Chroniques des Elfe..
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d’eux ne serait son ami, ni même son confident. Alors autant ne<br />
pas essayer.<br />
— Allons ! Il est temps !<br />
D’un pas aussi rapide que le permettaient les solerets et les<br />
jambières de fer qui enserraient ses membres, le prince quitta le<br />
chemin de ronde, s’engouffra sous le hourd du donjon et en<br />
<strong>des</strong>cendit les escaliers de pierre jusqu’à déboucher dans la cour<br />
du fortin où l’attendait sa troupe. Une centaine de piétons,<br />
lanciers, archers ou coutiliers, deux chariots d’intendance, une<br />
compagnie d’archers à cheval et cinquante cavaliers, montés sur<br />
<strong>des</strong> roncins 9 épais comme <strong>des</strong> bœufs et guère plus vifs. Des<br />
bêtes faites pour de longs voyages et non pour galoper à travers<br />
les collines, ainsi que le jeune homme en avait l’habitude. Le<br />
voyage serait long et poussif, mais s’ils devaient se battre, rien<br />
ne pourrait les entamer. Quand ces cinquante centaures bardés<br />
de fer et portant la longue lance se formaient en bataille et<br />
s’ébranlaient, la terre elle-même tremblait.<br />
Ainsi étaient les hommes, allant à la guerre de la même façon<br />
qu’ils vivaient au sein de leurs bourgs fortifiés : en rangs serrés,<br />
en monceaux. Leur vie était un grouillement perpétuel, depuis<br />
leurs ruelles bondées où l’on ne pouvait marcher qu’en se<br />
frayant un passage à coups de coude et jusque dans leurs lits où<br />
dormait ensemble toute la maisonnée. De la même manière,<br />
leur art militaire était conçu pour la masse, fait de charges<br />
compactes et de volées de flèches, non d’exploits personnels.<br />
Leurs archers ne visaient pas mais s’entraînaient à tirer vite,<br />
leurs gens d’armes se couvraient de fer, de cuir, de mailles, au<br />
point de ne pouvoir se remuer qu’à peine, et allaient au combat<br />
derrière un mur de boucliers, les cavaliers galopaient droit<br />
devant eux, comme un troupeau de buffles, étrier contre étrier<br />
et en pointant devant eux <strong>des</strong> lances d’une toise et demie 10…<br />
Parvenu en bas, Pellehun remercia d’un signe de tête le valet<br />
d’armes qui lui tendait les rênes de son cheval puis croisait les<br />
mains pour soutenir sa jambe afin qu’il se hisse en selle. Une<br />
9 Cheval solide et polyvalent, moins lourd que le sommier, mais<br />
moins rapide que le <strong>des</strong>trier.<br />
10 Environ trois mètres.<br />
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