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Chroniques des Elfe..

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pouvait-il qu’il n’ait pas distingué cette voie, alors qu’elle était<br />

encore fraîche ?<br />

Elle n’eut pas le loisir de s’interroger longuement sur cette<br />

question. À quelques centaines de pas, un mûrier d’une<br />

épaisseur étonnante barrait le layon formé par le fugitif. Sans<br />

doute ce dernier avait-il tout d’abord tenté de s’y frayer un<br />

passage, à en juger par les lambeaux de vêtement qu’ils y<br />

découvrirent. L’épuisement ou le désespoir l’avaient arrêté là un<br />

bon moment, comme en témoignaient les traces laissées dans la<br />

neige. Il s’y était assis, il avait cassé une branche morte pour<br />

balayer les fourrés alentour, puis il était reparti. La voie était<br />

récente. Peut-être même les avait-il entendus s’approcher et<br />

était-il tout proche. Sa piste longeait les ronces vers l’est et ce<br />

mur infranchissable de broussailles, d’épineux et d’orties qui<br />

bordait la forêt. Où qu’il aille, Maheolas ne passerait pas.<br />

Lliane dégagea l’arc qu’elle portait en sautoir, saisit une<br />

flèche dans son carquois et l’encocha. Un instant, elle croisa le<br />

regard de Llaw qui sembla sur le point de dire quelque chose,<br />

mais elle se détourna et passa en tête avant qu’il ait parlé. Il<br />

n’était plus nécessaire de courir. La piste de Maheolas était<br />

visible à une centaine de pas en avant, jusqu’à une crête<br />

rocheuse qui faisait saillie hors <strong>des</strong> buissons. Ils y grimpèrent en<br />

silence, scrutant chaque fourré, chaque anfractuosité, puis se<br />

courbèrent en arrivant au sommet et s’allongèrent à l’abri <strong>des</strong><br />

roches pour ramper jusqu’à un à-pic du haut duquel ils jetèrent<br />

un coup d’œil en contrebas.<br />

Avant même d’y distinguer quoi que ce soit, l’un et l’autre<br />

ressentirent le même malaise oppressant. Derrière ce mur de<br />

roches et de ronces s’étendait un vallon couleur d’ardoise,<br />

encaissé de falaises couvertes de lierre et percées de grottes à<br />

demi enfouies, pareilles à <strong>des</strong> bouches béantes d’où suintait une<br />

boue noire et luisante. L’odeur n’était plus celle de la forêt, mais<br />

un remugle de cendres et de terre qui prenait à la gorge. Ils<br />

s’étaient rejetés en arrière, à l’abri, saisis d’effroi, et il leur fallut<br />

un moment pour se raisonner, admettre qu’ils n’avaient rien vu<br />

d’autre qu’une cuvette sombre, embroussaillée, inhospitalière<br />

mais déserte. Lliane, la première, rampa de nouveau jusqu’au<br />

bord de la paroi. De nouveau, il lui fallut lutter contre le<br />

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