Revue Communale de Bertrix n° 121

Le Président Jean RENSON,
sous les applaudissements nourris de la salle,
reçoit une œuvre de Patricia JACQUES
Le FC connaît des hauts et des bas, tant sur le plan financier que sur
celui des activités (on vécut 3 saisons sans théâtre du soir), des
délocalisations pas toujours agréables parce que, en plus du déménagement,
si la disposition de l’endroit nous mettait chaque fois au
défi de créer du neuf, elle nous mettait aussi dans l’obligation de
supprimer, les surfaces allouées étant réduites et non conçues pour
nos initiatives.
Je garde en mémoire les caves de la maison Bosquet et ses repasspectacles,
l’escalier monumental de l’ancienne maison communale
si propice aux expositions, la maison Jacquemin, plus spacieuse
mais aussi tellement aventureuse, avec ses plafonds
expérimentant la loi de la pesanteur, un poêle explosant en pleine
réunion et… j’en passe.
Au niveau des salles de spectacles, l’ancienne salle communale des
fêtes, hideuse mais combien utile sera remplacée par la salle Patria,
en location, puis le Centre Bohémont, mieux conçu pour les spectacles.
Elles nous ont permis d’assumer la partie diffusion, si essentielle
à nos yeux.
1992 nous retrouve Centre culturel avec une nouvelle approche de
travail de terrain : celle des contrats-programmes pour 4 années :
projet, réalisation, évaluation. Un bien bel outil qui, s’il est bien réfléchi,
est vraiment efficace. Ils nous permettront de gravir 3 échelons,
grâce à une gestion drastique, des initiatives de plus en plus nombreuses
avec des partenaires motivés et l’enthousiasme d’une
petite équipe qui accumule succès et récompenses mais nous
contraindront à adopter une gestion d’entreprise. La programmation
n’est plus morcelée et occasionnelle comme jadis. Elle procède par
thèmes, traités par les équipes qui les prennent en charge.
Notre idéal s’est fixé de briser l’isolement de plus en plus prégnant
de nos jours, de favoriser les rencontres, de privilégier une culture
démocratique de qualité et d’attrait…
Mais les mentalités ont changé, les modes de vie et d’expression
aussi. Ainsi faut-il être constamment à la poursuite des modifications
de tendances, non à la façon d’une girouette folle mais comme
l’aimant de la boussole suit les variations du pôle magnétique, afin
de mieux les cerner. Il a toujours fallu tenir compte des caprices du
vent pour maintenir une bonne navigation.
Notre foyer actuel est double : il comporte un Centre Bohémont,
brutalement réaménagé d’une manière anarchique mais provisoirement
relooké par nos soins, et la Maison Maquet, dont nous
sommes colocataires avec la bibliothèque publique.
Si nous gardons la maîtrise du 1er étage et de nombreux incidents
domestiques (une vraie histoire d’eaux), nous n’avons jamais pu
disposer depuis 20 ans ni du 2ème étage, ni du grenier.
Un manque qui sera bientôt comblé par un espace unique, simple et
généreux.
Chacun, au divin pays des Baudets, a sa vision du Centre Culturel,
depuis l’ignorance, le refus jusqu’à la satisfaction ou l’enthousiasme.
Vous tous, présents ce soir pour fêter l’anniversaire de votre
Centre Culturel, avez bien une petite idée de l’impact que cette institution
a sur votre quotidien.
Pour ma part, et je l’avoue publiquement, si j’ai pu assister à tant de
pièces du répertoire classique ou moderne et en apprécier ou non
les vertus, si j’ai pu découvrir des concerts qui m’ont emballé le
cœur, si j’ai fait, ou refait connaissance avec mon pays au travers
des expositions, des villes remarquables ou des cités fières de leur
patrimoine, ce qui représente un sérieux capital de connaissance et
d’enrichissement, c’est grâce au Centre Culturel.
Mais plus intimement, l’apport le plus fort, c’est cet autre regard que
je peux porter sur les choses et les gens que ne me l’avait inculqué ma
formation professionnelle. Pour cela, je dis: merci Centre Culturel.
Et comme l’apôtre Jean, sur son île de Patmos, moi, Jean, du haut de
la Bawette, votre frère et associé dans les tourmentes, les béatitudes
et l’endurance, j’entrai avec extase l’un de ces jours derniers et j’entendis
une voix claironnant derrière moi : « Dis-leur ce que tu regardes
et ce que tu as vu et adresse-leur un message ce jeudi soir ».
J’eus une vision : une trappe était ouverte dans le ciel et la voix claironnante
que j’avais entendue converser avec moi, me disait :
« Monte ici que je te montre ce qui doit arriver plus tard ». Je fus
aussitôt ravi en extase en voyant l’activité des sociétés, la vie des
ateliers, les possibilités nouvelles, le défrichement et le travail d’enrichissement
pour toutes les strates de la population.
J’aperçus alors, à la droite de Celui qui trône, un livre écrit audedans
et au verso, cacheté de 7 sceaux. C’était le décret nouveau.
Mais personne ne peut encore en faire sauter les sceaux.
Vint alors un des sept anges : il me transporta en esprit sur une
haute montagne et me fit voir un espace en forme de temple dans
toute sa gloire, son amphithéâtre, ses salles, ses annexes, sa bibliothèque
de papyrus contenant les trésors des nations, un outil à
l’échelle de notre population, pour les générations à venir.
Cela fait, je vis paraître une foule immense, que nul ne pourrait
dénombrer, toute de blanc vêtue et une palme à la main. C’était une
longue théorie d’Egyptiens venant s’arracher les places pour les
spectacles à venir.
C’est à ce moment que ma vision se brouilla, je repris vivement mes
esprits et me rendis compte que le temps qui m’était dévolu était
révolu.
Dans la droite ligne de ce que j’écrivais au soir de la première Quinzaine
culturelle (je le redis avec foi), en raison ou en dépit des heurs
et des malheurs de ce demi-siècle qui nous a fait mettre ce soir sur
notre 31, je puis affirmer que, pour le Centre Culturel de Bertrix, les
lendemains chanteront encore longtemps… longtemps… longtemps.
Jean RENSON
Président
Novembre - Décembre 2012 • n° 121 — page n° 16