûler toujours et en tout<br />

lieu. Le Midrach (Deutéronome Rabba 4, 4) précise à cet<br />

égard que l’âme et la Torah sont toutes deux comparées à<br />

une bougie. L’âme, comme il est dit : « L’âme de l’homme<br />

est un flambeau divin » (Proverbes 20, 27), et la Torah,<br />

comme il est écrit : « Car la mitsva est un flambeau, la<br />

Torah une lumière » (ibid. 6, 23). Le Saint béni soit-Il dit<br />

à l’homme : « Ma bougie est dans ta main – il s’agit de<br />

la Torah. Et ta bougie est dans Ma main – en référence à<br />

l’âme. Si tu veilles à Ma bougie, Je veillerai à la tienne.<br />

Mais si tu éteints Ma bougie, J’éteindrai la tienne. »<br />

Le cœur chargé d’émotions et notre foi en Dieu raffermie,<br />

nous poursuivîmes notre itinéraire pour aller nous<br />

recueillir sur la tombe du ’Hozé de Loublin, de mémoire<br />

bénie. Ce juste fut surnommé ainsi parce qu’il mérita<br />

d’être inspiré par l’Esprit Saint, grâce auquel sa vision<br />

s’étendait d’un bout du monde à l’autre – conception qui<br />

dépasse évidemment notre entendement. Il atteignit un tel<br />

niveau du fait qu’il veillait très scrupuleusement à protéger<br />

ses yeux des visions indécentes, préservant ainsi leur<br />

sainteté. Cette prudence extrême visait un but élévateur,<br />

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