Chroniques des Elfe..
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l’agacement, tout remords disparu, et lorsqu’il se retourna son<br />
cœur se vida. Devant l’arbre se tenait un être tout aussi fluet et<br />
pâle que son compagnon, mais vêtu d’une tunique couleur de<br />
sous-bois et portant <strong>des</strong> cheveux aussi longs que ceux d’une<br />
fille.<br />
Un elfe.<br />
Le père Edern n’en parlait jamais, ni quiconque au<br />
monastère. Mais les vieilles, au village, avaient toutes sortes<br />
d’histoires sur les elfes. Neddig essaya de se souvenir si ces<br />
histoires lui faisaient peur. Tout ce dont il se rappelait, c’était<br />
que les elfes étaient supposés voir la nuit, comme <strong>des</strong> chats.<br />
Quant à celui-là, il ne bougeait pas (il ou elle ? Peut-être était-ce<br />
une fille, après tout), mais ses yeux en amande, d’un vert<br />
intense, étaient fixés sur lui et n’exprimaient rien d’aimable.<br />
— Mon compagnon, dit Neddig, en montrant les fougères<br />
alentour. Il a dû être blessé…<br />
— Gwannathag, echil…<br />
— Que dis-tu ?<br />
Neddig commença à battre en retraite. L’elfe ne bougeait<br />
toujours pas. Il n’était même pas sûr que ce soit lui qui ait parlé,<br />
tant son visage était resté impassible. Plus le novice reculait et<br />
plus sa mince silhouette devenait indistincte dans la pénombre<br />
du crépuscule. Quelques pas encore et il devint impossible de le<br />
discerner, même en écarquillant les yeux. Alors, d’un seul coup,<br />
Neddig fit demi-tour et se mit à courir, décrivant un long arc de<br />
cercle à travers les buissons pour revenir vers le campement, à<br />
toutes jambes.<br />
La lueur d’un feu le guida heureusement jusqu’à la clairière,<br />
dans laquelle il déboucha comme un diable, hors d’haleine, le<br />
visage rougi et marqué d’écorchures, sa robe de bure griffée<br />
d’accrocs. La nuit était tombée et il ne vit rien de plus que <strong>des</strong><br />
silhouettes se profilant devant les flammes. Deux d’entre elles,<br />
qu’il ne chercha pas même à reconnaître, se dirigeaient vers lui,<br />
tandis qu’il s’efforçait de retrouver un peu de retenue. Des<br />
femmes, sans doute, à en juger par leur minceur et leur petite<br />
taille. Il s’avança vers elles avec l’intention de leur demander où<br />
se trouvait le père lorsqu’il remarqua à la lueur du bûcher <strong>des</strong><br />
formes allongées qu’il avait pris tout d’abord pour <strong>des</strong> troncs<br />
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