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Louis Bréhier, La civilisation byzantine - Les Classiques des ...

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<strong>Louis</strong> <strong>Bréhier</strong>, <strong>La</strong> <strong>civilisation</strong> <strong>byzantine</strong> (1950) 16<br />

volonté féminine. Tel était celui de Théodore Prodrome, poète famélique,<br />

marié à une femme de bonne famille, qui lui avait apporté une<br />

belle dot, avec <strong>des</strong> maisons, de l’or, de l’argent.<br />

aire jeûner trop souvent<br />

et de laisser tomber sa maison en ruine 39 Bientôt sa paresse et son inconduite finirent par l’exaspérer quand il rentrait<br />

ivre, elle le battait et le querellait ; elle alla jusqu’à lui fermer la porte du logis.<br />

Cependant, comme une honnête femme, elle tenait sa maison, prenait soin de ses<br />

enfants, tissait elle-même ses robes de lin et de coton pendant que son indigne<br />

époux courait les cabarets. Elle lui reprochait amèrement de ne jamais lui faire de<br />

cadeau, de ne pas lui donner une robe neuve à Pâques, de la f<br />

.<br />

En fait, l’opinion publique était défavorable à la femme. Sans parler<br />

<strong>des</strong> lazzis, <strong>des</strong> proverbes populaires 40 , elle est généralement maltraitée<br />

dans la littérature. Kékauménos écrit qu’il est dangereux d’être<br />

en mauvais termes avec une femme, mais encore plus redoutable<br />

d’être son ami, surtout si elle est jolie, car on a alors à combattre trois<br />

adversaires : le diable, la grâce et les paroles ensorceleuses 41 . <strong>Les</strong><br />

femmes elles-mêmes n’avaient pas très bonne opinion de leur sexe.<br />

Pour Kasia, qui pourtant rétorqua si bien le sot compliment de Théophile<br />

42 , la femme est un fléau, même si elle est belle ; mais si elle est<br />

laide, c’est pour elle le pire <strong>des</strong>tin 43 . Anne Comnène elle-même a une<br />

pauvre opinion <strong>des</strong> femmes : elles sont bonnes, dit-elle, comme pleureuses,<br />

à cause de leur facilité à verser <strong>des</strong> larmes, mais les affaires<br />

sérieuses ne les concernent pas. Elles sont comme <strong>des</strong> vases percés,<br />

quand il s’agit de garder un secret. Elle regarde sa mère et son aïeule<br />

Anne Dalassène comme exceptionnelles et loue Irène Doukas, en<br />

danger d’être capturée par les Turcs, de n’avoir manifesté aucun mouvement<br />

de lâcheté, comme les femmes le font ordinairement 44 . Un<br />

poème tout à fait médiocre, le Miroir <strong>des</strong> femmes, établit la perversité<br />

39<br />

Théodore PRODROME, Poèmes, vers 46 à 262 (p. 184 et s.); Sp. LAMBROS, <strong>La</strong> femme chez les<br />

Byzantins, 262 et s.<br />

40<br />

Le monde entier peut périr : ma femme continue à se parer. K. KRUMBACHER, Mittelgriechisch<br />

Sprichwörter, B. Ak. W., 1900,<br />

2.<br />

41<br />

Ch. DIEHL, Dans l’Orient byzantin,<br />

161.<br />

42<br />

« Une femme a perdu le monde, lui dit Théophile; une femme l’a sauvé, répondit Kasia. »<br />

DIEHL, Figures <strong>byzantine</strong>s, I, 134.<br />

43<br />

G. BUCKLER, B.N., XI, 415-416.<br />

44<br />

Anne COMNENE, Alexiade, IV, 4, 109; XV, 2., 463; AGATHIAS, Histoire (552-358), 4, 157; G.<br />

BUCKLER, Anna Comnena, 116-177.

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