Musée de l'Œuvre Notre-Dame - Musées de Strasbourg
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DOSSIER DE PRÉPARATION À LA VISITE<br />
MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME<br />
l’être qu’elle figure ». Cela stimula puissamment sa figuration sous trois grands<br />
mo<strong>de</strong>s :<br />
- par <strong>de</strong>s symboles indirects<br />
- en Dieu masculin, âgé, omnipotent, chargé <strong>de</strong>s attributs <strong>de</strong>s différentes<br />
formes <strong>de</strong> pouvoir<br />
- sa figuration en Christ<br />
Par la suite l’art médiéval, en Orient comme en Occi<strong>de</strong>nt, a regorgé d’images<br />
du Christ, sur tous les supports, dans tous les styles et dans tous les formats.<br />
Images portraits comme celle du Christ Pantocrator byzantin, Christ en croix ;<br />
images narratives du Christ (Naissance, Enfance, Passion, Résurrection).<br />
Peu à peu <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> Dieu autres que celles du Christ voient le jour, elles<br />
vont proliférer en Occi<strong>de</strong>nt. La plupart <strong>de</strong> ces images impliquent par leur seule<br />
existence que l’on tient désormais pour licite <strong>de</strong> figurer le Père en homme.<br />
Au XII e siècle plusieurs types <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> la Trinité apparaissent : sous<br />
la forme <strong>de</strong> trois hommes, tête à trois visages, Trône <strong>de</strong> grâce (Père assis<br />
tenant le Christ en croix).<br />
La diversification et bientôt la prolifération <strong>de</strong> ces images osant explorer le<br />
mystère intime <strong>de</strong> Dieu constituent un fait <strong>de</strong> civilisation <strong>de</strong> première gran<strong>de</strong>ur<br />
et ne semblent pas avoir été programmées par les autorités <strong>de</strong> l’Église, mais<br />
résulter d’une « poussée » à l’œuvre sur plusieurs siècles.<br />
Durant les quatre <strong>de</strong>rniers siècles du Moyen Âge (XII e - XV e ), la règle du<br />
christomorphisme <strong>de</strong> la représentation du Dieu chrétien perd du terrain. Elle<br />
est battue en brèche par la diffusion <strong>de</strong> l’image du Père, qui tend à assumer la<br />
fonction <strong>de</strong> théophanie glorieuse délaissée par un Christ <strong>de</strong> plus en plus<br />
marqué par la souffrance.<br />
À la même époque (XIII e –XV e ), sous l’influence <strong>de</strong> l’art byzantin, on assiste à la<br />
montée en puissance <strong>de</strong> l’image pathétique du Christ <strong>de</strong> douleur. Dès le XIII e<br />
siècle, la croix commence à l’emporter sur la gloire et un puissant processus<br />
d’humanisation <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> Dieu s’amorce, qui triomphera au XV e siècle dans<br />
l’art <strong>de</strong> la spiritualité. L’art se met à détailler comme jamais il ne l’avait fait<br />
auparavant, le corps meurtri du Christ, ses plaies…<br />
À partir du XIV e siècle, la production d’art religieux connaît une forte<br />
progression, due en particulier au développement <strong>de</strong> la dévotion privée. Elle se<br />
double <strong>de</strong> la multiplication <strong>de</strong>s thèmes représentés. Les saints (qui sont choisis<br />
comme protecteurs aussi bien <strong>de</strong>s personnes privées que <strong>de</strong>s communautés<br />
et <strong>de</strong>s villes), leur martyre, concurrencent l’image du Christ.<br />
Vers la Réforme<br />
L’utilisation <strong>de</strong>s images est justifiée durant tout le Moyen Âge en Occi<strong>de</strong>nt par<br />
trois arguments cités par les théologiens : ce sont les livres <strong>de</strong>s gens incultes,<br />
elles stimulent la dévotion et rappellent l’exemple <strong>de</strong>s saints. Contrairement<br />
aux sacrements et aux reliques, leur aspect et leur mo<strong>de</strong> d’utilisation ne sont<br />
pas régis par <strong>de</strong>s règles strictes, et l’Église n’en organise aucune censure. Il<br />
arrive parfois que <strong>de</strong>s mesures soient prises lorsqu’une image crée scandale,<br />
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