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Louis Bréhier, La civilisation byzantine - Les Classiques des ...

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<strong>Louis</strong> <strong>Bréhier</strong>, <strong>La</strong> <strong>civilisation</strong> <strong>byzantine</strong> (1950) 26<br />

la place que la mythologie tient dans ces pièces. Il n’y est question<br />

que de l’Erèbe, de l’Achéron, de Minos, <strong>des</strong> Parques qui tranchent les<br />

jours <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> Muses qui pleurent une jeune musicienne (VII,<br />

612) et Julien l’Égyptien va jusqu’à supplier Pluton et Perséphone<br />

d’accueillir ses amis avec bienveillance (VII, 58).<br />

Cependant la foi chrétienne de ces auteurs, férus de mythologie<br />

païenne, se révèle parfois par une remarque inattendue. Leurs épigrammes<br />

se trouvent d’ailleurs mêlées à <strong>des</strong> pièces dont l’inspiration<br />

est purement chrétienne : telle l’épitaphe de Diogène composée par<br />

son oncle et homonyme, l’évêque d’Amisos (Samsoun) « qui lui fera<br />

obtenir par ses prières une place dans le chœur <strong>des</strong> bienheureux »<br />

(VII, 613) ; telle l’épitaphe de saint Jean l’Aumônier, patriarche<br />

d’Alexandrie (609-619) par son disciple Sophronius (VII, 679) 105 . Il<br />

est clair qu’on a affaire ici à <strong>des</strong> épitaphes réelles qui ont pu être inscrites<br />

sur <strong>des</strong> tombes.<br />

<strong>Les</strong> épigrammes à thèmes mythologiques n’offrent d’ailleurs rien<br />

d’exceptionnel, si l’on considère l’instruction que recevaient les lettrés,<br />

chrétiens ou païens, dans les écoles publiques, à commencer par<br />

l’Université du Capitole de Théodose II. Il y avait longtemps que <strong>des</strong><br />

Pères de l’Église, comme saint Basile, avaient reconnu la nécessité,<br />

pour les chrétiens, de l’étude de l’antiquité hellénique. On ne sera<br />

donc pas surpris de rencontrer dans les épitaphes composées par Grégoire<br />

de Nazianze les mêmes réminiscences mythologiques, les mêmes<br />

allusions à l’Érèbe, à l’Hadès, à l’âge d’or, aux Muses, que chez<br />

ses successeurs du VI e siècle. Il va jusqu’à prédire à un violateur de<br />

tombe qu’il sera châtié par les Érinnyes (VIII, 199). C’était pour lui<br />

une simple figure de rhétorique et il en fut de même pour les lettrés<br />

byzantins de toutes les époques 106 .<br />

Ces épigrammes funéraires de saint Grégoire, consacrées à ses parents<br />

et à ses amis, sont intéressantes et parfois émouvantes, en nous<br />

montrant ce que pouvaient être les sentiments de famille dans cette<br />

société provinciale de Cappadoce. C’est avec une véritable tendresse<br />

105 e<br />

WALTZ, Inspiration païenne et sentiment chrétien dans les épigrammes funéraires du VI<br />

siècle, 16 et s.<br />

106<br />

Anthologie grecque, op. cit., VI, 16 et s. (Introduction sur le caractère littéraire <strong>des</strong> épigrammes<br />

de Grégoire de Nazianze).

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