Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
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DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
3, PLACE DU CHÂTEAU<br />
MUSÉE DE<br />
L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
<strong>Musée</strong> <strong>de</strong><br />
l’Œuvre<br />
<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />
Service éducatif <strong>de</strong>s musées, 2009<br />
Palais Rohan — 2, place du château — 67076 <strong>Strasbourg</strong> ce<strong>de</strong>x — www.musees.strasbourg.eu<br />
Réservations le matin 03 88 88 50 50 — Renseignements l’après-midi 03 88 52 50 04 — FAX 03 88 52 50 41
Sommaire<br />
LE MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Histoire du musée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 4<br />
Bâtiments <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 5<br />
Présentation <strong>de</strong>s collections : 7 siècles d’art en Alsace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 6<br />
UN MUSÉE D’ART RELIGIEUX<br />
L’art comme support <strong>de</strong> dévotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 7<br />
L’art du retable<br />
Un retable au musée : le retable à la Vierge <strong>de</strong> Ivo Strigel<br />
La dévotion privée au musée<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 14<br />
L’âge <strong>de</strong>s ateliers aux XIV e -XV e siècles<br />
La représentation du divin<br />
LIRE LE MOYEN ÂGE AU MUSÉE<br />
La société médiévale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 21<br />
Prier<br />
Combattre<br />
Travailler<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 25<br />
Pistes pédagogiques<br />
Le jardin au Moyen Âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 26<br />
Le jardin utile<br />
Le jardin d’agrément<br />
Le jardin à travers <strong>de</strong>s œuvres du musée<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 34<br />
Pistes pédagogiques<br />
Fiche <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> la visite accueillie : Du jardin au paradis
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
LA CATHÉDRALE AU MUSÉE<br />
La salle <strong>de</strong>s administrateurs <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 40<br />
La salle <strong>de</strong> la Loge, 1582 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 41<br />
Des éléments originaux <strong>de</strong> la cathédrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 41<br />
Le décor sculpté <strong>de</strong>s portails <strong>de</strong> la cathédrale<br />
Les trois portails du massif occi<strong>de</strong>ntal (1280-1300)<br />
Le portail central<br />
Le portail Saint-Laurent (transept nord)<br />
Le portail du transept sud<br />
Le jubé, un élément démonté au XVII e et reconstitué au musée<br />
Le vitrail<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 53<br />
La technique du vitrail<br />
les phases <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la cathédrale<br />
Pistes pédagogiques<br />
Description <strong>de</strong> la visite accueillie : La cathédrale s’invite au musée<br />
VERS LES TEMPS MODERNES<br />
ANNEXES<br />
Le portrait au musée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 61<br />
L’icône et le principe <strong>de</strong> réalité<br />
Naissance du portrait mo<strong>de</strong>rne<br />
L’image <strong>de</strong> l’artiste<br />
Le portrait en représentation<br />
Le portrait comme système<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 69<br />
La nature morte au travers <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 71<br />
De la nature morte... à la vanité<br />
Lecture d’une vanité<br />
Aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 77<br />
Pistes pédagogiques<br />
Description <strong>de</strong> la visite accueillie : Vies silencieuses<br />
Visiter le musée/ Informations pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 83<br />
Plan d’orientation du musée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 85<br />
3
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
LE MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Situé au pied <strong>de</strong> la cathédrale, le <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> propose une<br />
découverte <strong>de</strong> sept siècles d’art à <strong>Strasbourg</strong> et dans la région du Rhin<br />
Supérieur. Ses riches collections médiévales et Renaissance témoignent du<br />
passé prestigieux <strong>de</strong> la ville, qui fut du XIII e au XVI e siècle l’un <strong>de</strong>s plus<br />
importants centre artistique <strong>de</strong> l’Empire germanique.<br />
Les chefs d’œuvre <strong>de</strong> la statuaire provenant <strong>de</strong> la cathédrale — l’Église, la<br />
Synagogue ou le fameux Tentateur — y côtoient les plus beaux témoignages <strong>de</strong><br />
l’art haut rhénan <strong>de</strong>s XV e et XVI e siècles (sculptures <strong>de</strong> Nicolas Gerhaert <strong>de</strong><br />
Ley<strong>de</strong>, peintures <strong>de</strong> Conrad Witz et Hans Baldung Grien, vitraux <strong>de</strong> Peter<br />
Hemmel d’Andlau).<br />
Ce parcours, synthèse <strong>de</strong> tous les arts, s’accomplit dans le cadre architectural<br />
particulier du musée : <strong>de</strong>rrière les pignons <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<br />
<strong>Dame</strong>, affectée <strong>de</strong>puis le XIII e siècle à l’administration du chantier <strong>de</strong> la<br />
cathédrale, les décors intérieurs et le jardinet gothique participent intimement<br />
du passé strasbourgeois.<br />
Histoire du musée<br />
La création du musée et son installation dans la maison <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<br />
<strong>Dame</strong> sont dues à Hans Haug, conservateur puis directeur <strong>de</strong>s <strong>Musée</strong>s <strong>de</strong><br />
<strong>Strasbourg</strong> <strong>de</strong> 1919 à 1963. Artisan <strong>de</strong> la réorganisation d’une gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong>s collections <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> la ville, mettant en valeur ces siècles du Moyen<br />
Âge et <strong>de</strong> la Renaissance, « essentiels à la formation <strong>de</strong> l’Alsace mo<strong>de</strong>rne,<br />
siècles où <strong>Strasbourg</strong> construisit sa cathédrale et la plupart <strong>de</strong> ses églises, où<br />
elle conquit ses libertés municipales, où elle connut la succession <strong>de</strong>s formes<br />
d’esprit qu’ont reflété l’art roman et l’art gothique, où la ville <strong>de</strong>vint le berceau<br />
<strong>de</strong> l’imprimerie, et bientôt le grand centre rhénan <strong>de</strong> l’Humanisme et <strong>de</strong> la<br />
Réforme ».<br />
4
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le musée prit le nom <strong>de</strong>s bâtiments qu’il occupait et fut ouvert au public dès<br />
1931. Il présentait alors au rez-<strong>de</strong>-chaussée les ensembles lapidaires déposés<br />
<strong>de</strong> la cathédrale et une section <strong>de</strong> ferronnerie, et dans les étages les sections<br />
<strong>de</strong> mobilier, tapisseries et vitraux, ainsi que la statuaire en bois et une salle<br />
consacrée à l’iconographie <strong>de</strong> la cathédrale. Il connut ensuite plusieurs phases<br />
d’agrandissement et l’adjonction successive d’ensembles <strong>de</strong> peintures,<br />
d’orfèvrerie, d’archéologie, <strong>de</strong> mobilier et <strong>de</strong> sculptures romanes. Ces<br />
collections provenaient <strong>de</strong>s musées, mais aussi <strong>de</strong>s fonds collectés par la<br />
Société pour la Conservation <strong>de</strong>s Monuments Historiques d’Alsace, constitués<br />
en particulier à la suite <strong>de</strong>s nombreuses <strong>de</strong>structions affectant <strong>de</strong>s édifices<br />
romans ou gothiques opérés à la fin du XIX e siècle.<br />
Plusieurs maisons et décors intérieurs strasbourgeois, soustraits à la<br />
démolition, ainsi qu’un grand nombre d’éléments architecturaux anciens,<br />
furent aussi progressivement réimplantés sur le site. Ce n’est qu’en 1956 que<br />
Hans Haug acheva le parcours complet, promena<strong>de</strong> à travers sept siècles d’art<br />
conçue comme une suite <strong>de</strong> dialogues entre les œuvres et leur cadre<br />
architectural.<br />
Bâtiments <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />
Le musée est installé dans un ensemble architectural dont le noyau est la<br />
Maison <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>, siège <strong>de</strong>puis le XIII e siècle <strong>de</strong> l’institution<br />
chargée <strong>de</strong> la collecte et <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s fonds nécessaires à la construction<br />
et à l’entretien <strong>de</strong> la cathédrale. Cette maison prit le nom <strong>de</strong> Frauenhaus<br />
(maison <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>), et accueillit durant plusieurs siècles la recette et<br />
l’administration <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>, le logement du receveur et celui <strong>de</strong><br />
l’architecte, enfin la loge <strong>de</strong>s maçons et tailleurs <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la cathédrale qui<br />
formaient une corporation distincte <strong>de</strong> la tribu <strong>de</strong>s maçons et tailleurs <strong>de</strong> pierre<br />
<strong>de</strong> la ville.<br />
Les <strong>de</strong>ux corps du bâtiment <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> flanquent le côté sud <strong>de</strong> la<br />
place <strong>de</strong> la cathédrale. Celui <strong>de</strong> gauche, au pignon en simples gradins, date <strong>de</strong><br />
1347 et fut remanié en particulier au XVI e siècle. Celui <strong>de</strong> droite, au pignon à<br />
riche décor <strong>de</strong> volutes et <strong>de</strong> vases, a été construit en 1579 sur les plans <strong>de</strong><br />
l’architecte Hans Thoman Uhlberger en un style Renaissance mêlé <strong>de</strong><br />
réminiscences <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> l’époque gothique. Les <strong>de</strong>ux corps, réunis par <strong>de</strong>s<br />
galeries, sont <strong>de</strong>sservis par un superbe escalier en vis dû au même architecte.<br />
Tout le rez-<strong>de</strong>-chaussée du bâtiment Renaissance est occupé par l’ancienne<br />
salle <strong>de</strong> réunion <strong>de</strong>s maçons et tailleurs <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la cathédrale, dont les<br />
murs portent les restes <strong>de</strong> peintures murales attribuées à Wen<strong>de</strong>l Dietterlin et<br />
partiellement surpeintes à la fin du XIX e siècle. Deux colonnes portent cinq<br />
5
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
compartiments <strong>de</strong> plafond et une voûte, rendue nécessaire par la présence au<br />
premier étage du caveau <strong>de</strong>s archives. Uhlberger a fait figurer sa marque <strong>de</strong><br />
tâcheron et celle <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> sur les <strong>de</strong>ux clefs <strong>de</strong> voûte.<br />
Présentation <strong>de</strong>s collections :<br />
7 siècles d’art en Alsace<br />
De la célèbre tête romane « <strong>de</strong> Wissembourg », l’un <strong>de</strong>s plus anciens vitraux<br />
connus, aux corbeilles <strong>de</strong> verres peintes par le maître <strong>de</strong> la nature morte<br />
Sébastien Stoskopff au milieu du XVII e siècle, les collections <strong>de</strong> peinture,<br />
sculpture, vitraux, orfèvrerie ou mobilier du musée <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />
manifestent la vitalité <strong>de</strong> l’art strasbourgeois au cours du Moyen Âge et <strong>de</strong> la<br />
Renaissance.<br />
La statuaire du XIII e siècle provenant <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> constitue<br />
l'un <strong>de</strong>s ensembles les plus prestigieux du musée. Les sculptures furent pour<br />
la plupart déposées au moment <strong>de</strong> la Révolution. Elles furent parfois<br />
réimplantées sur l'édifice, puis à nouveau déposées au tout début du XX e siècle<br />
pour les garantir contre les intempéries et la pollution. Sur le monument ont<br />
pris place <strong>de</strong>s copies.<br />
Les sculptures, provenant pour la plupart <strong>de</strong>s portails et du jubé, se rattachent<br />
aux ateliers successifs auxquels l'on doit la construction du transept et du<br />
portail sud, puis du jubé, enfin <strong>de</strong> la nef et <strong>de</strong>s portails occi<strong>de</strong>ntaux <strong>de</strong> la<br />
cathédrale.<br />
Le second étage du musée, suite <strong>de</strong> petites salles <strong>de</strong> caractère intime aux<br />
boiseries gothiques rapportées, est entièrement consacré aux arts du<br />
XV e siècle. Les collections témoignent <strong>de</strong> l'extraordinaire essor artistique qui se<br />
manifeste à <strong>Strasbourg</strong> et dans toute la plaine du Rhin Supérieur à la fin du<br />
Moyen Âge. La peinture <strong>de</strong> retables, la sculpture sur bois et sur pierre, la<br />
gravure, le vitrail, la tapisserie et l'orfèvrerie connaissent un développement<br />
considérable à <strong>Strasbourg</strong> comme à Colmar, Bâle ou Fribourg, et s'enrichissent<br />
tout au long du siècle d'influences multiples, en particulier bourguignonnes et<br />
flaman<strong>de</strong>s. Dans tous les domaines, quelques très grands artistes influencent<br />
l'évolution <strong>de</strong>s arts bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> la province. Le sculpteur Nicolas<br />
<strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, le peintre et graveur colmarien Martin Schongauer, le graveur E. S.<br />
<strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>, le peintre bâlois Conrad Witz, le maître verrier Peter Hemmel<br />
d'Andlau marquent cette pério<strong>de</strong> extraordinairement fécon<strong>de</strong>.<br />
6
Le retable est un<br />
système d’images<br />
dont le support est<br />
une structure <strong>de</strong><br />
bois ou <strong>de</strong> pierre<br />
qui surmonte l’autel<br />
d’une église.<br />
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
UN MUSÉE D’ART RELIGIEUX<br />
L’art comme support <strong>de</strong> dévotion<br />
Pour le christianisme occi<strong>de</strong>ntal, l’image doit contribuer à l’édification du<br />
peuple. C’est dans ce contexte que naît et se développe le retable, décor<br />
d’église, élément <strong>de</strong> liturgie et œuvre d’art.<br />
Si les commanditaires les plus actifs appartiennent au clergé et, plus<br />
particulièrement aux ordres monastiques, à partir du XV e siècle, il y a inflation<br />
<strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s laïques, émanant non seulement <strong>de</strong>s corporations, <strong>de</strong>s<br />
confréries, voire <strong>de</strong>s municipalités, mais également <strong>de</strong> citadins aisés.<br />
En effet si l’image se développe dans la sphère publique, elle n’est pas absente<br />
<strong>de</strong> la sphère privée. On la rencontre alors sous d’autres formes : petites<br />
peintures, gravures, retables portatifs, livres d’heures, ouvrages <strong>de</strong> piété,<br />
souvent rédigés en langue vulgaire, qui offrent un support à la méditation<br />
contemplative individuelle.<br />
Dans la piété <strong>de</strong> l’époque, l’achat d’une image <strong>de</strong> dévotion <strong>de</strong>venait un acte<br />
symbolique. Le propriétaire acquérait une « icône domestique », qui était non<br />
seulement un support <strong>de</strong> dévotion mais aussi un certificat <strong>de</strong> piété : les images<br />
<strong>de</strong>venaient ainsi les garantes visibles d’une attitu<strong>de</strong> intérieure.<br />
À la fin du Moyen Âge la dévotion par l’image <strong>de</strong>vient une pratique générale.<br />
L’art du retable<br />
La réalisation d’un retable d’autel est le fruit d’un travail collectif qui<br />
réunit menuisiers, sculpteurs et peintres, souvent sous la direction<br />
d’un seul maître responsable <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
L’usage du contrat écrit, qui lie l’exécutant et son client, se<br />
généralise à la fin du Moyen Âge. Ce document livre d’importantes<br />
indications sur les montants <strong>de</strong>s paiements, les délais d’exécution,<br />
les matériaux utilisés ou le programme iconographique, parfois<br />
même exprime en détails certaines exigences spéciales du<br />
commanditaire.<br />
7
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
L’abondance remarquable <strong>de</strong> la production sculptée est servie par l’essor<br />
économique <strong>de</strong>s villes et l’organisation du marché. Si les sculpteurs se<br />
déplacent fréquemment au gré <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s, les œuvres d’art aussi<br />
voyagent aisément suivant les mêmes chemins que les marchandises, les<br />
retables souabes empruntant ainsi les routes commerciales qui mènent, par<br />
exemple, vers les Alpes.<br />
Riches cathédrales ou mo<strong>de</strong>stes églises paroissiales, monastères, chapelles et<br />
oratoires particuliers s’ornent alors <strong>de</strong> multiples retables en bois sculpté<br />
dressés sur le maître-autel, sur les autels secondaires ou contre les piliers <strong>de</strong>s<br />
nefs.<br />
Au XV e siècle, le retable sculpté prend une ampleur sans précé<strong>de</strong>nt dans sa<br />
forme spécifiquement germanique.<br />
Dans le chœur <strong>de</strong>s églises et <strong>de</strong>s chapelles, il s’étire en hauteur jusqu’à la<br />
voûte et, détaché du mur, s’inscrit harmonieusement dans l’espace intérieur du<br />
monument où la lumière, largement diffusée par les fenêtres gothiques,<br />
enveloppe les sculptures et accentue la légèreté <strong>de</strong> la structure. Surélevée par<br />
la pré<strong>de</strong>lle au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la table d’autel, la caisse abrite <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s figures<br />
sculptées sous <strong>de</strong>s dais flamboyants. Elle est munie <strong>de</strong> volets mobiles, peints<br />
à l’extérieur et souvent ornés <strong>de</strong> bas-reliefs à l’intérieur, et surmontée d’un<br />
couronnement élancé et ajouré, composé <strong>de</strong> statuettes et d’éléments<br />
architecturaux.<br />
À l’ouverture et à la fermeture <strong>de</strong>s volets imposées par le calendrier liturgique<br />
répond une progression formelle et iconographique délibérée qui fait passer<br />
<strong>de</strong>s simples peintures <strong>de</strong>s volets aux sculptures <strong>de</strong> la caisse, les images les<br />
plus sacrées et les plus élaborées. Il est fermé les jours ordinaires ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>uils.<br />
La caisse et la pré<strong>de</strong>lle <strong>de</strong>s retables, généralement en bois résineux, étaient<br />
confectionnées par les menuisiers souvent chargés aussi <strong>de</strong> sculpter les<br />
éléments décoratifs. Les statuettes du couronnement, les figures <strong>de</strong> la caisse<br />
et <strong>de</strong> la pré<strong>de</strong>lle, les reliefs <strong>de</strong>s volets étaient l’œuvre <strong>de</strong>s sculpteurs. L’emploi<br />
du tilleul, bois léger et tendre qui se prête bien à toutes les virtuosités <strong>de</strong> l’outil,<br />
est une spécificité <strong>de</strong> la sculpture gothique tardive <strong>de</strong> l’Allemagne méridionale,<br />
mais d’autres essences sont utilisées parallèlement, ainsi le chêne et le noyer<br />
dans les pays rhénans et le pin dans les régions alpines.<br />
Les sculptures étaient travaillées couchées, fixées sur la tête et sous la base<br />
par un étau, et taillées dans une pièce <strong>de</strong> bois principale à laquelle pouvaient<br />
être assemblés par <strong>de</strong>s chevilles <strong>de</strong>s éléments secondaires en saillie, comme<br />
les mains ou certains accessoires. Les figures étaient généralement évidées à<br />
l’arrière afin <strong>de</strong> permettre au bois <strong>de</strong> jouer sans se fendre.<br />
8
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
La surface du bois est en principe dissimulée par une riche polychromie,<br />
complémentaire du travail du sculpteur. Posées sur une ou plusieurs couches<br />
<strong>de</strong> préparation, les couleurs et les feuilles d’or ou d’argent sont rehaussées <strong>de</strong><br />
décors variés et complexes. Des « brocarts appliqués » imitent les précieux<br />
tissus <strong>de</strong> soie, les motifs a sgraffito sur les bordures <strong>de</strong>s vêtements et les glacis<br />
transparents appliqués sur l’or ou l’argent donnent un reflet coloré au métal.<br />
L’aspect <strong>de</strong>s carnations où sont peints délicatement les veines, les sourcils et<br />
<strong>de</strong> petites mèches en prolongation <strong>de</strong>s chevelures sculptées, cherche à imiter<br />
la coloration naturelle <strong>de</strong>s chairs et accentue l’expression <strong>de</strong>s visages.<br />
La polychromie dans son ensemble souligne la présence physique <strong>de</strong>s figures<br />
sculptées mais accuse surtout par sa richesse chatoyante et irréelle le<br />
caractère éminemment précieux d’images sacrées à l’échelle du divin, hors du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s humains.<br />
Un retable au musée : le retable à la Vierge <strong>de</strong> Ivo Strigel<br />
Retable à la Vierge<br />
Atelier <strong>de</strong> Ivo Strigel<br />
Memmingen (Souabe)<br />
vers 1505-1510<br />
tilleul polychrome et panneaux <strong>de</strong> sapin<br />
123 x 96 x 22 cm<br />
(partie centrale)<br />
provient <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> Morissen dans les Grisons<br />
salle 29<br />
L’atelier <strong>de</strong> la famille Strigel est l’un <strong>de</strong>s grands<br />
ateliers <strong>de</strong> Souabe (sud-ouest <strong>de</strong> l’Empire<br />
germanique). Créé à Memmingen par Hans Strigel<br />
au milieu du XV e siècle, puis dirigé par son fils Ivo<br />
entre 1462 et 1516, cet atelier a exercé très<br />
rapi<strong>de</strong>ment un quasi monopole dans la<br />
production <strong>de</strong> retables peints et sculptés pour les<br />
vallées voisines.<br />
9
Le retable <strong>de</strong> la Vierge <strong>de</strong> Ivo Striegel<br />
Saint<br />
Placi<strong>de</strong><br />
Volets mobiles<br />
Le Christ<br />
entouré <strong>de</strong>s<br />
apôtres<br />
Saint<br />
Maurice<br />
Fermé les jours ordinaires <strong>de</strong> la semaine, durant l’Avent et le Carême. La partie<br />
extérieure constitue une sorte d’introduction à la perfection spirituelle et<br />
artistique <strong>de</strong> l’intérieur.
Le retable <strong>de</strong> la Vierge <strong>de</strong> Ivo Striegel<br />
Saint<br />
Flori n<br />
Caisse<br />
centrale<br />
Saint Florian<br />
Dais sculpté<br />
formé d’un<br />
arc trilobé<br />
Pré<strong>de</strong>lle<br />
Partie inférieure<br />
d’un tableau<br />
d’autel<br />
La Vierge<br />
à l’Enfant<br />
Le Christ<br />
entouré <strong>de</strong>s<br />
apôtres<br />
Saint<br />
Sébastien<br />
Ouvert les jours <strong>de</strong> fêtes liturgiques. Il révèle alors à la lueur <strong>de</strong>s cierges la<br />
splen<strong>de</strong>ur et les mystères religieux <strong>de</strong> l’intérieur.<br />
Saint<br />
Lucius<br />
Phylactère<br />
Ban<strong>de</strong>role portant le texte<br />
<strong>de</strong> la parole sacrée ou le<br />
nom d’un personnage
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
La dévotion privée au musée<br />
Si on trouve <strong>de</strong>s petits retables dans un certain nombre <strong>de</strong> chapelles privées,<br />
la dévotion privée se traduit aussi par la multiplication d’images <strong>de</strong> toutes<br />
natures.<br />
Vierge en prière dans un oratoire<br />
Suiveur <strong>de</strong> Conrad Witz<br />
1440/50<br />
huile sur bois<br />
39,6 x 28,4 cm<br />
salle 21<br />
La Vierge sous les traits d’une jeune fille est représentée<br />
agenouillée <strong>de</strong>vant un autel dans une petite chapelle, elle<br />
est entourée d’anges. Elle est vêtue d’une robe verte et<br />
porte un collier <strong>de</strong> perles dans les cheveux. Sur l’autel est<br />
posée une châsse ouverte représentant trois statues<br />
(David et <strong>de</strong>ux prophètes). Devant la châsse se placent<br />
<strong>de</strong>ux candélabres argentés et un livre ouvert. L’oratoire est<br />
voûté ; les arêtes sont <strong>de</strong> pierre rouge et le reste <strong>de</strong><br />
l’architecture est crépi <strong>de</strong> blanc. Un grand ri<strong>de</strong>au rouge se<br />
déploie <strong>de</strong>rrière la V ierge. Il est entrebâillé sur la droite et<br />
laisse un passage à quatre anges. Au-<strong>de</strong>ssus du ri<strong>de</strong>au<br />
apparaissent à mi-corps trois anges qui chantent. On note<br />
la présence d’une couronne <strong>de</strong> roses au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />
châsse, le sol <strong>de</strong> la chapelle est recouvert <strong>de</strong> roses rouges<br />
et blanches.<br />
12
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Les Amants trépassés<br />
Souabe<br />
vers 1470<br />
huile sur panneau <strong>de</strong> sapin<br />
62,2 x 40 cm<br />
salle 23<br />
Le panneau figurant le couple <strong>de</strong>s Amants trépassés<br />
appartenait auparavant à un double portrait macabre dont<br />
il constituait le revers. Sur l’avers, un Couple d'amoureux,<br />
est aujourd’hui conservé au <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> Cleveland (États-<br />
Unis). La mise en regard <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux peintures fonctionne<br />
comme une méditation sur la vanité <strong>de</strong>s choses terrestres<br />
et la fragilité <strong>de</strong> l’existence, « ce que nous sommes vous le<br />
<strong>de</strong>viendrez ». Ce type <strong>de</strong> tableau, dont la formule est<br />
apparue au milieu du XV e siècle, se rattache à <strong>de</strong>s<br />
pratiques <strong>de</strong> dévotion privée.<br />
Les corps nus d’un homme et d’une femme sont drapés<br />
dans <strong>de</strong>s suaires. Une libellule ou « <strong>de</strong>moiselle <strong>de</strong> la mort »<br />
(selon le terme médiéval) est posée sur le bras <strong>de</strong><br />
l’homme. Le réalisme brutal <strong>de</strong> la scène et la paradoxale<br />
robustesse <strong>de</strong>s corps décharnés et rongés par la vermine<br />
est une allusion dramatique à la fugacité <strong>de</strong> la jeunesse,<br />
<strong>de</strong> la beauté et <strong>de</strong> l'amour. Cette œuvre s'inscrit dans la<br />
tradition germanique <strong>de</strong> la représentation <strong>de</strong> la mort et<br />
semble s'inspirer d'une pointe-sèche <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s grands<br />
maîtres anonymes <strong>de</strong> la gravure alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>uxième moitié du XV e siècle, le Maître du Livre <strong>de</strong><br />
Raison, représentant Le Jeune Homme et la mort. Un<br />
temps attribué à tort au jeune Mathias Grünewald, ce<br />
panneau a été <strong>de</strong>puis donné avec vraisemblance à un<br />
maître d'Ulm en Souabe dans le sud <strong>de</strong> l'Empire<br />
germanique.<br />
13
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
L’âge <strong>de</strong>s ateliers aux XIV e -XV e siècles<br />
Un cadre corporatif<br />
Le métier <strong>de</strong> peintre et <strong>de</strong> sculpteur s’exerce dans le cadre d’une corporation.<br />
Comme tous les travailleurs manuels qui produisent et ven<strong>de</strong>nt eux-mêmes<br />
leur ouvrage, ils sont réunis en « corps », fixent les règles <strong>de</strong> la formation,<br />
arbitrent les litiges et secourent les défavorisés.<br />
Le maître doit acquérir le droit <strong>de</strong> bourgeoisie dans la ville où il installe son<br />
atelier et doit s’inscrire à la corporation dont dépend son métier.<br />
Le nombre <strong>de</strong> ses compagnons et <strong>de</strong> ses apprentis, la durée du temps<br />
d’apprentissage ou du voyage <strong>de</strong>s compagnons peuvent être fixés avec<br />
précision par les règles corporatives.<br />
L’aisance matérielle et la situation sociale <strong>de</strong>s maîtres est très variable à la fin<br />
du Moyen Âge. Certains peuvent bénéficier d’une position élevée dans la cité,<br />
être bourgmestre ou membre du conseil. Leur art attire parfois les louanges<br />
<strong>de</strong>s princes, mais ils ne sont pas véritablement attachés à un souverain<br />
comme dans les cours européennes autour <strong>de</strong> 1400 et à la Renaissance.<br />
Le travail collectif est favorisé sous la direction du maître qui répartit les tâches<br />
entres ses compagnons et en surveille l’exécution.<br />
Un métier hérité<br />
Le choix <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un artiste est rarement une vocation. Le métier futur exercé<br />
par l’enfant est dicté par les parents, qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’entrée dans un<br />
apprentissage. Le plus souvent le fils continue le métier <strong>de</strong>s aïeux. La structure<br />
<strong>de</strong>s ateliers est familiale et héréditaire. Les femmes n’ont pas leur place dans<br />
ces successions.<br />
L’apprentissage<br />
L’idée d’un « don » pour exercer une telle profession est étrangère à la mentalité<br />
<strong>de</strong> l’époque. À défaut d’un talent, d’autres qualités sont requises chez les<br />
apprentis. L’apprentissage commence vers l’âge <strong>de</strong> dix ans, il est long et<br />
complexe. L’enfant vit chez le maître, il a un statut qui le place entre les<br />
domestiques et les enfants <strong>de</strong> la famille. Il partage une chambre avec ses<br />
condisciples, mange à la table du maître mais reçoit une nourriture plus<br />
mo<strong>de</strong>ste. Durant les premières années il ne reçoit aucune rétribution, et il<br />
arrive que sa famille paie pour son entretien. À mesure qu’il <strong>de</strong>vient capable,<br />
et donc utile, il commence à être payé.<br />
Le maître a une autorité totale sur les garçons qui lui sont confiés. Il arrive <strong>de</strong><br />
les adopter. Pendant ces années, la vie <strong>de</strong> l’apprenti est quasi monacale.<br />
L’enfant est initié aux tâches matérielles. Au sein <strong>de</strong> l’entreprise sont<br />
14
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
fabriquést matériel et ingrédients – les pinceaux et les couleurs – et les<br />
supports sont apprêtés.<br />
Autour <strong>de</strong> 1400, dans un traité, il Libro <strong>de</strong>ll’arte (le livre <strong>de</strong> l’art), Cennino<br />
Cennini énumère les tâches imposées aux jeunes peintres :<br />
« (…) Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> tous ces travaux manuels, c’est le <strong>de</strong>ssin et la<br />
peinture. Ces <strong>de</strong>ux parties exigent <strong>de</strong> savoir écraser et broyer, appliquer la<br />
colle, recouvrir d’une toile, enduire <strong>de</strong> plâtre, le racler et le polir, faire <strong>de</strong>s<br />
ornements en relief, avec du plâtre, passer du bol, dorer, brunir, faire <strong>de</strong> la<br />
tempera, <strong>de</strong>s fonds, épousseter, gratter, greneler ou grener finement, marquer<br />
les contours, peindre, orner, vernir sur panneau ou sur un retable. Pour<br />
travailler sur un mur, il faut mouiller, enduire, lisser, polir, <strong>de</strong>ssiner, peindre à<br />
fresque, achever à sec, détremper, faire <strong>de</strong>s ornements et finir (le travail) sur<br />
mur. »<br />
Cennini enseigne ensuite comment préparer un parchemin, un papier chiffon<br />
ou un papier à décalquer ; la manière <strong>de</strong> travailler sur le verre ; <strong>de</strong> mettre en<br />
place les tesselles, ou morceaux <strong>de</strong> mosaïque, qui peuvent être en verre coloré,<br />
en pierre, ou consister en <strong>de</strong> petits bouts <strong>de</strong> tuyaux <strong>de</strong> plume, en grains <strong>de</strong><br />
millet ou fragments <strong>de</strong> coquille d’œufs. Il explique la technique qui permet <strong>de</strong><br />
préparer les queues <strong>de</strong>s écureuils qu’on nomme « petits gris » ou les soies <strong>de</strong><br />
porc pour les réunir en pinceaux. Il dit comment réaliser une colle, « avec<br />
plusieurs sortes <strong>de</strong> poissons » ou « avec <strong>de</strong>s bouts <strong>de</strong> museaux <strong>de</strong> chevrette,<br />
<strong>de</strong>s pieds, <strong>de</strong>s nerfs et beaucoup <strong>de</strong> fragments <strong>de</strong> peau ».<br />
Surtout il expose les recettes pour préparer les différents pigments, à partir <strong>de</strong><br />
terres, <strong>de</strong> pierres ou <strong>de</strong> plantes, broyées puis détrempées pour en faire une<br />
pâte. Il leur apprend à utiliser chaque pigment, en fonction <strong>de</strong> sa composition,<br />
selon l’effet recherché et la technique utilisée – peinture à l’eau et à l’œuf sur<br />
du parchemin, peinture à la colle sur un support <strong>de</strong> bois, ou encore à l’eau<br />
seule sur la préparation humi<strong>de</strong>…<br />
Premières responsabilités<br />
L’atelier est un centre <strong>de</strong> production, les apprentis n’y reçoivent donc pas un<br />
enseignement théorique. C’est en exécutant les tâches subalternes pour les<br />
œuvres commandées au maître que le garçon se fait la main.<br />
Il commence par poser la couleur dans les vastes aplats qui forment le fond <strong>de</strong>s<br />
fresques. Il dore les panneaux, réalise les auréoles.<br />
Il apprend ensuite à moduler la teinte (clair-obscur) et reçoit la tâche <strong>de</strong> peindre<br />
les vêtements qui enveloppent les personnages.<br />
Il met en couleur les architectures, les rochers qui constituent le décor sur<br />
lequel se détachent les figures préalablement tracées par le maître.<br />
Après quelques années il commence à intervenir sur le <strong>de</strong>ssin même.<br />
15
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Il reporte sur le support définitif la composition esquissée sur un patron en<br />
l’agrandissant par une mise au carreau.<br />
Il se charge <strong>de</strong>s bordures, ou <strong>de</strong>s petites peintures incrustées dans<br />
l’architecture <strong>de</strong>s retables.<br />
À la fin on lui confie l’exécution <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> second ordre. Il a alors<br />
licence d’inventer <strong>de</strong>s compositions. Il <strong>de</strong>vient compagnon. Il est rétribué<br />
comme un ouvrier confirmé.<br />
Les étapes du cursus sont les mêmes lorsqu’il s’agit d’un sculpteur.<br />
La représentation du divin<br />
Comment les religions présentent et se représentent-elles le divin, la<br />
transcendance, les êtres supérieurs ?<br />
Toute religion est porteuse d’une vision du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’au-<strong>de</strong>là et statue<br />
d’emblée sur la possibilité <strong>de</strong> cet au-<strong>de</strong>là. Elle tient une position déterminée<br />
quant à la figuration du divin. Cette position peut varier selon les temps et les<br />
lieux.<br />
Dans certaines d’entre elles la figuration du divin fut la règle. Il n’est que <strong>de</strong><br />
songer, entres autres, à celles <strong>de</strong> l’Égypte et <strong>de</strong> la Grèce ancienne, ou <strong>de</strong><br />
l’Amérique précolombienne, qui ont multiplié les images ornementales ou<br />
cultuelles <strong>de</strong> leurs dieux.<br />
À l’inverse les monothéismes abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam)<br />
se singularisent par une pratique restrictive voire totalement abstinente en la<br />
matière — pas d’image <strong>de</strong> Dieu au départ. Ces trois religions ne sont pas<br />
hostiles à la figuration comme telle mais seulement à celle <strong>de</strong> Dieu. Leur<br />
interdiction <strong>de</strong> le figurer découle <strong>de</strong> l’interdiction <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> culte formulée<br />
dans le Décalogue, cœur <strong>de</strong> la Torah : EX. 20,4 « Tu n’auras pas d’autres dieux<br />
<strong>de</strong>vant moi. Tu ne feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est<br />
dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
la terre. »<br />
Le Dieu commun aux trois monothéismes abrahamiques n’a eu ni le même<br />
statut ni la même situation iconique dans chacun d’eux.<br />
Dans le judaïsme : L’interdiction <strong>de</strong> toute image cultuelle <strong>de</strong> Dieu promulguée<br />
dans le Décalogue n’est pas pour autant opposée à la figuration comme telle,<br />
mais <strong>de</strong> l’origine à nos jours l’interdiction <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> Dieu la moindre peinture<br />
anthropomorphe a été une constante. Il est admis <strong>de</strong>puis les premiers siècles<br />
<strong>de</strong> notre ère, que Dieu peut être évoqué par <strong>de</strong>s signes indirects : ainsi la main,<br />
le tétragramme, l’Ange, la Gloire ou le reflet <strong>de</strong> sa Gloire sur ses fidèles, mais<br />
jamais donc une image ayant valeur <strong>de</strong> portrait. Son nom n’est jamais<br />
prononcé ni écrit, on pratique son évocation par contournement : « l’Éternel ou<br />
Adonaï, béni soit-il ».<br />
16
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Dans l’islam : Le statut iconique <strong>de</strong> Dieu est encore plus restrictif que dans le<br />
judaïsme. Seul est tolérée la graphie plus ou moins stylisée <strong>de</strong> son Nom. La<br />
lettre du Coran, pourtant ne condamne pas les images religieuses, mais<br />
seulement les idoles pré-islamiques. Elle entraîne toutefois à considérer que la<br />
fabrication et surtout la vénération <strong>de</strong>s images, leur usage cultuel ou<br />
dévotionnel, seraient une grave rechute dans le paganisme. Quelques hadiths<br />
revêtus <strong>de</strong> l’autorité du Prophète condamnent l’image <strong>de</strong>s êtres vivants en tant<br />
qu’elle paraît rivaliser avec l’activité créatrice <strong>de</strong> Dieu et revêtir <strong>de</strong> ce fait un<br />
caractère quasi-blasphématoire. D’où une réticence séculaire <strong>de</strong> l’islam à la<br />
figuration. Toute image <strong>de</strong> Dieu, en tout cas, y est bannie. Le caractère<br />
foncièrement impensable <strong>de</strong> la figuration d’Allah semble avoir été étendu à son<br />
Prophète, rarement représenté et toujours avec un visage sans traits et jamais<br />
sous forme <strong>de</strong> portrait. Cela explique l’absence <strong>de</strong> toute image figurative dans<br />
les mosquées, les madrasa, les sépultures, les manuscrits du Coran, d’où le<br />
développement d’un art décoratif abstrait et l’essor <strong>de</strong> la calligraphie.<br />
En ce qui concerne la prononciation <strong>de</strong> son nom, contrairement au judaïsme<br />
elle est encouragée, pourvu qu’elle soit digne.<br />
Dans le christianisme : S’il a manifesté très tôt sa préférence pour la<br />
représentation du Christ, celle-ci a néanmoins connu <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s.<br />
Jésus n’a manifesté aucun intérêt pour les images plastiques, les apôtres non<br />
plus. Ils semblent n’avoir voulu compter que sur la parole et l’exemple<br />
communicatif <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s témoins.<br />
Mais le mon<strong>de</strong> romain, dans lequel se développe le christianisme, regorge<br />
d’images. Dès le III e siècle, <strong>de</strong>s représentations sont faites dans les<br />
catacombes et sur <strong>de</strong>s objets quotidiens.<br />
En 386 à compter du décret <strong>de</strong> Théodose le christianisme <strong>de</strong>vient religion<br />
d’État. Les absi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s églises sont alors décorées <strong>de</strong> représentations du<br />
Christ, <strong>de</strong>s apôtres et <strong>de</strong>s saints. Un véritable culte chrétien <strong>de</strong>s images est<br />
attesté.<br />
Le mo<strong>de</strong> figuratif qui caractérise le mieux l’art chrétien consiste à figurer Dieu<br />
en Christ, c’est-à-dire faire l’effigie <strong>de</strong> celui qui a dit « Qui m’a vu a vu le Père »<br />
(Jn 14,9) et dont le premier concile <strong>de</strong> Nicée en 325 a proclamé qu’il est<br />
« Dieu né <strong>de</strong> Dieu, Lumière née <strong>de</strong> la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, <strong>de</strong><br />
même nature que le Père ».<br />
La question <strong>de</strong>s images reçut un cadre normatif sanctionné par la plus haute<br />
autorité quand, vers 599-600, le pape Grégoire le Grand réprouva l’adoration<br />
<strong>de</strong>s images mais les défendit en tant que « livre <strong>de</strong>s gens incultes ».<br />
Entre 726 et 843, l’Empire Byzantin est ravagé par la querelle <strong>de</strong>s images. Le<br />
conflit se termine par la victoire <strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong>s images les iconodules contre<br />
les briseurs d’images les iconoclastes. Ils énoncent au Concile <strong>de</strong> Nicée en 787<br />
la formule dogmatique <strong>de</strong> l’avenir : « Car les honneurs rendus aux images se<br />
transmettent à ce qu’elles représentent, et qui vénère l’image vénère en elle<br />
17
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
l’être qu’elle figure ». Cela stimula puissamment sa figuration sous trois grands<br />
mo<strong>de</strong>s :<br />
- par <strong>de</strong>s symboles indirects<br />
- en Dieu masculin, âgé, omnipotent, chargé <strong>de</strong>s attributs <strong>de</strong>s différentes<br />
formes <strong>de</strong> pouvoir<br />
- sa figuration en Christ<br />
Par la suite l’art médiéval, en Orient comme en Occi<strong>de</strong>nt, a regorgé d’images<br />
du Christ, sur tous les supports, dans tous les styles et dans tous les formats.<br />
Images portraits comme celle du Christ Pantocrator byzantin, Christ en croix ;<br />
images narratives du Christ (Naissance, Enfance, Passion, Résurrection).<br />
Peu à peu <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> Dieu autres que celles du Christ voient le jour, elles<br />
vont proliférer en Occi<strong>de</strong>nt. La plupart <strong>de</strong> ces images impliquent par leur seule<br />
existence que l’on tient désormais pour licite <strong>de</strong> figurer le Père en homme.<br />
Au XII e siècle plusieurs types <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> la Trinité apparaissent : sous<br />
la forme <strong>de</strong> trois hommes, tête à trois visages, Trône <strong>de</strong> grâce (Père assis<br />
tenant le Christ en croix).<br />
La diversification et bientôt la prolifération <strong>de</strong> ces images osant explorer le<br />
mystère intime <strong>de</strong> Dieu constituent un fait <strong>de</strong> civilisation <strong>de</strong> première gran<strong>de</strong>ur<br />
et ne semblent pas avoir été programmées par les autorités <strong>de</strong> l’Église, mais<br />
résulter d’une « poussée » à l’œuvre sur plusieurs siècles.<br />
Durant les quatre <strong>de</strong>rniers siècles du Moyen Âge (XII e - XV e ), la règle du<br />
christomorphisme <strong>de</strong> la représentation du Dieu chrétien perd du terrain. Elle<br />
est battue en brèche par la diffusion <strong>de</strong> l’image du Père, qui tend à assumer la<br />
fonction <strong>de</strong> théophanie glorieuse délaissée par un Christ <strong>de</strong> plus en plus<br />
marqué par la souffrance.<br />
À la même époque (XIII e –XV e ), sous l’influence <strong>de</strong> l’art byzantin, on assiste à la<br />
montée en puissance <strong>de</strong> l’image pathétique du Christ <strong>de</strong> douleur. Dès le XIII e<br />
siècle, la croix commence à l’emporter sur la gloire et un puissant processus<br />
d’humanisation <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> Dieu s’amorce, qui triomphera au XV e siècle dans<br />
l’art <strong>de</strong> la spiritualité. L’art se met à détailler comme jamais il ne l’avait fait<br />
auparavant, le corps meurtri du Christ, ses plaies…<br />
À partir du XIV e siècle, la production d’art religieux connaît une forte<br />
progression, due en particulier au développement <strong>de</strong> la dévotion privée. Elle se<br />
double <strong>de</strong> la multiplication <strong>de</strong>s thèmes représentés. Les saints (qui sont choisis<br />
comme protecteurs aussi bien <strong>de</strong>s personnes privées que <strong>de</strong>s communautés<br />
et <strong>de</strong>s villes), leur martyre, concurrencent l’image du Christ.<br />
Vers la Réforme<br />
L’utilisation <strong>de</strong>s images est justifiée durant tout le Moyen Âge en Occi<strong>de</strong>nt par<br />
trois arguments cités par les théologiens : ce sont les livres <strong>de</strong>s gens incultes,<br />
elles stimulent la dévotion et rappellent l’exemple <strong>de</strong>s saints. Contrairement<br />
aux sacrements et aux reliques, leur aspect et leur mo<strong>de</strong> d’utilisation ne sont<br />
pas régis par <strong>de</strong>s règles strictes, et l’Église n’en organise aucune censure. Il<br />
arrive parfois que <strong>de</strong>s mesures soient prises lorsqu’une image crée scandale,<br />
18
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
par exemple lorsqu’elle constitue <strong>de</strong> manière avérée un moyen frauduleux<br />
d’extorquer <strong>de</strong> l’argent aux pèlerins. Certains théologiens s’inquiètent pourtant<br />
<strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> thèmes qu’ils jugent hétérodoxes ou peu convenables. Jean<br />
Gerson, chancelier <strong>de</strong> la Sorbonne au début du XV e siècle, puis saint Antonin,<br />
archevêque <strong>de</strong> Florence, émettent <strong>de</strong>s critiques envers certaines images, mais<br />
leurs écrits ne sont pas suivis d’effet ; le plus souvent l’Église se méfie plus <strong>de</strong><br />
la critique <strong>de</strong>s images que <strong>de</strong>s images elles-mêmes, car cette critique est<br />
fréquente dans les milieux hérétiques.<br />
Peu avant la Réforme, l’humaniste Érasme <strong>de</strong> Rotterdam considère certains<br />
aspects du culte chrétien <strong>de</strong>s images comme <strong>de</strong>s superstitions ridicules. Pour<br />
les réformateurs, la Parole <strong>de</strong> Dieu retransmise par les Écritures prime sur le<br />
rituel. Les images et les cérémonies sont rejetées comme caractéristiques<br />
d’une Église fourvoyée. Martin Luther, l’initiateur <strong>de</strong> la Réforme souhaite avant<br />
tout mettre fin à la pratique <strong>de</strong>s bonnes œuvres, car seule la foi en Jésus-Christ<br />
peut servir <strong>de</strong> justificatif <strong>de</strong>vant Dieu.<br />
Cette condamnation, qui ôte tout fon<strong>de</strong>ment théologique aux donations et donc<br />
aux images, fournit aux réformés radicaux <strong>de</strong>s arguments en faveur <strong>de</strong><br />
l’iconoclasme. Dès 1522 dans plusieurs villes <strong>de</strong> l’Empire germanique et <strong>de</strong> la<br />
Suisse <strong>de</strong>s pamphlets produits sous la forme <strong>de</strong> tracts dénoncent le culte <strong>de</strong>s<br />
images comme idolâtrie.<br />
Images détruites, images transformées<br />
L’influence <strong>de</strong> la Réforme sur l’enlèvement <strong>de</strong>s images est très variable selon<br />
les villes. Alors que dans les régions calvinistes les <strong>de</strong>structions et l’évacuation<br />
sont systématiques, les régions luthériennes conservent une gran<strong>de</strong> partie du<br />
décor <strong>de</strong> leurs églises.<br />
À <strong>Strasbourg</strong> une première poussée d’iconoclasme se produit en septembre<br />
1524 menée surtout par les artisans. L’autorité <strong>de</strong> la ville, le magistrat,<br />
intervient à partir <strong>de</strong> 1525 dans le sens d’un iconoclasme discret, progressif et<br />
bien réglementé. Les années 1529-1530 voient l’officialisation du processus<br />
<strong>de</strong> la Réforme à <strong>Strasbourg</strong>, avec l’abolition <strong>de</strong> la messe et le retrait presque<br />
total <strong>de</strong>s images.<br />
La représentation du Divin dans l’Église réformée<br />
En rejetant le décor médiéval <strong>de</strong>s églises, la Réforme suscite l’apparition d’une<br />
culture matérielle qui lui est propre. Dépouillées <strong>de</strong> leurs images et souvent<br />
badigeonnées <strong>de</strong> blanc, les églises se transforment en salles <strong>de</strong> prédication.<br />
Dans un souci d’humilité, les objets en métaux précieux sont remplacés par <strong>de</strong>s<br />
calices <strong>de</strong> bois et ou d’étain. L’activité <strong>de</strong>s orfèvres s’oriente alors vers la<br />
production <strong>de</strong> pièces profanes <strong>de</strong> prestige pour les corporations et la bourgeoisie.<br />
La représentation <strong>de</strong> Dieu n’étant plus acceptée, on invente un symbole, le<br />
tétragramme, triangle <strong>de</strong> la Trinité avec un œil inscrit en son centre. La figuration<br />
<strong>de</strong>s saints est par contre maintenue sur certains sceaux et monnaies.<br />
19
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le statut <strong>de</strong> l’image dans l’Église catholique à partir <strong>de</strong> la Contre Réforme<br />
Lors du Concile <strong>de</strong> Trente (1545-1563), il est énoncé que l’Église veille<br />
désormais à ce que les peintres respectent à la lettre les Écritures.<br />
L’Eucharistie, le culte <strong>de</strong>s saints et la dévotion à la Vierge seront abondamment<br />
représentés. Partant du principe que l’image doit instruire les fidèles, le concile<br />
insiste sur ce qu’il convient <strong>de</strong> bannir <strong>de</strong>s églises. Les peintres <strong>de</strong>vront<br />
distinguer le sacré du profane, ils ne <strong>de</strong>vront pas offenser la pu<strong>de</strong>ur, la peinture<br />
exige une lecture simple, immédiatement compréhensible. Le peuple doit<br />
pouvoir s’i<strong>de</strong>ntifier aux figures <strong>de</strong>s saints, se sentir concerné par le message,<br />
et l’image doit être le ressort émotif <strong>de</strong> la piété.<br />
Continuité <strong>de</strong> ces principes : au XVIII e siècle, le pape Benoît XIV énoncera que<br />
« Dieu peut être figuré tel que l’Écriture rapporte qu’il a daigné apparaître », le<br />
droit étant tacitement reconnu aux artistes <strong>de</strong> combiner les théophanies<br />
bibliques en leur empruntant divers motifs, pour les besoins <strong>de</strong> la figuration <strong>de</strong><br />
la Trinité. Il en est encore ainsi aujourd’hui.<br />
Pistes pédagogiques<br />
Pour mettre en valeur la peinture comme support <strong>de</strong> dévotion<br />
Œuvres abordées<br />
La Prière du riche et du pauvre<br />
S’attacher à :<br />
Décrypter symboliquement le tableau, mettre en lumière la fonction du<br />
panneau : support <strong>de</strong> dévotion délivrant un message religieux.<br />
Noter les moyens plastiques employés par le peintre pour arriver à ses fins<br />
(liberté prise par rapport à l’échelle, création <strong>de</strong> liens entre différentes scènes,<br />
représentation <strong>de</strong> ce qui est caché, etc.)<br />
Fabriquer une image ou un film (croquis, montage photo, mise en scène avec<br />
prise <strong>de</strong> vue, vidéo, etc.) reprenant la même fonction : faire passer un<br />
message, un discours, par l’image. Essayer d’exploiter les moyens plastiques<br />
utilisés par le peintre.<br />
20
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Linteau à l’agneau pascal<br />
fin Xle siècle<br />
Ancienne église romane <strong>de</strong> Mutzig<br />
g rès rose<br />
salle 2<br />
LIRE LE MOYEN ÂGE AU MUSÉE<br />
La société médiévale<br />
Le Moyen Âge qui s’étend sur plus <strong>de</strong> 10 siècles est une pério<strong>de</strong> présente sous<br />
<strong>de</strong> nombreux aspects au musée <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>. Il nous a semblé<br />
intéressant <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> la citation d’Adalbéron, évêque <strong>de</strong> Laon, qui en l’an<br />
1020 caractérise ainsi la société du Moyen Âge dans le Poème au roi<br />
Robert XI :<br />
« On croit que la maison <strong>de</strong> Dieu sur terre est une, mais elle est triple. Les uns<br />
prient, d’autres combattent et d’autres enfin travaillent. Les trois ordres sont<br />
indispensables l’un à l’autre : l’activité <strong>de</strong> l’un permet aux <strong>de</strong>ux autres <strong>de</strong><br />
vivre ».<br />
La société médiévale est en effet divisée en trois ordres et cette division<br />
semble immuable : ceux qui prient (le clergé) , ceux qui combattent (les<br />
chevaliers) et ceux qui travaillent (les paysans et les artisans).<br />
Le parcours proposé suit cette division tripartite.<br />
Prier<br />
Dotée d’une organisation puissante, l’Église est au cœur<br />
<strong>de</strong> la société médiévale. À sa tête, le roi reçoit sa<br />
couronne <strong>de</strong> Dieu. Tous les occi<strong>de</strong>ntaux ont le sentiment<br />
d’appartenir à une même communauté, la chrétienté.<br />
L’Église gouverne l’ensemble <strong>de</strong> la société. Elle édicte ses<br />
propres lois, a ses tribunaux et possè<strong>de</strong> d’immenses<br />
domaines fonciers. Le catholicisme est alors la seule<br />
religion en Europe et sa pratique est obligatoire.<br />
21
Le martyre <strong>de</strong> sainte Ursule<br />
et <strong>de</strong>s 11000 Vierges (détail)<br />
Rhin supérieur<br />
huile sur panneau <strong>de</strong> bois<br />
vers 1450<br />
salle 23<br />
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Les fidèles considèrent que l’essentiel pour le croyant est d’assurer son Salut.<br />
Afin d’échapper à l’enfer, ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt la protection <strong>de</strong>s saints dont ils<br />
espèrent souvent <strong>de</strong>s miracles. Pour vivre leur foi et accé<strong>de</strong>r au paradis, ils<br />
entreprennent <strong>de</strong>s pèlerinages, vénèrent les reliques et construisent <strong>de</strong>s<br />
édifices religieux.<br />
Dans chaque ville, dans chaque village, la première construction <strong>de</strong> pierre avec<br />
le château est l’Église, car la maison <strong>de</strong> Dieu doit être soli<strong>de</strong>.<br />
Dans les salles 2 et 3 sont déposés <strong>de</strong> nombreux éléments d’architecture ayant<br />
appartenu à <strong>de</strong>s édifices religieux : chapiteaux, cuves baptismales, vantaux,<br />
portes, vitraux, linteaux, bénitiers. Ces différents éléments historiés véhiculent<br />
les symboles <strong>de</strong> la foi.<br />
Leurs provenances sont diverses, <strong>Strasbourg</strong>, Bergholtz-Zell, Eschau,<br />
Bischoffsheim, Mutzig, cela montre à quel point la religion catholique imprègne<br />
l’environnement.<br />
Les fidèles assurent leur salut en faisant « <strong>de</strong> bonnes œuvres », ce qui permet<br />
<strong>de</strong> financer les constructions d’églises.<br />
Dans le musée on peu également abor<strong>de</strong>r cet ordre dans toutes les salles<br />
consacrées à la cathédrale <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>. Enfin, <strong>de</strong> nombreuses peintures<br />
religieuses permettent <strong>de</strong> saisir les pratiques <strong>de</strong> dévotion.<br />
Combattre<br />
Les siècles du Moyen Âge sont jalonnés <strong>de</strong> guerres. La guerre<br />
médiévale c’est d’abord une longue suite <strong>de</strong> querelles entre<br />
seigneurs, <strong>de</strong> sièges, <strong>de</strong> chevauchées <strong>de</strong> courte durée. Les<br />
batailles ont lieu surtout en été et sont interdites les dimanches<br />
et pendant le carême. C’est aussi près <strong>de</strong> trois siècles <strong>de</strong><br />
croisa<strong>de</strong>s qui entraînent loin d’Europe <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> chevaliers.<br />
C’est encore <strong>de</strong> 1337 à 1453 la guerre <strong>de</strong> Cent Ans qui met face<br />
à face Anglais et Français.<br />
L’armée est composée <strong>de</strong> soldats à pied (piétaille), <strong>de</strong> soldats à<br />
cheval et en armure souvent issus <strong>de</strong> familles nobles. La guerre<br />
est l’activité essentielle <strong>de</strong>s chevaliers. Ils ont un idéal commun,<br />
combattre pour défendre ceux qui prient (le clergé) et ceux qui<br />
travaillent (les paysans). Leur équipement coûte cher. Il faut<br />
possé<strong>de</strong>r une terre <strong>de</strong> 150 hectares pour entretenir un chevalier.<br />
La guerre est un moyen <strong>de</strong> mettre à l’épreuve le courage et la<br />
bravoure mais aussi d’obtenir <strong>de</strong>s revenus, grâce aux pillages et<br />
aux rançons.<br />
À côté <strong>de</strong> cette activité essentielle, les chasses et les tournois<br />
permettent aux chevaliers <strong>de</strong> se distraire en temps <strong>de</strong> paix. Les<br />
romans courtois racontent leurs exploits.<br />
22
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Ainsi unis par leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie et leur idéal, les chevaliers ont à partir du XI e<br />
siècle le sentiment d’appartenir à la noblesse, un groupe d’hommes différents<br />
<strong>de</strong>s autres.<br />
L’évolution <strong>de</strong> l’armement et les différentes techniques <strong>de</strong> combat peuvent se<br />
lire dans ce choix d’œuvres :<br />
Fragments du Saint Sépulcre, cathédrale <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>,<br />
C hapelle Sainte-Catherine vers 1340<br />
salle 11<br />
Cinq combattants sont représentés avec les caractéristiques suivantes :<br />
- une tenue <strong>de</strong> combat et <strong>de</strong>s armes d’attaque : arc, épée, marteau…<br />
- <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> protection : cottes <strong>de</strong> mailles ou haubert. Les 3000<br />
anneaux <strong>de</strong> la cotte <strong>de</strong> maille nécessitent environ 10kg <strong>de</strong> fer.<br />
Chevalier<br />
Cathédrale <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>, faca<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale<br />
Portail central, contrefort sud<br />
fin XII e siècle<br />
salle 7<br />
Tourelle à créneaux défendue par <strong>de</strong>ux soldats<br />
<strong>Strasbourg</strong>, ancienne maison « Zum Zinneneck »<br />
début XVI e siècle<br />
cour 4<br />
Homme avec épée et ban<strong>de</strong>role, XVI e siècle<br />
Homme en armure, XVI e siècle<br />
salle 39<br />
Le martyre <strong>de</strong> sainte Ursule et <strong>de</strong>s 11000 Vierges<br />
Rhin supérieur<br />
huile sur panneau <strong>de</strong> bois<br />
vers 1450<br />
salle 23<br />
Ces chevaliers peuvent s’i<strong>de</strong>ntifier grâce à leur blason. À l’origine les emblèmes<br />
<strong>de</strong>s chevaliers étaient cousus ou peints sur les cottes <strong>de</strong> mailles et les<br />
boucliers. Cela permettait <strong>de</strong> savoir à qui on avait affaire, reconnaître l’ami ou<br />
l’ennemi sous le casque. L’art <strong>de</strong>s armoiries dépassa bientôt le champ <strong>de</strong><br />
bataille pour gagner les salles <strong>de</strong> château.<br />
23
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Hugues Zorn <strong>de</strong> Bulach<br />
Gisant provenant <strong>de</strong> la Chapelle Zorn, église Saint-Pierre-le-Jeune puis<br />
conservé au château d’Osthouse et acquis par le musée en 1993.<br />
<strong>Strasbourg</strong> vers 1320<br />
salle 11<br />
Ou encore<br />
Bas relief funéraire avec couple agenouillé<br />
début XVII e siècle, Breuschwickersheim<br />
Travailler<br />
90% <strong>de</strong> la population du Moyen Âge compose le troisième ordre,<br />
celui qui travaille. Ce sont pour l’essentiel <strong>de</strong>s paysans. Le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s campagnes est pourtant rarement représenté. Les travaux <strong>de</strong>s<br />
champs sont parfois présents dans le décor sculpté <strong>de</strong>s églises ou<br />
<strong>de</strong>s livres d’heures. On peut approcher par contre une autre<br />
composante <strong>de</strong> ceux qui travaillent : les artisans.<br />
Conrad Witz, Sainte Ma<strong>de</strong>leine et sainte Catherine (détail),<br />
vers 1444-1446<br />
salle 25<br />
Une place du centre ville <strong>de</strong> Bâle, <strong>de</strong>s échoppes dont celle d’un<br />
sculpeur occupent le rez-<strong>de</strong>-chaussée <strong>de</strong>s maisons<br />
La Vie <strong>de</strong> sainte Attale, vers 1450<br />
La Vie <strong>de</strong> sainte Odile, vers 1470<br />
Tapisseries strasbourgeoises<br />
salle 21<br />
On y voit le travail <strong>de</strong>s maçons, <strong>de</strong>s charpentiers, lors <strong>de</strong> la construction du<br />
monastère <strong>de</strong> Sainte-Odile.<br />
Trois Pèlerins en route vers Saint-Jacques-<strong>de</strong>-Compostelle s'arrêtent à<br />
l'auberge <strong>de</strong> Toulouse<br />
Maître strasbourgeois anonyme<br />
fin XV e siècle<br />
salle 24<br />
C’est un <strong>de</strong>s grands pèlerinages <strong>de</strong> l’époque, il existe même un gui<strong>de</strong> du<br />
pèlerin qui indique les itinéraires ainsi que les gîtes d’étape ; sur cette peinture<br />
une auberge qui <strong>de</strong>vait se trouver sur le chemin <strong>de</strong> Saint-Jacques- <strong>de</strong>-<br />
Compostelle.<br />
24
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
Pistes pédagogiques<br />
Pour mettre en valeur le travail <strong>de</strong> l’homme<br />
Œuvres abordées<br />
Un <strong>de</strong>s retables que conserve le musée<br />
S’attacher à<br />
Retrouver tous les verbes d’action qui ren<strong>de</strong>nt compte du travail <strong>de</strong>s hommes<br />
qui ont créé ce retable.<br />
Lister les matériaux et techniques utilisés.<br />
Retrouver les traces <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’œuvre (trous <strong>de</strong> vers, pièces manquantes,<br />
usure <strong>de</strong> la polychromie, etc.), faire <strong>de</strong>s hypothèses sur ce qui a pu les<br />
provoquer.<br />
25
Fenouil<br />
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le jardin au Moyen Âge<br />
Le jardin est l’un <strong>de</strong>s cadres <strong>de</strong> vie préféré <strong>de</strong> la vie médiévale.<br />
Au musée on le rencontre sous divers aspects. Tout d’abord sous<br />
la forme d’un jardin reconstitué en 1937 par Hans Haug. Ce<br />
jardin se trouve à l’emplacement d’une ancienne cour, il permet<br />
d’abor<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>ux formes du jardin médiéval<br />
- le jardin utile<br />
- le jardin d’agrément<br />
On peut aussi approcher les jardins médiévaux à partir d’un<br />
certain nombre d’œuvres du musée, vitraux ou peintures.<br />
Le jardin utile<br />
Les jardins <strong>de</strong> simples (plantes médicinales) évoquent souvent<br />
les jardins monastiques : en effet les moines ont joué un grand<br />
rôle au Moyen Âge dans le développement <strong>de</strong> la connaissance<br />
<strong>de</strong>s plantes et <strong>de</strong> leur utilisation. La règle <strong>de</strong> saint Benoît leur<br />
enjoint en effet, <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong> l’âme <strong>de</strong>s chrétiens, mais<br />
aussi <strong>de</strong> leur corps. Cependant la culture <strong>de</strong>s plantes<br />
médicinales n’était pas le privilège <strong>de</strong>s monastères : on la<br />
retrouve dans tous les jardins. Le Moyen Âge a fait grand usage<br />
<strong>de</strong>s plantes, en raison <strong>de</strong> leurs vertus thérapeutiques réelles ou<br />
imaginaires souvent liées au nom ou à la forme <strong>de</strong> celles-ci.<br />
Au centre du jardin médiéval reconstitué au musée, neuf carrés<br />
<strong>de</strong> plates-ban<strong>de</strong>s, allant trois par trois, accueillent les plantes<br />
ornementales, les plantes médicinales, les plantes<br />
condimentaires et aromatiques.<br />
L’ensemble évoque à la fois le symbolisme religieux, les<br />
connaissances et pratiques médicinales ainsi que les croyances<br />
populaires. Les parterres ne reconstituent pas la réalité ; par<br />
exemple dans le carré <strong>de</strong> plantes médicinales, il n’a pas été<br />
possible vu ses dimensions restreintes, <strong>de</strong> cultiver toutes les<br />
plantes recommandées par les auteurs anciens. On s’est<br />
contenté <strong>de</strong> quelques échantillons.<br />
26
Le jardin utile
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Pivoine officinale<br />
Houblon<br />
DES PLANTES MÉDICINALES<br />
Pivoine officinale<br />
Paeonia officinalis L.<br />
Famille : renonculacées<br />
« BEONIA » <strong>de</strong> sainte Hil<strong>de</strong>gar<strong>de</strong><br />
Sud-européennes et asiatiques, les pivoines sont rarement<br />
spontanées en France. Les mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’Antiquité les<br />
recommandaient contre l’épilepsie ; elle furent employées<br />
dans ce but jusqu’au XIX e siècle. Les fleurs et les racines renflées<br />
exercent une action apaisante et équilibrante, mais<br />
sont déconseillées aux femmes enceintes. Les graines sont<br />
toxiques.<br />
Houblon<br />
Humulus lupulus L.<br />
Famille : canabinacées<br />
« HUMULONE » du polyptyque <strong>de</strong> St-Germain et <strong>de</strong><br />
Charlemagne<br />
Cette liane vivace eurasiatique est employée sous toutes ses<br />
formes ; <strong>de</strong>puis les cônes qui aromatisent les cervoises et les<br />
bières, jusqu’aux cendres qui sont utilisées en verrerie. Le<br />
houblon ne semble cultivé en Europe qu’à partir du IX e siècle.<br />
Son effet irritant pour les muqueuses, narcotique à forte<br />
dose, peut provoquer <strong>de</strong>s troubles nerveux. Cependant on<br />
recomman<strong>de</strong> les cônes dans les oreillers pour lutter contre<br />
l’insomnie. Outre ses actions efficaces reconnues en mé<strong>de</strong>cine,<br />
ses bourgeons sont consommés comme plante potagère.<br />
28
Cumin <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong><br />
Ciboulette<br />
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
DES PLANTES CONDIMENTAIRES<br />
Cumin <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong><br />
Carvi<br />
Carum carvi L.<br />
Famille : ombellifères<br />
« CAREIUM » <strong>de</strong> Charlemagne<br />
Inconnu <strong>de</strong>s anciens qui n’utilisaient que le vrai cumin, le<br />
carvi fut cependant recherché et cultivé au Moyen Âge pour<br />
ses propriétés médicinales comparables à celles du fenouil<br />
et <strong>de</strong>s autres ombellifères carminatives. Cultivé aujourd’hui,<br />
surtout dans le nord <strong>de</strong> l’Europe comme condiment et aromate<br />
dans les soupes, pains et fromages, le carvi est connu<br />
sous le nom <strong>de</strong> Cumin <strong>de</strong> hollan<strong>de</strong>.<br />
Ciboulette<br />
Allium schoenoprasum L.<br />
Famille : liliacées<br />
« BRITLAS » <strong>de</strong> Charlemagne<br />
Fréquente d’Europe du nord à l’Asie, la ciboulette tire son<br />
nom scientifique <strong>de</strong> sa ressemblance avec un petit jonc.<br />
Connue dès le Moyen Âge pour ses propriétés condimentaires<br />
et médicinales, elle occupe toujours une place importante<br />
dans les jardins d’Europe. On la connaît aussi sous les<br />
vocables <strong>de</strong> civette ou appétit.<br />
29
Jardin reconstitué<br />
du musée<br />
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le jardin d’agrément<br />
Tous les hommes du Moyen Âge aspirent à un jardin idéal. Il s’agit d’abord pour<br />
l’homme <strong>de</strong> retrouver le paradis perdu, le jardin d’É<strong>de</strong>n. Toute la conception<br />
<strong>de</strong>s jardins du Moyen Âge découle <strong>de</strong> la Genèse, du récit <strong>de</strong> la vie originelle <strong>de</strong><br />
l’homme dans le jardin d’É<strong>de</strong>n, et <strong>de</strong> son éviction après le péché.<br />
À travers ce récit, la culture chrétienne a recueilli l’héritage <strong>de</strong>s anciennes<br />
civilisations <strong>de</strong> l’Orient, magnifiant la culture, l’eau et le miracle <strong>de</strong>s jardins. Le<br />
nom du jardin <strong>de</strong>s origines « É<strong>de</strong>n » fut traduit par l’expression jardin <strong>de</strong>s<br />
délices. Le texte fondateur <strong>de</strong> la Genèse fixait <strong>de</strong>ux caractéristiques<br />
essentielles du jardin médiéval : la clôture -- qui constitue le jardin en espace<br />
sacré, séparé du reste du mon<strong>de</strong> -- et la présence <strong>de</strong> l’eau vivifiante, fleuve du<br />
paradis dans l’Écriture, fontaine <strong>de</strong> la vie dans l’iconographie.<br />
Un autre texte <strong>de</strong> la Bible donne sa forme et sa signification au jardin médiéval,<br />
le Cantique <strong>de</strong>s Cantiques. Ce dialogue amoureux entre l’Époux et l’Épouse,<br />
que l’on attribuait à la sagesse <strong>de</strong> Salomon, assimile l’Époux à la figure du<br />
Christ, tandis que l’Épouse est tantôt celle <strong>de</strong> l’Église, tantôt celle <strong>de</strong> l’âme. À<br />
la suite <strong>de</strong> ces commentaires, le thème du jardin clos est particulièrement<br />
présent dans la vie religieuse, l’hortus conclusus figure le lieu <strong>de</strong> l’union<br />
amoureuse entre l’âme et Dieu, l’Époux <strong>de</strong>scendu dans son jardin. Cette<br />
30
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
mystique explique le nombre <strong>de</strong> représentations <strong>de</strong> jardins clos issues <strong>de</strong><br />
communautés monastiques, en particulier féminines. Le jardin clos <strong>de</strong>vient<br />
alors une image du monastère même, et entrer dans la vie monastique<br />
équivaut à entrer au Paradis. À partir du XIII e siècle, dans le cadre du<br />
développement du culte <strong>de</strong> la Vierge, toute une vague <strong>de</strong> nouveaux<br />
commentaires assimile l’Épouse à la Vierge, figure typologique <strong>de</strong> l’Église, à la<br />
fois mère et épouse du Christ. La Vierge répond au caractère d’hortus<br />
conclusus : elle est un jardin car elle a été fécondée, elle a donné naissance au<br />
Sauveur mais elle est restée chaste, seul Dieu l’a rendue fécon<strong>de</strong>.<br />
La représentation <strong>de</strong> la Vierge comme jardin clos <strong>de</strong>vient ainsi une illustration<br />
<strong>de</strong> la maternité virginale <strong>de</strong> Marie et <strong>de</strong> l’incarnation.<br />
À partir <strong>de</strong> l’assimilation entre la Vierge et la fiancée du Cantique <strong>de</strong>s<br />
Cantiques, Paradis et jardin d’É<strong>de</strong>n ont tendance à se confondre.<br />
Les représentations <strong>de</strong> la Vierge dans un jardin <strong>de</strong> paradis se multiplient au XV e<br />
siècle. La Vierge y est souvent entourée <strong>de</strong> roses, elle apparaît comme une rose<br />
au milieu <strong>de</strong>s roses. Selon les auteurs chrétiens, le Paradis était fleuri <strong>de</strong> roses<br />
sans épines ; ces <strong>de</strong>rnières symbolisant le péché, ne survinrent qu’après la<br />
Chute. La rose au parfum suave évoque la Passion du Christ ou <strong>de</strong>s martyrs<br />
lorsqu’elle est teintée <strong>de</strong> leur sang ; mais surtout, la reine <strong>de</strong>s fleurs a été<br />
associée à la reine <strong>de</strong>s cieux, et le culte <strong>de</strong> la Vierge s’est exprimé en<br />
particulier à travers celui <strong>de</strong> la rose.<br />
La réappropriation du jardin paradisiaque se fait grâce à la littérature, qui crée<br />
un jardin allégorique, lieu <strong>de</strong> prédilection d’un amour courtois mêlant avec<br />
ambiguïté sacré et profane. Avec le Roman <strong>de</strong> la rose, un modèle s’établit <strong>de</strong><br />
manière durable : celui du jardin comme lieu d’un bonheur idéal, où la Rose<br />
désigne la femme aimée. Dans ce jardin <strong>de</strong> rêve se mêlent la tradition poétique<br />
antique et les mythes paradisiaques bibliques liés aux notions <strong>de</strong> fidélité,<br />
d’abondance et d’éternelle jeunesse.<br />
Comme l’É<strong>de</strong>n, c’est un jardin clos, l’espace y est planté d’herbes et <strong>de</strong> fleurs<br />
multicolores, ombragé d’arbres, animé par le mouvement et le bruit d’eau<br />
d’une fontaine ou d’une source, et par le chant <strong>de</strong>s oiseaux qui, dans le verger<br />
« chantent <strong>de</strong>s lais d’amour et <strong>de</strong>s sonnets courtois ». Clôture <strong>de</strong> l’espace,<br />
variété <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong>s parfums et <strong>de</strong>s plantes, ombrage <strong>de</strong>s arbres,<br />
musique <strong>de</strong> l’eau et chant <strong>de</strong>s oiseaux <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s éléments obligatoires<br />
du bonheur terrestre. Le verger ou jardin <strong>de</strong> plaisance est le lieu où se réalise<br />
l’idéal courtois, par l’épanouissement <strong>de</strong> l’amour au milieu <strong>de</strong> la jouissance <strong>de</strong><br />
tous les sens et <strong>de</strong> l’harmonie retrouvée avec la nature.<br />
D’après Le Petit Journal <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s expositions « Sur la terre comme au ciel »,<br />
Jardins d’occi<strong>de</strong>nt à la fin du Moyen Âge, exposition du 5 juin au 16 septembre<br />
2002, au <strong>Musée</strong> national du Moyen Âge, Paris.<br />
31
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le jardin à travers <strong>de</strong>s œuvres du musée<br />
Le <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> possè<strong>de</strong> un certain nombre d’œuvres qui ont<br />
pu servir <strong>de</strong> référence pour créer le jardin médiéval.<br />
Adam au Jardin du Paradis, vitrail attribué à Thiébaut <strong>de</strong><br />
Lixheim, 3 e quart du XV e siècle, église Saint-Pierre-le Vieux,<br />
<strong>Strasbourg</strong><br />
207 x 66 cm<br />
salle 20<br />
L’Adam au jardin du paradis a été restauré à la fin du XIX e<br />
siècle. Le panneau supérieur cintré, les filets <strong>de</strong> bordure et<br />
une partie du fond <strong>de</strong> feuillage ont été rajoutés à cette<br />
époque.<br />
Il s’agit du panneau gauche d’un triptyque qui comprenait<br />
Ève à droite, au centre l’Arbre <strong>de</strong> la Connaissance du bien<br />
et du mal avec le serpent <strong>de</strong> la Tentation.<br />
À l’intérieur du jardin du paradis ceint d’un mur crénelé,<br />
Adam dans sa nudité originelle tend le bras vers l’arbre <strong>de</strong><br />
la Connaissance. Devant la muraille est agenouillé un<br />
chanoine donateur, vêtu d’une aube et d’un mantelet <strong>de</strong><br />
fourrure. En bas à droite, un perroquet donne la becquée à<br />
ses petits.<br />
Quand Dieu crée l’homme, il le place dans un jardin, celuici<br />
n’apparaît clos que lorsque l’homme en est expulsé par<br />
Dieu pour « éviter qu’il prenne aussi <strong>de</strong> l’arbre <strong>de</strong> vie, en<br />
mange et vive à jamais ». Cette clôture est jaune doré,<br />
couleur qui symbolise la lumière divine, le mon<strong>de</strong> céleste.<br />
Adam est représenté selon les co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’image au Moyen<br />
Âge, l’élément le plus important étant le plus grand.<br />
Le jardin est aussi l’allégorie <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> la vie.<br />
- l’ensemencement = le temps <strong>de</strong> la création<br />
- la germination et le développement = le temps <strong>de</strong> la<br />
réconciliation <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong>s hommes grâce au Christ<br />
- la récolte = la fin <strong>de</strong>s temps<br />
32
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
La Vierge au Jardinet<br />
Souabe ou Rhin supérieur<br />
huile sur panneau <strong>de</strong> sapin<br />
45 x 36 cm<br />
salle 26<br />
Le thème <strong>de</strong> la Vierge au jardinet, apparu dans les arts<br />
figurés au début du XV e siècle, a connu une fortune<br />
considérable auprès <strong>de</strong>s peintres <strong>de</strong> l’école rhénane. Lié<br />
à la mystique du tendre développée dès le XIV e siècle dans<br />
les couvents <strong>de</strong>s nonnes, ce motif printanier fait référence<br />
au goût du Moyen Âge pour les jardins privés, appelés<br />
courtils ou paradis. Les fleurs qui tapissent le gazon,<br />
roses, œillets et pâquerettes, sont symboliques et presque<br />
toujours liées à l’iconographie <strong>de</strong> la Vierge.<br />
Symbolique <strong>de</strong>s plantes contenues dans le tableau<br />
Rose rouge : Passion du Christ<br />
Plantain : chemin qui mène à Dieu<br />
Œillet : témoignage <strong>de</strong> chasteté, plante <strong>de</strong>s fiançailles<br />
car la Vierge est la fiancée <strong>de</strong> Dieu<br />
Pissenlit : amertume et douleur <strong>de</strong> la Passion du Christ<br />
Pâquerette : innocence<br />
33
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
Pistes pédagogiques<br />
Pour comprendre le lien entre l’homme du Moyen Âge et les plantes<br />
Lire les remè<strong>de</strong>s préconisés par Hil<strong>de</strong>gar<strong>de</strong> von Bingen, mystique du Moyen<br />
Âge (1098-1179), par exemple pour comprendre le symbolisme qui s’attache à<br />
la guérison par les plantes, dans un registre <strong>de</strong> rite et croyance et non dans le<br />
registre simple du soin. (Voir Le Livre <strong>de</strong>s subtilités <strong>de</strong>s créatures divines, XII e<br />
siècle, Éd. Jerôme Millon)<br />
En atelier d’écriture, inventer ses propres recettes poétiques pour guérir ses<br />
maux, ceux <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong> la société, etc.<br />
Pour exploiter la différence entre motifs végétaux imaginaires et<br />
représentations réalistes.<br />
Œuvres abordées<br />
Sculptures <strong>de</strong> la salle romane : la seule représentation réaliste est une feuille<br />
<strong>de</strong> vigne sur un chapiteau.<br />
Représentation <strong>de</strong>s plantes dans le vitrail d’Adam au Jardin du Paradis et dans<br />
la Vierge au Jardinet.<br />
À l’ai<strong>de</strong> d’un herbier, i<strong>de</strong>ntifier (ou tenter d’i<strong>de</strong>ntifier) les plantes représentées.<br />
En arts plastiques, pour saisir la différence entre représentation réaliste et<br />
formes imaginaires, s’exercer au <strong>de</strong>ssin d’observation d’une part (dans le<br />
jardinet médiéval, par exemple) et à l’invention <strong>de</strong> motifs végétaux d’autre part<br />
(en procédant par combinaison <strong>de</strong> détails différents trouvés dans la salle<br />
romane par exemple).<br />
Pour saisir les différentes fonctions <strong>de</strong>s jardins (utilitaire, symbolique,<br />
esthétique) et ce qu’ils révèlent d’un fonctionnement social :<br />
Faire une recherche sur les différents types <strong>de</strong> jardins existants (du jardin zen<br />
au jardin anglais en passant bien sûr par les différents types <strong>de</strong> jardins<br />
médiévaux) puis tenter <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s classifications pertinentes (critères<br />
formels, critères fonctionnels, etc.). En tirer <strong>de</strong>s conclusions sur ce que révèlent<br />
les jardins du fonctionnement d’une société ou d’un groupe.<br />
34
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Pour saisir le rattachement <strong>de</strong>s symboles à une société :<br />
Le lien symbolique entre une image et une idée est un lien culturellement<br />
construit et appris et non évi<strong>de</strong>nt. Les symboles sont donc liés à un temps et à<br />
un lieu donnés, ils ne sont pas universels. On peut faire une recherche sur<br />
l’évolution <strong>de</strong> la signification symbolique <strong>de</strong> certaines plantes (la rose ou<br />
l’œillet, par exemple) ou sur la transformation <strong>de</strong> certains symboles païens par<br />
le christianisme (l’Arbre <strong>de</strong> la Connaissance, par exemple) pour faire<br />
comprendre aux jeunes visiteurs l’importance du lien symbolique dans la<br />
communication humaine. On peut élargir sur la variation <strong>de</strong>s significations<br />
symboliques <strong>de</strong> certains éléments à travers les cultures.<br />
35
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 15 jeunes<br />
visiteurs, le groupe est<br />
scindé en <strong>de</strong>ux.<br />
Le responsable du groupe<br />
prend alors en charge<br />
une partie <strong>de</strong> la visite, il<br />
est donc indispensable <strong>de</strong><br />
la préparer (voir page<br />
suivante).<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
3, PLACE DU CHÂTEAU<br />
Fiche <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> la visite accueillie<br />
Niveau :<br />
<strong>de</strong> 5 à 10 ans - <strong>de</strong> la maternelle, gran<strong>de</strong> section au CM2<br />
Du jardin au paradis<br />
l’hiver ou l’été<br />
Une promena<strong>de</strong> à travers les jardins représentés dans les œuvres mènera les jeunes visiteurs<br />
jusqu'au jardinet gothique du musée. Elle leur fera découvrir l'importance <strong>de</strong>s jardins<br />
pour les gens du Moyen Âge ainsi que leur dimension symbolique. Elle leur permettra aussi<br />
d’apprécier la finesse et la variété <strong>de</strong>s motifs végétaux représentés sur les œuvres que<br />
conserve le musée.<br />
Deux versions <strong>de</strong> cette visite existent. Si le parcours mené par le médiateur est le même<br />
dans les <strong>de</strong>ux versions, la partie atelier (menée par le responsable du groupe) varie selon<br />
la saison ou les conditions météorologiques :<br />
- L’été, du jardin au paradis (septembre, mai, juin), la partie atelier se déroule au<br />
jardinet gothique.<br />
- L’hiver, du jardin au paradis (d’octobre à avril ou en cas <strong>de</strong> mauvais temps), la<br />
partie atelier se déroule dans la salle romane du musée.<br />
Un cycle conjuguant ces <strong>de</strong>ux versions est possible (voir en fin <strong>de</strong> document).<br />
Préparation indispensable avant la venue au musée<br />
(voir dossier-diapositives Du Jardin au paradis)<br />
Niveau : <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> section <strong>de</strong> maternelle au CE1<br />
Pour que la visite soit une occasion d'échanges riches entre le médiateur et les<br />
enfants, il est utile <strong>de</strong> travailler au préalable sur l'histoire d'Adam et d'Ève. Pour<br />
ai<strong>de</strong>r le responsable <strong>de</strong> groupe, un dossier, intitulé Du jardin au paradis, comprenant <strong>de</strong><br />
nombreuses reproductions d'œuvres représentant cette histoire et <strong>de</strong>s pistes pédagogiques<br />
est disponible en prêt.<br />
Niveau : du CE2 au CM2<br />
- Les œuvres, que les jeunes découvriront lors du parcours, sont religieuses. Pour leur permettre<br />
<strong>de</strong> comprendre la place <strong>de</strong> la religion au Moyen Âge et la fonction <strong>de</strong>s œuvres qu'ils<br />
verront au musée, il est utile d'étudier l'organisation <strong>de</strong> la société au Moyen Âge (les trois<br />
ordres : ceux qui se battent, ceux qui prient et ceux qui travaillent).<br />
- On peut également évoquer une <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong>s œuvres religieuses (éduquer les fidèles,<br />
dont la majorité ne sait pas lire).<br />
SERVICE ÉDUCATIF - PALAIS ROHAN - 2 PLACE DU CHÂTEAU<br />
TÉL : 03 88 52 50 04 - FAX : 03 88 52 50 41
Attention<br />
Les jeunes visiteurs travaillent<br />
en autonomie<br />
dans une salle assez<br />
gran<strong>de</strong>. Il est impératif<br />
qu'ils ne touchent pas les<br />
œuvres. Or celles-ci ne<br />
leur sembleront pas fragiles<br />
et sont à leur portée.<br />
Il faut donc les sensibiliser<br />
à cette contrainte et<br />
prévoir suffisamment<br />
d’accompagnateurs préparés<br />
à leur tâche d'encadrement.<br />
FICHE DÉSCRIPTIVE<br />
DU JARDIN AU PARADIS<br />
- Lors <strong>de</strong> la visite, les jeunes visiteurs seront amenés à rencontrer <strong>de</strong>s représentations symboliques,<br />
il serait intéressant qu'ils sachent au préalable ce qu'est un symbole. On peut les<br />
y préparer facilement par un travail sur quelques symboles très courants (la colombe <strong>de</strong> la<br />
paix, le cœur, le symbolisme <strong>de</strong>s couleurs, etc.).<br />
Préparation à la visite organisée pour les responsables <strong>de</strong> groupe<br />
Des présentations <strong>de</strong> la visite sont proposées en début d’année scolaire (se reporter au programme<br />
<strong>de</strong>s actions éducatives ou contacter Stéphanie Baunet au 03.88.52.50.04).<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 15 jeunes visiteurs, le responsable <strong>de</strong> groupe et le médiateur culturel prennent en<br />
charge un <strong>de</strong>mi-groupe chacun pendant 45 minutes puis les <strong>de</strong>ux groupes permutent.<br />
Les jeunes visiteurs encadrés par le médiateur réalisent le parcours indiqué ci-<strong>de</strong>ssous.<br />
Déroulement du parcours avec le médiateur<br />
Les jeunes visiteurs remontent dans le temps du XV e au XI e siècle, découvrent différentes<br />
représentations du paradis. Ils sont amenés à les analyser mais aussi à en déco<strong>de</strong>r la symbolique.<br />
Le parcours se termine au jardin médiéval reconstitué dans la cour <strong>de</strong> l'Hôtel du<br />
Cerf où jardins représentés et jardin réel seront comparés.<br />
Œuvres étudiées :<br />
Adam au jardin du paradis, vitrail attribué à Thiébaud <strong>de</strong> Lixheim, 3 e quart du XV e siècle,<br />
Saint-Pierre-le-Vieux, <strong>Strasbourg</strong>.<br />
Le Doute <strong>de</strong> saint Joseph, maître strasbourgeois, vers 1410-1420.<br />
Vierge au jardinet, Souabe ou Rhin supérieur, fin XV e .<br />
Linteau à figuration allégorique, Bergholtz-Zell, 1 ère moitié du XI e siècle.<br />
VERSION HIVER<br />
Descriptif <strong>de</strong>s ateliers conduits par le responsable <strong>de</strong> groupe<br />
(matériel fourni par le Service Éducatif)<br />
Les jeunes pris en charge par le responsable <strong>de</strong> groupe rechercheront, à partir <strong>de</strong><br />
différents indices, les motifs végétaux sculptés <strong>de</strong> la salle romane. Ils en gar<strong>de</strong>ront<br />
trace sous forme <strong>de</strong> croquis, <strong>de</strong> frottages ou <strong>de</strong> photos qui pourront donner<br />
lieu à une exploitation plastique par la suite. Ils pourront également, à partir <strong>de</strong><br />
10 ans, relever, sur les cartels, la provenance <strong>de</strong>s sculptures i<strong>de</strong>ntifiées grâce aux<br />
indices.<br />
Atelier 1<br />
Indices : copies <strong>de</strong> motifs en plâtre - photocopies en relief.<br />
Ces copies ne respectent pas l'échelle, la forme générale <strong>de</strong> l'objet et sa matière,<br />
il est donc intéressant <strong>de</strong> travailler sur les différences entre copie et original.<br />
Une fois l'original trouvé à partir <strong>de</strong> la copie, l'enfant gar<strong>de</strong> trace <strong>de</strong> sa découverte en réalisant<br />
un frottage à l'ai<strong>de</strong> d'une photocopie en relief.<br />
Atelier 2<br />
Indices : croquis incomplets.<br />
Le jeune visiteur recherche le motif original puis complète le croquis.<br />
Atelier 3<br />
Indices : photos <strong>de</strong> détails.
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le jeune recherche la sculpture correspondante à partir d'une photo. Il gar<strong>de</strong> trace du<br />
motif en en réalisant un croquis pour les plus grands. Des photocopies <strong>de</strong> photos sont<br />
disponibles pour les plus jeunes.<br />
VERSION ÉTÉ<br />
Pour le cycle, les <strong>de</strong>ux dates<br />
<strong>de</strong> visite doivent être<br />
réservées en même temps<br />
pour éviter tout risque <strong>de</strong><br />
confusion avec <strong>de</strong>s visites<br />
isolées.<br />
Merci au responsable du<br />
groupe d’appeler le<br />
médiateur (le numéro figure<br />
sur la confirmation <strong>de</strong><br />
réservation) pour lui spécifier<br />
le fonctionnement en cycle,<br />
quelques jours avant la 2e visite<br />
Propositions d'activités à mener au jardinet gothique<br />
(Tout le matériel est fourni par le médiateur)<br />
Tous niveaux<br />
- Observation individuelle <strong>de</strong> ce qui différencie le jardinet gothique d'un jardin « actuel »<br />
puis mise en commun. Explication <strong>de</strong> l'aspect symbolique <strong>de</strong> certains éléments.<br />
- Observation <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong> plantes, découverte <strong>de</strong> leurs fonctions et <strong>de</strong> l'organisation<br />
du jardin.<br />
Niveaux : Élémentaire, cycle 3<br />
- Travail sur le plan.<br />
- Observation <strong>de</strong> reproductions d'herbiers puis réalisation <strong>de</strong> trois croquis (un par type<br />
<strong>de</strong> plantes). L'ensemble <strong>de</strong>s croquis réalisés pouvant <strong>de</strong>venir l'herbier <strong>de</strong> la classe.<br />
Maternelle, gran<strong>de</strong> section, élémentaire cycle 2<br />
- Recherche <strong>de</strong>s plantes réelles à partir <strong>de</strong>s reproductions d'herbiers.<br />
- Éventuellement travail sur le plan ou/et croquis simple selon le niveau.<br />
VERSION L’HIVER ET L’ÉTÉ DU JARDIN AU PARADIS (CYCLE DE DEUX VISITES)<br />
La 1 ère visite correspond à la visite version Hiver (le médiateur mène le<br />
parcours, le responsable du groupe mène l’atelier dans la salle romane).<br />
Lors <strong>de</strong> la 2 e visite, après une courte introduction, c’est le médiateur qui<br />
mène la partie atelier au jardin avec un <strong>de</strong>mi-groupe. Pendant ce temps,<br />
le responsable du groupe réalise avec l'autre groupe un circuit <strong>de</strong> remise<br />
en mémoire <strong>de</strong>s œuvres. Les jeunes visiteurs retrouvent le parcours réalisé<br />
avec le médiateur lors <strong>de</strong> leur 1 ère visite puis expliquent au responsable<br />
du groupe, <strong>de</strong>vant chaque œuvre, ce qu'ils en ont retenu. Ce parcours<br />
se termine au jardin médiéval où les <strong>de</strong>ux groupes permutent.<br />
Exploitation après la visite<br />
Le dossier-diapositives Du jardin au paradis propose <strong>de</strong>s pistes pédagogiques.<br />
Il contient également les diapositives <strong>de</strong>s œuvres analysées pendant<br />
la visite ainsi que <strong>de</strong> nombreuses reproductions (photocopies couleurs<br />
plastifiées) d'œuvres représentant l'histoire <strong>de</strong> la Genèse. Il est<br />
donc possible <strong>de</strong> travailler sur <strong>de</strong>s représentations du paradis <strong>de</strong> tous<br />
styles et époques.
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
LA CATHÉDRALE AU MUSÉE<br />
« L’église pontificale, nommée ” Munster ”, magnifiquement bâtie en pierre <strong>de</strong><br />
taille, s’élève en une très ample construction, ornée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tours, dont l’une,<br />
achevée, œuvre admirable, cache sa tête dans les nuages. »<br />
Aeneas Silvius Piccolomini, Germania, 1432<br />
La cathédrale dont la construction s’est étalée sur environ <strong>de</strong>ux siècles et<br />
<strong>de</strong>mi, se retrouve sous plusieurs aspects au musée <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>.<br />
Les plans <strong>de</strong> la cathédrale<br />
La vingtaine <strong>de</strong> plans et projets conservés <strong>de</strong>s maîtres d’œuvres successifs<br />
témoigne <strong>de</strong> la vitalité du chantier <strong>de</strong> la cathédrale. Certains <strong>de</strong>s projets ont été<br />
exécutés, d’autres partiellement abandonnés, mais cet ensemble rarissime<br />
permet <strong>de</strong> suivre la genèse du monument. Ces documents révèlent à quel point<br />
ce chantier a permis la rencontre <strong>de</strong>s conceptions venues <strong>de</strong> France, d’Italie ou<br />
du sud <strong>de</strong> l’Empire. Ces gran<strong>de</strong>s épures tracées à l’encre et au crayon sur<br />
parchemin sont d’une extrême fragilité et ne sont plus exposées au public (<strong>de</strong>s<br />
reproductions papier ou diapositives sont disponibles au musée).<br />
L’institution chargée <strong>de</strong> sa construction<br />
L’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> était une fabrique laïque chargée <strong>de</strong> réunir et <strong>de</strong> gérer les<br />
fonds nécessaires à la construction <strong>de</strong> la cathédrale. Une salle <strong>de</strong> séance pour<br />
la loge <strong>de</strong>s maçons et <strong>de</strong>s tailleurs <strong>de</strong> pierre présidée par un maître d’œuvre y<br />
était installée. La ville contrôlait le budget, nommait les receveurs et les<br />
administrateurs.<br />
39
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
La salle <strong>de</strong>s administrateurs <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />
(salle 31)<br />
Elle faisait office <strong>de</strong> salle <strong>de</strong> réunions et <strong>de</strong> délibérations. Le receveur<br />
(Schaffner), <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong>vait annuellement y rendre compte,<br />
avec les administrateurs, <strong>de</strong> sa gestion <strong>de</strong>vant les délégués du Magistrat <strong>de</strong> la<br />
ville.<br />
Datant <strong>de</strong> 1582, réalisées d’après les <strong>de</strong>ssins du maître d’œuvre <strong>de</strong> la<br />
cathédrale Hans Thoman Uhlberger, les boiseries <strong>de</strong> la salle sont d’une<br />
ordonnance sobre et classique et témoignent <strong>de</strong> la pénétration tardive du style<br />
renaissance (welsch art) dans les arts du bois à <strong>Strasbourg</strong>. Elles comptent<br />
parmi les plus beaux échantillons <strong>de</strong> la décoration intérieure alsacienne <strong>de</strong> la<br />
Renaissance.<br />
Aux fenêtres sont exposés <strong>de</strong>ux vitraux armoriés offerts par les administrateurs<br />
et le receveur au moment <strong>de</strong> leur nomination.<br />
Sous un linteau peint où l’on peut lire « renovatum 1604 », s’ouvre le caveau<br />
<strong>de</strong>s archives et bureau du receveur. Lieu <strong>de</strong> conservation d’archives <strong>de</strong> valeur,<br />
cette petite pièce voûtée, au sol dallé, a été conçue pour prévenir le vol et<br />
l’incendie. La porte est pourvue d’un battant en fer à serrure compliquée, la<br />
fenêtre est grillagée et possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contrevents en fer.<br />
Cette véritable chambre forte abritait autrefois les titres <strong>de</strong> propriété, les<br />
registres, les comptes, actes, plans et <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> la cathédrale.<br />
Speculum vite humanae,<br />
1471, imprimé à Augsbourg<br />
Table à calculer ou abaque<br />
fin du XVI e siècle, début du XVII e siècle<br />
noyer, chêne et os<br />
Cette table permettait d’effectuer (grâce à <strong>de</strong>s jetons) les<br />
opérations nécessaires à la comptabilité <strong>de</strong> l’Œuvre :<br />
encaissement <strong>de</strong>s recettes (fermages, ventes <strong>de</strong> bois,<br />
donations…) et décompte <strong>de</strong>s dépenses (achat <strong>de</strong><br />
matériaux, paie <strong>de</strong>s ouvriers...).<br />
Sur le plateau figurent <strong>de</strong>ux « calculettes » (grilles <strong>de</strong><br />
calcul) i<strong>de</strong>ntiques divisées en lignes et colonnes parallèles<br />
correspondant aux différents ordres d’unités.<br />
En partant du bas vers le haut, les lignes horizontales<br />
correspon<strong>de</strong>nt aux unités, dizaines, centaines, et ainsi <strong>de</strong><br />
suite. Les colonnes verticales sont associées aux unités<br />
monétaires <strong>de</strong> l’époque : heller (ou <strong>de</strong>mi <strong>de</strong>nier), <strong>de</strong>nier,<br />
sou (ou sol), et livre (12 <strong>de</strong>niers valaient 1 sol et 24 sols<br />
valaient 1 livre).<br />
Le calcul se fait du bas vers le haut et <strong>de</strong> la droite vers la<br />
gauche, en ajoutant, en ôtant ou en reportant un ou<br />
40
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
plusieurs jetons d’une division à l’autre. Ainsi, dès que le nombre <strong>de</strong> jetons<br />
dépasse 10 dans l’unité, on ajoute un jeton sur la ligne au-<strong>de</strong>ssus, à l’unité<br />
supérieure ; et dès qu’il y a 12 jetons dans la colonne <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers, on ajoute un<br />
jeton dans la colonne <strong>de</strong>s sols, etc.<br />
Une polémique au début du XVI e siècle va opposer les Abacistes (tenants du<br />
calcul par jetons) aux Algoristes (défendant le calcul à la plume, ancêtre <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s actuelles), mais ce n’est qu’avec la Révolution française que l’usage<br />
<strong>de</strong> l’abaque fut interdit dans les écoles et les administrations.<br />
La salle <strong>de</strong> la Loge, 1582 (salle 5)<br />
Tout le rez-<strong>de</strong>-chaussée du bâtiment Renaissance est occupé par l’ancienne<br />
salle <strong>de</strong> réunion <strong>de</strong>s maçons et tailleurs <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la cathédrale, qui<br />
formaient une corporation distincte <strong>de</strong> la corporation <strong>de</strong>s maçons et tailleurs<br />
<strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> la ville. Cette loge strasbourgeoise, tout comme l’institution <strong>de</strong><br />
l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>, a survécu à l’achèvement du gros œuvre <strong>de</strong> la cathédrale<br />
en 1439. Elle a été élue en 1459 loge suprême du Saint Empire romain<br />
germanique, distinction qu’elle a conservée jusqu’en 1707.<br />
La salle <strong>de</strong> la Loge a peu changé <strong>de</strong>puis son achèvement en 1582, date<br />
visible sur les lambris <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la porte d’entrée. Deux colonnes à<br />
chapiteaux ioniques portent cinq compartiments <strong>de</strong> plafond lambrissé et une<br />
voûte en pierre. Celle-ci supporte la chambre forte ou caveau <strong>de</strong>s archives au<br />
premier étage. L’architecte a fait figurer sur les <strong>de</strong>ux clefs <strong>de</strong> la voûte sa propre<br />
marque, signe d’i<strong>de</strong>ntification, et celle <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> surmontée<br />
d’une croix. Les murs, couverts <strong>de</strong> boiseries en partie basse, conservent en<br />
partie haute les restes <strong>de</strong> peintures murales à motifs <strong>de</strong> grotesques (visages<br />
grimaçants).<br />
Les œuvres exposées dans cette salle se rattachent à l’activité <strong>de</strong>s maîtres<br />
d’œuvres <strong>de</strong> la cathédrale au XV e et au début du XVI e siècle.<br />
Des éléments originaux <strong>de</strong> la cathédrale<br />
Outre <strong>de</strong>s vitraux et <strong>de</strong>s éléments architecturaux, une cinquantaine <strong>de</strong> statues<br />
<strong>de</strong> la cathédrale sont exposées au musée.<br />
Les gran<strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction ou <strong>de</strong> dépose <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> la<br />
cathédrale entre le XVI e et le XX e siècle<br />
L’avènement <strong>de</strong> la Réforme à <strong>Strasbourg</strong> <strong>de</strong> 1524 à 1530 n’a pas altéré<br />
l’aspect <strong>de</strong>s portails <strong>de</strong> la cathédrale. Les documents relatant les <strong>de</strong>structions<br />
n’indiquent pratiquement pas d’atteintes aux œuvres décorant l’extérieur <strong>de</strong>s<br />
41
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
églises. Furent seulement enlevées les sculptures, peintures et reliques<br />
« provocantes » liées au culte <strong>de</strong> la Vierge et <strong>de</strong>s saints.<br />
L’importance du vandalisme révolutionnaire est connue. Selon les sources,<br />
235 statues furent déposées à la suite <strong>de</strong>s arrêtés du 4 puis du 5 Frimaire an<br />
II ordonnant la <strong>de</strong>struction systématique <strong>de</strong>s statues <strong>de</strong> la cathédrale en tant<br />
que symboles <strong>de</strong> l’ordre ancien. Mais la plupart furent déposées avec soin et<br />
regagnèrent assez rapi<strong>de</strong>ment leur emplacement primitif sur l’édifice.<br />
Quelques figures ou ensembles emblématiques comme la Vierge et le Salomon<br />
du grand gâble du portail central <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, ou les apôtres du<br />
portail sud, disparurent complètement. Des travaux <strong>de</strong> recréation <strong>de</strong>s dizaines<br />
<strong>de</strong> pièces disparues furent rapi<strong>de</strong>ment entrepris, en particulier sous la<br />
direction <strong>de</strong> l’architecte Gustave Klotz qui dirigea l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> 1830<br />
à 1870.<br />
Une partie <strong>de</strong>s sculptures, en particulier celles provenant <strong>de</strong>s portails, furent à<br />
nouveau déposées au début du XX e siècle, mais cette fois-ci à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong><br />
protection. Elles rejoignirent la maison <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>, <strong>de</strong>venue<br />
<strong>de</strong>puis le XIX e siècle le lieu <strong>de</strong> dépôt <strong>de</strong>s fragments et souvenirs <strong>de</strong> la<br />
cathédrale. Elles furent progressivement remplacées sur l’édifice par <strong>de</strong>s<br />
copies.<br />
On ne possè<strong>de</strong> que très peu <strong>de</strong> documents sur la restauration <strong>de</strong>s sculptures<br />
<strong>de</strong> la cathédrale in situ. Une recherche archivistique est encore à réaliser. On<br />
peut par contre constater sur la plupart <strong>de</strong>s statues la présence <strong>de</strong><br />
nombreuses pièces en grès, <strong>de</strong> dimensions parfois très réduites, scellées avec<br />
un mortier à base <strong>de</strong> gomme-laque et maintenues à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> goujons en fer<br />
scellés au plomb. Elles sont recouvertes <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong> pollution et <strong>de</strong> badigeons<br />
colorés <strong>de</strong>stinés à harmoniser la couleur <strong>de</strong> surface. Il est donc certain que ce<br />
furent <strong>de</strong>s pièces installées au fur et à mesure que la pollution rongeait les<br />
œuvres, surtout dans la <strong>de</strong>uxième moitié du XIX e siècle. D’autres pièces<br />
réalisées en plâtre correspon<strong>de</strong>nt aux restaurations menées soit à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong><br />
copie, soit à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> présentation au public au moment <strong>de</strong> la création du<br />
musée en 1931.<br />
Le décor sculpté <strong>de</strong>s portails <strong>de</strong> la cathédrale et leur présence au<br />
musée<br />
Principe du décor sculpté <strong>de</strong> la cathédrale<br />
Dans le principe du décor <strong>de</strong>s cathédrales, les sculptures très présentes n’ont<br />
pas vraiment d’autonomie. La statuaire propose comme dans les autres<br />
cathédrales gothiques un vaste programme d’enseignement théologique. À<br />
<strong>Strasbourg</strong>, son iconographie est d’une richesse et d’une cohérence rarement<br />
égalées.<br />
42
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Les sources possibles du programme <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, qui s’articule<br />
autour du Salut <strong>de</strong> l’âme, ont souvent été attribuées au grand théologien Albert<br />
le Grand qui aurait séjourné à <strong>Strasbourg</strong> vers 1260. Cette statuaire permet <strong>de</strong><br />
lire aussi l’évolution du style gothique. En effet, sa réalisation s’étend du<br />
premier quart du XIII e siècle à la fin du XV e siècle.<br />
La cathédrale déploie à l’ouest, sur sa faça<strong>de</strong> principale, un ensemble <strong>de</strong> trois<br />
portails. Un nombre impressionnant <strong>de</strong> sculptures en pied et <strong>de</strong> reliefs y<br />
prennent place : on compte 74 ron<strong>de</strong>s-bosses aux ébrasements, en retour <strong>de</strong><br />
ceux-ci et au gâble principal, 10 dalles travaillées en relief aux tympans<br />
(montrant 21 scènes), 138 petites statues et petits groupes sculptés aux<br />
voussures, 24 reliefs aux socles <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s figures du portail méridional, 26<br />
autres reliefs sur les <strong>de</strong>grés, dans les écoinçons et au sommet du gâble<br />
principal. Au surplus, les contreforts délimitant les portails présentent quelques<br />
drôleries sculptées en bas-relief, <strong>de</strong>ux ron<strong>de</strong>s-bosses dominent le portail<br />
central à gauche et à droite, <strong>de</strong>s statues équestres surplombent le tout.<br />
Une cinquantaine <strong>de</strong> statues et reliefs originaux ainsi que <strong>de</strong>s éléments<br />
architecturaux sont conservés au <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>.<br />
Les trois portails du massif occi<strong>de</strong>ntal (1280-1300)<br />
(salle 7)<br />
Chacun <strong>de</strong>s trois portails abrite une série <strong>de</strong> sculptures monumentales dans<br />
ses ébrasements.<br />
Portail sud<br />
Vierges sages, Vierges folles, le Tentateur<br />
Sept sculptures <strong>de</strong>s piédroits sont exposées au musée, elles<br />
illustrent la parabole <strong>de</strong>s Vierges sages accueillies par le divin<br />
Époux, et <strong>de</strong>s Vierges folles.<br />
Ce récit précè<strong>de</strong> celui du Jugement Dernier dans l’Évangile selon<br />
saint Matthieu. Les Vierges sages, jeunes filles souriantes et<br />
familières, tiennent leur lampe à huile droite, alors que les Vierges<br />
folles la renversent symboliquement.<br />
Le Tentateur, élégant jeune homme habillé à la mo<strong>de</strong> du temps,<br />
présente une pomme avec assurance, mais masque mal son dos<br />
envahi <strong>de</strong> crapauds, lézards et serpents. Ce thème, connu <strong>de</strong>puis<br />
le XII e siècle, n’avait auparavant fait l’objet que <strong>de</strong> figurations dans<br />
la miniature ou la sculpture <strong>de</strong> petite dimension. Très en faveur<br />
dans l’Empire germanique, il se retrouve également à la même<br />
époque dans les cathédrales <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>bourg, puis <strong>de</strong> Fribourg-en-<br />
Brisgau et <strong>de</strong> Bâle.<br />
43
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Portail central<br />
Prophètes dans les ébrasements<br />
Le gâble, il surmonte le portail central<br />
Les éléments authentiques du grand gâble surmontant le portail<br />
central <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> la cathédrale occupent tout le<br />
fond <strong>de</strong> la salle du jubé. Il s’agit d’une transcription du texte<br />
biblique décrivant le trône <strong>de</strong> Salomon dans le premier livre <strong>de</strong>s<br />
Rois. Placé au centre, ce trône a subi les <strong>de</strong>structions<br />
révolutionnaires et seule subsiste la tête du roi Salomon, qui<br />
préfigure ici le Christ. Le long <strong>de</strong>s rampants prennent place <strong>de</strong>s<br />
musiciens. Deux lions s’appuient au marchepied du trône et douze<br />
lionceaux symbolisant les tribus d’Israël s’ébattent sur les <strong>de</strong>grés<br />
décorés <strong>de</strong> bas-reliefs représentant <strong>de</strong>s animaux fantastiques.<br />
Plus haut un autre trône accueillait la statue <strong>de</strong> la Vierge à l’Enfant,<br />
aujourd’hui disparue.<br />
Portail nord<br />
Vertus terrassant les vices<br />
Deux Vertus issues <strong>de</strong> ce portail se trouvent au musée<br />
Portail Saint-Laurent (transept nord)<br />
(salle 5)<br />
Le long du mur occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> la loge s’alignent huit<br />
sculptures provenant du portail Saint-Laurent, érigé entre 1494 et<br />
1505 dans le prolongement du transept. Deux autres sculptures<br />
du même ensemble, figurant la Vierge et saint Laurent, sont<br />
placées <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la salle dans le coin gauche. L’ensemble<br />
<strong>de</strong> ces dix figures monumentales, chef-d’œuvre du gothique tardif, est dû au<br />
sculpteur Johan von Ach (Jean d’Aix). Les trois Rois Mages et le Serviteur du Roi<br />
maure flanquaient le contrefort gauche du portail, aux côtés <strong>de</strong> la Vierge à<br />
l’Enfant. Quatre saints entouraient le contrefort droit, à la suite <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
statue <strong>de</strong> Saint Laurent placée aujourd’hui près <strong>de</strong> la Vierge.<br />
Les statues <strong>de</strong> Jean d’Aix sont remarquables par la caractérisation <strong>de</strong>s<br />
physionomies — voir le type ethnique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux africains — et une sensibilité du<br />
rendu <strong>de</strong> l’épi<strong>de</strong>rme que l’on ne retrouve que chez les meilleurs sculpteurs <strong>de</strong><br />
cette époque. Cette volonté <strong>de</strong> réalisme est contredite toutefois par les<br />
attitu<strong>de</strong>s contorsionnées <strong>de</strong>s personnages et les draperies pesantes qui<br />
enferment les corps.<br />
44
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Cet ensemble a fait l’objet d’une campagne <strong>de</strong> restauration entre 1997 et<br />
2001. Seul le Serviteur du Roi maure a été laissé en l’état afin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le<br />
témoignage <strong>de</strong> l’aspect antérieur <strong>de</strong>s sculptures.<br />
(Voir fiche restaurations, salle 5)<br />
Portail du transept sud<br />
(salle 7)<br />
Église et Synagogue<br />
Un atelier extraordinairement novateur conçoit, entre 1225 et<br />
1235, les parties supérieures du croisillon sud et le Pilier <strong>de</strong>s<br />
Anges, puis les tympans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux portails sud et le couple <strong>de</strong><br />
l'Église et <strong>de</strong> la Synagogue placé <strong>de</strong> part et d'autre <strong>de</strong> ces portails.<br />
Ces <strong>de</strong>ux figures <strong>de</strong> femmes, allégories <strong>de</strong>s religions chrétienne et<br />
judaïque, comptent parmi les plus célèbres chefs-d’œuvre <strong>de</strong> l'art<br />
occi<strong>de</strong>ntal du Moyen Âge.<br />
La Synagogue vaincue et l’Église triomphante appartiennent à<br />
une symbolique traditionnelle dont les représentations se<br />
multiplient à partir du milieu du XIII e siècle. À gauche, l'Église<br />
victorieuse et couronnée, tenant dans ses mains le calice et la<br />
bannière que surmonte la croix, considère avec assurance la<br />
Synagogue. Celle-ci, qui tient une lance brisée, détourne sa tête<br />
aux yeux bandés, expression <strong>de</strong> son refus <strong>de</strong> reconnaître dans le<br />
Christ le Messie attendu. Elle paraît laisser tomber les tables <strong>de</strong> la<br />
Loi, symbole <strong>de</strong> l’Ancien Testament dépassé. Ces figures élancées<br />
sont empreintes d'une très gran<strong>de</strong> humanité. Toutes <strong>de</strong>ux caractérisent la<br />
brève pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> raffinement qui marque la fin du règne <strong>de</strong>s Hohenstaufen. La<br />
finesse <strong>de</strong>s drapés flui<strong>de</strong>s, qui laissent percevoir la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s corps, ainsi que<br />
les poses majestueuses, renvoient également à la statuaire <strong>de</strong> l'Antiquité, qui<br />
bénéficie au début du XIII e siècle d'un regain d'intérêt désigné sous le nom <strong>de</strong><br />
« Renaissance antique ».<br />
La proximité stylistique <strong>de</strong> ces sculptures avec la statuaire <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong><br />
Chartres a été soulignée, mais <strong>de</strong>s rapprochements ont également été établis<br />
avec la statuaire bourguignonne et celle <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Sens. Selon<br />
certains spécialistes, les sculpteurs partis <strong>de</strong> Sens auraient gagné Chartres,<br />
puis la Bourgogne avant <strong>de</strong> rejoindre <strong>Strasbourg</strong>, alors que d'autres concluent<br />
plutôt à la simultanéité <strong>de</strong> ces chantiers. On a également souligné l'expressivité<br />
dramatique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux figures, qui relèverait à la fois <strong>de</strong>s grands courants<br />
français et germaniques.<br />
45
Le Tentateur<br />
et les<br />
Vierges folles<br />
Faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, portail sud<br />
Saints et anges<br />
Le Jugement<br />
<strong>de</strong>rnier<br />
Le Christ Époux<br />
et<br />
les Vierges<br />
Sages<br />
Gravure,<br />
d’après J.J. Arhardt,<br />
XVII e siècle, <strong>Strasbourg</strong>,<br />
Cabinet<br />
<strong>de</strong>s Estampes et<br />
<strong>de</strong>s Dessins.
Tête <strong>de</strong><br />
Dieu le Père<br />
Les lionceaux<br />
symbolisant<br />
les 12 tribus<br />
d’Israël<br />
Prophètes<br />
La Passion<br />
du Christ<br />
Prophètes<br />
Faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, portail central<br />
Gravure d’A. Aubry, <strong>de</strong>uxième moitié du XVII e siècle<br />
<strong>Strasbourg</strong>, Cabinet <strong>de</strong>s Estampes et <strong>de</strong>s Dessins.<br />
Vierge à<br />
l’Enfant<br />
en trône<br />
Salomon sur<br />
son trône<br />
Scènes <strong>de</strong><br />
la Bible,<br />
Évangélistes et<br />
docteurs<br />
<strong>de</strong> l’Église<br />
Vierge à<br />
l’Enfant
Vertus<br />
terrassant<br />
les vices<br />
Faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, portail nord<br />
Saints et anges<br />
Enfance du<br />
Christ<br />
Gravure, d’après<br />
J.J. Arhardt,<br />
XVII e siècle<br />
<strong>Strasbourg</strong>, Cabinet<br />
<strong>de</strong>s Estampes et<br />
<strong>de</strong>s Dessins.
Vierge à<br />
l’Enfant<br />
Rois Mages<br />
Portail du transept nord, Saint-Laurent<br />
Lithographie, Émile Simon, XIX e siècle, <strong>Strasbourg</strong><br />
Martyre <strong>de</strong><br />
Saint Laurent<br />
Saint<br />
Laurent<br />
Saints
Église Dormition<br />
Couronnement Synagogue<br />
Funérailles<br />
Gravure d’Isaac Brunn, 1617<br />
<strong>Strasbourg</strong>, Cabinet <strong>de</strong>s Estampes et <strong>de</strong>s Dessins.<br />
Portail du transept sud, portail <strong>de</strong> la justice<br />
Roi<br />
Salomon<br />
Assomption
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le jubé, un élément démonté au XVII e siècle et reconstitué au<br />
musée (salle 7)<br />
À l’entrée <strong>de</strong> la salle ont été reconstituées <strong>de</strong>ux travées <strong>de</strong> l’ancien jubé <strong>de</strong> la<br />
cathédrale. Dû à un nouvel atelier présent à <strong>Strasbourg</strong> peu après le milieu du<br />
XIII e siècle, ce jubé à sept arcatures, édifié à l’extrémité est <strong>de</strong> la nef, était<br />
<strong>de</strong>stiné à isoler les fidèles <strong>de</strong>s messes et <strong>de</strong>s offices célébrés dans le chœur.<br />
Il fut démoli en 1682 après la réintroduction du culte catholique à la cathédrale<br />
pour répondre à l’esthétique et à la liturgie nouvelles prônées par la Contre-<br />
Réforme. Il nous est toutefois connu par plusieurs gravures et <strong>de</strong>ssins du XVII e<br />
siècle.<br />
Gravure sur cuivre réalisée d’après un <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> J.J. Arhardt.<br />
vers 1660, <strong>Strasbourg</strong>, Cabinet <strong>de</strong>s Estampes et <strong>de</strong>s Dessins.<br />
Neuf figures d’apôtres, un diacre ainsi que plusieurs fragments <strong>de</strong> reliefs <strong>de</strong>s<br />
gâbles ont pu être conservés et sont présentés aujourd’hui au musée. Ces<br />
sculptures témoignent d’une proximité stylistique avec la statuaire <strong>de</strong> la<br />
cathédrale <strong>de</strong> Reims, dont la faça<strong>de</strong> constituait le plus grand chantier <strong>de</strong><br />
l’époque, ainsi qu’avec les apôtres <strong>de</strong> la Sainte-Chapelle <strong>de</strong> Paris. L’ensemble<br />
<strong>de</strong>s apôtres entourait initialement une Vierge à l’enfant disparue après la<br />
démolition du jubé. La Vierge aurait appartenu à un collectionneur lorrain avant<br />
d’être vendue en Angleterre et acquise par le Metropolitan Museum <strong>de</strong> New<br />
York.<br />
51
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le vitrail<br />
Durant tout le Moyen Âge, <strong>Strasbourg</strong> et l’Alsace occupent une place<br />
prédominante dans l’art du vitrail. Peu <strong>de</strong> vitraux <strong>de</strong> la cathédrale sont<br />
conservés au <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>. Celui figurant un Empereur en<br />
majesté est exemplaire à plus d’un titre. Son interprétation et sa localisation<br />
dans l’édifice restent encore incertaines et illustrent bien le perpétuel<br />
questionnement que peuvent susciter certaines œuvres d’art.<br />
L’Empereur en majesté<br />
Ancienne faça<strong>de</strong> romane ou partie inférieure du chœur roman<br />
<strong>de</strong>rnier quart du XII e siècle<br />
208 x 100 cm<br />
salle 3<br />
La qualité, la taille et l’iconographie laissent penser que cette figure<br />
royale a été confectionnée pour un édifice <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<br />
<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>. De plus on trouve trace <strong>de</strong> ces panneaux en<br />
1447 et au moment où ils furent réparés en 1855, même si leur<br />
localisation dans la cathédrale a changé à plusieurs reprises.<br />
Trônant dans l’axe d’une composition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux panneaux, un<br />
souverain chrétien présente avec gravité les attributs qui<br />
proclament sa dignité : couronne à arceaux, sceptre fleuronné et<br />
globe crucifère.<br />
Somptueusement vêtu, nimbé, il n’est pas nommé.<br />
Derrière le <strong>de</strong>ssin d’un siège précieux, apparaissent, représentés à<br />
une échelle inférieure, les bustes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dignitaires : à la gauche<br />
du souverain, un homme barbu, les mains jointes <strong>de</strong>vant lui ; <strong>de</strong><br />
l’autre côté, un jeune porte épée. Les rehauts <strong>de</strong> bro<strong>de</strong>ries et <strong>de</strong><br />
pierreries, nombreux, sont formulés <strong>de</strong> la même manière que dans<br />
les fragments que l’on a conservés <strong>de</strong> la suite <strong>de</strong>s rois romans faits pour le<br />
collatéral nord <strong>de</strong> la cathédrale.<br />
Le roi ou l’empereur trônant n’est désigné par aucune inscription. Peut-être se<br />
déployait-elle initialement dans l’arca<strong>de</strong> qui <strong>de</strong>vait abriter la figure ou dans le<br />
panneau à ses pieds. Mais il se pourrait aussi qu’elle n’ait jamais existé, la<br />
figure se distinguait suffisamment <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s autres personnages par son<br />
attitu<strong>de</strong>, il est assis sur un trône.<br />
C’est à une tradition ottonienne voire carolingienne que se rattache cette<br />
représentation : le souverain représentant la puissance impériale est entouré<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dignitaires faisant référence dans ces panneaux au pouvoir temporel<br />
seulement. La distinction recherchée par son nimbe a incité divers auteurs à<br />
reconnaître en lui Henri II, canonisé en 1146, ou Charlemagne canonisé en<br />
1165 et accompagné <strong>de</strong> Roland, le porte glaive, et <strong>de</strong> son ami Olivier.<br />
(Voir thème Portrait)<br />
52
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
La technique du vitrail<br />
La technique médiévale du vitrail est bien connue par <strong>de</strong> nombreux textes <strong>de</strong><br />
toutes époques du XII e au XIX e siècle, dont les plus célèbres restent ceux écrits<br />
par le moine allemand Théophile, du début du XII e siècle, ou par Antoine <strong>de</strong> Pise<br />
à la fin du XIV e siècle.<br />
La réalisation d’un vitrail nécessite du verre et du plomb :<br />
La fabrication du verre<br />
Le verre est composé <strong>de</strong> silice obtenue à partir <strong>de</strong> sable, à laquelle on ajoute<br />
<strong>de</strong>s éléments qui permettent d’en abaisser le point <strong>de</strong> fusion<br />
- soit <strong>de</strong> la potasse obtenue à partir <strong>de</strong> cendres <strong>de</strong> végétaux (hêtre ou fougères)<br />
- soit <strong>de</strong> la sou<strong>de</strong> obtenue à partir <strong>de</strong> cendres <strong>de</strong> végétaux marins (algues ou<br />
salicorne). La composition du verre conditionne son vieillissement : les verres<br />
potassiques, majoritaires au XIII e siècle, s’altèrent en se dévitrifiant (la potasse<br />
est extraite par l’eau <strong>de</strong> pluie qui coule sur la face externe du vitrail, ou se<br />
con<strong>de</strong>nse en face interne). Ils sont noircis <strong>de</strong> dépôts d’altération, ou percés <strong>de</strong><br />
cratères. À partir du XIV e siècle, l’introduction <strong>de</strong> sou<strong>de</strong> en plus ou moins<br />
gran<strong>de</strong> quantité modifie et réduit ce phénomène d’altération <strong>de</strong>s verres.<br />
Le verre est soufflé en plateaux jusqu’au XVI e siècle, puis en manchons (grosse<br />
bulle). Il a la particularité d’être teinté dans la masse, grâce à l’introduction<br />
d’éléments qui colorent la pâte <strong>de</strong> verre : l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> cobalt donne du bleu ;<br />
l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuivre donne du rouge ou du vert selon son <strong>de</strong>gré d’oxydation ; le<br />
manganèse donne du violet et le fer et l’antimoine, du jaune. Ceci conditionne<br />
la technique <strong>de</strong> fabrication : au sein du vitrail, chaque élément donne lieu à la<br />
coupe d’une pièce <strong>de</strong> verre différente selon la couleur souhaitée, qui sera<br />
cernée d’un plomb.<br />
La création d’un vitrail nécessite, en premier lieu, l’établissement d’une<br />
maquette ou « patron ».<br />
D’abord à échelle réduite, puis à échelle 1, ce patron doit aussi fournir le tracé<br />
du plomb. Au XIII e siècle, le papier n’étant pas d’usage courant, le peintre<br />
verrier se servait d’une table <strong>de</strong> bois qu’il blanchissait à la craie : le <strong>de</strong>ssin du<br />
vitrail et le tracé du plomb y étaient reportés en noir.<br />
Les pièces <strong>de</strong> verre étaient ensuite posées sur cette table <strong>de</strong> bois. Le tracé du<br />
vitrail étant visible par transparence au travers du verre, la coupe <strong>de</strong> verre était<br />
alors réalisée au fer rouge. Le fer, chauffé « au rouge », était posé sur le verre<br />
suivant le tracé <strong>de</strong> coupe désiré. Une fêlure se produisait alors, notamment<br />
lorsqu’on humectait <strong>de</strong> salive, avec le doigt, l’endroit où le fer avait été<br />
appliqué. La coupe <strong>de</strong> verre était ensuite rectifiée au grugeoir. On prenait soin<br />
53
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
<strong>de</strong> réserver un espace pour le passage du plomb.<br />
Si complexe que puisse nous paraître cette technique aujourd’hui perdue, les<br />
peintres verriers du Moyen Âge n’ont pas hésité à tailler <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> verre <strong>de</strong><br />
très gran<strong>de</strong> taille et <strong>de</strong> formes extrêmement complexes. La coupe au fer rouge<br />
a été pratiquée jusqu’au XVI e siècle. À la fin du XVI e siècle, on voit apparaître<br />
l’usage du diamant, qui reste encore utilisé <strong>de</strong> nos jours, quoique<br />
progressivement remplacé, <strong>de</strong>puis la fin du XX e siècle, par les molettes,<br />
roulettes ou « toyos ».<br />
Peindre sur le verre<br />
Quand tous les morceaux du futur vitrail sont découpés, le maître verrier peut<br />
se consacrer à la peinture. Sur le verre il trace les plis <strong>de</strong>s costumes, les traits<br />
<strong>de</strong>s visages, <strong>de</strong>s motifs géométriques ou végétaux… Pour cela il trempe son<br />
pinceau dans une matière <strong>de</strong> couleur, la « grisaille ». Elle est traditionnellement<br />
<strong>de</strong> couleur noire, en Alsace et en Allemagne, ou brune plus au sud <strong>de</strong> la France<br />
et <strong>de</strong> l’Europe. Le mo<strong>de</strong>lé <strong>de</strong>s figures est optenu en opacifiant le verre <strong>de</strong><br />
couleur par <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> grisaille.<br />
La grisaille est constituée généralement <strong>de</strong> pigments <strong>de</strong> fer broyés dans un<br />
fondant vitreux plus fusible que le verre sur laquelle elle est appliquée.<br />
Sous forme <strong>de</strong> poudre, elle se dilue à l’urine (au XII e siècle), au vinaigre ou à<br />
l’eau, puis s’applique au pinceau. Pour se fixer au verre, elle doit être cuite à<br />
630°C environ.<br />
Les techniques <strong>de</strong> peinture s’affinent au cours <strong>de</strong>s siècles : partant d’un simple<br />
trait souligné d’un lavis au XII e et XIII e siècle, le peintre verrier maîtrise <strong>de</strong>s<br />
mo<strong>de</strong>lés <strong>de</strong> plus en plus complexes au XVI e siècle. D’autres couleurs font leur<br />
apparition à partir du XIV e siècle, permettant <strong>de</strong> colorer une même pièce <strong>de</strong><br />
verre sans être obligé <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> couleur et d’ajouter un plomb : le<br />
jaune d’argent d’abord --- teinture composée <strong>de</strong> sels d’argent qui pénètrent<br />
certains verres lors <strong>de</strong> la cuisson et les colorent en jaune --- permet <strong>de</strong> teinter<br />
cheveux, barbes et ornements. La sanguine et le « jean-cousin », à partir du XV e<br />
siècle, donnent <strong>de</strong>s carnations orangées. Les émaux, d’abord bleus au XV e<br />
siècle, puis verts, rouges ou violets au XVI e et au XVII e siècle, sont <strong>de</strong>s couleurs<br />
transparentes, au contraire <strong>de</strong> la grisaille opaque.<br />
54
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Après cuisson <strong>de</strong>s peintures, on peut passer au montage en plomb :<br />
Le sertissage<br />
Le plomb a un profil en H, entre les ailes duquel on insère le verre. Le plomb,<br />
mou, cerne les pièces <strong>de</strong> verre. Il est coupé aux intersections et ces <strong>de</strong>rnières<br />
sont soudées à l’ai<strong>de</strong> d’un mélange d’étain et <strong>de</strong> plomb. Le plomb est un<br />
élément <strong>de</strong> soutien du vitrail qui lui confère une gran<strong>de</strong> solidité et une<br />
souplesse qui perm et à l’ensemble <strong>de</strong> résister aux vents. C’est aussi un<br />
élément d’une gran<strong>de</strong> importance picturale : tracé par l’artiste, il vient<br />
souligner et renforcer la composition. Fabriqué au sein <strong>de</strong> l’atelier du peintre<br />
verrier, contrairement au verre, c’est une production unique et typique d’un<br />
atelier <strong>de</strong> par sa composition et sa morphologie.<br />
Le vitrail est finalement posé au sein <strong>de</strong> la baie à laquelle il est <strong>de</strong>stiné.<br />
Constitué <strong>de</strong> panneaux d’environ 60 par 80 cm, assemblés à l’ai<strong>de</strong> d’une<br />
serrurerie métallique qui en assure le maintien : barlotières et vergettes.<br />
À partir d’une conférence d’Anne Pinto, restauratrice <strong>de</strong> vitraux.<br />
Bibliographie<br />
Jean Lafond - Le vitrail, origines, technique, <strong>de</strong>stinées - Édition Florilège, 1966<br />
- 1978 - 1998<br />
Marcel Aubert, Louis Gro<strong>de</strong>cki, André Chastel - Le vitrail français - Édition<br />
Mon<strong>de</strong>s, 1958<br />
Nicole Blon<strong>de</strong>l - Le vitrail, vocabulaire typologique et technique - Imprimerie<br />
Nationale, Paris 1993<br />
55
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Phases <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> la cathédrale : quelques dates<br />
1015 Fondation <strong>de</strong> la cathédrale par l’évêque Wernher <strong>de</strong><br />
Habsbourg<br />
12 e siècle Série d’incendies<br />
Fin 12 e siècle Début <strong>de</strong> la reconstruction du chœur et du transept nord<br />
Après 1225 Arrivée du premier maître gothique : croisillon sud, Pilier du<br />
Jugement Dernier et statues <strong>de</strong> l’Église et <strong>de</strong> la Synagogue<br />
1240-1275 Reconstruction <strong>de</strong> la nef jusqu’à la faça<strong>de</strong> romane<br />
Après 1248 Construction du Jubé<br />
1277 Début <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> ouest actuelle<br />
1284 Première mention du nom <strong>de</strong> Erwin <strong>de</strong> Steinbach<br />
1286 L’administration <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> passe <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong><br />
l’évêque à celles <strong>de</strong> la ville<br />
1280-1290 Construction <strong>de</strong>s portails <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> avec leurs statues<br />
1340-1370 Élévation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tours <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s<br />
apôtres<br />
Vers 1384 Élévation du beffroi par Michel <strong>de</strong> Fribourg<br />
1399-1419 Construction <strong>de</strong> l’octogone <strong>de</strong> la flèche par Ulrich d’Ensingen<br />
1419-1439 Élévation <strong>de</strong> la flèche par Jean Hültz<br />
1485 Chaire du prédicateur Geiler par Hans Hammer<br />
1495-1505 Construction <strong>de</strong> la chapelle et du portail Saint-Laurent<br />
1525-1529 Introduction <strong>de</strong> la Réforme et du culte luthérien<br />
1574 Mise en fonctionnement <strong>de</strong> l’horloge astronomique<br />
1681 La cathédrale est rendue au culte catholique<br />
1682 Démolition du jubé, transformation du chœur<br />
1772-1778 Disparition <strong>de</strong>s échoppes entourant la cathédrale, remplacées<br />
par <strong>de</strong>s galeries en style gothique par Jean-Laurent Goetz<br />
1792 Dépose et <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> nombreuses sculptures<br />
1813-1855 Réparation <strong>de</strong>s dégâts causés par la Révolution<br />
56
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Pistes pédagogiques<br />
Pour une approche plastique et sensible <strong>de</strong> la sculpture gothique<br />
Œuvres abordées<br />
L’Église et la Synagogue<br />
Les Vierges sages et Vierges folles<br />
Les statues du portail Saint-Laurent<br />
S’attacher à la posture et aux proportions<br />
S’amuser à reprendre la pause <strong>de</strong>s statues, pour en apprécier le<br />
déhanchement ou les libertés que prend le sculpteur par rapport aux<br />
possibilités anatomiques.<br />
Mesurer le rapport proportionnel tête – tronc – jambe – largeur d’épaule à<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> papier maintenues à bout <strong>de</strong> bras à une certaine distance<br />
<strong>de</strong>s statues pour se rendre compte <strong>de</strong> l’étirement éventuel <strong>de</strong>s corps.<br />
S’attacher au rapport du vêtement et du corps<br />
- S’interroger sur le rapport qu’entretient le vêtement avec le corps, est-il « près<br />
du corps » (l’Église et la Synagogue), le corps est-il au contraire « noyé » dans un<br />
flot <strong>de</strong> plis cassés (certaines statues du portail Saint-Laurent) ?<br />
- Faire un croquis rapi<strong>de</strong> pour gar<strong>de</strong>r trace <strong>de</strong>s observations.<br />
- Rechercher les références <strong>de</strong>rrière la représentation <strong>de</strong> la figure humaine :<br />
référence à la statuaire antique (l’Église et la Synagogue) ou référence à la<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’époque (le Tentateur). Proposer <strong>de</strong>s documents iconographiques <strong>de</strong><br />
référence pour permettre aux jeunes visiteurs <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s comparaisons.<br />
S’attacher à l’observation <strong>de</strong>s drapés<br />
- Faire un <strong>de</strong>ssin précis d’un détail <strong>de</strong> drapé <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s sculptures<br />
étudiées. Se munir <strong>de</strong> papier <strong>de</strong> couleur pour pouvoir utiliser noir, gris et blanc<br />
pour indiquer ombres et lumière et rendre une impression <strong>de</strong> relief. Se munir<br />
d’un morceau <strong>de</strong> carton percé d’un trou rectangulaire ou carré d’environ 1 cm<br />
pour cadrer plus facilement la zone à <strong>de</strong>ssiner (en regardant à travers le trou).<br />
- À partir <strong>de</strong> photos numériques <strong>de</strong> détails significatifs <strong>de</strong>s différents drapés,<br />
engager les jeunes visiteurs à retrouver les statues concernées avant<br />
d’entamer une analyse <strong>de</strong> l’œuvre.<br />
57
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Pour saisir la fonction « narrative » <strong>de</strong> certains groupes sculptés<br />
- Avant la visite, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux jeunes visiteurs <strong>de</strong> réaliser un projet <strong>de</strong><br />
programme iconographique rendant compte d’un récit biblique (les Vierges<br />
folles, les Vierges sages), ou créant <strong>de</strong>s figures allégoriques (l’Église et la<br />
Synagogue). Le projet peut être réalisé soit sous forme <strong>de</strong> croquis, soit sous<br />
forme <strong>de</strong> mime. La visite au musée permet <strong>de</strong> comparer le choix <strong>de</strong>s jeunes<br />
avec les statues originales.<br />
- Faire une recherche iconographique à partir d’une histoire ou à partir d’un<br />
thème (l’expression <strong>de</strong> la puissance ; réalisme / idéalisation ; référence à<br />
l’antique ou référence à la vie quotidienne <strong>de</strong> l’époque, etc.).<br />
58
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
3, PLACE DU CHÂTEAU<br />
Fiche <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> la visite accueillie<br />
NIVEAU : <strong>de</strong> 8 à 12 ans - du CE2 au CM2<br />
La cathédrale s’invite au musée<br />
Le langage <strong>de</strong>s images<br />
[…] ce qu'est l'écriture pour ceux qui savent lire, la peinture l'est pour les illettrés qui<br />
regar<strong>de</strong>nt les images.<br />
Grégoire le Grand, vers l'an 600, lettre adressée à l’évêque Sexenus <strong>de</strong> Marseille<br />
Il faut dire que les images n'ont pas été introduites dans l'Église sans motif<br />
raisonnable. […] Elles ont été inventées à cause du manque d'instruction <strong>de</strong>s gens<br />
ordinaires qui ne peuvent pas lire et qui pourraient ainsi par les sculptures et les<br />
peintures comprendre davantage les mystères <strong>de</strong> notre foi comme s'ils avaient <strong>de</strong>s<br />
livres.<br />
Saint Bonaventure, 3 e Livre <strong>de</strong>s sentences, IX, I, II ; XIII e siècle<br />
On pourrait croire que les œuvres <strong>de</strong> la cathédrale ont un don d'ubiquité, voici qu'on<br />
les voit à plusieurs endroits à la fois…<br />
Mais qu'on ne s'y trompe pas, celles du musée sont bien les originales. Les jeunes<br />
visiteurs font leur connaissance au musée puis les replacent dans leur contexte<br />
d'origine.<br />
Durée : 1h30<br />
Objectifs<br />
Approcher une époque à travers <strong>de</strong>s œuvres en donnant <strong>de</strong>s clés pour la lecture <strong>de</strong>s<br />
images au Moyen Âge<br />
Faire le lien entre le musée (lieu d'exposition actuelle) et la cathédrale<br />
(emplacement d'origine).
FICHE DESCRIPTIVE<br />
LA CATHÉDRALE S’INVITE AU MUSÉE<br />
Pour préparer la visite<br />
(en prêt au Service éducatif <strong>de</strong>s musées)<br />
Dossier <strong>de</strong> l'exposition « Les bâtisseurs <strong>de</strong> cathédrale »<br />
Le petit livre d'une gran<strong>de</strong> cathédrale, Cécile Dupeux et Serge Bloch, 1991<br />
Déroulement <strong>de</strong> la visite<br />
Après une introduction au musée, <strong>de</strong>ux types d'œuvres sont interrogées, un vitrail et<br />
un groupe <strong>de</strong> sculptures : « L'Empereur en majesté » (<strong>de</strong>rnier quart du XII e siècle ) et<br />
« Les Vierges sages et les Vierges folles » (portail sud <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, vers<br />
1280-1300).<br />
Les jeunes visiteurs replacent ensuite le groupe <strong>de</strong> sculptures dans le contexte <strong>de</strong><br />
l'ensemble <strong>de</strong>s portails <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> la cathédrale.<br />
Si l’accès à la cathédrale est possible dans <strong>de</strong> bonnes conditions, le médiateur<br />
montrera à l'intérieur l'un <strong>de</strong>s vitraux <strong>de</strong> la suite <strong>de</strong>s souverains du bas-côté nord<br />
afin d’évoquer le pouvoir royal et ses liens avec l'Église.<br />
En conclusion, l'animateur présentera la cathédrale en tant que lieu <strong>de</strong> vie<br />
quotidienne.
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
VERS LES TEMPS MODERNES<br />
L’art s’ouvre à l’observation <strong>de</strong> l’homme et du mon<strong>de</strong><br />
Le portrait au musée<br />
Pour faire un portrait : « les parties du corps qui sont lai<strong>de</strong>s, et <strong>de</strong><br />
la même façon celles qui donnent peu <strong>de</strong> plaisir, <strong>de</strong>vraient être<br />
Du verbe po(u)r traire = couvertes par <strong>de</strong>s drapés, <strong>de</strong>s fron<strong>de</strong>s ou par la main. Les<br />
<strong>de</strong>ssiner, représenter anciens ont peint le portrait d’Antigonos seulement du côté du<br />
trait pour trait. visage où l’œil ne manquait pas. On dit que la tête <strong>de</strong> Périclès<br />
était longue et lai<strong>de</strong>, c’est pourquoi il était portraituré par les<br />
peintres et les sculpteurs portant un casque. D’après Plutarque,<br />
quand les peintres antiques (dé)peignaient <strong>de</strong>s rois, ils corrigeaient les défauts<br />
que l’on ne voulait pas laisser apercevoir, et ce, tout en gardant la<br />
ressemblance ».<br />
Alberti, De la peinture (1434)<br />
L’icône et le principe <strong>de</strong> réalité<br />
L’icône autour du VI e siècle en Orient <strong>de</strong>vient objet <strong>de</strong> culte au même titre que<br />
les reliques <strong>de</strong>s saints. Elle pénètre en Occi<strong>de</strong>nt à la suite <strong>de</strong>s croisa<strong>de</strong>s et<br />
influence l’art occi<strong>de</strong>ntal. Cette tendance perdure dans l’Italie du XIV e siècle. La<br />
Vierge à l’enfant par exemple n’est pas représentée comme un personnage en<br />
chair et en os, mais toujours comme une image <strong>de</strong> culte, c’est-à-dire en tant<br />
qu’icône.<br />
Toutefois apparaissent <strong>de</strong>s personnages extérieurs, anges et saints, et surtout<br />
les donateurs. Entre l’image du donateur et sa physionomie réelle, il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> ressemblance jusqu’au XV e siècle. C’est que la notion même <strong>de</strong> portrait<br />
ressemblant n’a pas cours avant 1300. Il s’agissait moins <strong>de</strong> reconnaître les<br />
personnages que d’i<strong>de</strong>ntifier leur fonction à partir <strong>de</strong> signes propres à une<br />
catégorie ou à une classe <strong>de</strong> la société. Armoiries, costumes, objets<br />
emblématiques, inscriptions, participent « du principe <strong>de</strong> réalité » qui permet<br />
<strong>de</strong> différencier les personnages.<br />
61
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Saint Conrad <strong>de</strong> Constance et donateur <strong>de</strong> Duntzenheim<br />
<strong>Strasbourg</strong> vers 1480-85<br />
Huile et tempera sur bois <strong>de</strong> sapin<br />
142 cm x 39 cm<br />
salle 26<br />
Il s’agit du fragment d’un retable montrant un donateur<br />
agenouillé, pour lequel intercè<strong>de</strong> son saint patron. Il est<br />
intéressant <strong>de</strong> noter la disproportion entre les <strong>de</strong>ux, sans doute<br />
accusée par la présence du carrelage, c’est-à-dire un espace<br />
illusionniste. Le donateur est d’échelle réduite pour respecter la<br />
hiérarchie sacrée, il s’agenouille humblement aux pieds <strong>de</strong> la<br />
figure <strong>de</strong> saint Conrad. Il est vêtu d’un manteau aux longues<br />
manches et au col doublé <strong>de</strong> fourrure, couvert d’une étole noire.<br />
C’est l’image d’un notable, Ammeister <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> <strong>de</strong> 1523 à<br />
1529 et exportateur <strong>de</strong> vin. Son image est individualisée, mais<br />
l’artiste est apparemment largement tributaire <strong>de</strong> types<br />
physionomiques. Le visage du saint évêque est également<br />
caractéristique du répertoire général <strong>de</strong> cet artiste.<br />
Ce qui permettrait d’i<strong>de</strong>ntifier le personnage, ce n’est sans doute<br />
pas la ressemblance <strong>de</strong> l’image avec son modèle, mais plutôt ses<br />
armoiries, posées en vignette sur le fond du carrelage.<br />
Naissance du portrait mo<strong>de</strong>rne<br />
C’est à partir du milieu du XIV e siècle que le portrait individuel<br />
nettement caractérisé et n’obéissant plus « au principe <strong>de</strong><br />
réalité » se trouve formulé. Il faut en chercher les sources chez les<br />
rois <strong>de</strong> France qui dès Philippe le Bel se font représenter euxmêmes.<br />
Mais c’est dans l’image du donateur que vont se<br />
produire les principales innovations qui annoncent le portrait<br />
mo<strong>de</strong>rne. Initialement plus petit que les autres figures, le<br />
donateur peu à peu atteint leur taille, comme dans la Vierge<br />
tenant l’Enfant <strong>de</strong> l’épitaphe <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>,<br />
réalisée par Nicolas <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>. Ce sculpteur du milieu du XV e siècle<br />
donne à ses portraits une énergie vitale qui les transfigure. La ressemblance,<br />
ou plutôt la vraisemblance avec <strong>de</strong>s personnages vivants y est frappante. On<br />
aboutit à une humanisation du sacré.<br />
Avec la Renaissance on abor<strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> formation du portrait<br />
mo<strong>de</strong>rne. Pour qu’il soit ressemblant et vrai le portrait doit non seulement<br />
restituer les traits physionomiques mais aussi le caractère du sujet.<br />
62
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
L’expression<br />
Peintres et sculpteurs ont été sensibles aux différents registres <strong>de</strong> l’expression<br />
bien avant <strong>de</strong> maîtriser l’art du portrait. L’artiste au Moyen Âge appréhen<strong>de</strong> le<br />
mon<strong>de</strong> comme une entité, un univers où la difformité ou le grotesque se<br />
manifestent au même titre que l’harmonie et la beauté comme une création<br />
divine. L’expression <strong>de</strong>s sentiments, traduite longtemps par <strong>de</strong>s mimiques et<br />
<strong>de</strong>s gestes archétypaux, ressort <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> l’observation du réel, et <strong>de</strong><br />
la recherche à travers la physionomie d’un visage, du frémissement <strong>de</strong> la vie.<br />
Au XVI e siècle, l’intérêt pour la physionomie expressive aboutit <strong>de</strong> façon<br />
exemplaire, chez un Nicolas <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s œuvres dont l’intensité dramatique<br />
résulte <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> à rendre une tension psychologique. Dès cette même<br />
époque, les traités physiognomoniques vont chercher à déterminer <strong>de</strong>s<br />
caractères à partir <strong>de</strong>s traits du visage et la Renaissance, avec la mise en<br />
valeur <strong>de</strong> l’individu, va ouvrir l’art du portrait à la connaissance <strong>de</strong> la nature<br />
profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’homme. Au XVII e siècle les théories <strong>de</strong> Lavater, basées sur les<br />
concordances tempérament-morphologie, relancent l’intérêt pour la<br />
physiognomonie et l’expression <strong>de</strong>s passions. De cet héritage <strong>de</strong>vait naître la<br />
caricature, synthèse <strong>de</strong> la satire sociale et <strong>de</strong> la déformation grotesque issue<br />
du Moyen Âge. De Hogarth à Daumier ou Töpffer elle connaît son âge d’or au<br />
XIX e siècle et se servira du portrait pour dénoncer, à travers l’individu, les<br />
mœurs d’une époque.<br />
La silhouette<br />
Une légen<strong>de</strong> rapportée par Pline situe l’origine <strong>de</strong> la peinture dans le contour<br />
<strong>de</strong> l’ombre d’un homme, tracé sur un mur par une jeune corinthienne<br />
souhaitant conserver <strong>de</strong> lui une image avant son départ pour la guerre. Le<br />
<strong>de</strong>ssin au trait d’une silhouette est en effet ce qui s’exécute le plus rapi<strong>de</strong>ment<br />
mais le profil a aussi l’avantage <strong>de</strong> se mémoriser le plus aisément et <strong>de</strong><br />
restituer les caractères les plus marquants d’une physionomie. Dès l’Antiquité,<br />
les souverains prirent ainsi l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire figurer leur profil sur les<br />
médailles et monnaies, dans le but <strong>de</strong> perpétuer leur image. Lorsque le Moyen<br />
Âge invente le portrait, il a recours d’abord au profil qui, éludant le regard,<br />
caractérise sans fard les traits d’un visage. C’est avec la recherche <strong>de</strong><br />
l’intériorité d’un être qu’à partir <strong>de</strong> la Renaissance, l’artiste privilégiera la vue<br />
<strong>de</strong> trois-quarts ou <strong>de</strong> face. Revivifiée à l’époque néo-classique, la<br />
représentation <strong>de</strong> profil, qui se répand sur les médaillons, reliefs et miniatures,<br />
aboutit à la vogue du portrait « en silhouette », tracé ou découpé, procédé<br />
mécanique et rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction qui popularisera, avant la photographie,<br />
la mo<strong>de</strong> du portrait, ainsi accessible à tous.<br />
63
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le buste<br />
Buste d’homme accoudé<br />
Nicolas Gerhaert <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, vers 1467<br />
grès rose ; H.44 cm<br />
salle 25<br />
Le buste constitue sans doute la forme la plus<br />
constante que prend le portrait <strong>de</strong>puis l’Antiquité<br />
jusqu’au XX e siècle. Peint ou sculpté, en médaille ou<br />
découpé en silhouette, il magnifie la partie la plus<br />
« noble » du corps, c’est-à-dire celle où loge le cœur et<br />
le cerveau : elle <strong>de</strong>vient ainsi représentative <strong>de</strong>s traits<br />
les plus caractéristiques <strong>de</strong> la physionomie et <strong>de</strong> la<br />
psychologie d’un individu singulier.<br />
L’idée <strong>de</strong> représenter l’homme sous la forme d’un<br />
buste, est conforme à une croyance ancienne<br />
proclamant que le visage – en tout cas le haut du<br />
corps – est la partie la plus noble, et aussi la plus<br />
propre à l’expression.<br />
Cet extraordinaire Buste d’homme accoudé, chef-d’œuvre <strong>de</strong> la sculpture<br />
gothique, est attribué à Nicolas Gerhaert <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, qui domine à la fin du XV e<br />
siècle l’école <strong>de</strong>s sculpteurs strasbourgeois.<br />
Le personnage est présenté plongé dans ses pensées. La position <strong>de</strong> ses bras<br />
repliés l’un sur l’autre et <strong>de</strong> sa tête inclinée crée une sorte <strong>de</strong> spirale qui<br />
suggère le retrait sur soi dans une intense méditation. Il tient dans la main<br />
gauche un objet terminé par un pommeau godronné à <strong>de</strong>mi dissimulé sous le<br />
pan du vêtement qui n’a jamais pu être reconnu précisément (arme, outil,<br />
canne ?). L’observation minutieuse et sensible <strong>de</strong> la réalité est remarquable, et<br />
il faut souligner en particulier le rendu extrêmement précis <strong>de</strong> l’épi<strong>de</strong>rme<br />
parcouru <strong>de</strong> fines ri<strong>de</strong>s et le naturel du geste du personnage. La force <strong>de</strong><br />
l’expression repose d’abord sur la composition mobile, articulée dans l’espace.<br />
Mais, bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la simple imitation <strong>de</strong> l’apparence physique, le sculpteur<br />
parvient ici à saisir avec acuité la vie intérieure <strong>de</strong> son modèle.<br />
Ce motif du « buste accoudé », représentation d’un personnage en fort relief<br />
appuyé à un élément d’architecture, connaîtra à la suite <strong>de</strong> Nicolas <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong><br />
une très gran<strong>de</strong> faveur dans tout le sud <strong>de</strong> l’Empire.<br />
Mais ses successeurs ne sont jamais parvenus à égaler sa maîtrise dans<br />
l’analyse psychologique.<br />
Nicolas Gerhaert <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, tenu pour l’un <strong>de</strong>s artistes les plus importants <strong>de</strong><br />
la fin du Moyen Âge septentrional, détermine un tournant décisif dans<br />
l’évolution <strong>de</strong> la sculpture germanique sur le plan tant formel<br />
64
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
qu’iconographique. D’origine vraisemblablement néerlandaise comme le<br />
précise son nom, il semble s’être formé dans les territoires du duché <strong>de</strong><br />
Bourgogne au contact <strong>de</strong> l’art burgondo-flamand. Sa connaissance <strong>de</strong> l’art du<br />
sculpteur Sluter est indéniable, au travers en particulier <strong>de</strong> ses recherches sur<br />
la plasticité <strong>de</strong>s corps et sur le rendu <strong>de</strong>s physionomies. Mais il n’a<br />
malheureusement laissé qu’un très petit nombre d’œuvres.<br />
Présent à <strong>Strasbourg</strong> entre 1462 et 1467, il obtient la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
décoration sculptée du portail <strong>de</strong> la Chancellerie en 1463. Il exécute l’année<br />
suivante l’épitaphe du chanoine <strong>de</strong> Busnang dans la chapelle Saint-Jean <strong>de</strong> la<br />
cathédrale. En 1467, il travaille encore à <strong>Strasbourg</strong> à la réalisation d’un<br />
crucifix en pierre <strong>de</strong>stiné au cimetière <strong>de</strong> Ba<strong>de</strong>n-Ba<strong>de</strong>n, puis se rend à la cour<br />
<strong>de</strong> Frédéric III à Wiener-Neustadt, où il réalise la conception générale du<br />
mausolée <strong>de</strong> l’Empereur. Il meurt avant son achèvement en 1473.<br />
Tandis que la tradition classique, issue <strong>de</strong> l’Antiquité, impose au buste une<br />
certaine solennité, le Moyen Âge introduit un buste non pas artificiellement<br />
amputé, mais se présentant comme appuyé sur une allège, par exemple dans<br />
l’encadrement d’une baie. La présence <strong>de</strong> bras et surtout le geste <strong>de</strong>s mains<br />
augmentent l’expression et sollicitent par conséquent le spectateur : tout cela<br />
renforce une conception naturaliste très éloignée du buste classique qui tend<br />
plutôt à établir <strong>de</strong>s types universels.<br />
L’image <strong>de</strong> l’artiste<br />
L’autoportrait au sens mo<strong>de</strong>rne du terme, remonte à la Renaissance. À cette<br />
époque le statut <strong>de</strong> l’artiste se modifie profondément. Attaché aux cours<br />
princières, son i<strong>de</strong>ntité professionnelle s’affirme. Il commence à signer ses<br />
œuvres et à se mettre en scène, souvent dans <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> saint Luc<br />
peignant la Vierge et l’Enfant, soulignant ainsi son rôle <strong>de</strong> créateur. Les<br />
nouvelles conceptions artistiques font <strong>de</strong> lui un « pur esprit » comparable à un<br />
savant, et non plus seulement un technicien habile. Du XVI e au XIX e siècle les<br />
principes <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> l’artiste par lui-même ne varient guère. Il se<br />
soucie principalement d’i<strong>de</strong>ntité psychologique ou professionnelle. À partir du<br />
XIX e siècle, le peintre qui se détache <strong>de</strong> la réalité, se préoccupe moins <strong>de</strong><br />
ressemblance. Ses autoportraits <strong>de</strong>viennent un prétexte pour témoigner <strong>de</strong> ses<br />
conceptions <strong>de</strong> la peinture.<br />
65
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le portrait en représentation<br />
Dès la haute antiquité, les détenteurs <strong>de</strong> l’autorité ont éprouvé le besoin <strong>de</strong> se<br />
faire représenter par une image d’eux-mêmes dont la fonction, d’essence<br />
magique, était à la fois d’assurer leur immortalité et d’affirmer leur pouvoir. Si<br />
à l’époque romaine domine le souci <strong>de</strong> reproduire les caractères individuels<br />
d’un visage, par la suite le hiératisme dans la composition et la place<br />
croissante occupée par les attributs du pouvoir (regalia) vont faire du portrait<br />
du souverain l’image symbolique <strong>de</strong> la puissance temporelle.<br />
L’Empereur en majesté<br />
Ancienne faça<strong>de</strong> romane ou partie inférieure du<br />
chœur roman<br />
<strong>de</strong>rnier quart du XII e siècle<br />
208 x 100 cm<br />
salle 3<br />
Le vitrail monumental <strong>de</strong> l’Empereur en majesté a<br />
été longtemps considéré comme une<br />
représentation <strong>de</strong> Charlemagne. Figuré sur un<br />
trône, nimbé et portant les insignes <strong>de</strong> l’Empire,<br />
ce souverain était peut-être placé au centre <strong>de</strong> la<br />
faça<strong>de</strong> ouest ou dans l’axe du chœur oriental <strong>de</strong> la<br />
cathédrale romane. Il fait partie d’un cycle <strong>de</strong> rois<br />
et d’empereur qui sont peut-être là en tant que<br />
saints mais évi<strong>de</strong>mment aussi en tant que<br />
souverains. L’empereur est également considéré<br />
comme le premier serviteur du Christ et incarne<br />
les vertus chrétiennes.<br />
La stricte frontalité et la fixité qui caractérisent<br />
cette figure comme toutes celles <strong>de</strong> cet ensemble<br />
sont issues <strong>de</strong>s traditions byzantines, mais le goût<br />
<strong>de</strong> l’ornement, sensible en particulier dans le<br />
traitement <strong>de</strong>s bordures <strong>de</strong>s vêtements, évoque<br />
plutôt les créations <strong>de</strong> l’orfèvrerie mosane.<br />
Relativement bien conservée dans ses parties<br />
principales, l’œuvre porte cependant les marques<br />
<strong>de</strong> restaurations anciennes : la tête du dignitaire<br />
figuré à gauche a été refaite au milieu du XIV e<br />
siècle. (Voir aussi thème cathédrale)<br />
66
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le portrait comme système<br />
Se faire portraiturer correspond ici moins à offrir <strong>de</strong> soi une image conforme,<br />
qu’à se conformer à certains types. Ils se sont constitués dès l’antiquité et<br />
correspon<strong>de</strong>nt à une « vulgarisation <strong>de</strong>s modèles culturels ».<br />
Portrait d’Ambrosius Volmar Keller<br />
Hans Baldung Grien, 1538<br />
Peinture sur panneau <strong>de</strong> tilleul<br />
97 cm x 71 cm<br />
salle 30<br />
Le Portrait d’Ambrosius Volmar Keller, chanoine <strong>de</strong><br />
l’église Saint-Pierre-le-Jeune <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> à partir<br />
<strong>de</strong> 1537, est entré au musée en 1890 par don <strong>de</strong><br />
l’Empereur Guillaume II. D’après l’une <strong>de</strong>s<br />
Chroniques strasbourgeoises, il fut longtemps<br />
exposé dans la salle capitulaire <strong>de</strong> l’église Saint-<br />
Thomas <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>, où il était entré vers 1550<br />
probablement comme don <strong>de</strong> Jean Sturm,<br />
fondateur <strong>de</strong> l’université protestante <strong>de</strong><br />
<strong>Strasbourg</strong>.<br />
Ce personnage <strong>de</strong> belle prestance est représenté<br />
<strong>de</strong> trois quarts, drapé dans un ample manteau<br />
rouge. Il tient un livre fermé sur la tranche duquel<br />
est inscrit son nom. Derrière lui à gauche, un cep<br />
<strong>de</strong> vigne s’élève le long d’une tenture. Celle-ci<br />
ménage à droite une ouverture vers un paysage tourmenté où l’on aperçoit <strong>de</strong>s<br />
ruines <strong>de</strong> châteaux forts. Il s’agit ici du premier portrait dans lequel Baldung<br />
Grien accor<strong>de</strong> une place si importante au paysage. Dans le coin inférieur<br />
gauche du panneau figure la date <strong>de</strong> sa réalisation, 1538, ainsi que le<br />
monogramme <strong>de</strong> l’artiste HB. L’attention du chanoine est dirigée vers le<br />
spectateur, les éléments associés à la composition étant emblématiques. La<br />
vigne représentée sans grappe pourrait signifier que le sarment ne dispense<br />
plus le vin <strong>de</strong> l’Eucharistie à la suite <strong>de</strong> la Réforme.<br />
Hans Baldung Grien est l’un <strong>de</strong>s artistes à la fois les plus représentatifs et les<br />
plus originaux <strong>de</strong>s débuts <strong>de</strong> la Renaissance dans la région du Rhin Supérieur.<br />
Ce peintre et graveur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> notoriété, né en Souabe en 1484/85 mais<br />
élevé à <strong>Strasbourg</strong>, commence son apprentissage dans cette ville et le poursuit<br />
dans l’atelier <strong>de</strong> Dürer à Nuremberg <strong>de</strong> 1503 à 1507. Il se réinstalle ensuite<br />
définitivement à <strong>Strasbourg</strong>, qu’il ne quitte que <strong>de</strong> 1512 à 1517 pour exécuter<br />
67
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
le retable du maître-autel <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Fribourg-en-Brisgau. Il meurt à<br />
<strong>Strasbourg</strong> en 1545.<br />
Hans Baldung Grien n’a pas laissé d’école, mais son influence s’est fait sentir<br />
sur un certain nombre d’œuvres strasbourgeoises <strong>de</strong> la première moitié du XVI e<br />
siècle, peintures, mais aussi vitraux, sculptures ou illustrations <strong>de</strong> livres dont il<br />
réalisa <strong>de</strong> nombreuses planches pour <strong>de</strong>s éditeurs strasbourgeois. Il eut un<br />
atelier qui s’inspira <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ssins.<br />
Profondément marqué par l’humanisme, Baldung Grien s’attache à la<br />
représentation <strong>de</strong> sujets profanes et en particulier à l’art très récent du<br />
portrait. Il nous a transmis avec une rare acuité les visages <strong>de</strong> princes,<br />
théologiens, mé<strong>de</strong>cins ou musiciens qui furent ses contemporains et souvent<br />
ses amis.<br />
D’après le catalogue d’exposition À qui ressemblons-nous ? Le portait dans les<br />
musées <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>, sous la direction <strong>de</strong> Roland Recht et Marie-Jeanne<br />
Geyer, Éd. Les <strong>Musée</strong>s <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong>, 1988.<br />
68
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
Poursuivre l’exploration portraits dans les autres musées<br />
Les faire « parler » avec l’animation portraits<br />
Dossier-diapositives Portraits<br />
Pistes pédagogiques<br />
D’une représentation symbolique au portrait<br />
Œuvres abordées<br />
N’importe quel portrait du musée<br />
Pour étudier les caractéristiques et les fonctions <strong>de</strong> ce genre particulier<br />
S’attacher à<br />
- lister ce qui permet d’i<strong>de</strong>ntifier l’individu dans le tableau, <strong>de</strong> quel ordre sont<br />
les renseignements trouvés ? réalisme <strong>de</strong> la physionomie ? expression <strong>de</strong>s<br />
sentiments du personnage ? attributs ? place dans la hiérarchie sociale ?<br />
appartenance à une famille, à un groupe ? par quels moyens le peintre<br />
individualise-t-il la personne représentée ?<br />
- lister <strong>de</strong> manière générale toutes les fonctions possibles du portrait. Faire<br />
<strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> classification <strong>de</strong>s portraits du musée, aller voir d’autres<br />
portraits dans d’autres musées, continuer cette classification. Essayer d’en<br />
tirer <strong>de</strong>s conclusions sur l’évolution <strong>de</strong> la représentation <strong>de</strong> la figure<br />
humaine.<br />
- à partir <strong>de</strong>s fonctions du portrait répertoriées, comparer la façon dont on<br />
« produisait » <strong>de</strong>s « portraits » assumant telle ou telle fonction, avant<br />
l’avènement <strong>de</strong> la photographie et <strong>de</strong> la reproductibilité <strong>de</strong> l’image et<br />
aujourd’hui. Discuter <strong>de</strong>s rapports qu’entretiennent différentes sociétés<br />
anciennes et contemporaines avec la représentation <strong>de</strong> la figure humaine.<br />
Pour abor<strong>de</strong>r le portrait d’un point <strong>de</strong> vue plus plastique<br />
Œuvres abordées<br />
N’importe quel portrait du musée<br />
S’attacher à<br />
- caractériser <strong>de</strong> façon subjective le portrait, noter ses ressentis, ses<br />
impressions, le faire parler, inventer son histoire (atelier d’écriture). Puis<br />
essayer <strong>de</strong> comprendre ce qui, dans le tableau, a généré ces ressentis :<br />
composition, posture, expression, couleurs, intention <strong>de</strong> l’artiste, du<br />
69
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
commanditaire, etc. pour aboutir à une compréhension plastique (et plus<br />
objective) du tableau.<br />
- cette démarche est celle mise en œuvre dans la visite « De vous à moi. Les<br />
portraits vous parlent... » au <strong>Musée</strong> <strong>de</strong>s Beaux-Arts. Celle-ci peut constituer<br />
un prolongement intéressant à la visite du <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>.<br />
Pour voir les portraits autrement<br />
Avant d’abor<strong>de</strong>r les portraits <strong>de</strong> façon plus « sérieuse », on peut proposer une<br />
phase introductive sous forme d’atelier d’écriture, atelier qui permet d’observer<br />
le tableau <strong>de</strong> façon individuelle et <strong>de</strong> déceler <strong>de</strong>s détails qui « ne sautent pas<br />
aux yeux ».<br />
Ces propositions d’écriture se pratiquent individuellement, sans indications<br />
préalables sur l’œuvre (hormis son titre), une mise en commun collective après<br />
une dizaine <strong>de</strong> minutes permet à chacun d’enrichir sa vision grâce aux<br />
propositions <strong>de</strong>s autres.<br />
Chacun peut tirer au sort parmi les propositions suivantes :<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qu’on ne voit pas.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qui pourraient être autrement.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses auxquelles on n’ose pas penser en regardant le<br />
tableau.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qu’on aimerait rajouter.<br />
70
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
La nature morte à travers les œuvres <strong>de</strong><br />
Sébastien Stoskopff<br />
L’histoire <strong>de</strong>s natures mortes s’ouvre dès l’Antiquité. On raconte que le peintre<br />
le plus célèbre Piraikos, vendait très cher ses « victuailles » et que Zeuxis<br />
rivalisant avec la nature, trompait les oiseaux qui venaient picorer ses raisins<br />
peints.<br />
Il y eut aussi les fameuses mosaïques romaines appelées « La chambre mal<br />
balayée» et les natures mortes peintes directement sur les murs à Pompéi (les<br />
fresques).<br />
Mais il faut attendre le XVII e siècle, pour que s’épanouisse ce genre pictural qui<br />
laisse la place au silence, voire à la méditation. On y voit <strong>de</strong>s objets, <strong>de</strong>s<br />
animaux morts, <strong>de</strong>s fleurs, <strong>de</strong>s fruits… Ce sont <strong>de</strong>s vies « coyes » (vies coites)<br />
que l’on nommera plus tard natures mortes.<br />
Le <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> nous permet une approche <strong>de</strong> ce genre<br />
grâce à Sébastien Stoskopff considéré comme l’un <strong>de</strong>s peintres <strong>de</strong> nature<br />
morte les plus remarquables du XVII e siècle.<br />
C’est Hans Haug, créateur du musée <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>, qui fut l’artisan<br />
principal <strong>de</strong> la redécouverte <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff. Il fit acquérir entre 1931<br />
et 1959 pour les musées <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> huit <strong>de</strong> ses plus belles œuvres sur la<br />
quarantaine alors i<strong>de</strong>ntifiées, considérant l’artiste comme une figure<br />
emblématique <strong>de</strong> l’art alsacien par son caractère à la fois international et<br />
profondément régional.<br />
De la nature morte...<br />
Tout voir, tout savoir, tout avoir<br />
Depuis la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle et jusqu’au début du XVIII e siècle,<br />
l’époque <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s explorations et <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> la technique, la « culture<br />
<strong>de</strong> la curiosité » triomphe. Le souci du détail et <strong>de</strong> l’exactitu<strong>de</strong> du rendu <strong>de</strong>s<br />
objets poussé au point d’en faire un simulacre peint va <strong>de</strong> pair avec cette mise<br />
à l’honneur <strong>de</strong> l’observation, la préoccupation <strong>de</strong> tout comprendre et <strong>de</strong> tout<br />
savoir sur l’homme et l’univers. Le mon<strong>de</strong> ainsi miniaturisé en peinture, où<br />
chaque élément est i<strong>de</strong>ntifiable dans tous ses détails, s’adresse à l’individu qui<br />
le regar<strong>de</strong> et l’invite à la méditation <strong>de</strong> manière intime. Car ici, le peintre, à la<br />
place <strong>de</strong> Dieu, recrée le mon<strong>de</strong> à sa mesure : le spectateur par son regard, le<br />
possè<strong>de</strong>.<br />
Illusion peinte : la vanité ultime <strong>de</strong>s choses<br />
Réalistes, peintes avec le plus grand respect pour les apparences sensibles, les<br />
natures mortes, collections peintes, portent en même temps une lour<strong>de</strong> charge<br />
symbolique. L’œil trompé est attiré par les merveilles, il les désire mais<br />
71
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
représentations illusoires, elles lui sont inévitablement interdites.<br />
Admiration du savoir-faire<br />
Si selon la légen<strong>de</strong>, les oiseaux et les chiens sont trompés par l’illusion<br />
picturale, il est rare que le spectateur le soit tout à fait. Nous sommes plutôt<br />
émerveillés par l’exactitu<strong>de</strong>, la <strong>de</strong>xtérité du peintre. Si les yeux se laissent<br />
tromper, l’esprit ne l’est point.<br />
... à la vanité<br />
C’est une nature morte au crâne, souvent baignée d’une lumière particulière,<br />
elle évoque, grâce entre autres à la présence d’objets symboliques, un sablier,<br />
un miroir, une bougie… la mort qui, quoi qu’on fasse <strong>de</strong> sa vie, arrive toujours<br />
au bout du chemin.<br />
Lecture d’une vanité<br />
Gran<strong>de</strong> Vanité<br />
Signé sur le bahut à droite du flacon :<br />
StosKopff<br />
1641<br />
huile sur toile<br />
125 cm x 165 cm<br />
salle 31<br />
La composition, très rigoureuse, est soulignée horizontalement par les<br />
différents plans, verticalement à droite et à gauche, et subtilement animée par<br />
<strong>de</strong>s obliques (le luth, les livres, la gravure, l’épée) qui, à la fois, introduisent la<br />
profon<strong>de</strong>ur dans les plans échelonnés et conduisent le regard <strong>de</strong> l’un à l’autre.<br />
Mais l’œuvre peut se lire également comme une composition centrée autour<br />
du crâne qui, posé sur la boîte <strong>de</strong> copeaux et entouré <strong>de</strong> livres, apparaît<br />
comme le véritable pivot, tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la structure que <strong>de</strong> la<br />
signification. Sébastien Stoskopff a repris ici un schéma <strong>de</strong> composition<br />
associant le luth renversé, le miroir, le globe céleste avec le compas, i<strong>de</strong>ntique<br />
à celui <strong>de</strong>s Cinq sens ou l’Été <strong>de</strong> 1633, mais inversé. L’effet général est<br />
pourtant complètement différent, dû en partie au traitement <strong>de</strong> la lumière, à<br />
la fois égale et contrastée. Venant <strong>de</strong> gauche, elle isole et modèle les formes<br />
<strong>de</strong> manière uniforme mais très artificiellement, elle ne touche que les objets,<br />
les éclairant très vivement et les faisant jaillir du fond obscur, dont les<br />
72
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
articulations sont à peine visibles.<br />
La tonalité globale du tableau est dorée et sombre, avec quelques taches <strong>de</strong><br />
rouge, plus vives, qui rompent la monochromie <strong>de</strong>s tons allant du blanc au brun<br />
ou au gris. Cette manière <strong>de</strong> traiter la couleur n’est pas pour autant monotone,<br />
elle est plutôt le fruit d’une intéressante recherche sur le rapport entre le<br />
coloris, la lumière et la matière : la lumière confère aux blancs plus d’éclat, aux<br />
ocres plus <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, plus <strong>de</strong> velouté, selon ses variations à la surface <strong>de</strong>s<br />
objets.<br />
L’individualisation et la précision <strong>de</strong> chaque matière sont certes évi<strong>de</strong>ntes,<br />
mais Stoskopff propose aussi une autre approche <strong>de</strong> l’objet par la restitution<br />
<strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> brillance et <strong>de</strong> transparence. Ceux-ci sont travaillés par touches<br />
plus claires, paradoxalement beaucoup plus épaisses la plupart du temps :<br />
dans la bouteille au premier plan, l’opacité presque noire <strong>de</strong>vient limpi<strong>de</strong> par<br />
<strong>de</strong>s touches dorées ou tout à fait blanches. L’impression <strong>de</strong> transparence est<br />
renforcée par la luminosité qui semble traverser le flacon et qui éclaire le<br />
tabouret à droite, alors que l’ombre se projette un peu plus loin. Pour les pièces<br />
d’orfèvrerie, le procédé est analogue, mais avec une différence : chaque<br />
facette est ponctuée d’une touche blanche, épaisse, qui donne l’effet <strong>de</strong><br />
brillance.<br />
Le traitement <strong>de</strong> la composition, allié à celui <strong>de</strong> la lumière, accentue la<br />
disposition <strong>de</strong>s objets dans l’espace : ceux-ci apparaissent comme juxtaposés<br />
autour du crâne, qui porte la signification <strong>de</strong> l’œuvre. Le rapport entre<br />
l’agencement <strong>de</strong>s objets et celui <strong>de</strong>s cabinets <strong>de</strong> curiosités a souvent été<br />
avancé, mais les naturalia et artificiali sont remplacés par <strong>de</strong>s illustrations<br />
directes <strong>de</strong>s activités humaines, ici véritablement mises en scène comme dans<br />
un théâtre. Ces activités sont évoquées dans le quatrain que Sébastien<br />
Stoskopff a pris soin <strong>de</strong> faire figurer dans le tableau :<br />
« Kunst, Reichtum, Macht und Kühnheit stirbet<br />
Die Welt und all ihr Thun verdirbert<br />
Ein ewiges kommt nach dieser Zeit<br />
Ihr thoren, flieht die Eitelkeit »<br />
« Art, richesse, puissance et courage meurent.<br />
Du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> ses œuvres rien ne <strong>de</strong>meure<br />
Après ce temps viendra l’éternité<br />
O Fous ! fuyez la vanité ».<br />
73
Composition<br />
74
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Symbolique<br />
L’artiste construit son tableau comme le poète son quatrain. Dans le premier<br />
vers, les termes sont juxtaposés sans mots <strong>de</strong> liaison. Cette forme poétique est<br />
courante chez les poètes allemands dans le <strong>de</strong>uxième quart et le milieu du<br />
XVII e siècle. Stoskopff adopte ce procédé littéraire en une juxtaposition<br />
analogue, presque didactique, <strong>de</strong>s objets. La Gran<strong>de</strong> Vanité n’apparaît alors<br />
plus comme une œuvre archaïque, mais bien comme une rhétorique tout à fait<br />
conforme au goût <strong>de</strong> l’époque. Ainsi, par l’accord intime entre le sens et la<br />
forme, Sébastien Stoskopff nous propose une représentation tout à fait neuve<br />
<strong>de</strong> la vanité.<br />
75
SYMBOLIQUE<br />
Chan<strong>de</strong>liers<br />
richesse<br />
- -<br />
Luth<br />
art<br />
Quatrain<br />
la clé du<br />
tableau<br />
Livres<br />
évoquent-ils la vanité du<br />
savoir ou permettent-ils<br />
<strong>de</strong> comprendre la vanité<br />
<strong>de</strong> toutes choses ?<br />
Eau <strong>de</strong> vie<br />
l’immortalité ?<br />
Crâne<br />
fous !<br />
fuyez la<br />
vanité<br />
Miroir<br />
qui ne reflète<br />
rien. Ouvert<br />
sur l’abîme ?<br />
Scapin<br />
la<br />
comédie<br />
humaine<br />
Sablier<br />
le temps<br />
qui passe<br />
Compas<br />
mesure<br />
du temps<br />
Heaume<br />
puissance<br />
et courage<br />
Globe<br />
le ciel qui<br />
échappe<br />
à toute<br />
mesure<br />
« Car enfin, qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard <strong>de</strong> l'infini, un tout à l'égard<br />
du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné <strong>de</strong> comprendre les extrêmes, la fin <strong>de</strong>s<br />
choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable,<br />
également incapable <strong>de</strong> voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti. »<br />
Blaise Pascal, Les Pensées<br />
76
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Aller plus loin<br />
La nature morte, carnet <strong>de</strong> croquis<br />
La nature morte, dossier centré sur les travaux d’écriture<br />
Pistes pédagogiques<br />
Pour saisir le sens caché <strong>de</strong>s natures mortes<br />
Œuvre abordée<br />
Les Cinq sens ou l’Été<br />
S’attacher à déceler la vanité sous la nature morte<br />
- Dessiner la vue aérienne <strong>de</strong> l’espace représenté par le tableau. On se rend<br />
compte alors que la table n’est pas plus large qu’une planche, que le jeu<br />
d’échec a une forme trapézoïdale, qu’il n’y a pas <strong>de</strong> place pour le personnage<br />
qui tient la corbeille <strong>de</strong> fruits, que les fruits vont tomber, que le mur présente<br />
<strong>de</strong>s décrochements étranges.<br />
- Essayer <strong>de</strong> reprendre la pose du personnage (notamment <strong>de</strong> son bras gauche<br />
et <strong>de</strong> sa main droite). On se rend compte alors qu’elle ne peut tenir un panier<br />
ainsi, qu’elle ne saisit pas le fruit <strong>de</strong> sa main droite malgré les apparences, que<br />
la position <strong>de</strong> ses doigts est improbable.<br />
- Enfin, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d’où vient la lumière, se rendre compte qu’elle vient <strong>de</strong> la<br />
gauche et que l’ouverture sur la droite n’a aucune inci<strong>de</strong>nce sur la luminosité<br />
<strong>de</strong> la pièce, s’apercevoir que la cor<strong>de</strong> du luth est cassée.<br />
Après avoir sans difficulté i<strong>de</strong>ntifié les objets se rapportant à chacun <strong>de</strong>s sens<br />
(1 er niveau d’analyse), on s’aperçoit par le 2 d niveau d’analyse proposé ci<strong>de</strong>ssus,<br />
que Stoskopff nous signifie que les sens, s’ils sont notre seul accès au<br />
mon<strong>de</strong>, sont aussi trompeurs… On peut enfin confirmer cette découverte du<br />
sens caché (la vanité <strong>de</strong>rrière la nature morte) en lisant les <strong>de</strong>rniers versets du<br />
psaume 76 reproduit fidèlement sur la partition :<br />
Offrés vos dons à luy qui est<br />
Terrible à venger son mépris<br />
A luy qui peult quand il luy plaist<br />
Vendanger <strong>de</strong>s Rois les esprits.<br />
Œuvre abordée<br />
Corbeille <strong>de</strong> verres et pâté<br />
S’attacher à déceler toutes les oppositions sur lesquelles joue le peintre<br />
Lister ces oppositions…<br />
- Fragilité du verre / solidité <strong>de</strong> la pierre mais le verre est intact et la pierre est<br />
ébréchée…<br />
77
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
- Immatérialité <strong>de</strong> la lumière / matérialité <strong>de</strong> la peinture qui la représente, les<br />
verres ne sont pas représentés par leurs contours matériels, c’est la lumière<br />
qui se pose sur eux que le peintre représente.<br />
- Oppositions entre trois manières <strong>de</strong> peindre différentes, extrêmement précise<br />
pour la corbeille, simple trait ou voile blanc qui définit le verre par la lumière,<br />
touche large et lâche pour le pâté.<br />
- Opacité, <strong>de</strong>nsité (matité du pâté) / transparence du verre, finesse <strong>de</strong> la<br />
corbeille<br />
- Lour<strong>de</strong>ur, compacité du pâté / fragilité du verre, etc.<br />
Pour abor<strong>de</strong>r la Gran<strong>de</strong> Vanité d’un point <strong>de</strong> vue plastique<br />
Œuvre abordée<br />
La Gran<strong>de</strong> Vanité (mais cette démarche fonctionne avec n’importe quel<br />
tableau…)<br />
S’attacher à comprendre les moyens plastiques employés par le peintre<br />
- La composition : sur un transparent (ou calque) sur lequel on a figuré le<br />
contour du tableau, tracer au pastel (ou crayon <strong>de</strong> couleur) verticales,<br />
horizontales, obliques (une couleur par direction) qui structurent le tableau.<br />
- Les points forts : sur un transparent (ou calque) posé sur la production<br />
réalisée précé<strong>de</strong>mment, faire le croquis <strong>de</strong> 3 éléments qui frappent le plus.<br />
- La lumière : sur un 3 e transparent (ou calque) posé sur les <strong>de</strong>ux productions<br />
précé<strong>de</strong>ntes, n’indiquer que la lumière au pastel blanc.<br />
Variante : indiquer la lumière avec pastel et crayon blanc sur la photocopie sur<br />
papier gris ou sur transparent du tableau.<br />
Superposer les 3 transparents… Décrypter la symbolique du tableau.<br />
Variante : même chose sur <strong>de</strong>s transparents sur lesquels figure le contour du<br />
tableau et le crâne (les proportions justes étant parfois difficiles à trouver pour<br />
<strong>de</strong>s jeunes peu habitués à <strong>de</strong>ssiner).<br />
Pour voir les natures mortes autrement<br />
Avant d’abor<strong>de</strong>r les natures mortes, on peut proposer une phase introductive<br />
sous forme d’atelier d’écriture, atelier qui permet d’observer le tableau <strong>de</strong><br />
façon individuelle et <strong>de</strong> déceler <strong>de</strong>s détails qui « ne sautent pas aux yeux ».<br />
Ces propositions d’écriture se pratiquent individuellement, sans indications<br />
préalables sur l’œuvre (hormis son titre), une mise en commun collective après<br />
une dizaine <strong>de</strong> minutes permet à chacun d’enrichir sa vision grâce aux<br />
propositions <strong>de</strong>s autres.<br />
Chacun peut tirer au sort parmi les propositions suivantes :<br />
78
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qu’on ne voit pas.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qui pourraient être autrement.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses auxquelles on n’ose pas penser en regardant le<br />
tableau.<br />
- Faire l’inventaire <strong>de</strong>s choses qu’on aimerait rajouter.<br />
Pour saisir les questions intemporelles que soulèvent les vanités renvoyant à<br />
notre propre époque…<br />
Après la visite, s’attacher à créer sa propre vanité, avec <strong>de</strong>s objets<br />
contemporains, s’amuser à les choisir pour leur caractère symbolique ou leur<br />
aspect esthétique, les mettre en scène, les éclairer, bref, expérimenter tous les<br />
domaines d’intervention d’un artiste. Gar<strong>de</strong>r trace ensuite sous forme <strong>de</strong><br />
croquis <strong>de</strong> photos ou <strong>de</strong> vidéo <strong>de</strong> cette vanité contemporaine.<br />
79
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
3, PLACE DU CHÂTEAU<br />
Fiche <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> la visite accueillie<br />
NIVEAU : <strong>de</strong> 8 à 20 ans<br />
Vies silencieuses<br />
Décrypter les sens cachés <strong>de</strong>s natures mortes <strong>de</strong><br />
Sébastien Stoskopff<br />
Durée : 1h30 à 1h45<br />
Objectifs<br />
l Permettre aux jeunes visiteurs d'apprécier les natures mortes <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff<br />
dans toutes leurs dimensions.<br />
l Comprendre la symbolique utilisée par les peintres <strong>de</strong> natures mortes dans leurs<br />
œuvres.<br />
l Découvrir le caractère polysémique <strong>de</strong>s œuvres grâce à l'observation fine et à<br />
l'interprétation <strong>de</strong> leurs caractéristiques iconographiques et plastiques.<br />
l Faire le lien entre l'œuvre d'un artiste et les préoccupations d'une époque (XVII e siècle).<br />
Œuvres abordées<br />
l Les Cinq Sens, ou l’Été, 1633<br />
l Gran<strong>de</strong> Vanité, 1641<br />
Déroulement<br />
Lors <strong>de</strong> l'introduction, le médiateur présente l'enjeu <strong>de</strong> la visite (décrypter les “secrets” <strong>de</strong><br />
quelques tableaux <strong>de</strong>rrière le sens premier), rappelle l'existence <strong>de</strong>s genres en peinture,<br />
retrace en quelques mots la vie <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff et évoque quelques références<br />
historiques concernant le XVII e siècle.<br />
Le groupe, s’il excè<strong>de</strong> 15 personnes, est ensuite séparé en <strong>de</strong>ux.<br />
Le médiateur amène alors l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-groupes à retrouver les significations cachées du<br />
tableau Les Cinq Sens ou l’Été. Une première lecture <strong>de</strong> l’œuvre permet aux jeunes<br />
visiteurs <strong>de</strong> faire le lien entre sens et objets représentés. Puis, par petites équipes, ils<br />
observent finement certaines parties <strong>de</strong> l’œuvre et interprètent les surprenants résultats
FICHE DESCRIPTIVE<br />
VIES SILENCIEUSES<br />
<strong>de</strong> ces observations. Ils découvrent ainsi la vanité qui se profile <strong>de</strong>rrière l’allégorie <strong>de</strong>s<br />
cinq sens.<br />
Pendant ce temps le responsable du groupe abor<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Vanité avec l’autre moitié<br />
du groupe grâce à une activité <strong>de</strong> croquis afin <strong>de</strong> mieux comprendre les moyens<br />
plastiques employés par le peintre. Le médiateur lui fournit tout le matériel nécessaire. Le<br />
dossier <strong>de</strong> préparation à la visite du <strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> décrit p. 84 l’activité<br />
proposée et donne tous les renseignements nécessaires dans le chapitre consacré à la<br />
nature morte <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff (p.77 à 85). Ce dossier peut être retiré au Service<br />
éducatif, Palais Rohan. Une fiche rappelant les consignes et résumant les caractéristiques<br />
essentielles <strong>de</strong> l’oeuvre est fournie au responsable du groupe accompagnée du matériel<br />
(elle est également annexée au présent document).<br />
Les <strong>de</strong>ux groupes permutent après 35 minutes environ.<br />
Préparer et prolonger la visite<br />
Les jeunes visiteurs seront amenés à réaliser <strong>de</strong>s observations très fines, il est nécessaire<br />
<strong>de</strong> les sensibiliser avant la visite à quelques points du règlement intérieur <strong>de</strong>s musées<br />
visant à préserver les œuvres : ne pas s’approcher à moins d’un mètre <strong>de</strong>s tableaux,<br />
montrer les détails non avec un crayon ou un quelconque objet, mais avec le doigt orienté<br />
parallèlement à la toile et non perpendiculairement.<br />
Il est utile, pour gagner du temps, <strong>de</strong> diviser le groupe en 6 sous-groupes, chacun d’entre<br />
eux choisissant un rapporteur.<br />
Il est intéressant en préparation et en prolongement, selon le niveau <strong>de</strong>s jeunes visiteurs,<br />
d’étudier le contexte historique du XVII e siècle, le statut <strong>de</strong> l’artiste à cette époque, les cinq<br />
genres en peinture, quelques textes ou poèmes du XVI e ou XVII e siècle, l’intérêt <strong>de</strong> l’époque<br />
pour l’inventaire du mon<strong>de</strong> et la science, l’évolution dans la représentation du mon<strong>de</strong><br />
(Copernic, Galilée, Bruno, Kepler).<br />
On pourra reprendre la thématique <strong>de</strong>s natures mortes et vanités en arts visuels et travailler<br />
à sa transposition à notre époque (photographie, installation, performance). On peut<br />
également faire le lien avec l’œuvre <strong>de</strong> nombreux artistes contemporains.<br />
Le <strong>Musée</strong> <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> (au Palais Rohan) conserve une très importante<br />
collection <strong>de</strong> natures mortes que les jeunes visiteurs découvriront avec profit (Willem Claesz<br />
Heda, Pieter Claesz, Willem Kalf, Jacques Linard, Louise Moillon, Chardin, etc.
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Sébastien Stoskopff, Gran<strong>de</strong> Vanité, 1641<br />
Description <strong>de</strong> l’activité à mener par le responsable du groupe -<br />
durée : environ 35 minutes<br />
Matériel<br />
Chacun aura besoin d’un sous-main, d’un crayon <strong>de</strong> couleur, d’un crayon à papier, d’un<br />
crayon blanc et <strong>de</strong> 3 feuilles <strong>de</strong> calque comportant le contour du tableau.<br />
Quelques consignes pour abor<strong>de</strong>r la Gran<strong>de</strong> Vanité d’un point <strong>de</strong> vue<br />
plastique<br />
1ère consigne : Sur une feuille <strong>de</strong> calque, avec le crayon <strong>de</strong> couleur, tracez les lignes<br />
importantes du tableau (verticales, horizontales, obliques).<br />
2e consigne : Superposez maintenant une 2e feuille <strong>de</strong> claque sur la 1ère et <strong>de</strong>ssinez au crayon<br />
à papier 3 éléments que vous jugez importants en respectant leurs places et proportions.<br />
3e consigne : Superposez enfin une 3e feuille <strong>de</strong> claque sur les 2 premières et indiquez les<br />
zones <strong>de</strong> lumière avec le crayon blanc.<br />
Vous aurez ainsi porté trois regards très différents sur la Gran<strong>de</strong> Vanité en retrouvant sa<br />
composition rigoureuse (consigne 1), en appréciant le rendu <strong>de</strong>s différents objets (consigne<br />
2) et en amorçant un questionnement autour <strong>de</strong> leur signification, en observant le traitement<br />
<strong>de</strong> la lumière (consigne 3) qui isole et modèle les formes <strong>de</strong>s objets pour les mettre en valeur.<br />
Il reste maintenant à en comprendre le sens symbolique<br />
Que représentent :<br />
- le luth ? (l’art)<br />
- les hanaps ? (la richesse)<br />
- les éléments <strong>de</strong> l’armure et l’épée ? (la puissance, le courage)<br />
- les livres? (le savoir)<br />
- la gravure ? (d’après une gravure <strong>de</strong> Jacques Callot : Scapin, la comédie humaine)<br />
- le crâne ? (la mort)<br />
- le sablier ? (le temps qui passe)<br />
Ces éléments sont à relier au quatrain écrit sur l’ardoise représentée à gauche en bas du<br />
tableau et qui en donne la clé :<br />
Kunst, Reichtum, Macht und Künheit stirbet Art, richesse, puissance et courage meurt<br />
Die Welt und alle Ihr Thun verdirbet Du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> ses oeuvres rien ne <strong>de</strong>meure<br />
Ein ewiges komt nach dieser Zeit Après ce temps viendra l’éternité<br />
Ihr Thoren, flieht die Eitelkeit O Fous ! fuyez la vanité<br />
82
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
ANNEXES<br />
Visiter le musée / Informations pratiques<br />
www.musees-strasbourg.org<br />
<strong>Musée</strong> <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />
3, place du Château<br />
67076 <strong>Strasbourg</strong> ce<strong>de</strong>x<br />
fermé le lundi<br />
Service éducatif <strong>de</strong>s musées<br />
2, place du Château<br />
67076 <strong>Strasbourg</strong> ce<strong>de</strong>x<br />
Tél. 03 88 52 50 04/ Fax. 03 88 52 50 41<br />
Du lundi au vendredi <strong>de</strong> 14 h à 17 h<br />
Visites <strong>de</strong> groupes<br />
Pour toute visite <strong>de</strong> groupe, avec un médiateur ou en autonomie la<br />
réservation est indispensable auprès du Service éducatif environ 10 jours à<br />
l’avance<br />
par téléphone : du lundi au vendredi <strong>de</strong> 8h30 à 12h30 au 03 88 88 50 50<br />
réservation en ligne : www.musees-strasbourg.org (visites, ateliers - visites <strong>de</strong><br />
groupes - <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en ligne)<br />
Horaires<br />
Accueil <strong>de</strong>s groupes par l’équipe du Service éducatif<br />
Mardi, mercredi, jeudi et vendredi <strong>de</strong> 9h à 18h<br />
Lundi <strong>de</strong> 9h à 12h et <strong>de</strong> 14h à 18h<br />
Samedi <strong>de</strong> 9h à 12h<br />
83
DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
Le musée est fermé le 1 er janvier, le vendredi saint, le 1 er mai, le 1 er et le 11<br />
novembre et le 25 décembre.<br />
Visite en autonomie<br />
Tous les jours (sauf le lundi) <strong>de</strong> 10h à 18h<br />
Audiogui<strong>de</strong> en français, anglais, allemand, disponible à l’accueil du musée <strong>de</strong><br />
l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong>.<br />
Tarifs<br />
- Avec un médiateur<br />
Forfait pour la visite (durée moyenne 1h30) : 13 euros par groupe, payables à<br />
la caisse le jour <strong>de</strong> la visite, gratuité pour les ZEP<br />
- Gratuité <strong>de</strong> l’entrée<br />
Moins <strong>de</strong> 18 ans<br />
Groupes d’étudiants et accompagnateurs<br />
Personnes en situation <strong>de</strong> handicap, <strong>de</strong> recherche d’emploi ou bénéficiaires<br />
<strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale, sur présentation d’un justificatif<br />
Titulaires <strong>de</strong> la carte édu’pass<br />
Pour tous le premier dimanche du mois<br />
- La carte édu’pass<br />
Valable <strong>de</strong> septembre à septembre 5,60 euros<br />
Accessible à toute personne occupant une fonction d’éducation,<br />
d’encadrement ou d’animation<br />
En vente aux caisses <strong>de</strong>s musées, sur présentation d’une pièce justificative<br />
d’exercice et d’une photo d’i<strong>de</strong>ntité<br />
Strictement personnelle, cette carte doit être présentée à la caisse lors <strong>de</strong><br />
chaque visite pour obtenir un billet d’entrée gratuit.<br />
84
Plan d’orientation du musée<br />
13<br />
LOCAL<br />
PÉDAGOGIQUE<br />
COUR<br />
3<br />
2<br />
COUR<br />
11<br />
10<br />
7<br />
SALLE<br />
DU JUBÉ<br />
1<br />
8<br />
4<br />
COUR<br />
ACCUEIL<br />
JARDINET<br />
GOTHIQUE<br />
5<br />
9<br />
REZ-DE-CHAUSSÉE<br />
1. ACCUEIL )))1<br />
2. SCULPTURE ROMANE EN ALSACE )))20<br />
Galerie reconstituée du cloître d’Eschau (v. 1180) )))212<br />
Cuves baptismales, linteaux, tailloirs (XIe-XIIe s.)<br />
Vitrail : Tête <strong>de</strong> Christ, Wissembourg ? (XIe s.) )))211<br />
3. VITRAUX DES XIIE ET XIIIE SIÈCLES )))30<br />
Vitraux provenant <strong>de</strong> la cathédrale romane et pièces issues<br />
<strong>de</strong> plusieurs églises alsaciennes )))31, 32, 33, 34<br />
4. COUR PRINCIPALE )))40<br />
(Accès <strong>de</strong>puis la salle <strong>de</strong>s vitraux)<br />
À gauche, aile Renaissance <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> l’Œuvre <strong>Notre</strong>-<br />
<strong>Dame</strong>, construite <strong>de</strong> 1579 à 1582 par Hans Thoman<br />
Uhlberger<br />
À droite, aile gothique <strong>de</strong> 1347, sculpture strasbourgeoise du<br />
XIIIe au XVIIe siècle<br />
5. SALLE DE LA LOGE DES TAILLEURS DE PIERRE, 1582<br />
)))50<br />
Statues du portail Saint-Laurent <strong>de</strong> la cathédrale, 1503,<br />
remplacées par <strong>de</strong>s copies sur l’édifice )))52<br />
Diverses sculptures du XVe siècle issues <strong>de</strong> la cathédrale<br />
)))51<br />
7. CHEFS-D’ŒUVRE GOTHIQUES DE LA CATHÉDRALE )))70<br />
Église et Synagogue du portail Sud (v. 1230) )))72<br />
Tentateur, Vierges sages et Vierges folles du portail droit <strong>de</strong><br />
la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale (v. 1280-1290) )))74<br />
Sculptures <strong>de</strong> l’ancien jubé (v. 1250) )))73<br />
Grand gâble du portail central )))76<br />
9. JARDINET GOTHIQUE )))90<br />
(Accès par le corridor 8)<br />
Plantations dans la tradition <strong>de</strong>s jardins médiévaux<br />
Collection <strong>de</strong> dalles funéraires<br />
10. et 11. SCULPTURE DU XIV E SIÈCLE<br />
Gisant <strong>de</strong> Hugues Zorn (v. 1320)<br />
13. CÉRAMIQUE DU MOYEN ÂGE ET DE LA RENAISSANCE<br />
)))130<br />
SUITE DE LA VISITE<br />
PAR L’ESCALIER 12 VERS LE PALIER INTERMÉDIAIRE<br />
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12<br />
12<br />
16<br />
22<br />
21<br />
23<br />
19<br />
24<br />
26<br />
17<br />
15<br />
14<br />
20<br />
18<br />
25<br />
PALIER INTERMÉDIAIRE<br />
14. à 18. OBJETS D’ART, ORFÈVRERIE, IVOIRES DU MOYEN<br />
ÂGE AU XVII E SIÈCLE )))170, 171, 172, 173<br />
SUITE DE LA VISITE<br />
REPRENDRE L’ESCALIER 12 QUI CONDUIT AU 2E ÉTAGE<br />
DEUXIÈME ÉTAGE<br />
20. VITRAUX ALSACIENS DES XIVE ET XVE SIÈCLES )))200<br />
Œuvres <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> Peter Hemmel d’Andlau (fin XVe s.)<br />
Vitraux provenant <strong>de</strong> l’église St-Pierre-le-Vieux, <strong>Strasbourg</strong><br />
)))203<br />
21. à 26. L’ESSOR ARTISTIQUE DU XVE SIÈCLE<br />
21. LE DÉBUT DU XVE SIÈCLE )))210<br />
Doute <strong>de</strong> Joseph et Nativité <strong>de</strong> la Vierge, panneaux peints<br />
(v. 1410-1420) )))213<br />
Le Christ et saint Jean, bois polychrome (v. 1430) )))214<br />
Tapisseries strasbourgeoises (v. 1450-70) )))216<br />
Boiseries médiévales rapportées provenant d’une maison<br />
strasbourgeoise (fin XVe s.)<br />
22. SCULPTURE ALSACIENNE ENTRE 1430 ET 1470<br />
Boiseries et mobilier )))220, 221, 222<br />
Reliefs <strong>de</strong> la Chartreuse <strong>de</strong> <strong>Strasbourg</strong> (v. 1470) )))223<br />
23. et 24. PEINTURE ET SCULPTURE DU XVE SIÈCLE )))231<br />
Les amants trépassés, v. 1470 )))232<br />
25. Sculptures <strong>de</strong> Nicolas Gerhaert <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> (v. 1464-1467)<br />
)))250, 251, 252<br />
Bustes d’hommes accoudés, bois polychrome<br />
Conrad Witz, Sainte Catherine et sainte Ma<strong>de</strong>leine, huile sur bois<br />
(v. 1444-1446) )))253<br />
26. PEINTURE ET SCULPTURE DE 1470 À 1520<br />
Retable <strong>de</strong> saint Sébastien <strong>de</strong> Neuwiller-les-Saverne<br />
Sculpture (XVe s.)<br />
SUITE DE LA VISITE AU PREMIER ÉTAGE<br />
DESCENDRE D’UN ÉTAGE PAR<br />
L’ESCALIER EN VIS, CONSTRUIT EN 1580<br />
PAR L’ARCHITECTE HANS THOMAN UHLBERGER<br />
ACCÈS SALLE 29 PAR LE COULOIR 28<br />
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32<br />
29<br />
38 39<br />
31<br />
30<br />
PREMIER ÉTAGE<br />
29. et 30. PEINTURE DU DÉBUT DU XVIE SIÈCLE )))300<br />
Œuvres <strong>de</strong> Hans Baldung Grien (Schwäbisch-Gmünd 1484 -<br />
<strong>Strasbourg</strong> 1545) )))301, 302<br />
31. ANCIENNE SALLE DE RÉUNION DES ADMINISTRATEURS<br />
DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME )))310<br />
Table à calculer du receveur <strong>de</strong> l’Œuvre )))311<br />
Boiseries (1582)<br />
Sébastien Stoskopff, Gran<strong>de</strong> Vanité (1641)<br />
32. CABINET DE TRAVAIL DU RECEVEUR ET CHAMBRE-FORTE<br />
DES ARCHIVES DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
SUITE DE LA VISITE<br />
ACCÈS SALLE 33 PAR LE COULOIR 28<br />
33. à 39. MOBILIER ALSACIEN ET RHÉNAN DU XVII E SIÈCLE.<br />
ART ALSACIEN DES XVI E ET XVII E SIÈCLES<br />
34. Série d’armoires alsaciennes à sept colonnes<br />
(1618-1704) )))340<br />
35. Collection <strong>de</strong> verrerie<br />
36. Mobilier (XVIIe et XVIIIe s.)<br />
37. Natures mortes <strong>de</strong> Sébastien Stoskopff<br />
(<strong>Strasbourg</strong> 1557 - Idstein 1657) )))370, 371, 372, 373<br />
38. et 39. Mobilier alsacien et du sud <strong>de</strong> l’Empire germanique<br />
(XVIIe s.). Vitraux d’appartement (XVIe-XVIIe s.)<br />
SUITE DE LA VISITE<br />
SORTIE ET RETOUR À L’ACCUEIL PAR L’ESCALIER EN VIS ))) 400<br />
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