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Chroniques des Elfe..

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3.<br />

UN MATIN FROID<br />

Lliane s’éveilla à la lueur de la lune, l’esprit vide et le corps<br />

en paix. Elle était couchée dans l’herbe, enveloppée dans son<br />

manteau, la tête posée sur une souche couverte de mousse et<br />

elle se sentait bien, comme tous les siens quand la lune, Mère<br />

<strong>des</strong> elfes, était pleine. Elle souriait à cette face ronde qui<br />

semblait veiller sur son sommeil lorsqu’une odeur doucereuse,<br />

presque écœurante et en tout cas parfaitement incongrue parmi<br />

les senteurs de la nuit, s’immisça dans ses narines. Aussitôt, la<br />

mémoire lui revint, avec le souvenir <strong>des</strong> loups. Lliane se<br />

redressa brusquement, le cœur battant, la gorge nouée<br />

d’angoisse et la main crispée sur le pommeau de sa longue<br />

dague.<br />

Rien ne bougeait.<br />

Des formes sombres qu’un humain aurait prises pour <strong>des</strong><br />

pierres ou <strong>des</strong> troncs d’arbres parsemaient la clairière, mais par<br />

une nuit aussi claire, <strong>des</strong> yeux d’elfe ne pouvaient s’y tromper :<br />

ces formes étaient celles de cadavres et l’odeur celle du sang et<br />

<strong>des</strong> viscères.<br />

Elle retint son souffle, guetta le moindre signe de danger<br />

puis se leva lentement, sachant déjà ce que ses sens ne lui<br />

avaient pas encore confirmé. Il y avait <strong>des</strong> elfes parmi ces corps<br />

sans vie. Au centre de la trouée gisait le grand cerf, dont la<br />

ramure se dressait comme un buisson d’épines, et près de lui la<br />

dépouille d’un loup éventré. Elle était habituée à cela, à cette<br />

sauvagerie sanglante de la mort donnée sous la voûte <strong>des</strong><br />

arbres, aux restes répugnants de proies dévorées vives puis<br />

laissées aux charognards. Mais son âme saisie d’effroi refusait<br />

d’admettre ce que ses yeux distinguaient à présent. La gorge<br />

serrée, elle avançait vers le plus proche de ses compagnons,<br />

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